Diffa : 91 ex-membres de Boko Haram repentis - Journal du Niger



Diffa : 91 ex-membres de Boko Haram repentis

Diffa, 24 octobre 2025 – Dans les étendues arides du Sahel, un souffle d’espoir s’élève. Mercredi dernier, 91 anciens combattants,…

Ministère Nigérien de l'Intérieur

Diffa, 24 octobre 2025 – Dans les étendues arides du Sahel, un souffle d’espoir s’élève. Mercredi dernier, 91 anciens combattants, issus des rangs de Boko Haram et de groupes affiliés, ont officiellement quitté le camp de réinsertion de Goudoumaria. Cette septième promotion du programme national de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) incarne la volonté du Niger de combattre le terrorisme par la reconstruction humaine, en misant sur la réinsertion plutôt que sur la seule riposte militaire.

 

Un serment solennel pour tourner la page

 

Sous un soleil implacable, la cérémonie s’est déroulée en deux temps : d’abord à Goudoumaria, berceau du camp, puis à Diffa, capitale régionale. Devant une assemblée composée d’autorités locales, de leaders communautaires et de familles, les repentis – 40 hommes, 18 femmes et 33 enfants – ont prêté serment sur le Coran, renonçant publiquement à la violence.
« Devant Dieu et les hommes, nous renonçons à jamais aux armes et aux idéologies destructrices », ont-ils proclamé, dans un moment chargé d’émotion, vécu comme une libération collective.

Présidée par le gouverneur de Diffa, le général de division Mahamadou Ibrahim Bagadoma, la cérémonie a été ponctuée par la remise symbolique des kits de réinstallation : outils agricoles, semences, vêtements et aides financières. « Ce n’est pas une fin, mais un recommencement », a-t-il martelé, exhortant les ex-combattants à tenir leur engagement et à reconstruire leur avenir.

Des trajectoires brisées, reconstruites par l’éducation

 

Avant cette sortie officielle, les 91 bénéficiaires ont suivi un parcours exigeant : accompagnement psychologique pour surmonter les traumatismes, formations pratiques en agriculture, couture, élevage et entrepreneuriat.
« Nous avons appris à cultiver la vie plutôt que la haine », confie une mère de famille, rescapée des camps de Boko Haram depuis deux ans.

Le coordonnateur national des initiatives de stabilisation et le procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de Niamey ont rappelé avec fermeté que ce serment engage autant la conscience individuelle que le respect des lois.

« Toute rechute sera traitée avec la rigueur de la justice », a prévenu le magistrat, soulignant que la clémence accordée aujourd’hui repose sur une responsabilité durable.

À Diffa, 91 ex-combattants de Boko Haram quittent le camp de Goudoumaria. Le Niger mise sur la réinsertion pour bâtir une paix durable face à l’extrémisme.

Un programme DDR qui fait ses preuves

 

Pilier de la stratégie antiterroriste du Niger, le programme DDR cible les volontaires repentis pour les transformer en acteurs de paix. À Diffa, région meurtrie par les incursions de Boko Haram depuis 2013, plus de 600 bénéficiaires ont déjà été réinsérés. Les résultats sont tangibles : villages apaisés, familles réunies, et une résilience communautaire renforcée face aux discours extrémistes.

Mais les défis restent nombreux. Si les kits remis constituent un tremplin, l’intégration socio-économique exige un accompagnement soutenu : accès à l’emploi, scolarisation des enfants, et vigilance contre la stigmatisation.
« Ces kits sont des semences ; c’est à la société de les arroser », illustre un animateur du programme, appelant ainsi à une mobilisation collective.

Vers un Sahel apaisé, un engagement à la fois

La sortie de Goudoumaria n’est qu’un chapitre d’une stratégie plus vaste : celle d’un Niger qui refuse de céder au fatalisme. En misant sur la déradicalisation, Niamey adresse un message fort à la sous-région : la paix se construit par les cœurs autant que par les armes.

Alors que ces 91 nouveaux citoyens regagnent leurs villages, les regards se tournent déjà vers la prochaine vague. Dans le vent du désert, résonne une promesse : celle d’un avenir où les armes se taisent, et où l’espoir prend racine.

 

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