Dans le Sahel, chaque citerne escortée devient un acte de résistance : le Niger et le Mali unissent leurs forces pour sécuriser l’approvisionnement vital de Gao.
Gao, 26 septembre 2025 – Sous un soleil impitoyable qui darde ses rayons sur les pistes poussiéreuses du Sahel, une colonne de trente citernes de carburant a franchi la frontière nigérienne comme une veine vitale pulsant au rythme de la survie collective. En relais des Forces Armées Nigériennes (FAN), les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont pris le relais cette semaine pour escorter ce convoi essentiel depuis Labbezanga jusqu’à Gao, sécurisant ainsi l’approvisionnement en carburant des régions septentrionales du Mali.

Une opération conjointe face aux menaces transfrontalières
Dans un théâtre où les ombres des groupes armés rôdent, cette opération – la seconde en quelques jours après un convoi de vivres – incarne non seulement une victoire logistique, mais aussi un serment de solidarité entre deux nations assiégées par les mêmes tempêtes sécuritaires.
Depuis mai 2025, le Commandement de la 1ʳᵉ région militaire de Gao a institutionnalisé ces escortes sur l’axe Gao-Labbezanga, un corridor vital menacé par les incursions jihadistes liées à Al-Qaïda et à l’État islamique au Grand Sahara. Ainsi, le 24 septembre, une mission des FAMa a pris le flambeau des FAN à la frontière, guidant ces mastodontes chargés de gazole et de super, indispensables aux générateurs, véhicules et marchés locaux.
Des convois qui assurent la continuité vitale
Quelques jours plus tôt, une opération similaire avait sécurisé une flottille de camions de denrées alimentaires, évitant une pénurie qui aurait pu exacerber les tensions dans une zone où plus de 500 000 déplacés internes dépendent de ces flux. Par conséquent, « sécuriser les personnes et les biens » devient le mantra de ces patrouilles, qui transforment des routes minées en artères de résilience.
Une coopération stratégique au sein de l’AES
Cette collaboration Niger-Mali, forgée dans l’urgence d’une Alliance des États du Sahel (AES) naissante, dépasse la simple logistique : elle constitue un rempart contre l’asphyxie économique imposée par l’insécurité. En effet, Gao, bastion frontalier et poumon du Nord malien, souffre depuis des années d’un isolement croissant. Le Niger, avec ses raffineries d’Agadem en pleine montée en charge, émerge comme un allié providentiel, fournissant non seulement du carburant mais aussi un modèle de solidarité sahélienne.

Pour les populations locales, un souffle de normalité
Pour les habitants de Gao et des cercles environnants – ces pêcheurs du fleuve Niger ou ces éleveurs nomades –, ces escortes ne sont pas qu’une mesure militaire : elles sont l’assurance d’une normalité reconquise. En effet, sans carburant, les moulins s’arrêtent, les ambulances peinent, et les marchés s’animent moins.
« C’est la vie qui reprend », confie un chauffeur de citerne interrogé sur place, évoquant des routes autrefois synonymes de peur.
À l’échelle régionale, cette opération renforce l’AES, où Mali, Niger et Burkina Faso mutualisent leurs efforts pour contrer une menace transfrontalière.
Un convoi, un souffle, une promesse
Tandis que les FAMa regagnent leurs positions, laissant derrière elles un sillage de camions ronronnants, le Sahel respire un peu plus librement. Cette escorte, humble en apparence, porte en elle l’espoir d’une stabilité durable.
Au-delà des citernes et des patrouilles, cette opération conjointe entre le Niger et le Mali illustre une volonté partagée de transformer les routes du Sahel en vecteurs de résilience et de souveraineté. Les besoins immédiats sont satisfaits, mais un point d’interrogation demeure : cette dynamique logistique et sécuritaire peut-elle devenir un modèle durable pour l’ensemble de l’espace sahélien ?
Car dans chaque convoi escorté, c’est une promesse qui circule – celle d’un Sahel qui refuse l’asphyxie, qui choisit la coopération, et qui avance, malgré les vents contraires.
