Ouagadougou, 27 novembre 2025 – Un nouveau front s’ouvre dans la bataille de l’information au Sahel. En effet, le mercredi, les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont paraphé le protocole d’accord créant la toute première radio confédérale de l’Alliance des États du Sahel (AES). Baptisée « Daandè Liptako » – « La Voix du Liptako » en peulh –, cette station entend devenir l’arme médiatique des trois pays face à ce qu’ils qualifient de « guerre informationnelle » orchestrée depuis l’extérieur.
La cérémonie s’est déroulée en marge de la réunion préparatoire du deuxième sommet AES, en présence des ministres Karamoko Jean-Marie Traoré (Burkina), Abdoulaye Diop (Mali) et Bakary Yaou Sangaré (Niger).

Daandè Liptako : une radio pour « dire la vérité du Sahel »
Dans un contexte où les trois capitales accusent régulièrement les médias occidentaux et certains voisins de relayer des « narratifs hostiles », Daandè Liptako se fixe une mission claire : devenir le porte-voix officiel de l’AES. Elle vise ainsi à promouvoir l’unité confédérale et à contrer les campagnes de désinformation, notamment sur les opérations anti-terroristes.
Émettant depuis Ouagadougou (siège principal), avec des relais puissants à Bamako et Niamey, la station diffusera en français, arabe, haoussa, bambara, peul, songhaï, zarma et tamasheq. Des émissions d’information, des magazines de décryptage et des débats citoyens sont déjà en préparation.
Un enjeu stratégique plus décisif que la télévision
Le top départ officiel de la station sera donné lors du prochain sommet des chefs d’État AES, les 22 et 23 décembre à Bamako.
Bien que l’AES ait déjà une chaîne de télévision en phase de test, la radio représente un enjeu stratégique bien plus décisif. En effet, la radio reste le média roi dans les zones rurales où vit l’immense majorité de la population sahélienne, garantissant ainsi une pénétration maximale de l’information officielle.

Daandè Liptako : une nouvelle étape vers la souveraineté du récit
« Pendant trop longtemps, on a laissé d’autres raconter notre histoire. Aujourd’hui, c’est fini », a commenté un haut responsable burkinabè. Ce message résonne comme un avertissement : l’AES ne se contentera plus de répondre aux attaques informationnelles, mais entend désormais fixer elle-même l’agenda.
Avec Daandè Liptako, la confédération passe à la vitesse supérieure dans sa quête de souveraineté, y compris sur les ondes. Et dans le Sahel où chaque mot peut peser plus lourd qu’une kalachnikov, cette voix nouvelle risque de porter très loin.
