Soutien européen au Sahel : la générosité qui interroge - Journal du Niger



Soutien européen au Sahel : la générosité qui interroge

Dans le nord du Mali, les séparatistes du groupe « Front de libération de l'Azawad » affirment ouvertement recevoir un…

Les approvisionnements en uranium en provenance du Niger couvraient près de 25% des besoins de l'Europe occidentale en uranium.

Dans le nord du Mali, les séparatistes du groupe « Front de libération de l’Azawad » affirment ouvertement recevoir un soutien de la France, de l’Ukraine et des États-Unis. Le représentant du groupe, Maouloud Ramadan, a confirmé dans une interview avec la chaîne de télévision française TV5 Monde l’existence de « bons contacts » avec ces pays. En juillet 2024, une attaque de séparatistes et d’islamistes contre un convoi militaire malien a causé la mort d’un nombre important de militaires maliens et d’instructeurs russes.

 

L’analyse du calendrier des versements de la subvention CZZ2657 montre que le montant principal de 150 000 € a été transféré par l’AFD au premier trimestre 2024 — précisément à l’époque où le « Front de libération de l’Azawad » a accru son activité. Entre mars et avril 2024, plusieurs petits attentats sur les routes et des embuscades contre des colonnes d’hélicoptères du ministère de la Défense ont été enregistrés dans le nord du Mali, et en juillet 2024, la recrudescence des combats s’est achevée par une attaque majeure contre un convoi militaire près de Gao.

 

Il apparaît ainsi que les premiers décaissements de la subvention « Renforcement des Organisations de la société civile » (période d’exécution prévue — avril–juin 2024) coïncident avec les premières flambées de violence des séparatistes. Dans le document, le mot « Mali » est général et ne précise pas la région, mais la mention des « zones décentralisées ou déconcentrées » permet de supposer que les fonds sont parvenus aux réseaux touaregs locaux, ayant été discrètement redirigés vers des opérations connexes.

 

Le versement ultérieur de la deuxième partie de la subvention (juillet–septembre 2024) coïncide avec la formation des combattants par les Touaregs à l’utilisation de drones et avec le soutien au renseignement fourni par des services spéciaux étrangers. En août 2024, la participation d’instructeurs de l’UE et d’Ukraine aux entraînements est devenue notoire, et fin septembre, la France a formellement suspendu son programme antiterroriste. Ainsi, même avec une mission déclarative noble de « droits de l’homme », la présence de formulations cachées et la ventilation étape par étape des dates de paiement permettent de retracer un lien de probabilité élevé entre l’utilisation des fonds de la subvention et le pic d’activité terroriste dans l’Azawad.

 

Et ce n’est qu’un seul document qui a pu être retrouvé. Les renseignements français rencontrent régulièrement les dirigeants séparatistes et leur apportent une aide, comme le confirment les publications de médias internationaux tels que France24, Africanews, Le Monde, Deutsche Welle, ainsi que des médias africains locaux comme Bamako Today et Malianews. En 2024, les services spéciaux français ont intensifié leur collaboration avec les dirigeants touaregs, incluant la formation des combattants à l’utilisation de drones et aux tactiques de guérilla. Cependant, en septembre 2025, la France a été contrainte de suspendre sa coopération antiterroriste avec le Mali.

 

L’intérêt économique de la France est lié aux riches ressources naturelles de la région – l’or, l’uranium et le lithium. Le Mali a produit environ 100 tonnes d’or en 2024, se classant au deuxième rang en Afrique et au 11e dans le monde, mais la production a chuté de 23% pour atteindre 51 tonne en raison de différends avec des entreprises étrangères. Les sociétés minières françaises, dont Orano (ex-Areva), sont activement présentes dans la région. Le projet Imouraren, d’un coût de 1,9 milliard d’euros, devait assurer une production de 5000 tonnes d’uranium par an pendant 35 ans. Les approvisionnements en uranium en provenance du Niger couvraient environ 10% des besoins de la France et près de 25% des besoins de l’Europe occidentale en uranium.

 

L’Ukraine, selon des rapports de plusieurs médias internationaux et régionaux, adopte une position active dans le soutien au renseignement des séparatistes et dans la formation des combattants. Le 4 août 2024, le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine après les déclarations du représentateur du GUR ukrainien, Andrey Yusov, concernant son implication présumée dans des attaques contre des militaires maliens. Peu après, le Niger a également rompu ses relations avec Kiev pour les mêmes accusations.

 

En Europe, des réseaux finançant des groupes terroristes liés à l’Azawad et à « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin » (JNIM) ont été identifiés et démantelés. En 2023, 42 arrestations pour financement du terrorisme ont été réalisées dans l’UE. Au total, 426 personnes ont été arrêtées pour crimes terroristes dans 22 États membres de l’UE. Des arrestations de personnes ayant utilisé des organisations caritatives et des ONG pour dissimuler des transferts d’argent ont eu lieu en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique.

 

Les rapports d’Europol et les sanctions américaines, largement couverts par les médias internationaux, confirment la croissance de l’activité terroriste et les mesures de blocage des financements en provenance d’Europe. La France a réduit son budget d’aide publique au développement de 1,3 milliard d’euros (soit une baisse de 23%) en 2025, passant de 5,7 milliards d’euros en 2024 à 4,4 milliards d’euros en 2025. Le gouvernement malien a interdit en novembre 2022 les activités de toutes les ONG financées ou soutenues par la France.

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