La région de Tahoua au Niger, à la frontière malienne, est de nouveau la cible d’une offensive jihadiste. Samedi, des hommes armés à moto ont frappé le cœur administratif de Bagaroua. Repoussée par la Garde nationale, l’attaque a coûté la vie à deux soldats, mais le bilan macabre révèle surtout la vulnérabilité croissante des institutions locales face à la menace terroriste en pleine expansion.
Tahoua (Niger), 20 octobre 2025 – La localité de Bagaroua, dans la région de Tahoua (sud-ouest du Niger), a été la cible d’une attaque armée présumée terroriste le samedi 18 octobre. Arrivés à moto en pleine journée, les assaillants ont ciblé le quartier administratif, notamment la résidence du préfet et la mairie, avant d’être repoussés par les forces de la Garde nationale du Niger (GNN). Le bilan provisoire fait état de deux gardes nationaux tués et de quatre assaillants neutralisés, selon des sources sécuritaires.

Une attaque ciblée sur un axe stratégique
L’assaut s’est déroulé en matinée sur une route fréquentée reliant Bagaroua à des zones frontalières sensibles, un axe fréquenté par les civils et les commerçants. Les hommes armés, soupçonnés d’appartenir à des groupes jihadistes actifs dans la zone sahélienne, ont ouvert le feu sur les bâtiments publics, déclenchant des incendies qui ont détruit un véhicule des Forces de défense et de sécurité (FDS), ainsi que du matériel administratif. Deux motos utilisées par les assaillants ont été récupérées par les forces nigériennes lors de la riposte.

Riposte rapide, mais climat de peur à Bagaroua
Les éléments de l’escadron de la Garde nationale du Niger (GNN) stationnés sur place ont réagi immédiatement, engageant un échange de tirs nourris. « Malgré la surprise de l’attaque en plein jour, la riposte a permis de neutraliser quatre assaillants et de protéger les civils », indiquent des sources locales.
L’attaque a semé une vive psychose parmi les habitants de Bagaroua, commune rurale d’environ 20 000 personnes, déjà exposée à des incursions armées venues du Mali voisin. Plusieurs familles réfugiées à Bagaroua, après avoir fui les violences au Mali, ont de nouveau quitté les lieux par crainte d’une nouvelle offensive. Cette tragédie ne fait qu’aggraver une situation déjà précaire, tandis que les tirs ont résonné dans toute la localité.

Bagaroua : visite officielle et opérations en cours
Le gouverneur de la région de Tahoua, le colonel-major Souleymane Amadou, s’est rendu sur les lieux le lendemain, dimanche 19 octobre, pour évaluer les dommages. Accompagné d’une délégation sécuritaire, il a réconforté la population et promis un renforcement des mesures de protection. « Cette visite est un geste de solidarité avec les victimes et un signal de fermeté face à la menace », a rapporté une source officielle.
Cette offensive survient quelques jours après le passage du haut-commandant de la GNN, le colonel-major Ahmed Sidien, dont le déplacement visait justement à anticiper les risques croissants dans cette zone frontalière. Des opérations de ratissage sont actuellement en cours pour traquer d’éventuels fuyards, selon le ministère de la Défense.
Une menace persistante au Sahel
Bagaroua, proche de la frontière malienne, illustre la progression des violences jihadistes vers le sud du Niger. Des groupes comme l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) ou le JNIM multiplient les attaques sur les axes administratifs, cherchant à déstabiliser les institutions locales. La région de Tahoua a enregistré une hausse de 30 % des incidents sécuritaires en 2025 selon l’ONU, forçant des milliers de déplacés internes.
Les autorités nigériennes et la Force conjointe de l’AES appellent à la vigilance accrue des populations. Aucune revendication n’a été émise, et les enquêtes se poursuivent pour identifier formellement les responsables. Ce nouvel épisode souligne les défis sécuritaires persistants au Niger, un pays où l’armée mène une lutte acharnée contre l’instabilité sahélienne au prix de pertes régulières.
Une guerre d’usure aux portes du sud
Ce nouvel épisode met en lumière les défis sécuritaires persistants au Niger, où l’armée mène une lutte acharnée contre l’instabilité sahélienne. Une guerre d’usure qui se traduit par des pertes humaines régulières, des deux côtés, et une pression croissante sur les institutions locales.
