Kenya en crise : la mort d'un blogueur enflamme le pays, Nairobi au bord de l'implosion  - Journal du Niger



Kenya en crise : la mort d’un blogueur enflamme le pays, Nairobi au bord de l’implosion 

Nairobi en ébullition : Une révolte populaire face à l’injustice et à la brutalité Le Kenya, terre de contrastes où…

La mort d'un blogueur torturé en détention déclenche des manifestations massives et violentes au Kenya, mettant en lumière l'impunité

Nairobi en ébullition : Une révolte populaire face à l’injustice et à la brutalité

Le Kenya, terre de contrastes où la vitalité de la jeunesse se heurte trop souvent à l’opacité du pouvoir, s’embrase depuis la mort tragique d’Albert Omondi Ojwang, enseignant et blogueur de 31 ans, survenue le 8 juin 2025 dans une cellule de la police de Nairobi. Cette disparition, qualifiée de « meurtre » par une autopsie révélant des traces de torture, a déclenché une onde de colère qui, jour après jour, fait trembler les rues de la capitale et au-delà. Hier, le 17 juin, les manifestations ont atteint un paroxysme, marquées par des violences d’une rare intensité, où la quête de justice s’est mêlée à une répression d’une brutalité sidérante.

La mort d'un blogueur torturé en détention déclenche des manifestations massives et violentes au Kenya, mettant en lumière l'impunité Albert Ojwang : une tragédie qui réveille les blessures d’une nation 

Albert Ojwang, voix des sans-voix sur les réseaux sociaux, avait osé pointer du doigt les turpitudes d’Eliud Lagat, inspecteur général adjoint de la police, l’accusant de corruption. Arrêté le 6 juin à Homa Bay, à plus de 350 kilomètres de Nairobi, il fut conduit dans la capitale, où il trouva la mort deux jours plus tard. L’explication initiale des autorités – une blessure auto-infligée – s’est effondrée face aux conclusions médico-légales : traumatisme crânien, compression cervicale et multiples lésions témoignent d’une agression d’une sauvagerie inouïe. Ce drame, loin d’être isolé, s’inscrit malheureusement dans une litanie de 970 cas d’exécutions extrajudiciaires documentés depuis 2019, selon l’ONG Missing Voices.

Nairobi sous tension : affrontements violents et milices masquées 

Les rues de Nairobi, dès le 9 juin, se sont transformées en arène de contestation. Les manifestants, brandissant des pancartes clamant « Arrêtez de nous tuer » et « Justice pour Albert », ont bravé gaz lacrymogènes, canons à eau et balles en caoutchouc. Hier, la tension a culminé lorsque des centaines d’hommes à moto, armés de fouets et de gourdins, ont chargé les cortèges pacifiques, semant la panique. Ces assaillants, décrits comme des « milices à la solde du pouvoir » par Amnesty International Kenya, ont opéré sous le regard impassible des forces de l’ordre, aggravant le sentiment d’impunité. Onze blessés, dont un miraculé d’une balle tirée à bout portant dans la tête, témoignent de cette journée funeste. Un policier, identifié comme l’auteur du coup de feu, a été arrêté, selon un communiqué laconique des autorités.

Scandale policier : impunité et justice en question au Kenya !

La clameur populaire a contraint Eliud Lagat, dont la plainte contre Ojwang avait précipité son arrestation, à se retirer temporairement de ses fonctions le 16 juin, invoquant la « transparence » de l’enquête. Cependant, cette décision, saluée comme un premier pas par certains, est jugée insuffisante par les activistes, à l’image de Hussein Khalid de VOCAL Africa, qui exige son arrestation pour meurtre. Deux officiers, dont le constable James Mukhwana et le commandant de poste Samson Talam, ainsi qu’un technicien accusé d’avoir saboté les caméras de surveillance, sont en détention. L’Independent Policing Oversight Authority (IPOA), chargée de l’investigation, fait face à un défi herculéen : restaurer une confiance pulvérisée dans un système policier où, selon la Commission kenyane des droits humains, 20 personnes ont péri en détention ces quatre derniers mois.

Ruto sous pression : le président face à la colère montante 

Le président William Ruto, a tenté de désamorcer la colère. Qualifiant la mort d’Ojwang d’« inacceptable », il a promis des sanctions contre les « officiers véreux » et offert 2 millions de shillings (environ 15 500 dollars) à la famille endeuillée. Toutefois, ces gestes, loin de calmer les esprits, passent pour une manœuvre visant à masquer une culture d’impunité solidement ancrée. Raila Odinga, jadis fer de lance de l’opposition et désormais allié de Ruto, clame son « horreur », mais son rôle dans la répression des soulèvements antérieurs ternit sa légitimité.

La mort d'un blogueur torturé en détention déclenche des manifestations massives et violentes au Kenya, mettant en lumière l'impunité

Génération Z en révolte : un soulèvement contre l’oppression 

Ces manifestations, portées avec force par la génération Z, héritière des soulèvements de 2024, traduisent une exaspération palpable face à un système où corruption, violence policière et exclusion économique forment un étau asphyxiant. Les enseignants, représentés par le syndicat KUPPET, menacent d’une grève nationale, tandis que des protestations s’étendent à Mombasa et dans la vallée du Rift. La mort de Boniface Kariuki, un vendeur ambulant abattu le 17 juin alors qu’il écoulait des masques, a amplifié l’indignation, rappelant que les victimes de la répression sont souvent les plus humbles.

Kenya : entre répression et espoir démocratique 

Dans ce chaos, Nairobi s’interroge sur son rôle : peut-elle incarner l’espoir démocratique qu’elle revendique en Afrique de l’Est ? Les assauts des « milices à moto », dénoncés comme une tactique d’intimidation orchestrée, et l’inaction des forces de l’ordre laissent craindre une dérive autoritaire. Pourtant, la résilience des manifestants, galvanisés par le souvenir d’Ojwang, suggère que la quête de justice ne faiblira pas.

Nairobi en feu : le Kenya à un carrefour historique 

À l’approche de l’anniversaire des protestations de 2024, le Kenya se tient à un carrefour décisif : celui d’une réforme profonde ou d’une répression accrue. Dans les rues de Nairobi, où les flammes des barricades rivalisent avec l’éclat des drapeaux kenyans, une nation entière réclame son droit à respirer librement. L’héritage d’Albert Ojwang semble désormais incarner le combat d’une jeunesse déterminée à forger un avenir où la justice et la dignité ne seront plus de vains mots. Le monde a les yeux rivés sur le Kenya : quelle voie choisira-t-il ?

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