Pain contaminé ? Le cri d’alarme de l’ANMC secoue Niamey - Journal du Niger

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Pain contaminé ? Le cri d’alarme de l’ANMC secoue Niamey

Niamey face à l’urgence sanitaire dans ses boulangeries : Un rapport alarmant révèle des failles criantes Niamey, 7 juillet 2025…

À Niamey, un rapport accablant de l’ANMC révèle de graves manquements à l’hygiène et à la réglementation dans les boulangeries de la capitale, suscitant l’urgence d’une réforme pour préserver la santé publique.

Niamey face à l’urgence sanitaire dans ses boulangeries : Un rapport alarmant révèle des failles criantes

Niamey, 7 juillet 2025 – Dans les ruelles animées de Niamey, où l’odeur du pain frais attire chaque jour des milliers de consommateurs, un rapport choc de l’Agence Nigérienne de Normalisation, de Métrologie et de Certification (ANMC) dévoile une réalité troublante. L’inspection de 114 boulangeries dans la capitale, menée sous l’égide du Ministère du Commerce et de l’Industrie, met en lumière des manquements graves en matière d’hygiène, de conformité réglementaire et de protection des consommateurs. Ce constat, aussi accablant qu’urgent, appelle ainsi à une réforme immédiate du secteur pour garantir la sécurité alimentaire des Nigériens.

Une mission d’inspection d’envergure

Lancée dans les cinq arrondissements communaux de Niamey, cette campagne d’inspection, réalisée par l’ANMC, s’appuie sur un cadre réglementaire solide, incluant la Loi 2002-028 sur la normalisation, la Loi 2018-88 sur la métrologie, et l’Arrêté N°53 de 2008 régissant la fabrication du pain. Avec pour objectif de protéger les consommateurs, l’opération a scruté les pratiques de 114 boulangeries – 40 dans la Commune I, 14 dans la Commune II, 31 dans la Commune III, 21 dans la Commune IV et 8 dans la Commune V – dont 31 se sont révélées non opérationnelles, souvent faute de farine ou en raison de fermetures inexpliquées.

Les équipes d’inspection, composées d’experts en contrôle qualité et en métrologie, ont collaboré avec la Direction Générale de l’Industrie et le Syndicat des boulangers pour identifier les établissements. Chaque visite a suivi une méthodologie rigoureuse : contrôle des documents administratifs, vérification des conditions d’hygiène, mesure du poids et de la longueur des baguettes, prélèvement d’échantillons pour analyses microbiologiques et physicochimiques, et évaluation des pratiques de production.

Boulangeries : Des constatations alarmantes

Les résultats de l’inspection dressent un tableau préoccupant. Sur le plan réglementaire, seuls 11,92 % des boulangeries disposaient d’un Registre de Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM), et 98 % n’ont pu présenter un certificat de salubrité. Plus grave encore, aucune boulangerie ne respecte la formule de production fixée par l’Arrêté de 2008, qui stipule des proportions précises pour la farine, la levure, l’améliorant et l’eau. Cette déviation compromet la qualité et la sécurité du pain, aliment de base pour des millions de Nigériens.

L’hygiène, pilier essentiel de la sécurité alimentaire, est également en crise. À l’exception de cinq établissements – Raouda, Amandine, Le Moulin, SATU et Saguia (ICA) –, les boulangeries inspectées présentent des locaux insalubres : planchers crasseux, plafonds dégradés avec moisissures, toiles d’araignées, et présence d’insectes comme des cafards et des araignées dans les zones de production. En outre, les toilettes, souvent dans un état déplorable, et l’absence de dispositifs de lavage des mains adaptés augmentent les risques de contamination bactérienne, pouvant provoquer des infections graves comme des gastro-entérites.

Par ailleurs, le personnel n’est pas épargné par ces manquements. La majorité des employés ne disposent pas de tenues de travail appropriées, manipulent la pâte sans protection, et certains portent des bijoux, augmentant les risques de contamination par des microbes tels que les streptocoques ou Staphylococcus aureus. Les carnets de santé, lorsqu’ils existent, sont souvent expirés.

Sur le plan métrologique, aucun instrument de mesure (balances) n’était étalonné, rendant les poids des baguettes incohérents : de 167,29 g à 387,58 g pour une moyenne de 251,14 g, et des longueurs variant de 54,46 cm à 67,34 cm. D’ailleurs, les prix, quant à eux, fluctuent entre 175 FCFA et 225 FCFA pour les grossistes, et entre 175 FCFA et 200 FCFA au détail, révélant une absence d’uniformité.

Des risques sanitaires inquiétants

Les analyses en laboratoire, effectuées sur des échantillons prélevés (un tiers de baguette par boulangerie), recherchent notamment l’utilisation du bromure de potassium, un additif controversé. Les conditions d’entreposage, avec des sacs de farine posés à même le sol sans palettes, exposent les matières premières à l’humidité et aux moisissures, augmentant ainsi les risques d’intoxication, d’allergies et de troubles digestifs pour les consommateurs.

Des obstacles structurels

L’inspection a rencontré plusieurs défis, notamment l’absence d’une base de données actualisée des boulangeries, ce qui complique la planification. La fermeture de 31 établissements et le manque de documents administratifs, comme le RCCM et les certificats de salubrité, ont également entravé l’opération. Ces difficultés soulignent la nécessité d’une meilleure coordination et d’un suivi accru du secteur.

Boulangeries : Des recommandations pour un avenir plus sain

Face à ce constat, l’ANMC formule des recommandations claires :

  • Pour les boulangers : adopter des pratiques d’hygiène rigoureuses, équiper le personnel de tenues adaptées, installer des dispositifs de lavage des mains et des toilettes conformes, et respecter strictement la formule de production réglementaire.
  • Pour les autorités : intensifier les contrôles, sensibiliser les professionnels aux bonnes pratiques, et mettre à jour les bases de données pour un suivi efficace.

Un appel à la réforme

Ce rapport, publié en ce 7 juillet 2025, sonne l’alarme sur un secteur vital pour la population nigérienne. Si des efforts sont perceptibles dans certaines boulangeries, les manquements généralisés en matière d’hygiène, de conformité et de qualité exigent une action immédiate. Le pain, symbole de subsistance quotidienne, ne peut être synonyme de danger pour la santé. À Niamey, l’heure est à la mobilisation collective pour garantir un pain sûr, sain et conforme aux attentes des consommateurs. L’ANMC, en posant ce diagnostic sans complaisance, ouvre la voie à une réforme indispensable pour protéger la santé publique et restaurer la confiance des Nigériens.

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