Céréales : le Niger verrouille ses greniers pour préserver l’assiette nationale - Journal du Niger



Céréales : le Niger verrouille ses greniers pour préserver l’assiette nationale

Dans un contexte de refondation nationale et de tensions alimentaires croissantes, le ministre Abdoulaye Seydou réaffirme l’interdiction d’exporter six céréales…

nterdiction exportation céréales Niger souveraineté alimentaire octobre 2025 : le gouvernement renforce sa stratégie pour protéger les marchés locaux et lutter contre la cherté de la vie.

Dans un contexte de refondation nationale et de tensions alimentaires croissantes, le ministre Abdoulaye Seydou réaffirme l’interdiction d’exporter six céréales clés. Face aux spéculations et à l’inflation, le gouvernement mise sur la souveraineté alimentaire comme rempart vital.

 

Niamey, 4 octobre 2025 – Dans un pays où la faim n’est jamais loin et où les spéculateurs guettent les moindres failles, le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Abdoulaye Seydou, a planté le décor sans ambages : l’exportation de riz paddy, riz blanchi, sorgho, mil, niébé et maïs reste interdite. L’objectif n’est pas de brider les commerçants, mais bien de blinder les marchés locaux contre la pénurie et l’inflation galopante.

Lors d’une rencontre tendue mais constructive avec le Syndicat National des Importateurs et Exportateurs de Céréales (SNIEC), jeudi dernier au cabinet ministériel, le message est clair : la souveraineté alimentaire prime sur les profits immédiats. Une mesure qui, un an après son décret, divise les acteurs économiques mais unit le gouvernement autour d’une urgence vitale – surtout en cette ère de « refondation » nationale sous le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.

nterdiction exportation céréales Niger souveraineté alimentaire octobre 2025 : le gouvernement renforce sa stratégie pour protéger les marchés locaux et lutter contre la cherté de la vie.

Interdiction exportation des céréales : une mesure choc, une clarification salvatrice

 

L’arrêté nᵒ 0104 MCI/SG/DGC/DCI/LCVC du 16 octobre 2024 n’est pas une lubie passagère : il interdit fermement l’export de ces six céréales essentielles, à l’exception des pays de la Confédération des États du Sahel (CES). « Ce n’est pas pour tuer le commerce, mais pour protéger le marché intérieur et assurer la disponibilité des denrées à des prix abordables pour les populations« , a tonné le ministre Seydou, face à une salle comble d’importateurs et exportateurs inquiets. Ces acteurs, piliers de l’économie nigérienne, murmuraient depuis des mois sur les rumeurs de levée de l’interdiction, craignant pour leurs carnets de commandes et leurs routes commerciales vers l’Afrique de l’Ouest.

Toutefois, le Ministre n’a pas mâché ses mots. Priorité absolue : les Nigériens. « L’État ne lésinera pas sur les moyens pour protéger les populations et garantir la sécurité alimentaire, face aux manœuvres des ennemis internes et externes qui cherchent à déstabiliser le pays par la pénurie et la cherté de la vie« , a-t-il lancé, évoquant des tensions sociales larvées qui pourraient exploser. Des sanctions lourdes pendent au nez des contrevenants : saisie des cargaisons, confiscation des véhicules de transport, et poursuites judiciaires sans pitié.

« Les agents assermentés du ministère et les forces de défense et de sécurité sont instruits pour veiller au respect strict de cet arrêté« , a ajouté M. Seydou, appelant au « patriotisme et à la compréhension » des commerçants. Une solidarité nationale est essentielle, martèle-t-il, afin de traverser cette phase de refondation qui vise un Niger « véritablement indépendant et prospère ».

 

Les enjeux de l’interdiction exportation des céréales : assurer la stabilité par l’assiette

 

Rappelons le contexte : le Niger, géant sahélien aux sols arides et aux récoltes capricieuses, importe déjà 80 % de son riz et lutte contre une inflation alimentaire qui a bondi de 15 % en 2024, selon les chiffres de la Banque mondiale. L’interdiction, adoptée en pleine crise post-coup d’État, répond à un calcul froid : empêcher la ruée vers les marchés étrangers qui viderait les greniers nationaux. C’est ce qui s’est produit en 2023 avec le sorgho et le mil, exportés en masse vers le Nigeria voisin au plus fort de la sécheresse. Le résultat ? Des prix qui se sont envolés à Niamey et Zinder, touchant d’abord les plus vulnérables – femmes rurales, familles urbaines à petit budget.

Le ministre Seydou a disséqué l’esprit de la mesure : non une barrière protectionniste aveugle, mais un bouclier contre la spéculation. « La priorité du gouvernement reste et demeure les populations« , a-t-il réitéré, invitant autorités locales, chefs traditionnels et citoyens à une « mise en œuvre vigoureuse ». C’est un appel à la vigilance collective, dans un pays où la sécurité alimentaire rime aussi avec stabilité politique.

Une réponse unie du syndicat : « Union sacrée pour la Patrie »

 

De l’autre côté de la table, le président du SNIEC n’a pas fait la fine bouche. « Nous nous réjouissons de cette démarche du ministre et des échanges francs qui ont levé toutes les équivoques« , a-t-il déclaré, saluant une session « constructive ». Mieux encore, il a promis une mobilisation totale. « Nous rassurons le ministre de notre disponibilité à partager, informer et sensibiliser nos militants, au nom de la Patrie, pour un mouvement d’ensemble et une union sacrée autour de cette mesure. » L’objectif partagé est de lutter contre la cherté de la vie et de promouvoir la souveraineté alimentaire, en ligne avec la vision du président Tiani.

Pour les observateurs, cette rencontre est un test pour la refondation en cours : pourra-t-elle transformer une mesure impopulaire chez certains en levier de croissance inclusive ? Des assouplissements pour les exportateurs vers la CES sont déjà en vue, mais le cap reste ferme. En attendant, sur les marchés de Niamey, le mil se vend encore à prix d’or – un rappel que la faim ne négocie pas.

Et vous, lecteur ? Dans un Niger en pleine mue, où chaque grain compte, cette interdiction est-elle un rempart ou un frein ? Une chose est sûre : l’assiette des Nigériens n’est pas négociable. Le gouvernement l’a dit : la solidarité, ou c’est le risque.

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