Issa Santi, figure de la paix au Niger, a été assassiné dans le Goroual, zone oubliée mais stratégique. Son sacrifice, loin d’être vain, interpelle l’État sur l’urgence d’une sécurité durable.
Niamey, 24 septembre 2025 – Dans les sables brûlants du Goroual, à quelques encablures du village isolé de Yatakala, un cri étouffé a résonné mardi soir, brisant le silence d’une région oubliée par les cartes administratives. En effet, Issa Santi, figure emblématique de la lutte pour la paix au Niger, a été fauché par la barbarie terroriste. Ce 24 septembre, jour de son enterrement à 15 heures au cimetière musulman de Yantala, le pays entier retient son souffle : qui protégera désormais ces terres ravagées, où les héros comme lui choisissent le sacrifice plutôt que la fuite ?
Issa Santi alias le « Vieux » qui refusait d’abandonner les siens
Administrateur délégué de la commune rurale du Goroual et coordonnateur régional du Mouvement M62-Moutountchi/Bourtchintarey à Niamey, Issa Santi incarnait l’essence même de la résistance locale. Âgé et respecté – ses camarades l’appelaient affectueusement « le Vieux » –, cet homme au parcours forgé dans l’humilité n’avait pas hésité à regagner son terroir, déserté par les autorités depuis plus de quatre ans.
En effet, au cœur d’une zone minée par l’insécurité, il avait fait le choix le plus audacieux : partager les tourments de sa population, l’organiser face à l’adversaire invisible, et transformer la peur en rempart collectif. « Soldats, nous le sommes, tous ! », clamait l’appel confédéral qu’il portait en lui comme un serment, un mantra de courage quotidien.
L’assassinat d’un bâtisseur de justice
L’assassinat, survenu dans la soirée du 22 septembre, porte la marque d’une lâcheté calculée. Des terroristes, tapis dans l’ombre des dunes, ont abattu cet artisan de la reconquête pacifique, symbole d’une administration décentralisée qui refuse de capituler. En fait, Issa Santi n’était pas un militaire de métier, mais un bâtisseur de justice : il militait inlassablement pour la paix, défendant les droits des siens dans un Niger où le terrorisme grignote inexorablement les frontières de la vie quotidienne. Son engagement n’était pas un discours lointain ; c’était une présence physique, un partage des souffrances, une humilité qui forçait aussi le respect.
Hommage d’une nation à Issa Santi , un héros silencieux
Aujourd’hui, la communauté s’est rassemblée pour lui rendre hommage. La levée du corps et l’enterrement sont fixés à 15 heures au cimetière de Yantala, un rituel solennel qui a scellé son passage dans l’histoire. Par ailleurs, les condoléances affluent à son domicile du quartier Maourey, où sa famille éplorée accueille les visiteurs dans un recueillement poignant. Le Comité Exécutif National du M62-Moutountchi/Bourtchintarey, par la voix de son coordonnateur national, Sanoussi Mahaman, exprime « ses condoléances les plus attristées » à ses proches. « Issa Santi est un martyr de la République », déclare le communiqué officiel, soulignant comment ce « sacrifice pour son pays et pour le Goroual en particulier » illumine les ombres de la lutte nationale.
Le sacrifice d’Issa Santi, un rappel brutal pour l’État
Au-delà du chagrin, cette disparition soulève des questions sur l’avenir de cette région où l’État apparaît parfois comme un simple observateur sans pouvoir. Le Goroual, enclave vulnérable aux incursions jihadistes, attend toujours une protection efficace. Des centaines de familles, comme celles qu’Issa Santi défendait, vivent sous la menace perpétuelle. Par conséquent, comment combler le vide sécuritaire et transformer des civils en « soldats » sans les abandonner ? Telle doit être la préoccupation du gouvernement. Cependant, l’assassinat d’Issa Santi est le rappel brutal que la paix nigérienne ne peut se gagner sur le terrain sans armes.
Un flambeau à reprendre, une stratégie à repenser
En somme, en cette fin d’après-midi, alors que Niamey bourdonne d’une actualité effervescente, la silhouette d’Issa Santi plane comme un appel à l’action. Qu’Allah, le Clément et Miséricordieux, l’accueille dans son paradis éternel et inspire ceux qui, aujourd’hui, reprennent le flambeau. Son sacrifice pourrait-il être l’électrochoc nécessaire pour une stratégie de sécurité plus efficace et durable, capable de protéger les héros du quotidien ? L’avenir du Goroual se joue dans la réponse à cette question.
