Niamey, 10 juillet 2025 – Sous le soleil écrasant de Niamey, un vent d’espoir a soufflé ce 10 juillet 2025 au Village artisanal de Wadata. Là, au milieu des étals colorés et des mains habiles des artisans, Mme Soufiane Aghaichata Guichene, Ministre nigérienne de l’Artisanat et du Tourisme, a inauguré un forage moderne d’adduction d’eau, offert par la Mission bilatérale italienne de soutien au Niger. Ce don, bien plus qu’une simple infrastructure, est une précieuse goutte de vie pour des centaines d’artisans qui façonnent l’âme culturelle du pays. Dans un Niger où l’accès à l’eau reste un défi pour 40 % de la population, ce geste symbolise-t-il une coopération durable avec l’Italie, ou n’est-il qu’un pas fragile dans la lutte contre la précarité ?

Wadata : une oasis de vie pour l’artisanat nigérien
Le Village artisanal Ibrahim Moussa de Wadata, blotti dans un quartier vibrant de Niamey, est depuis 1992 un écrin de créativité où se mêlent sculptures en bois, tissages touaregs et bijoux peuls. Employant près de 800 artisans et représentant 291 métiers, ce centre est un pilier essentiel de l’économie locale. Pourtant, l’accès à l’eau potable, crucial pour les activités de tannerie, de teinture et même pour la survie quotidienne des artisans, restait un obstacle majeur. « Sans eau, pas de travail digne », confiait récemment un tisserand de Wadata, reflétant une réalité où la pénurie hydrique freine la productivité.
C’est dans ce contexte que la Mission bilatérale italienne, active au Niger depuis 2019 dans des projets de développement rural et d’accès à l’eau, a financé ce forage moderne. Inauguré sous le regard attentif de Mme Aghaichata Guichene, l’équipement, doté de pompes solaires et d’un réservoir de 10 000 litres, garantit un approvisionnement constant en eau potable pour les artisans et leurs familles. « Ce forage est un hommage à la résilience de nos artisans, qui portent haut l’identité nigérienne », a déclaré la ministre lors de la cérémonie, saluant l’engagement italien comme un « pont d’amitié » entre les deux nations.
L’eau, un enjeu stratégique : la coopération italienne au cœur du développement
La présence de Mme Soufiane Aghaichata Guichene à Wadata, aux côtés du gouverneur de Niamey, illustre son engagement à soutenir les artisans. Ce forage, bien que modeste en échelle, s’inscrit dans cette vision. En améliorant les conditions de travail, il renforce la compétitivité des produits artisanaux. En effet, selon l’UNICEF, seuls 56 % des Nigériens ont accès à une source d’eau améliorée, et à Niamey, les artisans des zones périurbaines dépendent souvent de puits précaires.
L’Italie, partenaire discret mais stratégique du Niger, intensifie ses efforts dans le pays depuis le retrait des forces françaises en 2023. À travers sa Mission bilatérale de soutien, Rome a investi 15 millions d’euros en 2024 dans des projets d’accès à l’eau et d’agriculture durable, notamment à Tillabéri et Diffa. Ce forage, évalué à 50 millions de FCFA (environ 76 000 euros), est un exemple concret de cette coopération, qui contraste avec les tensions géopolitiques entre le Niger et certains partenaires occidentaux.
Entre promesses et défis : le long chemin de la résilience à Wadata
Sous les applaudissements des artisans, la première giclée d’eau du forage a fait naître un sentiment d’optimisme mesuré à Wadata. Porté par la ministre Aghaichata Guichene avec le soutien de l’Italie, ce projet marque un souffle nouveau pour le secteur artisanal, qui mobilise près d’un million de Nigériens et constitue une force de résilience face aux défis. Pourtant, dans un pays frappé par une sécheresse qui affecte trois millions de personnes et où l’insécurité freine l’accès aux zones touristiques, cet ouvrage, malgré sa portée symbolique, ne saurait répondre seul aux attentes profondes.
En somme, les artisans de Wadata, tout en célébrant cette avancée, appellent à des investissements plus larges : électricité stable, routes d’accès améliorées, et formations pour moderniser leurs techniques. La ministre, consciente de ces défis, a promis un plan d’accompagnement pour 2026, incluant des subventions pour les coopératives artisanales. Mais dans un Niger sous sanctions et en quête de souveraineté, chaque goutte d’eau compte, tout comme chaque geste de solidarité. Ce forage, tel un fil dans la tapisserie complexe du Sahel, tisse un lien fragile entre développement et diplomatie. Reste à savoir si ce lien tiendra face aux tempêtes à venir.
Comment ce type de coopération bilatérale, axée sur des projets concrets, peut-il contribuer à renforcer les liens diplomatiques du Niger, particulièrement dans le contexte géopolitique actuel ?

