Niamey, 26 novembre 2025 – Le Palais des Congrès de Niamey a vibré hier sous le poids d’une urgence peu commune : transformer les radios communautaires en véritables boucliers contre la guerre informationnelle que mènent les groupes armés au Sahel. En effet, organisé par le ministère de la Communication avec l’appui de l’UNICEF, le tout premier Forum national des radios communautaires a été lancé sous le haut patronage du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine.
Plus de 200 participants – directeurs de radios rurales, animateurs, chefs de canton, maires, imams et représentants de la société civile – ont répondu présents. En effet, dans un pays où 80 % de la population vit en zone rurale et où la radio reste le média le plus écouté, les groupes terroristes inondent les ondes de fausses nouvelles et de rumeurs ethniques. Face à cela, le gouvernement a décidé de contre-attaquer sur le même terrain.

La Parole, nouvelle arme de paix massive
« Nos radios communautaires ne sont pas seulement des haut-parleurs. Elles sont les gardiennes de la vérité dans nos villages », a déclaré le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Mohamed Toumba. Il a ajouté : « Aujourd’hui, nous vous donnons les outils pour que la voix de la paix soit plus forte que celle de la haine. »
Pendant trois jours, les participants prendront part à des ateliers pratiques : apprendre à vérifier une information avant de la diffuser, à aborder les sujets sensibles — tels que les conflits entre agriculteurs et éleveurs ou les rumeurs concernant l’armée — sans attiser les tensions, et à produire des émissions participatives capables de renforcer la confiance des citoyens. L’UNICEF, qui finance une grande partie du forum, mettra également l’accent sur la protection des enfants dans les contenus.
Radios communautaires: vers un dispositif national d’alerte précoce
Plusieurs intervenants ont rappelé l’urgence de la situation. Un chef traditionnel de Tillabéri, région martyre des attaques djihadistes, a témoigné : « Chez nous, quand une fausse nouvelle passe à la radio, le lendemain il y a des morts. Par conséquent, je viens chercher les armes pour que plus jamais une rumeur ne tue mes enfants. »
À la tribune, le ministre de la Communication, M. Sidi Mohamed Raliou, a annoncé la création prochaine d’un « réseau national d’alerte précoce médiatique ». Concrètement, dès qu’elles détectent une rumeur dangereuse, les radios communautaires coordonnent immédiatement leur action pour diffuser la version officielle et apaisée des faits.

Radios communautaires : un Code de bonne conduite « Made in Niger »
En somme, à l’issue du forum, les participants adopteront une charte nationale des radios communautaires, avec des engagements précis : refus de diffuser des messages de haine, vérification systématique des sources, et priorité donnée aux langues nationales (haoussa, zarma, peulh…).
Pour Fatima, animatrice d’une radio à Dosso, ce forum marque un tournant. « Auparavant, on nous accusait parfois d’être des relais involontaires de la propagande. Désormais, nous serons formés, équipés et reconnus comme acteurs de la paix », confie-t-elle.
Dans un Niger où la parole peut encore faire basculer un village dans la violence, ce forum est une prise de position stratégique. La guerre se gagne aussi sur les ondes, et cette fois, l’État a décidé de ne plus laisser le champ libre à ses ennemis.

