Niamey, 9 décembre 2025 – Ces derniers mois, la capitale nigérienne a été le théâtre d’une vague d’agressions à main armée, de vols spectaculaires et même d’homicides, créant un climat de peur chez les habitants. Face à cette montée de l’insécurité, la Direction de la Police Judiciaire (DPJ) a mené une série d’opérations qui ont abouti, en quelques semaines, à la neutralisation de quatre bandes organisées responsables de nombreux faits graves.

Réseau n°1 : Les « chasseurs de retraits bancaires »
Une douzaine d’individus, âgés de 25 à 53 ans, formaient le noyau dur de ce groupe particulièrement structuré. On y trouvait un ressortissant étranger, une jeune femme toujours recherchée, plusieurs anciens membres des forces de défense et de sécurité radiés pour fautes graves, ainsi que des informateurs et receleurs.
Leur spécialité : repérer les personnes venant d’effectuer d’importants retraits dans les banques ou détenant du liquide à domicile. Une fois la cible identifiée, deux motos (quatre hommes au total) prenaient en filature la victime jusqu’à un endroit propice pour l’attaque, souvent en pleine circulation, sous la menace d’un pistolet automatique. En outre, en cas d’échec sur la voie publique, la bande n’hésitait pas à cambrioler le domicile ou les bureaux de la victime pour atteindre le coffre-fort.
Parmi les faits les plus marquants qui leur sont imputés :
- 9 avril 2025, quartier Nouveau Marché : vol de 3 millions FCFA à une femme juste après son passage à la banque.
- 2 juillet 2025, quartier Maison Économique : 20 millions DE FCFA arrachés à un automobiliste après un tir en l’air.
- 21 octobre 2025, quartier Any Koira : un homme abattu en pleine rue d’une balle dans la poitrine pour 15 millions FCFA.
- Nuit du 29 au 30 septembre 2025 : cambriolage des bureaux de la mairie de Hamdallaye avec la complicité du planton.
Par ailleurs, deux ex-militaires radiés de ce même réseau menaient des opérations parallèles : revêtus d’un treillis, armés du pistolet automatique de la bande, ils se faisaient passer pour des agents de la brigade antidrogue, faisaient irruption chez des trafiquants présumés, les rackettaient ou saisissaient leur marchandise avant de disparaître.

Réseau nᵒ 2 : la filière Niger-Nigeria de vol de véhicules
Trois hommes, dont un basé au Nigeria, sont à l’origine d’une série de vols de 4×4 et pick-up à Niamey. Le chef de bande, un Nigérien de 47 ans, a reconnu les faits. Les véhicules étaient acheminés par la route Tibiri – Doutchi – Batchaka – Arougoungou – Sokoto – Kano.
Quatre voitures ont été identifiées :
- Toyota Cygnus et Toyota Hilux volés en août 2025 à la cité Olani.
- Toyota RAV4 blanche volée quartier Banifandou.
- Un second Hilux, quartier Dubaï, intercepté par la police à la barrière de Birni N’Gaouré.

Réseau nᵒ 3 : Séquestration et homicide d’une jeune femme
Au même moment, les enquêteurs recherchaient activement une adolescente de 18 ans portée disparue après l’enlèvement signalé par ses parents. Par la suite, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2025, grâce aux indications précises d’une amie de la victime, les policiers effectuent une descente dans un ghetto du quartier Koira Tégui. Ainsi, ils interpelleront sur place quatre jeunes hommes âgés de 19 à 25 ans.
Confrontés aux preuves, les suspects reconnaissent immédiatement avoir séquestré l’adolescente disparue et admettent aussi que la femme retrouvée morte le 27 novembre avait aussi séjourné dans ce même ghetto avant que les auteurs ne la tuent. L’enquête se poursuit activement afin d’établir les circonstances précises du meurtre.

Réseau n°4 : L’assassinat d’une mère de famille
Le mari, absent de Niamey ce jour-là, avait tenté de joindre son épouse dans la soirée du 13 novembre. Un homme avait décroché et lui avait lancé froidement : « Ta femme ? On l’a tuée. Dis-nous où tu habites, on vient te la déposer », avant de raccrocher.
Grâce au bornage du téléphone de la victime, les enquêteurs ont rapidement identifié son nouveau détenteur, un charlatan du quartier. Cependant, ce dernier a indiqué l’avoir reçu d’un individu surnommé « Furios », déjà connu des services. « Furios » a à son tour désigné le frère du charlatan. C’est ainsi que les trois hommes ont été interpellés. Lors de la reconstitution, le mari a formellement reconnu la voix de « Furios » comme celle qui l’avait menacé au téléphone. Les agents présenteront les trois suspects prochainement au parquet.

La Police Judiciaire : un appel à la vigilance citoyenne
À travers ces quatre coups de filet successifs, la Direction de la Police Judiciaire démontre sa capacité à démanteler des réseaux criminels organisés et particulièrement dangereux. Les enquêteurs soulignent toutefois que la lutte contre l’insécurité reste un défi quotidien et appellent la population à rester vigilante.
Finalement, la Police Judiciaire a mis à disposition un numéro vert pour que le public puisse signaler immédiatement tout comportement ou mouvement suspect : le 8383 ou le 17, disponibles 24 heures sur 24.
