Mali : Abdoulaye Diop s'explique sur ses propos concernant Modibo Keïta - Journal du Niger



Mali : Abdoulaye Diop s’explique sur ses propos concernant Modibo Keïta

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a dû monter au créneau. Après la vague d'indignation suscitée par ses…

Le ministre Diop, tente d'éteindre la polémique après ses propos controversés sur le père de l'indépendance, Modibo Keïta, YouTube

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a dû monter au créneau. Après la vague d’indignation suscitée par ses propos sur la « préparation » du père de l’indépendance, Modibo Keïta, le chef de la diplomatie a publié un message d’apaisement ce mardi, réaffirmant son « profond respect » pour l’icône malienne.

 

Bamako, 14 octobre 2025 – Dans un message posté ce mardi sur ses comptes officiels, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a tenu à apaiser les tensions suscitées par ses récentes déclarations sur le premier président du Mali, Modibo Keïta.

En effet, la controverse suscitée par les propos du ministre, prononcés lors de la deuxième édition du Lomé Peace and Security Forum (11-13 octobre à Lomé, Togo), a fait percevoir l’intervention comme une critique implicite de la préparation de Keïta à la tête de l’État, et a provoqué une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans les médias.

 

Une intervention à Lomé jugée « insuffisamment préparée »

 

L’intervention du ministre à Lomé, centrée sur les défis contemporains du leadership africain et l’autonomie stratégique du continent, a mis en lumière des figures historiques comme Modibo Keïta pour illustrer les leçons du passé. D’après des extraits diffusés en ligne, Diop a notamment affirmé que Keïta n’avait pas « suffisamment d’expérience » lorsqu’il a accédé au pouvoir en 1960, dans un contexte post-colonial particulièrement tumultueux.

Par conséquent, cette formulation a rapidement enflammé le débat public, avec des voix accusant le ministre de minimiser l’héritage d’un homme considéré comme un pilier de l’indépendance malienne et panafricaine.

 

Le ministre Diop réaffirme son « profond respect ».

 

Face à cette controverse, Abdoulaye Diop a réagi avec fermeté et respect, publiant un communiqué détaillé sur X (anciennement Twitter).

« Je lis avec beaucoup d’attention les réactions suscitées par mes propos au Lomé Peace and Security Forum », débute-t-il. Cependant, il ajoute : « Je tiens à rappeler mon profond respect pour le président Modibo Keïta, figure emblématique de notre indépendance et modèle d’intégrité, d’engagement patriotique et de clairvoyance. Mon intention n’était nullement de diminuer son héritage, mais de magnifier le modèle de réussite qu’il est lors d’échanges sur les défis contemporains du leadership africain. »

Le ministre poursuit en rendant hommage à l’ascension de Keïta : « Le Président Modibo Keïta a su, dans des circonstances historiques exceptionnelles et dans un contexte géopolitique post-colonial complexe, se hisser de manière remarquable à la tête de notre jeune nation et porter le flambeau national avec courage et dignité dans le concert des nations. » Il conclut sur une note personnelle : « Le Président Modibo Keïta demeure pour moi une source d’inspiration constante dans la défense de la souveraineté et de la dignité du Mali. »

 

La sensibilité de l’héritage de Keïta

 

Ces mots interviennent alors que des critiques fusent sur les réseaux. Un utilisateur sur X, par exemple, a rétorqué que malgré une supposée manque de préparation, Keïta avait accompli en huit ans ce que d’autres n’avaient pas réalisé en décennies, soulignant les réalisations visibles de son mandat. De même, d’autres posts rappellent les coulisses historiques, comme la création de la monnaie malienne en 1962 ou les tensions avec les voisins, pour contextualiser le legs de Keïta.

Ce n’est pas la première fois que des débats sur l’héritage de Modibo Keïta – renversé par un coup d’État en 1968 – resurgissent au Mali, pays en pleine transition politique depuis 2020. Ainsi, alors que Bamako renforce son discours souverainiste, ces échanges rappellent la sensibilité des Maliens vis-à-vis de leurs icônes fondatrices. Le ministre Diop, semble ainsi chercher à recentrer le débat sur l’inspiration positive tirée de l’histoire, plutôt que sur des interprétations litigieuses.

Reste à voir si ce message d’apaisement suffira à éteindre la polémique. Néanmoins, il illustre les défis du leadership africain évoqués à Lomé : naviguer entre passé glorieux et urgences présentes, sans froisser les mémoires collectives.

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