Mokwa : Une tragédie fluviale engloutit des vies et ravive l’urgence d’une résilience climatique
Plus de 700 personnes sont toujours introuvables et quelque 3 000 foyers ont été déracinés après qu’un cataclysme, qualifié par les autorités locales comme le plus dévastateur en six décennies, a laissé derrière lui un sillage de désolation : 207 âmes confirmées disparues dans les flots. En effet, dans la nuit du 28 mai 2025, la bourgade de Mokwa, vibrant carrefour commercial de l’État du Niger au Nigeria, s’est trouvée submergée par une crue impitoyable, née de pluies torrentielles d’une rare violence. Alors que les eaux commencent à refluer, Mokwa pleure ses pertes et lance un appel poignant à une réponse nationale face à une crise qui transcende les frontières locales. Mais comment cette tragédie a-t-elle pu atteindre une telle ampleur ?
Mokwa : L’apocalypse sous les eaux, un bilan terrifiant !
Les quartiers de Tiffin Maza et d’Anguwan Hausawa, épicentres du drame, ont vu leurs ruelles englouties par des torrents boueux, emportant maisons, boutiques et espoirs. Selon le gouverneur Umaru Bago, représenté par son adjoint Yakubu Garba lors d’une visite de condoléances le 17 juin 2025 à Minna, déclare que les inondations ont anéanti 283 habitations et 50 échoppes, tandis que 400 autres demeures arborent les cicatrices du déluge. De plus, le pont d’Eppa, artère vitale reliant le nord et le sud-ouest du pays, s’est effondré, paralysant les échanges commerciaux et isolant des communautés entières. En outre, plus de 10 000 hectares de rizières, poumon agricole de la région, ont été anéantis, menaçant gravement la sécurité alimentaire d’une population déjà éprouvée.
Barrages en question : pourquoi le drame de Mokwa ?
La cause de cette tragédie, bien que partiellement attribuée à un déluge exceptionnel, soulève de sérieuses interrogations. Les habitants pointent du doigt une possible rupture de barrage en amont, bien que le ministre des Ressources en eau, Joseph Utsev, ait fermement démenti toute implication des barrages de Kainji ou de Jebba. À cet égard, une équipe technique, dépêchée par l’Agence nigériane des services hydrologiques, scrute désormais les indices pour démêler l’écheveau des responsabilités. Parallèlement, les experts, à l’instar d’Ugonna Nkwunonwo de l’Université du Nigeria, dénoncent l’absence chronique de systèmes de drainage adéquats et une urbanisation anarchique qui amplifient considérablement les risques.
Urgence nationale : le Nigeria se lève pour les victimes
Face à l’ampleur du désastre, le Nigeria se mobilise. Le président Bola Tinubu a ordonné l’activation immédiate du Centre national de réponse aux urgences, tandis que l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) achemine vivres, couvertures et abris temporaires aux 3 018 déplacés recensés. La Croix-Rouge nigériane, aux avant-postes, déplore « une détresse humaine sans précédent », avec 121 blessés hospitalisés et des corps charriés jusqu’à Rabba, à plus d’une heure de route. Le sénateur Sani Musa a débloqué 50 millions de nairas et des cargaisons de riz et de mil pour soutenir les familles, tandis que l’Université Veritas d’Abuja a offert matelas et répulsifs anti-moustiques, geste salué comme un élan de solidarité nationale.
Mokwa : un appel à la réflexion pour l’avenir du Nigeria
Le major Hamza Al-Mustapha, à la tête d’une délégation venue rendre hommage aux victimes, a appelé à une réflexion collective. « Nous rencontrerons le conseil traditionnel de Mokwa pour prier afin que ce fléau ne se reproduise plus », a-t-déclaré, plaidant pour une refonte de l’urbanisme et une meilleure anticipation des risques climatiques. Cette visite, marquée par un passage auprès de l’ancien président Ibrahim Babangida, souligne l’ampleur d’une tragédie qualifiée de « nationale » par le gouverneur Bago.
Tragédie de Mokwa : repenser la résilience face aux extrêmes climatiques
Mokwa, située à 370 km d’Abuja, n’est pas étrangère aux caprices de la saison des pluies, qui s’étend d’avril à octobre. Cependant, l’intensité de cette crue, exacerbée par le changement climatique, a pris les autorités au dépourvu. Les récits des survivants, comme celui de Farida Auwalu, seule rescapée d’une famille de seize âmes, glacent le sang. « J’espère retrouver les corps de mes enfants pour leur offrir une sépulture digne », confie-t-elle, incarnation d’une douleur partagée par des milliers d’autres. Les corps, parfois ensevelis sous la boue ou emportés par le Niger, compliquent la tâche des secouristes, qui ont suspendu leurs recherches, estimant qu’aucun survivant ne subsiste parmi les 700 disparus.
Un sursaut national : le Nigeria face au défi du changement climatique
Ce drame, qui fait écho aux inondations meurtrières de 2022 (600 morts, 1,4 million de déplacés), met en lumière l’urgence d’une gouvernance climatique proactive. Les autorités locales, critiquées pour leur lenteur à répondre aux alertes, promettent désormais des investissements massifs dans des infrastructures résilientes, à l’image de canaux d’évacuation et d’une urbanisation mieux planifiée.
Mokwa se relève : l’espoir d’un Nigeria plus fort
Tandis que Mokwa panse ses plaies et tente de se reconstruire, le Nigeria tout entier est convié à transformer cette tragédie en un puissant sursaut collectif. La solidarité nationale et l’innovation doivent triompher à flots. Plus qu’une simple reconstruction, c’est l’opportunité de réinventer la résilience face aux défis climatiques, forgeant ainsi un avenir où de telles catastrophes ne laisseront plus un sillage de désolation. Le Nigeria relèvera-t-il ce défi immense ? L’avenir de Mokwa, et de bien d’autres communautés, en dépend.
