Le Niger entre dans le cercle restreint des décideurs nucléaires mondiaux. À Vienne, sa diplomatie énergétique s’affirme comme levier stratégique pour l’Afrique.
Vienne, 24 septembre 2025 — Dans l’auguste salle de la Hofburg, où les échos des traités historiques se mêlent aux débats sur l’atome pacifique, le Niger a gravé son nom parmi les gardiens de l’énergie nucléaire mondiale. Élu mardi dernier au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour un mandat de deux ans, le pays sahélien affirme sa stature diplomatique et son ambition énergétique. Cette reconnaissance est intervenue au cœur de la 69ᵉ Conférence générale de l’institution, close le 19 septembre.
Ainsi, ce triomphe, survenu dans un contexte de tensions géopolitiques et de course à la souveraineté technologique, n’est pas qu’un honneur protocolaire : il ouvre la porte à une influence décisive sur les normes globales de sécurité et de développement nucléaire.
La diplomatie nigérienne s’impose à l’AIEA
Cette élection place le Niger aux côtés d’autres nations nouvellement désignées, telles que la Belgique, le Chili, la Jordanie, la Lituanie, le Pérou, les Philippines, le Portugal, la Roumanie, l’Arabie saoudite et le Togo, au sein du Conseil des 35 membres. Instance pivot de l’AIEA, ce Conseil est chargé, entre autres, d’approuver les accords de sauvegarde nucléaire, de valider la publication des normes de sécurité internationales et de formuler des recommandations sur le budget et les programmes de l’Agence à la Conférence générale.
Pour le Niger, producteur historique d’uranium et pivot géostratégique du Sahel, cette adhésion renforce sa crédibilité sur la scène internationale, tout en soulignant le rôle stratégique qu’il entend jouer dans la promotion d’un nucléaire civil responsable et équitable.
Stratégie nationale : l’uranium au service du développement
À la tête de la délégation nigérienne, le Colonel Maïzama Abdoulaye, Ministre de l’Environnement, de l’Hydraulique et de l’Assainissement, a conduit une équipe composée de la Présidente de la Haute Autorité Nationale à l’Énergie Atomique (HANEA), ainsi que de cadres des ministères concernés, de la HANEA et de l’Autorité de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (ARSN). Leur présence à Vienne incarnait la vision ambitieuse du Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, Chef suprême des armées et Président du Comité d’Orientation Stratégique pour le Programme Électronucléaire (COSPEN).
De plus, sous son leadership, le Niger accélère sa reconversion vers un programme nucléaire pacifique, scellé en juillet dernier par un mémorandum d’entente avec la Russie (Rosatom) pour la construction d’une centrale électrique nucléaire et la formation d’experts. Ce partenariat, discuté lors d’une rencontre entre le ministre russe de l’Énergie et le Général Tiani, vise aussi à établir une commission intergouvernementale dédiée, marquant l’expansion des ambitions nucléaires russes en Afrique.
De fournisseur à acteur : une nouvelle ère pour le Niger
Au-delà des applaudissements viennois, cette élection interroge l’avenir énergétique d’un continent assoiffé de progrès. Le Niger, dont les gisements d’uranium attirent une file de prétendants internationaux, transforme sa richesse minière en levier de développement souverain. Face aux défis climatiques et à la dépendance énergétique, ce mandat au Conseil des gouverneurs permettra au pays de peser sur les standards mondiaux, favorisant des transferts de technologies accessibles et une gouvernance inclusive. C’est un signal fort : le Sahel ne sera plus seulement un fournisseur de matières premières, mais un acteur normatif dans la révolution atomique verte.
Un avenir prometteur pour le Niger
Pour les Nigériens, cette nouvelle sonne comme une promesse d’électrification rurale accélérée, de diversification économique et de sécurité alimentaire via des applications nucléaires en agriculture. À Niamey, où l’électricité reste un luxe pour trop de foyers, l’ombre de l’AIEA se profile désormais comme un allié tangible.
Finalement , le Niger émerge plus que jamais comme un phare diplomatique. En effet, avec cette nouvelle position influente, le pays pourrait-il devenir le catalyseur d’une nouvelle ère énergétique en Afrique, propulsant le continent vers une indépendance technologique et une souveraineté renouvelée ?
