PONASI : le Burkina contre-attaque pour sauver sa biodiversité - Journal du Niger



PONASI : le Burkina contre-attaque pour sauver sa biodiversité

Burkina Faso : un coup de filet historique contre le braconnage dans le sanctuaire de PONASI Pô, 14 juillet 2025…

Une opération musclée dans le complexe PONASI permet l’arrestation de plus de 50 contrevenants et la saisie de 1 500 têtes de bétail,

Burkina Faso : un coup de filet historique contre le braconnage dans le sanctuaire de PONASI

Pô, 14 juillet 2025 Dans une démonstration de force sans précédent, les autorités burkinabè ont frappé un grand coup contre le braconnage et l’exploitation illicite dans le sud du pays. Du 5 au 10 juillet 2025, une vaste opération menée dans le complexe écologique Pô-Nazinga-Sissili (PONASI) a permis l’arrestation de plus de 50 individus et la saisie spectaculaire de 1 500 têtes de bétail en divagation. Cette initiative, visant à protéger un joyau crucial de la biodiversité ouest-africaine, envoie un message clair : le Burkina Faso intensifie sa lutte pour préserver ses écosystèmes face aux pressions humaines croissantes et implacables.

 

PONASI : un trésor écologique sous haute tension

 

Le complexe PONASI, s’étendant sur 355 000 hectares à la frontière avec le Ghana, est un véritable trésor écologique, regroupant le Parc national Kaboré Tambi, les forêts classées de Sissili et de Nazinga, ainsi que leurs corridors vitaux. Ce sanctuaire abrite plus de 1 000 éléphants, des buffles, des antilopes et une riche avifaune, se positionnant comme un bastion essentiel de la biodiversité soudano-sahélienne. Toutefois, il est constamment menacé par des pratiques illégales telles que le pâturage non autorisé, la coupe abusive de bois et la carbonisation, qui fragilisent dangereusement ses écosystèmes.

Opération commando pour la faune : une razzia contre les contrevenants

 

Face à cette situation alarmante, le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, à travers le Projet de gestion intégrée et durable du paysage PONASI, a orchestré une opération d’envergure. Pendant six jours, des équipes d’éco-gardes, soutenues par des agents des Eaux et Forêts, ont sillonné le complexe, menant des patrouilles motorisées et pédestres, des bouclages stratégiques, ainsi que des fouilles minutieuses.

Ces efforts soutenus ont abouti à l’interpellation de plus de 50 contrevenants et à la confiscation de troupeaux illégalement introduits dans cette aire protégée. Le pâturage illégal est un fléau dévastateur qui détruit les habitats naturels et menace les espèces emblématiques comme l’éléphant d’Afrique.

 

Sécurité nationale et écosystèmes : un combat indissociable

 

« Cette opération est une victoire majeure pour la faune et un signal fort contre ceux qui pillent nos ressources naturelles », a déclaré un haut responsable des Eaux et Forêts, le colonel Barnabé Kaboré. Le complexe PONASI, qui abrite également des espèces vulnérables, fait face à une pression anthropique croissante, exacerbée par la crise sécuritaire régionale. En effet, les aires protégées, souvent reculées, deviennent des refuges pour des activités illégales, y compris le braconnage commercial transfrontalier et l’exploitation illicite des ressources.

L’opération, qui s’inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation des parcs nationaux, a mobilisé des moyens logistiques conséquents. Les patrouilles ont ciblé les zones sensibles, notamment le « couloir des éléphants », un corridor écologique crucial reliant les différentes parties du complexe. De plus, en plus des saisies, les autorités ont procédé à des vérifications d’identité et à des refoulements, renforçant ainsi le contrôle sur cette zone stratégique. « Nous ne pouvons tolérer que nos parcs deviennent des zones de non-droit », a ajouté le colonel Kaboré, soulignant l’importance de ces actions pour la préservation des écosystèmes et la sécurité nationale.

Une opération musclée dans le complexe PONASI permet l’arrestation de plus de 50 contrevenants et la saisie de 1 500 têtes de bétail,

La porosité des frontières au cœur des défis environnementaux

 

Cette opération intervient dans un contexte où le Burkina Faso fait face à des défis sécuritaires complexes, notamment dans ses régions frontalières. La porosité des frontières avec le Ghana facilite les activités illégales, du braconnage à la contrebande. Par conséquent, en renforçant la surveillance dans le complexe PONASI, les autorités cherchent non seulement à protéger la faune, mais aussi à contrer l’utilisation des aires protégées comme bases arrière pour des groupes criminels. La présence d’éco-gardes formés et équipés, soutenus par des officiers de police judiciaire, marque une professionnalisation bienvenue de la lutte contre les crimes environnementaux.

Cependant, les défis restent immenses. La déforestation, l’avancée des fronts agricoles et les feux de brousse non maîtrisés continuent de menacer le complexe PONASI. La saisie de 1 500 têtes de bétail illustre l’ampleur du pâturage illégal, une pratique qui dégrade les habitats et accentue les conflits entre éleveurs et agriculteurs.

 

L’engagement communautaire : clé de la durabilité écologique

 

Au-delà de la répression, les autorités insistent sur l’importance vitale de l’implication des communautés locales. Le Projet PONASI, soutenu par des partenaires comme l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), mise sur une gestion participative pour garantir la durabilité des efforts. Des programmes de sensibilisation et de formation sont en cours pour encourager les populations riveraines à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, comme des alternatives au pâturage illégal. « La préservation de notre patrimoine naturel est une responsabilité collective », a déclaré Diakouba Sirima, un responsable du projet.

 

PONASI : Un signal puissant pour l’Afrique de l’Ouest

 

Cette opération, saluée par les organisations environnementales, positionne le Burkina Faso comme un acteur clé dans la lutte contre le braconnage en Afrique de l’Ouest. Le complexe PONASI, avec ses 1 000 éléphants et sa riche biodiversité, est un patrimoine régional qui transcende les frontières. Ainsi, en protégeant ce sanctuaire, le Burkina Faso contribue à la sauvegarde d’espèces menacées et à la stabilité écologique de la sous-région.

Alors que les résultats de cette opération résonnent à travers le pays, les autorités promettent de maintenir la pression. D’autres patrouilles sont prévues dans les mois à venir, avec un accent mis sur la collaboration transfrontalière avec le Ghana pour endiguer le braconnage commercial.

Le message est clair : le Burkina Faso est déterminé à défendre ses aires protégées, non seulement pour sa faune, mais aussi pour l’avenir de ses écosystèmes et la sécurité de ses citoyens. Le succès de cette opération marque un tournant dans la lutte contre les crimes environnementaux au Burkina Faso. Dans le complexe PONASI, les éléphants, les antilopes et les oiseaux migrateurs peuvent, pour l’instant, respirer un peu mieux. Cependant, la bataille pour la préservation de ce trésor écologique ne fait que commencer.

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