Niger : réaffectation d’un juge après la relaxation controversée de deux jeunes femmes
Niamey, 7 août 2025 – Une décision judiciaire qui a suscité l’émoi au Niger continue de faire des vagues. Le magistrat ayant prononcé, le 29 juillet 2025, la relaxe de deux jeunes femmes poursuivies pour outrage public à la pudeur a été démis de ses fonctions de juge au tribunal de grande instance hors classe de Niamey (GIH/N). Selon des sources fiables, le Ministère de la Justice a réaffecté ce dernier à un poste administratif, une décision qui soulève de vives questions sur l’indépendance judiciaire.
Une réaffectation perçue comme une sanction déguisée
Par une décision du ministre de la Justice, le magistrat concerné a été retiré de ses fonctions de juge de siège pour rejoindre l’administration centrale du ministère. Cette mutation intervient quelques jours seulement après son verdict dans une affaire ayant captivé l’attention du public nigérien. La réaffectation, perçue par certains comme une sanction déguisée, fait suite à la relaxe de deux jeunes femmes accusées d’outrage public à la pudeur, un dossier qui avait provoqué un vif débat dans l’opinion publique.
Un verdict qui a divisé l’opinion publique
Le 29 juillet dernier, le juge avait estimé que les faits reprochés aux deux accusées ne constituaient pas un outrage public à la pudeur, prononçant ainsi un non-lieu en leur faveur. Cette décision, rendue au tribunal GIH/N, allait à l’encontre des réquisitions du procureur, qui avait requis une peine de trois ans d’emprisonnement ferme. En optant pour la relaxe, le magistrat a jugé que les éléments du dossier ne justifiaient pas une condamnation, une position qui a suscité des réactions contrastées, entre approbation et indignation.
L’affaire qui a enflammé le débat sur les libertés individuelles
L’affaire des deux jeunes femmes, qualifiées de « lesbiennes » dans les médias et les discussions publiques, a largement défrayé la chronique au Niger. Les accusations d’outrage public à la pudeur ont alimenté des débats passionnés sur les questions de mœurs, de libertés individuelles et de justice. Certains ont vu la relaxe prononcée par le juge comme un acte de courage face aux pressions sociétales, tandis que d’autres y ont vu une décision controversée dans un contexte culturel sensible.
Le juge mis à l’écart : un tournant pour l’indépendance de la justice ?
La réaffectation du juge à un poste administratif marque un tournant dans sa carrière. Désormais éloigné des prétoires, il intégrera les services du Ministère de la Justice, où ses nouvelles fonctions restent à préciser. Cette mutation, bien que conforme aux prérogatives du ministre, interroge sur les motivations sous-jacentes et leurs implications pour l’indépendance du pouvoir judiciaire au Niger.
La justice nigérienne face à ses responsabilités
En somme, cette affaire dépasse le simple cas des deux jeunes femmes et de la carrière d’un juge. Elle soulève des questions fondamentales sur le fonctionnement de la justice nigérienne face à la pression sociale et politique. Bien que la décision ministérielle de réaffecter le magistrat soit légale, l’ensemble du corps judiciaire la perçoit comme un avertissement. La question est désormais de savoir si cette affaire fera jurisprudence en matière d’indépendance de la justice, et comment le Niger conciliera l’indépendance de ses juges avec les sensibilités culturelles et les attentes de l’opinion publique, tout en garantissant une justice équitable pour tous ?
