Au Niger, l’innovation locale devient levier de souveraineté. Le FNRSIT révèle un continent prêt à inventer son avenir, depuis ses savanes jusqu’à ses laboratoires.
Niamey, 25 septembre 2025 – Et si l’avenir de l’Afrique se dessinait non pas dans les laboratoires lointains de l’Occident, mais dans les ateliers improvisés des savanes nigériennes ? Imaginez un instant des jeunes chercheurs qui, face à la sécheresse impitoyable, conçoivent des systèmes d’accès à l’eau potable à partir de rien ; des ingénieurs qui capturent l’énergie solaire pour éclairer des villages entiers ; ou des informaticiens qui déploient des applications mobiles pour booster les récoltes agricoles et diagnostiquer les maladies en urgence.
Ceci n’est pas de la science-fiction : c’est la réalité qui s’est imposée, lors de la Lancement triomphale du premier Forum National de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique (FNRSIT), un événement qui propulse le Niger au rang de pionnier continental en matière de solutions durables.

Souveraineté en question : l’alerte du PNUD sur le savoir
Ouvert le lundi 22 septembre au Centre de Conférence Internationale Mahatma Gandhi, sous le patronage du Président de la République, Chef Suprême des Armées, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, ce forum de trois jours a réuni plus de 200 experts, chercheurs et décideurs. Organisé par la Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation Technologique (DGRIT) du Ministère de l’Enseignement Supérieur, il s’est articulé autour d’un thème percutant : « Défis de Souveraineté : Contribution de la recherche scientifique et de l’innovation technologique pour des solutions durables ».
Cet appel à l’action trouve un écho puissant dans un monde en quête de solutions durables. Comme l’a souligné Nicole Kouassi, représentante du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le savoir, l’innovation et la technologie jouent désormais un rôle central dans les transformations économiques et sociales.
En soutenant pleinement l’initiative portée par la DGRIT, elle a insisté sur un point essentiel : la recherche scientifique et l’innovation technologique ne sont plus des options, mais des impératifs de développement. Autrement dit, aucune nation ne peut aspirer à la souveraineté sans s’appuyer sur une recherche solide, guidée par des politiques publiques ambitieuses.

Le « Génie nigérien » salué : ces prototypes qui changent la vie
Dès l’ouverture, présidée par le Général d’Armée Salifou Mody, Ministre d’État, Ministre de la Défense Nationale, assurant l’intérim du Premier Ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, l’événement a pris une dimension stratégique. Dans son discours inaugural, le Général Mody a salué le « génie nigérien » incarné par ces jeunes talents et centres de recherche qui innovent localement.
« Ces initiatives – des solutions pour l’accès à l’eau potable, l’énergie solaire, le biochar adapté aux zones rurales, ou les applications numériques au service de l’agriculture, de l’éducation et de la santé communautaire – ne sont pas seulement des prototypes : elles sont des leviers de souveraineté », a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a ajouté, avec une vision prospective : « Ce forum ne peut que contribuer à créer des partenariats stratégiques entre chercheurs, inventeurs, innovateurs des secteurs publics et privés, start-ups, entreprises, et utilisateurs potentiels des résultats et innovations. »

L’AES Unie par la Science : le partage d’expériences au sommet
Cette rencontre d’envergure internationale, qui s’est étendue jusqu’au 24 septembre, a accueilli des délégations de haut vol : recteurs des universités publiques et de l’Université Virtuelle du Niger, chercheurs du Mali, du Burkina Faso et du Togo (pays membres de l’Alliance des États du Sahel – AES), représentants du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), ainsi que des membres du gouvernement nigérien.
Le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Division Assoumane Abdou Harouna, a souligné, dans son adresse de bienvenue aux participants, l’importance de ces assises dans le cadre de la refondation nationale et de la quête de souveraineté. « Dans un contexte où les défis climatiques et sécuritaires menacent notre autonomie, cette rencontre scientifique est un phare pour l’avenir », a-t-il affirmé.
Au cœur des échanges, un panel de haut niveau a réuni les ministres de l’Enseignement supérieur du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Togo. Centré sur le thème principal du forum, ce moment fort a permis un dialogue franc sur les avancées scientifiques et les obstacles persistants.
Le Professeur Bouréima Kansaye, ministre malien de l’Enseignement supérieur, s’exprimant au nom de ses homologues de l’Alliance des États du Sahel (AES) et du Togo, a salué une « occasion unique de s’imprégner des résultats de la recherche et des défis auxquels les acteurs scientifiques sont confrontés ». Il a également souligné : « Les débats engagés permettront, sans nul doute, de dégager les meilleures pistes pour relever les défis identifiés, tout en favorisant un partage d’expériences qui transcende les frontières. »

De la théorie à l’impact : quand l’innovation fait face au climat
Mais le FNRSIT n’était pas qu’une tribune théorique : il a surtout brillé par son volet pratique. Dès les premiers instants, des stands d’exposition ont dévoilé des prototypes concrets issus de recherches nigériennes – du biochar pour enrichir les sols arides aux algorithmes d’IA pour une agriculture résiliente face au changement climatique. Visitées par les officiels, ces expositions ont transformé le centre Gandhi en un véritable hub d’innovation, où le grand public a pu toucher du doigt comment la science peut résoudre des problèmes quotidiens : une pompe solaire low-cost pour l’irrigation, ou une application mobile qui alerte les fermiers sur les risques de maladies des cultures.

Verdict : le Niger, fer de lance de la souveraineté africaine
Trois jours intenses plus tard, une évidence s’impose : le Niger ne subit plus les défis globaux, il les anticipe et les surmonte par l’innovation. Dans un continent où 60 % de la population est rurale, ces avancées locales pourraient bien inspirer une vague panafricaine de souveraineté technologique. Le FNRSIT 2025 ne fut pas un simple événement académique. Au contraire, il marque l’acte fondateur d’une nouvelle ère, où l’Afrique s’appuie sur son génie local pour bâtir son autonomie.
L’État a planté la graine de l’innovation. Reste à savoir si les financements et les infrastructures suivront pour transformer ces prototypes en solutions concrètes dans les villages et les champs.
