Le rein, une cible du Covid-19 (médecin spécialiste) - Journal du niger

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Le rein, une cible du Covid-19 (médecin spécialiste)

Propos recueillis par Hicham Alaoui - Il est établi que le coronavirus est un virus complexe avec un panel de…

Propos recueillis par Hicham Alaoui – Il est établi que le coronavirus est un virus complexe avec un panel de symptômes variés. Les médecins décrivent des symptômes peu spécifiques pouvant laisser place à des symptômes respiratoires. Même si les complications sont majoritairement pulmonaires, différentes études indiquent que le Covid-19 est également à l’origine de complications complications rénales pouvant aboutir à une insuffisance rénale chronique dans les cas les plus graves.Selon Amal Bourquia, professeure marocaine de néphrologie et dialyse, experte en éthique et communication médicales, les informations sur la maladie rénale chez les patients atteints de Covid-19 sont limitées. L’atteinte rénale semble être fréquente chez les patients atteints de Covid-19 qui sont symptomatiques et est associée à la mortalité hospitalière.

« Certaines études ont montré un taux élevé d’anomalies rénales qui aurait une étiologie complexe. Les cliniciens devraient être plus vigilants à l’atteinte rénale chez les patients atteints de Covid-19 sévère », a-t-elle mis en garde dans une déclaration à APA.

Pour la présidente de l’association marocaine de lutte contre les maladies rénales, « REINS », le mécanisme exact de l’atteinte rénale n’est pas clair, on suggère la septicémie (infection grave, qui se propage dans l’organisme par voie sanguine à partir d’un foyer infectieux initial) conduisant à un syndrome de tempête de cytokines (substance élaborée par le système immunitaire, réglant la prolifération de cellules) ou des lésions cellulaires directes dues au virus.

Pr. Bourquia croit fermement qu’une atteinte directe du virus sur diverses cellules rénales est fort possible se référant ainsi à de nombreux articles ayant identifié le rein comme une cible possible du virus, après les poumons et le cœur.

Des autopsies ont détecté l’ARN (Acide nucléique essentiel dans le transport du message génétique et la synthèse des protéines) du virus dans les poumons à des concentrations élevées avec la présence du virus dans le sang (virémie) chez presque la moitié et des titres élevés d’ARN viral dans le foie, les reins ou le cœur.

Une surveillance fréquente et attentive de la fonction rénale chez les patients atteints de Covid-19 peut conduire à un diagnostic précoce des troubles rénaux, a recommandé membre fondateur de nombreuses sociétés et d’associations telles que la Société marocaine des maladies rénales, l’Association méditerranéenne des maladies rénales et la Société marocaine de néphrologie pédiatrique.

Aussi, selon elle, une attention particulière doit être accordée au contrôle des facteurs de risque classiques de lésions rénales, lesquelles peuvent altérer le métabolisme, l’excrétion, la posologie des médicaments, « ce qui peut augmenter le risque de toxicité de certains médicaments ».

Evoquant la prise en charge de ces patients, Pr. Bourquia indique que celle-ci comprend  la mise en route du traitement conservateur et le recours à la dialyse. La thérapie de remplacement rénal continu (CRRT) peut également être efficace pour traiter les patients atteints de Covid-19 et du syndrome de septicémie quelle que soit leur fonction rénale, a-t-elle ajouté.

Selon Pr. Amal Bourquia, également représentante de l’Afrique au sein de l’Association internationale de néphrologie pédiatrique, le besoin de dialyse survient généralement pendant la 2ème semaine d’infection et affecte 5% des patients en soins intensifs, la thérapie de remplacement rénal doit être choisie en fonction de ressources disponibles et l’expertise locale.

« A distance ces patients atteints d’insuffisance rénale aiguë doivent avoir un suivi néphrologique car le risque que ces patients développent une maladie rénale chronique est élevé », a-t-elle soutenu.

Etant donné l’implication des reins lors d’une infection à coronavirus, il est impératif également surveiller les patients qui n’ont pas développé d’AKI (Acute Kidney Injury – défaillance rénale aiguë), mais ont une de protéinurie (présence de protéines dans l’urine) et/ou d’hématurie (les urines sont rouges), a encore recommandé Pr. Bourquia, qui ajoute que les spécialistes craignent une vague d’atteinte rénale chronique après l’épidémie.

Impliquée depuis de nombreuses années dans la prise en charge des maladies rénales, Pr Amal Bourquia fait partie de la première génération des néphrologues au Maroc. Elle contribue activement à l’information du public et à la sensibilisation de la communauté médicale et des pouvoirs publics sur l’évolution des maladies rénales et les moyens de leur prise en charge.

Très active dans son domaine, Pr. Bourquia compte à son actif une quinzaine d’ouvrages sur la néphrologie qui sont venus enrichir la recherche dans les domaines de la dialyse et de la transplantation rénale.

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