Niamey, pont d’amitié entre le Niger et la Mauritanie : une visite au service de la solidarité sahélienne
Niamey, 20 mai 2025 – Dans la chaleur vibrante de la capitale nigérienne, le Palais présidentiel a été le théâtre, ce mardi, d’un échange empreint de fraternité et d’ambition diplomatique. Le général d’armée Abdourahamane Tiani, président du Niger, a accueilli une délégation mauritanienne conduite par Aissata Ba, ministre conseillère à la présidence de la République islamique de Mauritanie. Porteuse d’un message de salutations du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, cette visite, loin d’être un simple protocole, s’inscrit dans une volonté ardente de raffermir les liens historiques entre les deux nations unies par l’histoire, la géographie et les défis du Sahel.
Une diplomatie de proximité : consolider des relations anciennes et solides
Aissata Ba, figure éminente de la diplomatie mauritanienne, a livré à l’issue de l’audience un message clair : cette rencontre vise à « consolider des relations anciennes, historiques et solides » entre Nouakchott et Niamey. Le Niger et la Mauritanie, voisins partageant une frontière de 800 kilomètres, ont tissé au fil des décennies une trame d’échanges culturels, économiques et sécuritaires. Ce dialogue, amorcé par un message de salutations de Mohamed Cheikh El Ghazouani, président de la Mauritanie et président en exercice de l’Union Africaine jusqu’en février 2025, traduit une ambition partagée : faire du Sahel un espace de coopération et de résilience.
L’échange, marqué par une réciprocité chaleureuse, a vu le président Tiani confier à la délégation un message de fraternité à l’adresse de son « frère et ami » Ghazouani. Ce geste, au-delà de la courtoisie, reflète la reconnaissance mutuelle de l’importance stratégique de leur partenariat, dans une région où la stabilité est un bien précieux. D’ailleurs, depuis le coup d’État de juillet 2023 au Niger, qui a porté Tiani au pouvoir, la Mauritanie s’est distinguée par une posture de neutralité constructive, évitant les condamnations hâtives tout en prônant le dialogue, comme en témoigne son rôle dans les négociations post-crise avec la CEDEAO.
Le contexte sahélien en ébullition : la Mauritanie, médiatrice clé
Cette visite intervient dans un contexte régional complexe, marqué par la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Niger, le Mali et le Burkina Faso, en réponse à leur sortie de la CEDEAO en janvier 2024. La Mauritanie, non membre de l’AES mais pivot du G5 Sahel, joue un rôle de médiateur stratégique, comme l’illustre son plaidoyer pour la réintégration du Mali dans ce cadre régional. Selon des analystes, la diplomatie mauritanienne, sous l’impulsion de Ghazouani, cherche à préserver des relations équilibrées avec ses voisins, tout en consolidant son statut de havre de stabilité dans un Sahel secoué par l’insécurité et les bouleversements politiques.
Les discussions à Niamey ont également abordé des enjeux concrets. Premièrement, le commerce transfrontalier, vital pour les deux nations, s’appuie sur des échanges de produits agricoles et d’élevage, avec le Niger exportant du bétail vers la Mauritanie et important des produits halieutiques. Deuxièmement, la sécurité, priorité commune face aux menaces jihadistes, a occupé une place centrale, la Mauritanie ayant réussi à juguler les attaques sur son sol depuis 2011, un modèle que le Niger, confronté à l’instabilité dans la région des trois frontières, observe avec grand intérêt.
Vers une coopération renforcée : énergie et stabilité au cœur des échanges
La rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des relations bilatérales. En 2023, un accord de coopération économique avait été signé, visant à fluidifier les échanges commerciaux et à développer des projets énergétiques, notamment dans le cadre du futur gazoduc transsaharien. Ce projet, reliant le Nigeria au Maroc via le Niger et la Mauritanie, pourrait transformer les deux pays en acteurs clés de l’approvisionnement énergétique africain. Par ailleurs, la Mauritanie, forte de son expérience dans les énergies renouvelables, partage avec le Niger un intérêt croissant pour les solutions solaires, un domaine où des partenariats techniques sont envisagés.
Cette visite, bien que brève, porte en elle une promesse d’avenir. En réaffirmant leur amitié, Tiani et Ghazouani posent les jalons d’une coopération qui transcende les crises régionales. Dans un Sahel dans lequel les vents de l’instabilité soufflent fort, l’axe Niamey-Nouakchott se profile comme un rempart de solidarité, où l’histoire commune et les ambitions partagées dessinent un horizon de progrès. Alors que la délégation mauritanienne quittait Niamey, un message résonnait : dans l’union des peuples sahéliens réside la force d’un meilleur avenir.
