Niger : À Tahoua, un coup de filet contre les marchands de mort - Journal du Niger

PolitiqueSécurité




Niger : À Tahoua, un coup de filet contre les marchands de mort

Niger : Coup de filet majeur contre un réseau de trafiquants d'armes à Tahoua   Tahoua, 9 juillet 2025 –…

La Garde nationale nigérienne interpelle huit présumés trafiquants d’armes à Tahoua, révélant les ramifications transfrontalières

Niger : Coup de filet majeur contre un réseau de trafiquants d’armes à Tahoua

 

Tahoua, 9 juillet 2025 Dans l’immensité aride de la région de Tahoua, où les dunes cachent autant de secrets que de dangers, la Garde Nationale du Niger a frappé un grand coup. Entre le 28 juin et le 5 juillet 2025, huit présumés trafiquants d’armes, dont un étranger, sont tombés dans ses filets, soupçonnés d’alimenter les flammes de l’insurrection jihadiste qui embrase le Sahel. Avec deux fusils AK-47, trois motos, sept téléphones et des munitions saisis, cette opération révèle l’implacable lutte de Niamey pour couper les artères du terrorisme. Mais dans une région où chaque sentier est une route pour les armes illicites, ce succès peut-il freiner la spirale de violence, ou n’est-il qu’une goutte d’eau dans un océan de chaos ?

 

La Garde nationale nigérienne interpelle huit présumés trafiquants d’armes à Tahoua, révélant les ramifications transfrontalières Une opération ciblée dans un bastion de la vulnérabilité sahélienne

 

À mi-chemin entre Tahoua et Kaou, dans une zone frontalière où le sable rencontre les ambitions criminelles, la Garde Nationale Nigérienne a démantelé un réseau de trafic d’armes en une semaine d’opérations minutieuses. Les huit suspects, arrêtés lors de patrouilles intensifiées et discrètes, sont accusés d’approvisionner des groupes terroristes, probablement liés à l’État Islamique au Sahel (ISSP) ou à Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimeen (JNIM), tous deux tristement actifs dans la région tri-frontalière Niger-Mali-Burkina Faso. Parmi les prises significatives : deux fusils AK-47, armes emblématiques et redoutables des insurrections sahéliennes, trois motos utilisées pour des déplacements furtifs et rapides, sept téléphones servant aux communications cryptées des réseaux, et un stock non négligeable de munitions prêtes à semer la mort et la désolation.

« Ces arrestations sont un signal fort et sans équivoque : nous traquons sans relâche et avec détermination ceux qui alimentent le chaos et la terreur », a déclaré un officier de la Garde Nationale, dont le ton traduisait une ferme résolution. Cette opération intervient dans un contexte tendu, alors que Tahoua, proche du Mali et du Nigeria, est un carrefour notoire et historique pour le trafic d’armes en provenance de Libye. Selon l’Institute for Security Studies, la chute du régime de Kadhafi en 2011 a malheureusement inondé le Sahel d’armes légères, alimentant directement les groupes armés et les bandits transfrontaliers. En 2024, le Global Terrorism Index estimait que le Sahel concentrait un effarant 51 % des morts liées au terrorisme mondial, avec des attaques d’une brutalité inouïe comme celle de Fambita (21 mars 2025), où l’ISSP a massacré 44 civils innocents.

 

Le Sahel sous l’emprise des armes : Un défi colossal pour le Niger

 

La région de Tahoua, avec ses vastes étendues désertiques et ses routes cruciales reliant Agadez, Tillabéri et le Mali, est un point névralgique et incontournable du trafic d’armes. Les réseaux criminels, souvent orchestrés par des intermédiaires locaux sans scrupules et des combattants touaregs ou peuls, exploitent impunément la porosité des frontières pour acheminer des AK-47, des explosifs dévastateurs, et même des lance-roquettes depuis la Libye vers le sud du continent. Une fois introduites, les trafiquants stockent ces armes illicites dans des caches secrètes à Tahoua ou Agadez. Ils les revendent ensuite à des groupes jihadistes impitoyables ou à des milices autoproclamées, ce qui exacerbe les conflits ethniques latents et multiplie les attaques indiscriminées contre les populations civiles. En mai 2025, l’ISSP a revendiqué une attaque d’une violence sidérante à Tillia, Tahoua, tuant 58 personnes, un rappel brutal de l’urgence sécuritaire absolue à laquelle la région fait face.

Le Niger, sous la direction résolue de Tiani, intensifie drastiquement ses efforts pour contrer ces menaces grandissantes. Membre actif de l’Alliance des États du Sahel (AES), aux côtés du Mali et du Burkina Faso, Niamey mise sur des opérations ciblées comme celle de Tahoua pour reprendre un contrôle indispensable du territoire. Cependant, les défis sont immenses et complexes : la coopération régionale, déjà affaiblie par le retrait de l’AES de la CEDEAO en janvier 2025, limite considérablement les patrouilles conjointes avec le Nigeria, tandis que l’absence persistante de la France, dont les troupes ont quitté le Niger en 2023, a laissé un vide sécuritaire préoccupant, difficile à combler.

 

La Garde nationale nigérienne interpelle huit présumés trafiquants d’armes à Tahoua, révélant les ramifications transfrontalières Une victoire fragile dans une guerre sans fin : La persistance de la menace à Tahoua

 

Cette opération récente, bien que significative et louable, ne représente malheureusement qu’une étape modeste dans la lutte titanesque contre le trafic d’armes. Les deux AK-47 saisis, bien que symboliques d’une vigilance accrue, sont une goutte d’eau dans l’océan estimé de 117 000 armes illicites en circulation au Niger, dont seulement 2 000 sont officiellement enregistrées. Les téléphones confisqués, probablement utilisés pour coordonner les livraisons secrètes, rappellent la sophistication croissante et la résilience des réseaux criminels. Les enquêteurs ont identifié parmi les suspects un étranger dont ils n’ont pas précisé la nationalité, mettant en lumière de façon éclatante l’aspect transnational et tentaculaire du trafic, qui relie directement Tahoua aux filières bien établies en Libye et au Tchad.

Pour les habitants courageux de Tahoua, où les attaques tragiques de 2021 ont fait 137 morts à Intazayene, la peur et l’incertitude restent omniprésentes, tel un spectre planant sur leur quotidien. « On vit constamment avec la menace, mais on veut désespérément croire que l’État peut nous protéger efficacement », confie avec une pointe d’espoir un agriculteur local, dont le village fut brutalement attaqué par des motos armées il y a quatre ans. La Garde Nationale, désormais soutenue par des partenaires comme la Russie depuis 2024, promet de multiplier ces opérations essentielles, mais le manque criant de ressources et la faible coordination régionale freinent indéniablement les progrès escomptés.

 

Niamey face à un défi titanesque : L’appel à une mobilisation globale

Alors que la nouvelle de ce coup de filet se répand, Niamey savoure, à juste titre, une victoire symbolique et encourageante. Mais dans les ruelles sablonneuses de Tahoua, où chaque moto peut dissimuler un trafiquant déterminé, la menace persiste, diffuse et insidieuse. La saisie de deux AK-47 et de quelques munitions est certes un pas en avant, mais la guerre contre le terrorisme au Sahel exige bien plus qu’une série d’opérations ponctuelles : elle nécessite impérativement des frontières sécurisées et hermétiques, une coopération régionale intensifiée et harmonisée, et surtout, une réponse profonde et durable aux racines mêmes de l’insécurité, telles que la marginalisation économique et sociale des communautés peules et touarègues.

Dans ce combat existentiel, le Niger, bien que parfois isolé, mais résolument déterminé, joue sa survie même. Cette opération n’est donc pas une fin en soi, mais un appel puissant et urgent à ne pas baisser la garde face à un ennemi insaisissable qui prospère dans l’ombre et tire parti de la vulnérabilité.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP