Fonds souverain au Niger : des taxes ciblées sur plusieurs secteurs économiques - Journal du Niger



Fonds souverain au Niger : des taxes ciblées sur plusieurs secteurs économiques

Le gouvernement nigérien reconfigure son Fonds de Sécurité et de Souveraineté du Pays (FSSP), jusque-là alimenté par des dons volontaires.…

Le Niger réforme son fonds souverain en instaurant des prélèvements obligatoires dans plusieurs secteurs pour financer sécurité, gouvernance et développement. Google

Le gouvernement nigérien reconfigure son Fonds de Sécurité et de Souveraineté du Pays (FSSP), jusque-là alimenté par des dons volontaires. Désormais, une série de prélèvements obligatoires dans des secteurs stratégiques — importations, télécommunications, salaires, industries extractives — viendra soutenir ce mécanisme financier. Objectif : asseoir une souveraineté budgétaire durable et répondre aux priorités sécuritaires et infrastructurelles du pays.

Niamey, 29 octobre 2025 Le gouvernement nigérien a annoncé ce mercredi une refonte majeure du Fonds de Sécurité et de Souveraineté du Pays (FSSP), un mécanisme existant depuis deux années mais jusqu’ici alimenté uniquement par des dons volontaires. Désormais, l’État élargit son champ d’action en instaurant une série de prélèvements obligatoires dans des secteurs économiques clés — des importations aux télécommunications — afin de garantir un financement pérenne des priorités nationales. Cette réforme marque un tournant stratégique dans la quête d’autonomie budgétaire du Niger, confronté à des défis sécuritaires et infrastructurels croissants.

 

Fonds souverain au Niger : Une enveloppe dédiée à la résilience nationale

 

Le FSSP centralisera des ressources ciblées pour financer les priorités urgentes : sécurité, gouvernance administrative et développement territorial.

« Ces ressources permettront de bâtir une autonomie financière durable, libérant le Niger des aléas des aides extérieures », a déclaré un porte-parole du ministère des Finances.

Dans un contexte régional instable et marqué par la volatilité des matières premières, ce fonds se présente comme un bouclier stratégique, avec des allocations prévues pour l’armement, la formation des agents publics et les infrastructures locales.

 

Fonds souverain au Niger :  une architecture fiscale multisectorielle

 

Les prélèvements, validés par décret présidentiel, entreront en vigueur dans les prochaines semaines. Ils concernent un large spectre d’acteurs économiques, avec des taux modulés pour éviter un effet d’asphyxie. Parmi les principales mesures :

  • Importations de biens haut de gamme : surtaxe de 3 à 12 % pour préserver les devises.
  • Agroalimentaire et pêche : prélèvement de 4 % sur les volumes exportés.
  • Opérations douanières : frais additionnels sur les documents émis via le Guichet Unique.
  • Institutions publiques et parapubliques : 15 % sur les rendements des placements financiers.
  • Industries stratégiques : 1,2 % du chiffre d’affaires annuel (mines, énergie).
  • Masse salariale : retenue de 1 % sur les salaires nets, plus une ponction sur les primes.
  • Services numériques : 1 % sur les relevés mensuels des opérateurs télécoms.
  • Fonds étatiques spécialisés : prélèvement de 10 % pour redistribution ciblée.
  • Société civile locale : cotisation mensuelle de 10 000 à 100 000 FCFA pour les ONG.
  • Marché locatif : 3 % sur les revenus des baux impliquant l’État ou les grands chantiers.
  • Appels d’offres publics : 0,5 % sur les montants hors TVA des contrats adjudiqués.

Des mécanismes de contrôle sont annoncés pour garantir la traçabilité et éviter les contournements.

 

 Souveraineté en ligne de mire, vigilance requise

 

Au-delà des chiffres, cette réforme traduit une volonté politique claire : financer les ambitions nationales par des ressources locales.

« C’est un pas décisif vers une souveraineté réelle, où chaque contribution sert le bien commun », salue un économiste nigérien, en phase avec les orientations du gouvernement.

Mais des voix s’élèvent. Des représentants du secteur privé alertent sur les risques de ralentissement économique.

« L’équilibre entre recettes et fluidité des affaires sera crucial », prévient un dirigeant d’entreprise à Niamey.

Pour rassurer, le gouvernement s’engage à publier un rapport trimestriel sur l’utilisation des fonds, gage de transparence et de redevabilité.

 

Fonds souverain au Niger :  un pari audacieux pour redessiner le paysage financier régional

 

Dans un Sahel en quête de stabilité, le Niger opte pour une stratégie d’autofinancement ambitieuse. En élargissant la base contributive nationale, l’État entend bâtir une économie plus résiliente, capable de financer ses propres ambitions sans dépendance excessive aux partenaires extérieurs. Si l’équilibre entre pression fiscale et dynamisme économique est maintenu, le FSSP pourrait devenir un levier structurant pour redessiner le paysage financier ouest-africain.

 

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