Le Burkina Faso signe son retour dans l’architecture régionale : Dr Aboubakar NACANABO, ministre de l’Économie et des Finances, prend la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA. Cette nomination, saluée comme une victoire diplomatique, met fin au blocage institutionnel entre Ouagadougou et Abidjan et ouvre la voie à une gouvernance monétaire plus inclusive, dans un contexte marqué par les tensions autour du FCFA et les ambitions de l’Alliance des États du Sahel.
Dakar, 7 octobre 2025 – Et si une décision institutionnelle pouvait désamorcer une crise diplomatique et restaurer l’influence d’un État au sein de l’Union régionale ? Le Dr Aboubakar NACANABO, ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, a été élu président du Conseil des ministres statutaires de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette élection s’est tenue lundi 6 octobre 2025 à l’issue de la troisième session ordinaire au siège de la BCEAO à Dakar. Or, cette nomination met un terme au blocage diplomatique qui affectait la présidence tournante entre Ouagadougou et Abidjan. Par conséquent, elle marque, pour le Burkina Faso, un retour symbolique et une réaffirmation de sa place au sein des instances communautaires, après une période d’isolement post-coup d’État.
Un leadership solide face aux enjeux macroéconomiques
Toutefois, cette élection va au-delà du titre honorifique. Le Dr NACANABO, économiste chevronné et ancien cadre de la Banque mondiale, apporte une expertise reconnue, notamment en matière de transparence budgétaire et de mobilisation des ressources internes.
Cependant, il prend les rênes de l’UEMOA dans un contexte sous-régional tendu, car elle fait face à :
- Des défis de souveraineté monétaire, notamment les critiques sur le FCFA émanant des États du Sahel.
- Une fragilité de la stabilité macroéconomique régionale.
- Des interrogations sur le futur de l’intégration, particulièrement concernant la place de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Niger, Burkina Faso – dans le dispositif communautaire.
En outre, l’ironie institutionnelle est palpable : les États qui remettent en question la monnaie commune se retrouvent à en diriger les orientations financières, un paradoxe qui alimente le débat sur la gouvernance monétaire.
Victoire diplomatique et solidarité panafricaine
À Ouagadougou et au sein de l’AES, cette nomination est perçue comme une victoire diplomatique significative : le « pays des hommes intègres » obtient une influence majeure dans les décisions économiques régionales, renforçant ainsi son poids au-delà des frontières sahéliennes.
De plus, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a reçu le ministre NACANABO et ses pairs pour une revue des travaux, un geste de courtoisie qui souligne la solidarité panafricaine et cherche à transcender les clivages politiques récents.
En conclusion, l’arrivée de NACANABO à la tête du Conseil pourrait ainsi impulser une transformation de l’UEMOA, privilégiant une souveraineté accrue pour les États membres, des réformes qui tiennent compte des réalités sahéliennes et une union des forces pour faire face aux chocs économiques globaux. Dès lors, c’est un signal clair que le Burkina Faso est de retour dans le jeu institutionnel et entend jouer un rôle prépondérant dans l’architecture régionale.
Et vous, pensez-vous que cette présidence du Dr NACANABO apaisera les tensions concernant le FCFA ou intensifiera-t-elle le débat sur la cohabitation AES-UEMOA ?


