Le Niger et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) scellent un protocole stratégique pour 2025-2026. Face à une insécurité alimentaire aiguë qui touche 4,4 millions de Nigériens, le gouvernement et le PAM unissent leurs forces pour transformer l’urgence en résilience.
Niamey, 3 octobre 2025—Dans un Sahel aux récoltes maigres, où chaque grain compte, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ne se résume pas à un acronyme : il représente un bouclier vital pour les 4,4 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë cette année. Ce vendredi, dans les couloirs feutrés du cabinet du Ministre d’État à l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire, le Général de Division Mohamed Toumba a accueilli une délégation du PAM venue sceller un nouveau chapitre de cette coopération stratégique.
Conduite par Kinday Samba, Représentante et Directrice pays, la rencontre a dépassé le cadre d’un simple échange protocolaire. Elle a abouti à la signature d’un protocole d’accord pour 2025–2026 et à la validation du Plan de Travail et Budget Annuel (PTBA) pour le dernier trimestre — un engagement fort face à un horizon assombri par les coupes budgétaires internationales.

Partenariat et plaidoyer : l’audience qui va droit au but
Sous les hauts plafonds du ministère, les enjeux se sont imposés avec la gravité de sacs de riz sur une charrette bringuebalante. Le Général Toumba, figure clé de la refondation nationale impulsée par le président Abdourahamane Tiani, a accueilli la délégation pour échanger sur plusieurs points relatifs au partenariat entre le Niger et le PAM. Au menu : coordination renforcée pour les aides d’urgence, appui aux communautés vulnérables et, surtout, respect des engagements. « J’ai attiré leur attention sur le respect des engagements », a-t-il déclaré solennellement, rappelant fermement que le PAM pourrait suspendre son aide à près de deux millions de Nigériens, faute de financements.
De son côté, Kinday Samba n’a pas tourné autour du pot. Remerciant d’abord le Ministre pour « les efforts d’accompagnement en faveur de leur plan stratégique pays au niveau régional », elle a salué la « fonctionnalité des comités techniques régionaux dirigés par les secrétaires généraux des régions ». Véritables avant-postes de l’action humanitaire, ces instances locales facilitent les distributions communautaires dans les zones les plus reculées – de Diffa aux confins du Mali.
Cependant, Mme Samba n’en est pas restée aux louanges : elle a formulé des plaidoyers concrets pour améliorer leurs interventions sur le terrain, évoquant notamment la digitalisation des transferts sociaux et le soutien aux petits producteurs, piliers du projet du PAM visant à transformer l’aide d’urgence en levier de résilience durable.

Des signatures qui pèsent lourd : budget et protocole entre le PAM et le Niger pour la sécurité alimentaire
En marge des discussions, l’encre a coulé : le ministère de l’Intérieur et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont signé le protocole d’accord 2025–2026, tout en validant le PTBA 2025 pour le trimestre restant. Ces documents traduisent un virage stratégique. Présent au Niger depuis plusieurs décennies, le PAM œuvre en effet à promouvoir des systèmes alimentaires sains et à renforcer la résilience des communautés vulnérables. Il s’aligne ici sur la vision nigérienne d’une souveraineté alimentaire forgée dans l’adversité.
Lors de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU, les deux parties avaient déjà réaffirmé cette convergence, avec pour objectif la construction d’un partenariat durable autour de la souveraineté alimentaire et du développement.
Mais derrière les sourires protocolaires, les ombres planent. Le Sahel paie le prix des tensions géopolitiques : en avril dernier, les États-Unis ont réduit leur aide alimentaire au Niger, au Mali et au Tchad, tandis que le financement global s’essouffle, menaçant des millions de vies. Au Niger, où 80 % de la population dépend de l’agriculture pluviale, ce partenariat représente un rempart contre la double peine — insécurité et inflation galopante.
Cette audience a également donné lieu à des annonces porteuses d’espoir, laissant entrevoir des engagements concrets pour développer les chaînes d’approvisionnement locales et renforcer la résilience face aux chocs climatiques.

Un horizon sahélien : de l’urgence à l’autonomie
Pour le Général Toumba, cette alliance s’inscrit pleinement dans la refondation du Niger : un pays qui refuse de mendier son pain quotidien. En soutenant les objectifs de développement du gouvernement — notamment la réduction des besoins humanitaires par des solutions durables — le PAM devient un partenaire stratégique de la stabilité, en reliant sécurité alimentaire et cohésion sociale.
Mme Samba ne l’a pas dit à demi-mot : les comités régionaux accompagnent concrètement les actions communautaires, en écho à l’appel du Niger pour une aide réorientée vers l’autonomie.
Pour les Nigériens, ce partenariat dépasse le cadre protocolaire : il incarne la promesse que les sacs de céréales parviendront jusqu’aux villages asséchés, et que les enfants ne grandiront pas le ventre vide. Dans un Sahel où la faim devient une arme de déstabilisation, cette signature n’est pas qu’un document : c’est un cri de résilience. Reste à savoir si ces engagements tiendront la route des caravanes — ou si le désert engloutira, une fois encore, les promesses.
