Dans l’arène brûlante du désert nigérien, sous un soleil impitoyable, la ville d’Agadez a été le théâtre, ce mardi 1ᵉʳ juillet 2025, d’un acte aussi symbolique que spectaculaire : l’incinération d’une montagne de drogues saisies, un butin toxique évalué à 14 milliards de FCFA. Orchestrée par le Gouverneur de la région, le Général de Division Ibra Boulama Issa, cette cérémonie, tenue à 11 heures sur le site dédié à la destruction des produits prohibés, a réuni un parterre de dignitaires civils et militaires, dont le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance d’Agadez. Une démonstration de force, un message clair : le narcotrafic, fléau des sables, n’a pas sa place dans cette région stratégique.
Les flammes ont englouti un arsenal de substances illicites, fruit de huit mois d’opérations acharnées menées par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Le tableau des saisies, dressé avec une précision chirurgicale, donne le vertige : 394,5 boules, 86,5 briques, 894 cornets et 4 763,29 grammes de cannabis, auxquels s’ajoutent un joint, un morceau et deux mégots. Le chanvre indien, avec cinq boules, complète ce sombre inventaire. Mais ce n’est que le prélude.
Les psychotropes, véritables armes chimiques du quotidien, dominaient l’amas : 16 236,5 comprimés de tramadol, 76 505 comprimés d’Exol accompagnés de 65,65 grammes de débris, 33 652 comprimés de diazépam, et une avalanche de prégabalin – 10 387 gélules, 479 280 capsules IP 300mg (Nervigesic), 41 cartons de 50 paquets et un carton de 49 paquets. L’héroïne (9 cornets), le Rohypnol (37 comprimés), le crack (9 cornets), le Rizala (7 paquets) et surtout la cocaïne – 170 boulettes pesant 3,105 kg et 99 palettes totalisant 171,5 kg – parachèvent ce catalogue macabre. Une cargaison digne des cartels, annihilée en un instant.
Ce bûcher, au-delà de sa portée symbolique, témoigne de la détermination des FDS à assainir les routes poussiéreuses d’Agadez, carrefour historique des caravanes et, hélas, des trafics modernes. Le Gouverneur Ibra Boulama Issa, figure d’autorité dans cette région où le sable cache autant de richesses que de dangers, a salué l’abnégation des forces de l’ordre. « Ces saisies ne sont pas un simple trophée, mais un coup porté au cœur des réseaux qui gangrènent notre société », a-t-il déclaré, son regard fixé sur les volutes de fumée noire s’élevant dans le ciel.
Le Procureur de la République, présent aux côtés des officiers, a quant à lui rappelé la nécessité d’une justice implacable pour accompagner ces efforts. « Chaque comprimé, chaque boulette détruite ici est une vie potentiellement sauvée », a-t-il martelé, appelant à une vigilance accrue face à un ennemi insidieux.
Mais les autorités savent que cette guerre ne se gagne pas seulement par les armes ou les flammes. Dans un élan inhabituel, elles ont lancé un appel solennel à la population d’Agadez, ce peuple résilient qui vit au carrefour des vents et des routes migratoires. « Collaborez, dénoncez, protégez votre avenir », a exhorté le Gouverneur, conscient que sans l’appui des communautés locales, les victoires resteront éphémères. Les narcotrafiquants, tapis dans l’ombre des dunes ou des ruelles animées, prospèrent dans le silence.
Agadez, plaque tournante du Sahel, n’est pas seulement un point sur la carte : c’est un enjeu géopolitique, un nœud où convergent les routes du commerce, de la migration et, trop souvent, du crime. La destruction de ces 14 milliards de FCFA de marchandises illicites n’est qu’une bataille dans une guerre plus vaste. Mais dans ce brasier, où les comprimés fondent et les boulettes s’évaporent, un message résonne : l’État nigérien, par la voix de ses FDS, est prêt à défier les ombres du désert.
Alors que les cendres retombaient sur le site d’incinération, une question flottait dans l’air aride : combien de bûchers faudra-t-il encore pour éradiquer ce poison ? À Agadez, la lutte continue, portée par le courage des FDS et l’espoir d’un avenir libéré des chaînes de la drogue.

Agadez : Une moisson funeste réduite en cendres
Agadez : Un coup de maître des FDS
Un appel vibrant à la population
Une lutte à l’échelle du désert