février 2020 - Page 30 sur 49 - Journal du niger

Togo: Faure Gnassingbé vers un quatrième mandat présidentiel

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes samedi, pour une élection présidentielle qui devrait reconduire pour un quatrième mandat Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus d’un demi-siècle.

Le chef de l’Etat s’est dit « serein et confiant » de remporter le scrutin dès le premier tour, et devrait être réélu, sans grande surprise face à une opposition réprimée et divisée.

Les scènes de liesse lors de ses meetings, notamment dans le nord, sont davantage la preuve d’un appareil d’Etat et d’un parti au pouvoir bien en place sur le territoire, que d’un véritable engouement populaire pour une élection sans grand suspense.

« Tous les responsables locaux sont d’Unir », le parti au pouvoir, explique à l’AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l’extrême nord du pays. « Dire non à Unir, c’est refuser de manger », selon lui.

La campagne ne passionne pas les 7,8 millions de Togolais, et, sans les affiches électorales qui parsèment le pays, il serait difficile d’imaginer que la présidentielle est dans quelques jours à peine.

Faure Gnassingbé a d’abord été installé au pouvoir par l’armée le 5 février 2005 quelques heures après la mort de son père, qui a lui-même dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Il a ensuite été élu la même année dans un scrutin contesté par l’opposition et marqué par 400 à 500 morts, selon l’ONU.

« Quand j’ai succédé à mon père, les conditions dans lesquelles ça s’est fait, c’est sûr que c’est un peu comme le péché originel parce que c’est l’armée qui a pris cette décision », a-t-il reconnu dans un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, avant d’ajouter: « Entre temps je me suis retiré (…) et nous avons organisé des élections ».

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat, qui a expliqué ne pas sentir « l’âme d’un dictateur ».

Lors de cette quatrième campagne électorale, « Faure », tel qu’il est surnommé au Togo, a voulu se poser en « réconciliateur » d’un pays divisé après des années de crise politique.

Des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, sont descendues dans les rues entre 2017 et 2018 pour demander sa démission, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution, lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

– +Perplexes et dubitatifs+ –

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est sur un front divisé que se présenteront samedi six candidats face au chef de l’Etat.

Le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) pourrait se trouver chahuté par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui a enlevé de nombreux soutiens ces derniers mois, dont celui de l’ancien archevêque de Lomé.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scenario paraît plutôt improbable, selon les observateurs.

En effet, un grand nombre de Togolais de l’opposition ne croient plus à une vraie alternance démocratique par les urnes.

Plusieurs partis ont décidé de boycotter le scrutin. C’est le cas du Parti national panafricain (PNP), à l’origine des manifestations de 2017 et dont des dizaines de militants ont été arrêtés, ou du Parti des Togolais de Nathaniel Olympio, qui affirme que « les conditions actuelles ne permettent pas la tenue d’un scrutin libre et transparent ».

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

« Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin », a regretté David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD).

Le président sortant reste néanmoins soutenu par nombre de ses pairs ouest-africains et la communauté internationale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

« Faure » peut s’appuyer sur une armée disciplinée et des services de renseignement efficaces, formés notamment par des Israéliens.

Sur le plan du développement, il a lancé un vaste projet d’électrification et la réfection de 4.000 km de pistes pour désenclaver les zones rurales.

Toutefois, la majorité de la population vit toujours dans une grande pauvreté. Et sa promesse de créer « plus de 500.000 emplois » semble difficilement réalisable, faute de tissu industriel.

Coronavirus: un premier mort en Corée du Sud, plus de 100 personnes contaminées

Une première personne atteinte du nouveau coronavirus est morte en Corée du sud où le nombre des personnes contaminées a doublé au cours des dernières 24 heures, passant à une centaine, ont annoncé jeudi les autorités.

Dans la seule ville de Daegu, la quatrième plus grande de Corée du Sud avec plus de 2,5 millions d’habitants, près de 50 victimes d’une transmission massive de la maladie ont été recensées.

Une femme de 61 ans membre de la secte chrétienne « l’Eglise Shincheonji de Jésus », ignorant avoir contracté la pneumonie virale, est en effet soupçonnée d’avoir contaminé à elle seule une quarantaine de personnes, notamment en assistant à des offices religieux.

Après avoir eu de la fièvre le 10 février, elle a refusé à deux reprises de se soumettre à un test de dépistage du nouveau coronavirus au prétexte qu’elle n’était pas récemment allée à l’étranger.

Elle a ensuite assisté à au moins quatre offices avant d’être diagnostiquée porteuse du virus. La municipalité de Daegu a fait savoir que 1.001 fidèles de l’Eglise Shincheonji de Jésus pourraient avoir assisté aux mêmes offices qu’elle.

Cette secte affirme que son fondateur Lee Man-hee a endossé les habits de Jésus Christ et emmènera au paradis 144.000 personnes le jour du Jugement dernier.

L’Eglise Shincheonji a fermé toutes ses structures en Corée du sud et s’est dite, dans un communiqué, « [désolée] que l’un de nos membres, qui considérait avoir un rhume parce qu’il ne s’était pas rendu l’étranger, ait contaminé de nombreux membres de notre église, suscitant l’inquiétude au sein de la communauté locale ».

Le commandement de la garnison de l’armée américaine installé à Daegu – qui rassemble un total d’environ 10.000 personnes – a quant à lui restreint ses accès et ordonné aux militaires ayant assisté aux offices de l’Eglise Shincheonji de Jésus de rester en quarantaine.

Par mesure de précaution, les services d’urgence de quatre hôpitaux de la ville ont été fermés, a dit un responsable de la municipalité, tandis que le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a appelé la population à demeurer chez elle.

Non loin de Daegu, dans le Comté de Cheongdo, à 320 kilomètres au sud de Séoul, un homme d’une soixantaine d’années est mort mercredi des suites de la maladie – il a été testé positif au coronavirus au lendemain de son décès -, a expliqué le centre coréen de contrôle et de prévention des maladies.

Il faisait partie d’un groupe de quinze personnes contaminées – des patients et des membres du personnel – dans un seul hôpital.

51 nouveaux cas ont été signalés en 24 heures en Corée du Sud, ce qui y porte à 104 le nombre total des personnes ayant contracté la maladie.

Holocauste: le Vatican s’apprête à ouvrir les archives sur Pie XII

Une centaine d’historiens s’apprêtent à plonger dans les archives que le Vatican ouvrira le 2 mars sur Pie XII, le pape le plus controversé de l’Histoire, critiqué pour n’avoir jamais condamné publiquement l’Holocauste nazi.

Il s’agit d’un moment « décisif pour l’histoire contemporaine de l’Eglise et du monde », a expliqué jeudi à la presse le cardinal Tolentino de Mendonça, archiviste et bibliothécaire de la Sainte Eglise romaine.

Le prélat a souhaité que l’attention ne se concentre pas uniquement sur l’Holocauste, mais aussi sur « la tumultueuse période de l’après-guerre avec l’opposition croissante entre deux blocs », communiste et occidental.

Décidée en mars 2019, la mise à disposition de ces documents doit permettre de répondre à la controverse sur Pie XII (1939-1958), une polémique qui a commencée tardivement dans les années 60. Et notamment à déterminer si le chef de l’Eglise catholique pendant la Seconde guerre mondiale, un ancien diplomate du Saint-Siège en Allemagne mâtiné de prudence, a été trop silencieux et passif, face à la promulgation de lois raciales en Europe et au pire génocide de l’Histoire.

Une prise de parole publique condamnant explicitement les agissements des nazis, parlant des lois raciales et de l’extermination des Juifs, aurait-elle pu influencer les catholiques allemands et changé le cours de l’Histoire ?

Les détracteurs du Pie XII le pensent. Ses soutiens arguent que des déclarations tonitruantes d’un pape, encerclé dans le Vatican par les nazis puis les fascistes italiens, auraient mis en danger les catholiques en Europe.

La polémique a donné naissance à des dizaines d’ouvrages, dont des best-sellers ravageurs allant jusqu’à parler du « pape d’Hitler » (John Cornwell en 1999).

– Une « histoire grise » –

Pour le grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni, « l’histoire de Pie XII n’est pas +une légende noire+ mais plutôt grise ».

Dans un texte diffusé par la presse italienne, il estime que « les historiens devront travailler comme s’ils étaient dans une chambre stérile et isolée, libres de tout préjugé et influence ». Même s’il pense qu’il s’agit d’une utopie, tant le sujet est accaparé d’un côté par des défenseurs à tout crin de Pie XII, de l’autre par des accusateurs inflexibles.

Cent cinquante chercheurs du monde entier ont déjà demandé l’accès aux seules « archives apostoliques » centrales du Vatican (ex-« archives secrètes »), a précisé jeudi Mgr Sergio Pagano, qui chapeaute cette section, mettant à disposition 121 fonds documentaires et 20.000 fascicules sur Pie XII.

Les premiers servis seront des experts du musée-mémorial américain de l’holocauste et des représentants de la communauté juive de Rome, précise-t-il. Les chercheurs se disputeront une vingtaine de places pendant ce qui sera « une année chargée », a-t-il reconnu.

Mais des dizaines d’autres consulteront les autres archives significatives du Saint-Siège. Par exemple, les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Inquisition).

Selon son archiviste Mgr Alejandro Cifres Giménez, 200 mètres d’étagères abritant 1.749 fascicules sont consacrés aux 19 ans de pontificat de Pie XII. Consultables dans une salle de lecture de 14 places.

Johan Ickx, des archives historiques de la Secrétairerie d’Etat (gouvernement central) portant sur les relations diplomatiques avec d’autres Etats proposera « 1,3 million de documents numérisés et répertoriés, pour aider les chercheurs à aller vite », une nouveauté. Les historiens pourront par exemple trouver des documents sur les contacts entre le nonce (ambassadeur du Saint-Siège) à Berlin et les autorités allemandes.

« Il faudra des années pour examiner tous ces dossiers et émettre un jugement historique », estime Mgr Pagano, qui glisse néanmoins que « rien de surprenant n’a émergé », la période de la Seconde guerre mondiale ayant déjà été grandement dévoilée par l’Eglise en 1981.

Il redoute en revanche les amateurs de « scoops » friands des conclusions à l’emporte-pièce.

Vatican oblige, quelques documents de la période resteront secrets, comme les archives documentant le conclave – l’élection du pape – ou les procès à l’encontre d’évêques pendant son pontificat, qui fut le plus long du 20ème siècle après celui de Jean Paul II. Enfouis à l’abri des regards dans le bunker des archives du Vatican, qui abrite 85 kms d’étagères.

Lesotho: à la veille de son inculpation pour meurtre le Premier ministre annonce sa démission prochaine

Le Premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, sera inculpé vendredi, selon la police, du meurtre de sa précédente épouse, dernier rebondissement dans cette affaire qui empoisonne le sommet de l’Etat et a contraint jeudi le chef de gouvernement à annoncer sa démission d’ici « fin juillet ».

Le 14 juin 2017, Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, était assassinée alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru. Ce crime était intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Lors de sa prise de fonctions, le 16 juin 2017, Thomas Thabane était assis aux côtés de celle qui allait devenir deux mois plus tard son épouse, Maesaiah.

L’enquête sur le meurtre de Lipolelo Thabane a piétiné pendant deux ans. Mais depuis quelques semaines, c’est coup de théâtre sur coup de théâtre dans le petit royaume d’Afrique australe à l’histoire politique instable.

Début février, Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée du meurtre de sa rivale. Vendredi, ce sera au tour du Premier ministre, 80 ans, d’être inculpé de meurtre dans cette affaire, selon la police.

« Il a été convenu avec son avocat qu’il (Thomas Thabane) comparaîtra devant la justice demain (vendredi) et sera formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane, a déclaré jeudi le numéro deux de la police Paseka Mokete, à l’AFP.

« Cela ne signifie pas nécessairement qu’il était présent (sur le lieu du crime, NDLR) mais qu’il agissait de concert » avec le ou les meurtriers, a-t-il ajouté.

Au même moment jeudi, Thomas Thabane, sous la pression depuis des semaines de son parti, a annoncé sa démission au plus tard le 31 juillet.

« Je quitterai effectivement le poste de Premier ministre à la fin juillet de cette année ou plus tôt si les préparatifs nécessaires à mon départ sont terminés », a-t-il déclaré sur la radio publique.

« Au-delà de cette date, je serai disponible pour donner des conseils à mon successeur », a-t-il ajouté.

– Ultimatum –

L’annonce de son départ n’est pas une grande surprise puisque mi-janvier, Thomas Thabane avait prévenu qu’il démissionnerait à une date qui restait encore à préciser. Il avait justifié sa décision par son âge avancé.

La réalité est que son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), fatigué par cette affaire, le presse depuis des semaines de partir. Lundi, l’ABC a même frappé du poing sur la table en lui ordonnant de démissionner d’ici jeudi. Un ultimatum que le Premier ministre a donc ignoré.

La population du Lesotho, pays enclavé dans l’Afrique du Sud, s’est dite abasourdie par l’annonce de Thomas Thabane.

« Cela défie tout logique qu’il veuille rester au pouvoir malgré la controverse », a réagi une vendeuse de rue dans la capitale, Malefa Mpobole, âgée de 52 ans.

« Ce vieil homme devrait partir tant qu’il peut encore le faire. Il nous a déçus (…). Il devrait partir, avec sa femme », a estimé une autre habitante de Maseru, Lenka Ntjabane, 43 ans.

En janvier, la police avait interrogé le chef du gouvernement dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de de sa précédente épouse.

Dans une déclaration sous serment transmise à la justice, le chef de la police Holomo Molibeli avait accusé Thomas Thabane d’être « impliqué » dans le crime. Il avait fait état d’un appel téléphonique suspicieux localisé à l’endroit du meurtre et passé depuis le téléphone portable du Premier ministre.

Afrique du Sud: le président Ramaphosa dénonce les propos de l’ex-président De Klerk sur l’apartheid

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a qualifié jeudi de « trahison » les déclarations du dernier président sud-africain du régime de l’apartheid, Frederik De Klerk, niant que ce système ségrégationniste soit un crime contre l’humanité.

« L’apartheid est un crime contre l’humanité. C’était un crime contre le peuple opprimé de l’Afrique du Sud avant même d’être déclaré tel par les Nations unies », a dit M. Ramaphosa devant le Parlement, suscitant des applaudissements nourris. « J’irais même jusqu’à dire que, de mon point de vue, le nier est une trahison ».

C’est la première fois que M. Ramaphosa s’exprimait sur le sujet depuis les commentaires faits par M. De Klerk la semaine dernière dans une interview à la radio-télévision publique SABC.

L’ex-président, qui a depuis fait son mea culpa, avait provoqué une vive polémique en « niant » la gravité de l’apartheid, tombé officiellement en 1994.

« L’idée que l’apartheid ait été un +crime contre l’humanité+ était et reste un projet de propagande lancé à l’initiative des Soviétiques et de leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, qui luttait contre le régime est est parvenu au pouvoir en 1994), et du Parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes », avait-il affirmé.

Ces propos avaient déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

Les parlementaires du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avaient dénoncé la présence de M. De Klerk le 13 février dans l’hémicycle, lors du discours annuel de la nation du président Ramaphosa.

Pur produit du régime de l’apartheid, Frederik De Klerk en avait précipité la chute en libérant en 1990 Nelson Mandela, héros de la lutte contre ce régime et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993.

Arabie: Pompeo visite les troupes américaines lors d’une visite axée sur l’Iran

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a rendu visite aux troupes américaines stationnées en Arabie saoudite jeudi après s’être entretenu avec le roi Salmane au deuxième jour d’une visite focalisée sur les moyens de contrer l’Iran.

Les Etats-Unis ont envoyé des renforts militaires au Moyen-Orient et notamment en Arabie saoudite, sur la base aérienne Prince Sultan à environ 80 kilomètres au sud de la capitale saoudienne, après une série d’attaques dans le Golfe imputées à l’Iran par Washington et Ryad.

« La visite de Pompeo souligne la relation de longue date entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis en matière de sécurité et réaffirme la détermination de l’Amérique à se tenir aux côtés de l’Arabie saoudite face au comportement pernicieux de l’Iran », a indiqué le département d’Etat américain dans un communiqué.

« En réponse aux attaques et à la demande de l’Arabie saoudite, les Etats-Unis ont déployé un (système de) défense antimissile et des avions de combat dans le cadre d’une mission défensive de dissuasion pour protéger (le royaume) contre toute future attaque », selon le texte.

Cette visite de trois jours de M. Pompeo en Arabie saoudite, allié majeur des Etats-Unis dans la région, intervient plus d’un mois après un pic de tensions entre Washington et Téhéran consécutif à la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani dans une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier.

Les tensions se sont ensuite accrues après des frappes iraniennes sur deux bases abritant des soldats américains en Irak, faisant craindre à des pays du Golfe des représailles iraniennes en raison de la présence de troupes américaines sur leur sol.

Les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, croissantes depuis le retrait unilatéral de Washington en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015, avaient déjà atteint un pic l’année dernière après des attaques de tankers dans le Golfe et d’infrastructures pétrolières en Arabie saoudite imputées à Téhéran par Washington et Ryad. L’Iran a nié toute implication.

En Arabie saoudite, Mike Pompeo devait aussi rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du pays, et le ministre de la Défense, le prince Khaled ben Salmane.

M. Pompeo avait affirmé vouloir évoquer lors de sa visite des questions économiques mais aussi la question des droits humains en Arabie saoudite, pays sous le feu des critiques des ONG en raison de la répression contre les militants et opposants.

Syrie: 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés

Près de 170.000 civils contraints de fuir les bombardements du régime dans le nord-ouest de la Syrie vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, a affirmé jeudi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Environ 900.000 personnes -dont ces 170.000 personnes-, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui les violences depuis début décembre dans la région d’Idleb et ses environs, où les forces gouvernementales et leur allié russe ont repris leur offensive contre les rebelles et les jihadistes, selon l’ONU.

Jamais le pays, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période aussi courte. Au total, le conflit syrien a poussé à l’exil des millions de civils et tué plus de 380.000 personnes.

La crise est d’autant plus préoccupante que cette récente vague de déplacements survient en plein hiver avec des températures passant sous le seuil de zéro degré et de la neige dans certaines régions près de la frontière turque.

« Les conditions hivernales très difficiles aggravent la souffrance de ces personnes vulnérables qui ont fui leur maison pour échapper aux violences, la plupart d’entre elles ayant été déplacées de nombreuses fois en neuf ans de conflit », selon l’ONU.

Dans son dernier communiqué jeudi, l’Ocha estime que « près de 170.000 de ceux qui ont été récemment déplacés vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés ».

Selon cet organisme de l’ONU, les camps accueillant une partie des autres déplacés sont bondés et de nombreuses familles doivent mettre leurs tentes sur des terrains avec aucun accès à des services de base comme des toilettes.

Dénonçant une violence « aveugle » dans le nord-ouest du pays, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock avait appelé plus tôt cette semaine à un cessez-le-feu pour éviter une catastrophe humanitaire.

Mais mercredi, la Russie s’est opposée à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une déclaration réclamant une cessation des hostilités et le respect du droit international humanitaire dans cette région, selon des sources diplomatiques.

L’ONU a appelé la Turquie voisine à accueillir ces déplacés, mais ce pays qui accueille déjà quelque 3,7 millions de Syriens depuis 2011 veut éviter un nouvel afflux.

Lesotho: le Premier ministre sera inculpé vendredi pour le meurtre de sa précédente épouse (police)

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane sera inculpé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, tuée en 2017 dans la capitale Maseru, a annoncé à l’AFP jeudi le numéro deux de la police de ce petit royaume d’Afrique australe.

De son côté, le chef de gouvernement, sous la pression de son parti pour démissionner, a déclaré jeudi qu’il allait quitter ses fonctions « d’ici la fin juillet ».

Cette annonce du Premier ministre a coïncidé avec celle du numéro deux de la police, Paseka Mokete. « Demain matin (vendredi), il a été convenu avec son avocat qu’il (Thomas Thabane) comparaîtra devant la justice et sera formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane, sa précédente épouse, a déclaré Paseka Mokete.

« Cela ne signifie pas nécessairement qu’il était présent (au moment du crime), mais qu’il agissait de concert » avec le ou les meurtriers, a-t-il ajouté.

Le 14 juin 2017, Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, avait été assassinée alors qu’elle rentrait chez elle en voiture à Maseru. Ce crime était intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Ce meurtre déstabilise le sommet de l’Etat depuis quelques semaines.

Début février de cette année, l’épouse actuelle du Premier ministre, Maesaiah Thabane, a été inculpée du meurtre de sa rivale. Et le parti au pouvoir, la Convention de tous les Basotho (ABC), a lancé lundi un ultimatum au Premier ministre pour qu’il démissionne d’ici à jeudi.

Thomas Thabane, âgé de 80 ans, a annoncé jeudi qu’il quitterait son poste « à la fin juillet ».

« J’espère que les prochains mois où j’occuperai mon poste donneront suffisamment de temps au parlement et à mon parti pour travailler aux dispositions nécessaires pour la transition », a déclaré le Premier ministre dans une adresse diffusée sur la radio publique.

Cette annonce n’est pas une grande surprise puisque mi-janvier, Thomas Thabane avait prévu qu’il démissionnerait à une date qui restait à préciser.

Après un bras de fer au sommet, la Tunisie pourrait enfin avoir un gouvernement

Une nouvelle mouture du gouvernement a été dévoilée tard mercredi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh en Tunisie, écartant a priori le spectre de nouvelles élections, au terme d’un bras de fer entre le président Kais Saied et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

M. Fakhfakh a présenté une liste remaniée par rapport à celle dévoilée quatre jours plus tôt et qui avait été rejetée par Ennahdha. Première force du Parlement avec 54 sièges, cette formation obtient sept portefeuilles mais pas ceux qu’elle escomptait.

Conséquence: plus de quatre mois après la fin des élections, la jeune démocratie tunisienne pourrait enfin être dotée, prochainement, d’un nouveau gouvernement, à la faveur d’un vote à l’Assemblée, où il devra décrocher la majorité de 109 voix (sur 217 sièges).

Quand précisément? Mercredi soir, le chef de l’Etat a adressé un courrier au président du Parlement pour lui demander de fixer une date pour la plénière. Le bureau du Parlement doit se réunir dans les 48 heures après réception de cette correspondance et fixer la date dans un délai ne dépassant par une semaine.

« Enfin, le dénouement! », a titré jeudi le quotidien francophone La Presse, sûr de son fait malgré les multiples rebondissements des derniers mois.

« Si on se réfère aux déclarations des différents partis, il y a une intention d’accorder la confiance », a dit à l’AFP le politologue Selim Kharrat.

– « Tout à fait démocratique » –

Mercredi soir, face aux blocages, des négociations intenses ont continué jusqu’à la dernière minute, avec l’aide de la puissante centrale syndicale UGTT -un médiateur historique-, et l’organisation patronale Utica.

« La période des concertations, malgré ses difficultés et sa complexité, s’est déroulée de façon tout à fait démocratique », a commenté Elyes Fakhfakh.

Alors qu’Ennahdha avait soutenu Kais Saied au second tour de la présidentielle à l’automne dernier, les négociations de l’hiver ont mis au jour de profondes divergences entre les principaux acteurs de la politique tunisienne, tous deux désireux d' »imposer leurs orientations », selon Abdellatif Hannachi, professeur d’histoire contemporaine.

Néophyte en politique mais élu avec un très confortable score, Kaies Saied est un spécialiste du droit constitutionnel très critique du système parlementaire partisan. Il défend notamment une décentralisation radicale du pouvoir.

M. Ghannouchi, lui, est une figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, qui a toutefois vu son poids électoral s’éroder.

Par pur pragmatisme, il a accédé à la présidence de l’Assemblée (ARP) à la faveur d’une alliance avec son principal adversaire électoral, Qalb Tounes, mené par le sulfureux magnat des médias Nabil Karoui.

– « Lutte pour le pouvoir » –

Dans leur bras de fer, MM. Saied et Ghannouchi ont argué « d’interprétations différentes de la Constitution. Mais, au fond, c’est une lutte pour le pouvoir », avait relevé mardi le quotidien Chourouk.

Saluée lors de son adoption en 2014 comme une avancée majeure sur le chemin de la démocratie, la Constitution tunisienne a en effet donné naissance à un régime hybride, ni parlementaire ni présidentiel, prompt à ce type de blocage.

Au final, si Ennahdha a obtenu sept ministères dans la dernière mouture du gouvernement, il n’a pas eu ceux escomptés, notamment l’Intérieur et la Justice.

Durant le week-end, la formation d’inspiration islamiste avait évoqué une démission de M. Fakhfakh ou une motion de censure contre le gouvernement sortant, deux options lui permettant de proposer une autre figure au poste de Premier ministre.

Mais Kais Saied avait coupé court lundi soir à ces plans, en assénant au passage devant les caméras un cours de droit à un Rached Ghannouchi mal à l’aise. Non sans avoir martelé que l’unique alternative à l’octroi de la confiance au gouvernement Fakhfakh était de se préparer à une dissolution de l’Assemblée.

Ennahdha a justifié mercredi soir sa volte-face par la nécessité de prendre « en considération la situation économique et sociale » du pays et le conflit en Libye voisine.

Les incertitudes politiques des derniers mois pénalisent une économie tunisienne à la fragilité chronique, en laissant de nombreux dossiers en suspens dont celui des négociations avec les bailleurs de fonds.

Quant aux Tunisiens, une décennie après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ils attendent toujours un gouvernement à même de s’attaquer aux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

Brésil: Bolsonaro repousse les limites du politiquement incorrect

Insultes à répétition, attaques misogynes à caractère sexuel: le président brésilien Jair Bolsonaro multiplie les dérapages que ses détracteurs jugent indignes de sa fonction.

Le chef de l’Etat a provoqué une vague d’indignation sans précédent mardi en insinuant qu’une journaliste du très respecté quotidien Folha de S. Paulo, Patricia Campos Mello, aurait tenté d’obtenir un scoop contre lui en échange de relations sexuelles avec sa source.

En termes de misogynie, Jair Bolsonaro n’en est pas à son coup d’essai. En août 2019, il s’en était pris au physique de Brigitte Macron, épouse du président français, qui l’avait vivement critiqué en raison de la recrudescence des feux de forêt en Amazonie.

« Il est de plus en plus évident que le président a besoin d’un traitement thérapeutique de toute urgence », a estimé Paulo Jeronimo de Sousa, président de l’Association Brésilienne de Presse (ABI), considérant les propos de Jair Bolsonaro « lâches » et « embarrassants ».

« Ce comportement misogyne est indigne de la fonction présidentielle et constitue un affront à la Constitution », a-t-il ajouté, réclamant que le procureur-général « prenne les mesures nécessaires » contre Jair Bolsonaro. Celui-ci avait été élu fin 2018 en se présentant comme un candidat antisystème et « politiquement incorrect ».

Ivar Hartmann, professeur de Droit à la Fondation Getulio Vargas (FGV) considère ces propos « déplorables », mais ne croit pas pour autant qu’ils puissent « entraîner des conséquences légales ».

– « Écran de fumée » –

La loi brésilienne prévoit que « porter atteinte à la dignité et l’honneur » de la fonction présidentielle est passible de destitution.

Mais pour qu’une procédure de destitution aboutisse, elle doit être approuvée par les trois cinquièmes des députés, ce que la plupart des analystes jugent peu probable dans le cas de Jair Bolsonaro.

« La gauche va sûrement argumenter que ces propos portent suffisamment atteinte à la dignité de la fonction pour motiver une destitution (…) mais je ne vois pas le Congrès disposé à aller jusque là », estime Ivar Hartmann.

Depuis le début du mois, le président brésilien a adressé deux bras d’honneur à la presse à Brasilia.

Rodrigo Maia, président de la Chambre des Députés, a tiré la sonnette d’alarme mercredi, craignant que l’agressivité du président n’envoie « un signal négatif aux investisseurs ».

« La présidence est contaminée par les incivilités, l’ignorance et le machisme abject de son occupant », a fustigé Folha de S. Paulo dans un éditorial mercredi.

Dans la chronique politique qu’elle signe au journal Estado de S. Paulo, la journaliste Vera Magalhaes a accusé M. Bolsonaro de « dégrader l’image de la fonction présidentielle pour créer un écran de fumée ».

Les agressions verbales du président sont ainsi vues comme un moyen de détourner l’attention de sujets sensibles.

En décembre, quand un journaliste lui a posé une question sur des accusations de corruption pesant contre son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, il a répondu par un commentaire homophobe, lui lançant: « tu as une tête terrible d’homosexuel! ».

« Quand il n’est pas capable de fournir une réponse rationnelle, il répond avec des blagues, souvent offensantes, pour créer un écran de fumée », renchérit Ivar Hartmann, qui souligne que ce ton agressif « plaît au noyau dur de son électorat »

– « Grossièreté inacceptable » –

En ce moment, le sujet sensible pour la famille Bolsonaro est la mort du chef présumé d’une milice paramilitaire soupçonnée d’avoir orchestré l’assassinat de l’élue de gauche Marielle Franco il y a deux ans.

Ex-capitaine du Bope, bataillon d’élite de la police militaire de Rio de Janeiro, Adriano Magalhães da Nobrega avait été décoré en 2005 à l’initiative de Flavio Bolsonaro, qui avait par ailleurs embauché sa mère et son ex-épouse dans son cabinet.

Considéré comme un fugitif, l’ancien policier a été tué le 9 février dans l’Etat de Bahia (nord-est), lors d’une fusillade après avoir ouvert le feu sur les agents qui allaient l’arrêter, selon les autorités locales.

Mais Jair Bolsonaro a évoqué une « exécution sommaire » perpétrée selon lui par des policiers à la solde du gouverneur de gauche Rui Costa.

Lundi, une vingtaine de gouverneurs ont fait part de leur indignation, réclamant plus « d’équilibre, de sagesse et de dialogue » de la part du chef de l’Etat.

Mardi, l’ex-président de centre droit Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) a estimé que les insinuations de Jair Bolsonaro étaient d’une « grossièreté inacceptable ».

Même quand il n’attaque personne, le président brésilien parvient parfois à détourner l’attention avec des déclarations improbables teintées de vulgarité.

En août, il avait par exemple préconisé de « faire caca un jour sur deux » pour préserver l’environnement.