A Lagos, le coronavirus rappelle les peurs de l'épidémie d'Ebola - Journal du niger

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A Lagos, le coronavirus rappelle les peurs de l’épidémie d’Ebola

Lorsque Joyce Alali a entendu que le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne avait été déclaré dans sa ville,…

Lorsque Joyce Alali a entendu que le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne avait été déclaré dans sa ville, Lagos, capitale économique du Nigeria, elle a su tout de suite quoi faire.

Étudiante-infirmière, elle a fouillé dans ses affaires pour retrouver toutes les protections qu’elle utilisait en 2014, lorsque l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest avait gagné la mégalopole tentaculaire créant un vent de panique au sein de ses 20 millions d’habitants.

« Dès que j’ai entendu la nouvelle d’une contamination à Lagos, j’ai pensé +Oh mon dieu, c’est pas possible+ », raconte la jeune fille de 25 ans. « J’ai cherché mon masque et mon désinfectant pour les mains… ceux que j’utilisais déjà pour Ebola, je ne les avais pas ressortis depuis! ».

L’Afrique de l’Ouest a déjà dû faire face à l’épidémie dévastatrice d’Ebola qui a fait quelque 11.000 morts entre 2013 et 2016.

Au premier cas d’Ebola signalé à Lagos, un vent de panique s’était propagé dans la ville, mais finalement, seules sept personnes étaient décédées, sur 19 contaminées.

Vendredi, le spectre d’une « épidémie urbaine apocalyptique », comme l’avait décrit l’OMS au sujet d’Ebola, a refait surface.

– Marché surpeuplé –

Les habitants de Lagos ont commencé à traquer les produits de protection, après qu’un ressortissant italien, de retour de Milan, ait été déclaré contaminé par le nouveau coronavirus dans un hôpital de Lagos.

Dans le marché multicolore de Balogun, au coeur de Lagos Island, les étals des vendeurs se suivent dans un chaos organisé. Dans ce temple de la débrouille et des bonnes affaires, on se bouscule, on échange des nairas (la monnaie locale) de mains en mains et on zigzague entre les ruelles et les vendeurs à la sauvette.

C’est l’un des quartiers les plus densément peuplés de l’immense mégalopole, avec plus de 12.000 personnes au km2, selon une étude de l’Etat de Lagos.

« J’ai entendu parler de ce virus il y a à peine deux heures », raconte une vendeuse de boissons fraîches et beignets d’une cinquantaine d’année. « Nous prions pour qu’il ne s’agisse que d’une seule personne, et que Dieu l’aide à guérir. Je suis inquiète, mais je ne veux pas paniquer », philosophe la vendeuse.

Aisha, 29 ans, est parée contre la maladie. Elle traverse les allées du marché avec un masque noir en coton, et ne se sépare plus de son désinfectant pour les mains. « Toute ma famille, mes amis m’ont appelée ce matin pour me dire d’être vigilante. Ca m’inquiète pour ma santé », confie la jeune fille à l’AFP.

Hassan Hafeez aussi est « très, très inquiet ». « Oh j’ai peur, j’ai peur, je ne veux pas mourir, j’ai encore plein de choses à faire dans le futur ».

Mais en attendant, le trentenaire vend des savons, du détergent, des produits pharmaceutiques dans une minuscule échoppe surchargée qu’il tient avec sa mère. Et pour l’instant, la crise est plutôt positive pour ses finances: il a vendu 20 flacons de désinfectant en quelques heures.

« Avant on le vendait pour 400 nairas (1 euro), mais maintenant c’est 600 nairas », explique-t-il. « Ce n’est pas moi qui augmente les prix, ce sont les fournisseurs! », assure-t-il. « Mais même à ce prix là, les gens achètent, ils ne veulent pas mourir ».

– Pénurie –

Dans le quartier huppé et voisin d’Ikoyi, les pharmacies étaient prises d’assaut.

« Il y a une pénurie de masques en ville, nous en avons commandé mais nous n’en avons pas trouvé, donc nous conseillons aux gens d’utiliser des mouchoirs », déclare calmement une pharmacienne.

Ce cas de contamination à Lagos, est le premier confirmé et officiel en Afrique subsaharienne. Le faible nombre de cas jusque-là enregistré sur le continent – un en Egypte et un en Algérie -, qui entretient des liens économiques étroits avec la Chine, a intrigué les spécialistes de la santé, qui suggéraient que le continent n’avait sans doute pas les moyens de détecter le virus.

Mais le responsable de la Santé de l’Etat de Lagos, Akin Abayomi, s’est voulu rassurant: « Nous menons une campagne très agressive de sensibilisation. Nous avons suivi une formation approfondie », a-t-il affirmé vendredi.

Les autorités ont mis en place des centres de quarantaine à Lagos et Abuja et trois laboratoires du pays sont capables de de diagnostiquer le virus.

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