L’Afrique à l’aube d’une renaissance économique : Claver Gatete porte la voix d’un continent en quête d’autonomie
Dans les couloirs vibrants d’Addis-Abeba, ce 10 juin 2025, une réunion publique a cristallisé l’élan d’un continent décidé à prendre en main son destin. Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA), a captivé son auditoire lors d’un échange interactif avec des ambassadeurs africains et le personnel des Nations Unies en Éthiopie. En effet, au cœur de cette rencontre, un appel vibrant à l’unité, à l’autonomie et à l’innovation pour propulser l’Afrique vers un avenir dans lequel ses ressources, ses talents et ses ambitions convergeraient pour façonner une prospérité durable. Dans un monde en mutation, où les déséquilibres financiers et les dépendances extérieures freinent encore le potentiel africain, Gatete a esquissé une vision audacieuse, portée par des réformes structurelles et une mobilisation collective.
Une ambition panafricaine face aux défis globaux : l’Afrique, le nouveau géant économique ?
L’Afrique, avec ses 54 nations et son PIB combiné de 3 trillions de dollars, se trouve à un tournant décisif. Claver Gatete, figure emblématique de la CEA, a insisté sur l’urgence de réformer l’architecture financière mondiale, jugée inéquitable et inadaptée aux réalités du continent. Lors de cette réunion, il a exhorté les ambassadeurs à fédérer leurs voix autour d’une position commune, en synergie avec l’Union Africaine, pour défendre une gestion souveraine des ressources naturelles et une valorisation accrue des chaînes de production locales. « Il est temps de briser les chaînes de la dépendance extérieure », a-t-il déclaré, plaidant pour une industrialisation endogène qui transformerait les matières premières africaines en produits à haute valeur ajoutée, créant ainsi des millions d’emplois pour une jeunesse débordante de potentiel.
L’Afrique, a rappelé Gatete, fait face à un défi titanesque : générer 80 à 90 millions d’emplois par an pour combler le déficit d’opportunités pour ses jeunes, qui représenteront 42 % de la population mondiale des moins de 30 ans d’ici à 2030. Ce constat, loin de décourager, a servi de tremplin pour promouvoir le Forum sur l’Impact du Développement en Afrique (ADIF), prévu en octobre 2025. Cette plateforme sera dédiée à l’élaboration de stratégies novatrices pour l’emploi et à l’échange des meilleures pratiques. Ce rendez-vous s’annonce comme un jalon crucial pour catalyser les efforts régionaux en matière de création d’emplois et d’inclusion économique.
La ZLECAF, un levier pour l’autonomie économique : le grand marché africain en marche !
Au cœur de la vision défendue par Gatete, la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) s’impose comme un instrument de transformation sans précédent. En accélérant la ratification de ses protocoles, l’Afrique pourrait réduire les barrières tarifaires et non tarifaires, favorisant ainsi une intégration économique profonde. « La ZLECAf est notre réponse structurelle la plus puissante », a-t-il affirmé, soulignant son potentiel à accroître le commerce intra-africain de 45 % d’ici 2045 et à stimuler le PIB continental de 1,2 %. Cette dynamique, combinée à la création de chaînes de valeur régionales dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et les minéraux critiques, pourrait non seulement réduire la dépendance aux exportations brutes, mais aussi positionner l’Afrique comme un acteur clé dans les industries vertes et numériques.
Gatete a également mis en lumière l’importance de l’« afro-shoring », une stratégie visant à relocaliser les activités économiques sur le continent pour maximiser les retombées locales. En investissant dans des secteurs stratégiques comme l’intelligence artificielle, projetée à contribuer 1,2 trillion de dollars au PIB africain d’ici 2030, et en renforçant les capacités manufacturières, l’Afrique pourrait transformer son dividende démographique en un moteur de croissance inclusive.
Réformer pour libérer le potentiel africain : un appel à la souveraineté financière
L’un des messages les plus percutants de Gatete fut son appel à une réforme profonde de l’architecture financière mondiale. « Le système actuel marginalise les économies africaines », a-t-il déploré, pointant du doigt les notations de crédit biaisées qui pénalisent les pays du continent, à l’exception de Maurice et du Botswana. Pour cette raison, en soutenant l’établissement d’une Agence Africaine de Notation de Crédit, la CEA ambitionne de redonner à l’Afrique une voix légitime dans l’évaluation de ses risques et opportunités. Cette initiative, conjuguée à une mobilisation accrue des ressources domestiques par des réformes fiscales et la lutte contre les flux financiers illicites, vise à libérer un potentiel financier sous-exploité pour financer les priorités du développement.
La collaboration Sud-Sud et l’apprentissage entre pairs, prônés par Gatete, constituent une autre pierre angulaire de cette vision. En s’inspirant des réussites régionales, comme les avancées dans la digitalisation des systèmes fiscaux ou les modèles de chaînes de valeur régionales, l’Afrique peut bâtir une solidarité économique qui transcende les frontières nationales. « La solidarité et l’autonomie ne sont pas des vœux pieux, mais des impératifs stratégiques », a-t-il martelé.
Une jeunesse au cœur de la transformation : l’avenir numérique de l’Afrique
L’avenir de l’Afrique, selon Gatete, repose sur ses jeunes. Avec une population jeune en pleine expansion, le continent doit investir massivement dans l’éducation, la formation professionnelle et les technologies de pointe pour doter cette génération des outils nécessaires à la conquête des marchés mondiaux. L’économie numérique, en pleine effervescence, offre une opportunité unique : avec un marché projeté à 75 milliards de dollars d’ici à fin 2025, elle pourrait devenir un catalyseur pour l’emploi et l’innovation. Cependant, Gatete a averti que cet avenir radieux ne se concrétisera que si l’Afrique comble son retard en matière d’accès à Internet, qui ne touche encore que 37 % de la population, avec une disparité notable au détriment des femmes.
L’appel à l’action pour une Afrique maître de son destin !
En clôturant ses échanges, Claver Gatete a réaffirmé l’engagement de la CEA à soutenir les États membres à travers une assistance technique et un plaidoyer vigoureux. Que ce soit par le renforcement des capacités statistiques, l’accompagnement dans les négociations sur la dette ou l’appui à l’implémentation de la ZLECAf, la CEA se positionne comme un partenaire stratégique pour traduire les ambitions de l’Agenda 2063 en réalités tangibles. « L’Afrique ne manque pas de solutions », a-t-il conclu, invitant chaque acteur – gouvernements, secteur privé, société civile – à s’unir pour faire de 2025 une année charnière dans la quête d’une prospérité partagée.
En somme, dans cette salle d’Addis-Abeba, les mots de Gatete ont résonné comme un manifeste pour une Afrique souveraine, innovante et unie. À l’aube d’un Forum ADIF qui promet de redéfinir les stratégies d’emploi, et dans un contexte où la ZLECAf redessine les contours du commerce continental, l’Afrique semble plus que jamais prête à transformer ses défis en opportunités. Le message est clair : l’heure est venue pour le continent de s’affranchir des chaînes du passé et de forger, avec audace et détermination, un avenir à la mesure de ses ambitions.

