Au cœur de Niamey, l’Alliance des États du Sahel (AES) franchit un cap stratégique. Réunis autour du Général Mohamed Toumba, les ministres de la Justice du Niger, du Mali et du Burkina Faso posent les jalons d’une architecture judiciaire commune, avec la création annoncée d’une Cour Pénale Sahélienne. Entre souveraineté juridique, poursuites diplomatiques et solidarité régionale, le Sahel redéfinit ses règles du jeu.
Niamey, 16 septembre 2025 — Tandis que les projecteurs internationaux scrutent les dynamiques géopolitiques du Sahel, une initiative judiciaire inédite vient de franchir un cap décisif. En fait, le lundi 15 septembre, le Général de Division Mohamed Toumba, Ministre d’État nigérien en charge de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, a présidé l’ouverture solennelle de la deuxième réunion des Ministres de la Justice des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), au Centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey.

Vers une justice sahélienne autonome
Portée par une volonté politique affirmée, cette rencontre stratégique réunit les ministres et experts de la Justice et des Droits de l’Homme du Niger, du Mali et du Burkina Faso. L’objectif est d’évaluer les avancées de la feuille de route adoptée à Bamako en mai dernier, et de consolider les fondations d’une architecture judiciaire commune. En effet, parmi les mesures phares évoquées, la création de la Cour Pénale Sahélienne et des Droits de l’Homme (CPS-DH) et d’une prison de haute sécurité figure en tête de liste. Ces dispositifs visent à affranchir les États membres du recours aux juridictions internationales, tout en renforçant leur souveraineté juridique.
Une Confédération fondée sur la solidarité et la complémentarité
Rappelant les origines de l’AES, fondée le 16 septembre 2023, le Général Toumba a souligné l’importance du Traité de la Confédération signé à Niamey en juillet 2024. Ce traité incarne la volonté commune des trois nations de faire front ensemble face aux défis sécuritaires, existentiels et de développement. Dans un discours empreint de fraternité, le Ministre d’État a aussi transmis les salutations du Président nigérien Abdourahamane Tiani à ses homologues maliens et burkinabé, saluant ainsi « le vaillant peuple du Sahel » et appelant aussi à une coopération renforcée.

Des poursuites judiciaires, un tournant diplomatique
La réunion a également été marquée par des décisions importantes. Un autre point saillant est la volonté exprimée de saisir la Cour Internationale de Justice (CIJ) contre la France et l’Ukraine pour « soutien et apologie du terrorisme ». En parallèle, les États membres ont également décidé d’engager des poursuites devant leurs juridictions nationales contre les médias France 24, RFI et TV5 Monde, accusés de tenir une ligne éditoriale favorable au terrorisme.
Le Ministre burkinabé de la Justice, M. Rodrigue Bayala Edasso, a salué l’accueil nigérien et affirmé que « la rencontre de Niamey restera dans les annales de l’histoire ». Son homologue malien, M. Mamoudou Kassogue, a quant à lui souligné la continuité stratégique entre les réunions de Bamako et Niamey, insistant sur le rôle central du droit dans l’édification de la Confédération.
Justice sahélienne : une dynamique régionale à suivre de près
En somme, à l’heure où les États du Sahel redéfinissent leur souveraineté, cette réunion marque une étape décisive dans la construction d’un espace juridique sahélien autonome, solidaire et résolument tourné vers l’avenir. La justice devient ainsi un levier stratégique de mobilisation, d’intégration et de résistance.
Cette offensive judiciaire et diplomatique de l’AES parviendra-t-elle à asseoir la légitimité de la Confédération sur la scène internationale ?
