Coup de théâtre judiciaire à Niamey : la justice nigérienne maintient la pression sur Moussa Tchangari
Niamey, 4 juillet 2025 – Un coup sec de marteau a scellé le sort de Moussa Tchangari ce vendredi à la Cour d’Appel de Niamey. En effet, la Chambre de contrôle de l’instruction, chargée des affaires liées au terrorisme et à la criminalité transnationale, a rejeté sa requête en nullité de procédure. Une décision lourde de sens pour ce militant infatigable des droits humains, arrêté le 3 décembre 2024, devenu un symbole de la contestation citoyenne dans un Niger sous tension.
Affaire Tchangari : Une justice sous tension
Président de l’ONG Alternative Espaces Citoyens, Tchangari cristallise depuis des années les aspirations d’une société civile en quête de gouvernance éthique. Sa détention, survenue dans un contexte politique crispé, a été dénoncée comme une dérive liberticide par les défenseurs des droits fondamentaux. Les accusations restent floues, mais le contexte est clair : la liberté d’expression subit un assaut.
Face à une procédure jugée entachée d’irrégularités, ses avocats avaient déposé une requête pour annuler l’enquête. Verdict : irrecevable. La décision, rendue sans détour ce 4 juillet, ouvre la voie à la poursuite de la procédure judiciaire – et confirme ainsi un climat de répression croissante.
Un climat de verrouillage
Depuis l’arrivée au pouvoir du général Tiani, les signaux d’alerte s’accumulent. Réforme controversée de la loi sur la cybercriminalité, restriction des libertés publiques, multiplication des arrestations ciblées : l’affaire Tchangari s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle du discours public.
La Chambre de contrôle, censée lutter contre les menaces sécuritaires, s’érige de plus en plus en instrument de répression à l’encontre de figures critiques. Tchangari, connu pour sa parole franche et ses prises de position sur les dérives autoritaires, devient l’un des visages emblématiques d’une société civile sous étau.
Une onde de choc symbolique
Pour beaucoup, Tchangari incarne une voix que le régime tente de bâillonner. À travers son ONG, il s’est battu pour les exclus, la justice sociale et la transparence politique. Sa marginalisation judiciaire est interprétée comme un avertissement : critiquer le pouvoir peut désormais coûter cher. « Si lui peut tomber, aucun d’entre nous n’est à l’abri », confie un défenseur des droits humains, sous anonymat.
Les réactions ne se sont pas fait attendre : mobilisations locales, communiqués d’ONG internationales, appels à la vigilance. Amnesty International, entre autres, a exprimé sa préoccupation face à un usage politique de la justice qui menace les fondements même de l’État de droit.
Affaire Tchangari : Un combat qui ne fait que commencer
Ce rejet de procédure est un revers, mais il ne clôt pas l’affaire. Les avocats de Tchangari promettent de contester, tandis que ses soutiens appellent à une veille citoyenne renforcée. Dans leur communiqué, les membres d’Alternative Espaces Citoyens martèlent : « La justice ne doit jamais devenir une arme contre ceux qui la défendent. »
Dans une société où la liberté de parole est de plus en plus comprimée, l’affaire Tchangari dépasse le simple cadre judiciaire. Elle interroge les valeurs fondamentales sur lesquelles repose la stabilité démocratique. Le Niger, à la croisée des chemins, devra choisir : gouverner par la peur ou par le droit.
