Trump sécurise les minerais stratégiques africains : accords à Washington - Journal du Niger



Trump sécurise les minerais stratégiques africains : accords à Washington

Washington : Trump tend la main à l’Afrique pour ses minerais, mais à quel prix ? Washington, 10 juillet 2025…

Du 9 au 11 juillet 2025, cinq dirigeants africains réunis à la Maison Blanche ont conclu des accords miniers et sécuritaires avec Trump

Washington : Trump tend la main à l’Afrique pour ses minerais, mais à quel prix ?

Washington, 10 juillet 2025 Dans les arcanes de la Maison Blanche, un ballet diplomatique inédit et stratégique s’est joué du 9 au 11 juillet 2025. Cinq chefs d’État africains – du Liberia, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et du Gabon – ont répondu à l’appel du président Donald Trump pour un mini-sommet aux accents résolument stratégiques. Sous le vernis des discours sur le commerce et la sécurité, l’objectif est clair : sécuriser l’accès aux minerais stratégiques de l’Atlantique africain et contrer l’ombre grandissante de la Chine et de la Russie. Mais derrière les promesses de « deals » juteux et d’une lutte conjointe contre la piraterie, Washington glisse une requête controversée : accueillir des migrants expulsés des États-Unis. Dans cette danse géopolitique où l’or, le manganèse et le lithium dictent les pas, l’Afrique peut-elle négocier d’égal à égal, ou risque-t-elle de céder ses richesses sous la pression d’un géant assoiffé de ressources ?

 

La Ruée Vers l’Or Noir et les « Super Minerais » : Trump Cible l’Afrique Atlantique

Dès l’ouverture du sommet, le ton était donné. « L’Afrique regorge de super minerais, de grandes réserves de pétrole et d’un potentiel humain exceptionnel », a lancé Donald Trump, devant ses invités : Joseph Boakai (Liberia), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani (Mauritanie), Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau) et Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon). Ce mini-sommet, tenu du 9 au 11 juillet 2025, marque un virage spectaculaire dans la diplomatie trumpienne, loin du mépris affiché lors de son premier mandat (2017-2021), où seuls deux chefs d’État africains avaient été reçus. Cette fois, l’Afrique est un terrain de jeu stratégique incontournable, et ses minerais – manganèse, lithium, uranium, terres rares – sont au cœur des ambitions américaines grandissantes.

Le Gabon, deuxième producteur mondial de manganèse selon l’USGS, a vanté ses ressources lors d’un tour de table. « Nous ne sommes pas un pays pauvre, mais nous avons besoin de partenaires pour exploiter nos richesses », a déclaré Brice Oligui Nguema, scellant un accord de 500 millions de dollars avec Millennial Potash pour le gisement de potasse de Mayumba. Parallèlement, le Liberia a signé un contrat de 1,8 milliard de dollars avec Ivanhoe Atlantic pour des infrastructures minières, ferroviaires et portuaires, après la découverte de réserves de lithium et d’uranium. Le Sénégal, riche en gaz offshore et en zircon, mise sur sa stabilité politique pour attirer les investisseurs, tandis que la Mauritanie met en avant son uranium et la Guinée-Bissau ses phosphates. Ces accords, célébrés comme « gagnant-gagnant », reflètent la doctrine fondamentale de Trump : « le commerce, pas l’aide ».

 

Duel Géopolitique : Washington Contre-attaque l’Influence Sino-Russe en Afrique

Ce sommet n’est pas qu’une affaire de contrats. Il s’inscrit dans une bataille feutrée mais intense pour l’Atlantique africain, où Washington cherche à contrer l’influence de Pékin et de Moscou. La Chine, qui contrôle des mines de cobalt, lithium et cuivre en RDC, Zambie et Zimbabwe, domine les chaînes d’approvisionnement des minerais critiques, renforcée par son interdiction d’exporter du gallium, du germanium et de l’antimoine. La Russie, via des accords militaires au Togo et à São Tomé, inquiète l’AFRICOM, qui redoute une base navale chinoise sur la côte atlantique. « Trump séduit les plus fragiles pour les arrimer aux intérêts américains », analyse Juste Codjo, expert en sécurité internationale.

 

La sécurité maritime, notamment contre la piraterie dans le golfe de Guinée, où 40 % des attaques mondiales ont eu lieu en 2024 (International Maritime Bureau), est un autre pilier du sommet. Le Gabon, avec ses 800 km de côtes, est un candidat idéal pour une éventuelle base militaire américaine, une idée évoquée par Ousmane Sene du West African Research Center. Le Liberia, fondé par d’anciens esclaves afro-américains, et la Mauritanie, carrefour migratoire, sont aussi des alliés stratégiques pour sécuriser les routes maritimes.

 

Le Piège discret : Quand la diplomatie américaine cache la question migratoire

Sous la table des négociations, un dossier brûlant a été abordé : la migration. Selon le Wall Street Journal, Washington a pressé les cinq dirigeants d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis, refusés par leurs pays d’origine. Le Soudan du Sud a déjà accepté huit migrants en juillet 2025, un précédent qui fait craindre des pressions similaires. En outre, avec 20 000 Sénégalais interceptés à la frontière mexicaine en 2024, Bassirou Diomaye Faye doit jongler entre la menace d’un « travel ban » américain et les besoins de sa diaspora, dont les transferts financiers dépassent l’aide internationale. « Ce n’est pas une invitation, c’est une convocation », s’agace une experte américaine, soulignant le risque d’accords déséquilibrés.

 

Une Afrique sous pression : entre promesses de « Deals » et menaces subtiles

Ce mini-sommet, premier du genre sous Trump, prépare un sommet plus large en septembre 2025 à New York. Cependant, il soulève des questions cruciales. La réduction de l’aide internationale, avec le démantèlement de l’USAID, et la menace sur l’AGOA, programme commercial préférentiel, placent les pays africains en position de faiblesse. L’Afrique doit négocier unie, pas divisée face à une diplomatie trumpienne qualifiée de « transactionnelle » par Chatham House.

Le 11 juillet 2025, alors que les dirigeants africains quitteront Washington, l’Afrique de l’Ouest se trouve à un carrefour crucial. Les contrats signés promettent des emplois – 1 000 au Gabon pour le projet de potasse – et des infrastructures vitales. Mais à quel coût ? « Nous ne voulons plus être un récipient d’aide, mais des partenaires égaux », a insisté Joseph Boakai, le président libérien. Dans un monde où les minerais dictent la géopolitique, l’Afrique peut-elle imposer ses termes, ou sera-t-elle une fois de plus le théâtre d’une ruée extractiviste impitoyable ? Ce sommet, entre promesses alléchantes et pressions insidieuses, laisse la question en suspens, comme un écho persistant dans l’Atlantique.

Quel rôle la société civile et les populations locales pourraient-elles jouer pour garantir que ces partenariats bénéficient réellement aux pays africains, au-delà des accords signés au sommet ?

Affaire à suivre…

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