Agadez : Une opération humanitaire d’envergure pour rapatrier les migrants nigérians
Agadez, 8 juillet 2025 – Dans le sable brûlant d’Agadez, carrefour migratoire du Niger, une page se tourne. En effet, le lundi 7 juillet 2025, un nouveau vol affrété par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a décollé, emportant à son bord une partie des quelque 2000 migrants nigérians, majoritairement des femmes et des enfants, vers Kano, au Nigeria. Cette opération, fruit d’une collaboration sans précédent entre les autorités nigériennes et nigérianes, répond à une crise humanitaire et sécuritaire qui a secoué le quartier Tekazam d’Agadez. Entre espoirs brisés, tensions communautaires et engagement humanitaire, cette initiative marque un tournant décisif pour la région.
Une crise aux portes du désert
Depuis plusieurs mois, le quartier Tekazam, situé aux abords du centre de transit de l’OIM à Agadez, était devenu le théâtre d’une situation intenable. Près de 2 000 migrants, originaires de diverses localités du Nigeria, s’étaient installés dans cette zone, attirés par la perspective d’une prise en charge par l’OIM, incluant un retour assisté dans leur pays et un soutien pour se réinstaller ou lancer une activité économique. Cependant, cette population dite « flottante » a rapidement bouleversé la vie des habitants locaux.
Les plaintes se sont multipliées, relayées par le chef du quartier, la mairie et même le gouvernorat. Ainsi, vols, dépravation des mœurs, agressions et viols ont été signalés, transformant Tekazam en un foyer de tensions. En outre, La situation a atteint son paroxysme début juin 2025, lorsqu’une violente bagarre entre jeunes du quartier et migrants a éclaté, causant des blessés et des dégâts matériels. Cet incident, qualifié de « goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a poussé les autorités à agir.
Rapatriement de migrants : Une réponse concertée et humanitaire
Face à cette crise, le général de division Ibra Boulama Issa, gouverneur de la région d’Agadez, a ordonné des discussions urgentes avec les autorités nigérianes, notamment l’ambassade du Nigeria au Niger. Ainsi, ces pourparlers, menés en collaboration avec les autorités communales, ont abouti à un accord pour le rapatriement progressif des migrants. Ce partenariat transfrontalier illustre une volonté commune de résoudre une situation complexe tout en respectant les droits des personnes concernées.
L’opération de rapatriement, soutenue par plusieurs organisations humanitaires, repose sur une logistique bien huilée. L’OIM prend en charge le transport par vols réguliers, comme celui du 7 juillet 2025, tandis que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) fournit des kits non alimentaires, le Programme alimentaire mondial (PAM) assure un soutien alimentaire, et Médecins du Monde (MDM) apporte une assistance sanitaire. Cette coordination exemplaire garantit que les migrants retournent dans leur pays dans des conditions dignes, avec un accompagnement pour leur réintégration.
Un défi humanitaire et social
L’afflux de migrants à Agadez, ville stratégique sur les routes migratoires du Sahel, n’est pas un phénomène nouveau. Cependant, l’installation prolongée de cette population flottante a exacerbé les tensions avec les communautés locales, mettant en lumière les défis de la coexistence dans une région déjà marquée par des enjeux sécuritaires et économiques. Les habitants de Tekazam, excédés par les troubles, ont vu dans cette opération de rapatriement une lueur d’espoir pour retrouver la sérénité.
Pour les migrants, majoritairement des femmes et des enfants, le voyage vers Agadez était motivé par le rêve d’une vie meilleure, souvent alimenté par des promesses d’aide humanitaire. Leur départ, bien que nécessaire, rappelle l’urgence de solutions durables pour accompagner les migrations intra-africaines, en abordant les causes profondes telles que la pauvreté, l’insécurité et le manque d’opportunités.
Rapatriement de migrants : Vers un avenir apaisé
Par ailleurs, le décollage de ce nouveau vol depuis Agadez symbolise plus qu’un simple transfert de personnes. Il incarne un effort collectif pour rétablir l’harmonie dans une ville éprouvée et offrir une porte de sortie digne à des migrants en quête de stabilité. Les autorités nigériennes, en partenariat avec leurs homologues nigérianes et les organisations internationales, posent un jalon important dans la gestion des flux migratoires au Sahel.
Alors que les vols de rapatriement se poursuivent, les regards se tournent désormais vers les mesures à long terme : renforcement de la sécurité à Agadez, amélioration des conditions de vie à Tekazam, et création de programmes de réintégration pour les rapatriés à Kano. En somme, avec ces départs, Agadez ne ferme pas seulement une page difficile ; elle ouvre un chapitre d’espoir, où la solidarité transfrontalière et l’action humanitaire dessinent les contours d’un avenir plus stable pour tous.
