À Gaya, près de la frontière béninoise, les forces nigériennes ont intercepté 51,7 kilos de cocaïne pure. Une opération stratégique qui révèle un réseau international lié au trafic de drogue et au financement du terrorisme dans le Sahel.
Niamey, 3 octobre 2025 – Une opération d’envergure menée par l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) a permis, le 29 septembre dernier, la saisie de 51,7 kilos de cocaïne pure, conditionnée en 47 briques, pour une valeur estimée à plus de 2,5 milliards de francs CFA. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont interpellé trois suspects, confisqué des véhicules de luxe et, plus alarmant encore, examinent un lien présumé avec le financement du terrorisme. Ce coup de filet à Gaya, près de la frontière béninoise, révèle l’ampleur d’un réseau international qui menaçait la stabilité sahélienne. Une victoire pour les forces nigériennes, mais aussi un rappel brutal des menaces persistantes dans la sous-région.

Une interception millimétrée grâce à un renseignement fiable
Tout a commencé par un renseignement précis : une Toyota Highlander, équipée d’un GPS pour tracer son parcours, filait depuis Accra, au Ghana, vers Niamey, avec pour destination finale Agadez, avant de remonter vers le Maghreb. Les agents de l’antenne OCRTIS de Gaya, appuyés par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), ont donc tendu l’embuscade. La fouille du véhicule a révélé la cargaison : 47 briques de cocaïne, astucieusement cachées sous la carrosserie. « C’est une opération qui a mis en échec un trafic international d’une ampleur considérable », souligne un communiqué officiel de l’OCRTIS, qui met en lumière la sophistication du réseau.
Les forces de l’ordre ont arrêté sur-le-champ le conducteur, un Nigérien d’une trentaine d’années et ancien employé de sociétés de transport à Niamey. Recruté par un cartel opérant dans toute la sous-région, ce dernier a avoué avoir servi de « mulet » pour ce convoi. À Niamey, deux complices sont tombés dans la nasse : les perquisitions à leurs domiciles ont permis la saisie de quatre maisons de standing, de véhicules haut de gamme et d’actes de cession immobilière. L’OCRTIS identifie actuellement une école et d’autres biens. « Plusieurs autres individus sont activement recherchés à Niamey, Agadez, au Ghana et au Mali », précise l’OCRTIS, soulignant l’étendue transfrontalière de l’organisation.
Du Ghana au Sahara : l’itinéraire de la cocaïne au cœur du Sahel
Ce trafic n’est pas un fait isolé. Les premiers éléments de l’enquête brossent le portrait d’une filière bien huilée : le réseau achemine la cocaïne, en provenance d’Amérique du Sud via les ports ghanéens, et la reconditionne à Niamey avant de l’envoyer vers Agadez, plaque tournante du désert. De là, elle file vers le Nord, alimentant potentiellement les marchés maghrébins et européens.
Mais le volet le plus alarmant concerne les soupçons de liens avec le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Le dossier, transféré au Pôle Judiciaire Spécialisé en matière de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée à Niamey, pourrait révéler des connexions avec des groupes armés sahéliens.
Pour les experts, cette saisie – évaluée à 2 585 000 000 FCFA sur le marché noir – illustre la vulnérabilité du Sahel, corridor naturel pour les flux illicites. « La drogue finance non seulement les cartels, mais aussi les insurrections », avertit un analyste en sécurité régionale, qui voit dans cette opération un frein à l’escalade des menaces sécuritaires. Avec une valeur marchande équivalente à des millions de doses de rue, cette cargaison aurait pu inonder les villes nigériennes et au-delà, exacerbant ainsi addictions et instabilité sociale.

Une détermination inflexible, un appel à la vigilance collective
L’OCRTIS ne ménage pas ses efforts : cette interception s’inscrit dans une série d’opérations qui ont permis de confisquer des tonnes de stupéfiants ces dernières années. « Nous combattons sans relâche le trafic de stupéfiants, démantelons les réseaux criminels et contribuons à la lutte contre le financement du terrorisme », martèle le communiqué, saluant la collaboration étroite avec les FDS et les autorités judiciaires.
Cependant, la bataille est loin d’être gagnée. Face à ces réseaux protéiformes, l’OCRTIS lance un appel solennel : « Nous appelons à la vigilance et à la collaboration des populations, car la sécurité et la stabilité de notre pays demeurent une responsabilité commune. » Dans un Niger déjà éprouvé par les conflits et la pauvreté, cette saisie n’est pas qu’une statistique : c’est un bouclier pour les familles, un rempart contre le chaos.
Reste à voir si les poursuites judiciaires aboutiront à un démantèlement total – et si les voisins, du Ghana au Mali, emboîteront le pas pour verrouiller ces routes maudites.
