Quel bilan provisoire pour le Niger avant le sommet de Nouakchott ? - Journal du niger

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Quel bilan provisoire pour le Niger avant le sommet de Nouakchott ?

Il y a 6 mois le Niger était, selon les experts, menacé d’effondrement. Faisant face, comme au Mali ou au…

Il y a 6 mois le Niger était, selon les experts, menacé d’effondrement. Faisant face, comme au Mali ou au Burkina à la démobilisation croissante de ses forces et à la contestation de plus en vive de la présence française dans sa population : le Niger fît le choix de participer au Sommet de Pau voulu par la France afin de changer la donne.

En décembre 2019 périssaient prés de 70 soldats nigériens après une attaque dévastatrice. Ce revers, comme d’autres subis par le Mali voire même la France ont fait subir une crise de légitimité à l’opération Barkhane tout en faisant craindre un effondrement du pays. Face aux pertes et surtout à la démoralisation de l’armée nigérienne, le sommet de Pau décidait de tonifier la relation de la France avec le G5 Sahel en recentrant ses objectifs militaires (notamment dans la région des trois frontières) tout en accélérant la montée en puissance des armées du G5 (dont l’armée nigérienne) de manière coordonnée avec les opérations de développement. Un tournant important aboutissant à une stratégie plus cohérente et internationalisée sous le nom de « Coalition pour le Sahel ».

Quelques mois plus tard la situation s’est améliorée. La pression infligée par Barkhane sur les groupes terroristes a permis de regagner le terrain perdu et le rapport de force, hésitant en janvier 2020, est revenu en faveur de la coalition (officiellement lancée en Avril).

Les Forces Armées Nigériennes (FAN) sortent leurs griffes

Cantonnée précédemment dans une posture attentiste dans ses bases et démoralisée, l’armée nigérienne, coordonnée avec l’opération Barkhane et la Force-Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) a livré ces derniers mois plusieurs opérations couronnées de succès dans les trois-frontières (Opération Monclar, Sama ou les combats dans la région de Tillabéry…), mais aussi autour du Lac Tchad et sur toute la frontière avec le Nigeria.

Ces bons résultats des FAN proviennent de la mise en place efficace, dans le cadre du Partenariat Militaire Opérationnel (PMO) avec la France, des Mécanismes de Commandements Conjoint (MCC) avec le dispositif Barkhane ou bien dans le cadre de la FC-G5S. Cette dernière, nouvellement pourvue d’un état-major et d’une plus grande souplesse d’action depuis le dernier sommet du G5 (Nouakchott 25 Février), est d’ailleurs commandé par le général [nigérien] Oumarou Namata qui rappelle bien : « La plupart des réussites actuelles l’ont été grâce à une bonne coordination ou à des actions conjointes avec les armées nationales dont nous complétons les dispositifs, mais aussi avec Barkhane. Cette coopération déjà fonctionnelle en pratique s’est vue confortée par les instructions découlant du récent sommet de Pau ».

La coopération entre FAN et forces françaises ne s’arrête cependant pas au combat : l’armée française forme soldats et officiers. Ainsi on peut citer, par exemple, les Cours d’Application des Chefs de Section d’Infanterie (CACSI) apprenant aux officiers des FAN de nouvelles capacités en combat aéroterrestre : les fruits n’ont pas tardés à être récoltés et c’est ainsi qu’après une attaque djihadistes les troupes nigériennes, en toute autonomie, ont pu se coordonner avec les Mirages-2000 français afin de repousser l’adversaire. Actuellement, la France fournit un tiers de ses capacités d’appuis (PMO) au Niger, mais ces formations existaient naturellement en amont du sommet de Pau : actes réflexes (tir, communication…), génie (ouverture d’itinéraires…), déminage (IED), sauvetage au combat etc.

Le développement se synchronise avec les avancées sur le terrain

La stratégie française n’est pas « tout-sécuritaire », l’objectif est d’assurer, via les gains militaires, un continuum sécurité-développement. C’est d’ailleurs pourquoi une grande partie des initiatives de développement, notamment celles de l’« Alliance pour le Sahel » (pilier développement de la « Coalition pour le Sahel »), sont tournées vers les zones de conflits ou récemment pacifiées. Ces projets des développements sont nombreux (800 dans tout le Sahel) : énergie, agriculture, infrastructures, etc. De plus le Niger fait partie de la liste prioritaire pour les financements de l’Agence française de Développement (AfD). Parmi les projets phare, on peut citer le Pipe-Line Niger/Bénin : ce dernier serait inenvisageable sans l’action coordonnée de Barkhane, de la FC-5GS et des FAN. Cette politique de développement est en outre accompagnée par la mission de formation à la sécurité Eucap Niger, qui assure le pont entre action militaire et projets civils. Elle a pour but de former des professionnels de la sécurité (Police, etc.) afin de solidifier et faire perdurer les gains opérationnels.

La situation semble s’être stabilisée, ce qui n’implique pas qu’elle soit résolue, loin de là. De nombreux défis sont encore à relever pour les FAN (continuation des réformes structurelle de l’institution, affaire des détournements de fonds, opérationnalisation de la force aérienne…). Toutefois les gains sont réels et la situation n’est plus aussi dramatique que l’année dernière. Le sommet de Nouakchott sera donc l’occasion de solidifier, et d’approfondir, durablement les nouveaux acquis.

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