décembre 2019 - Journal du niger

Arrestations à Niamey de plusieurs agents et collaborateurs d’une clinique de la place

La Police Nationale a procédé lundi 30 décembre à Niamey sur instruction du Ministère de la santé Publique à l’interpellation et arrestation de plusieurs agents et collaborateurs d’une clinique qui opère ses activités clandestinement.

Selon les explications du Ministre de la Santé Publique Dr. Idi Illassou Maïnassara lundi 30 décembre 2019, cette clinique qui a déporté ses activités dans une maison privée du promoteur a été fermée il y a quelques semaines de cela par le ministre de la santé publique pour certains manquements.

La descente de la Police a permis de surprendre en flagrant délit des agents de santé et le promoteur. « Tous ont été arrêtés, présentement ils sont dans les mains de la police judicaire, les investigations continuent pour arrêter tous les complices », a –t-il ajouté.
Les patients sont référés dans les centre de santé les plus proches où ils continuent de subir les soins.

Depuis quelques années le ministère en charge de la santé a engagé de vastes opérations  de contrôle de conformité et a procédé par la même occasion à la fermeture de plusieurs structures de santé pour manquement dans l’application des règlements en la matière, rappelle –t-on.

Le Niger renforce sa loi réprimant la torture et autres traitements inhumains

Le Conseil des Ministres réuni, le vendredi 27 décembre 2019, sous la présidence du Président de la République Issoufou Mahamadou, a adopté la loi portant modifications du code pénal au Niger en renforçant les dispositions réprimant la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants.

Ces modifications du code pénal visent à se conformer à la convention de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la lutte contre la torture et les traitements inhumains et à la constitution nigérienne qui consacre la sacralité de l’être humain.
Elles visent également à ‘’satisfaire opportunément aux recommandations issues du dernier passage du Niger devant le Comité des Nations Unies contre la torture. Ce projet de loi modifie ainsi le code pénal en y insérant une section relative aux actes de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants’’ explique le communiqué du conseil des Ministres dont l’ANP a reçu copie.

Ces modifications interviennent après que le gouvernement ait constaté que ‘’le code pénal nigérien n’incrimine pas de façon spécifique la torture telle que définie dans la Convention contre la torture. Il s’agit donc à travers le présent projet de loi d’intégrer dans la législation interne les dispositions pertinentes de ladite Convention’’ indique toujours le même communiqué.

Niger : 14 militaires tués dans une attaque dans l’ouest

Quatorze militaires ont été tués mercredi dans une attaque de « terroristes lourdement armés » dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, a annoncé jeudi le ministère nigérien de l’Intérieur dans un communiqué.

« Un convoi composé d’éléments de la gendarmerie et de la garde nationale escortant des équipes chargées de l’enrôlement électoral dans la commune de Sanam (département d’Abala) a été victime d’une embuscade tendue par des terroristes lourdement armés », selon le communiqué.

« A l’issue d’une bataille acharnée, plusieurs morts et blessés ont été enregistrés. Côté ami : sept gendarmes et sept gardes sont décédés. Un garde est porté disparu », selon le communiqué.

« L’ennemi quant à lui, a subi de nombreuses pertes », assure le ministère, sans préciser leur ampleur.

C’est dans cette même région de Tillabéri, proche du Mali, que 71 soldats nigériens ont été tués le 10 décembre, la pire attaque depuis le regain des attaques jihadistes en 2015 dans ce pays sahélien pauvre, revendiquée par l’Etat islamique.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’équipe des agents d’enrôlement « a été sécurisée et a regagné Sanam en bonne santé ».

Cette équipe opérait pour le compte de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui doit organiser des élections générales (présidentielle et législatives) fin 2020.

Tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, est désormais visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Burkina Faso observait jeudi son deuxième jour de deuil national après une attaque jihadiste qui a fait 42 morts dans le nord du pays, la pire depuis cinq ans.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait annoncé dimanche, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, que les pays du Sahel et la France lanceront « un appel à la solidarité internationale » durant un sommet à Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier consacré à la lutte contre les groupes jihadistes.

Construction prochaine d’un mémorial en hommage aux militaires victimes du terrorisme au Niger

Au Niger, un mémorial national en hommage aux militaires victimes du terrorisme sera bientôt érigé dans la capitale de Niamey, en face de l’hôtel de ville, où seront gravés les noms de tous ces « martyrs tombés sur le champ d’honneur », a-t-on appris mercredi de source officielle.

L’annonce en été faite par la radio nationale citant un communiqué du Conseil national de Sécurité (CNS), réuni mardi, sous la présidence du chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou.

Cette décision du CNS intervient deux semaines après la mort de 71 soldats nigériens le 10 décembre dernier dans une attaque d’une rare violence menée par plusieurs centaines de terroristes lourdement armés à bord de colonnes de véhicules et de motos, contre leur garnison près d’Inates, située dans la région de Tillabéry près de la frontière avec Mali.

Le Conseil a saisi l’occasion pour rendre, une fois de plus, « un vibrant hommage aux vaillantes Forces de Défense et de Sécurité du pays pour leur bravoure, leur détermination et l’engagement dont elles font preuve jusqu’au sacrifice ultime pour garantir l’intégrité du territoire, la sécurité des institutions démocratiques ainsi que la sécurité des personnes et de leurs biens ».

Il est à souligner que le Niger subit depuis près de cinq ans les attaques meurtrières des organisations terroristes dont les groupes armés et autres bandits qui contrôlent le Sud de la Libye depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, des groupes terroristes proches d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d’Ansar Dine et d’autres mouvements basés dans le septentrion malien, et le groupe terroriste Boko Haram logé au Nigeria depuis 2009 qui sème la terreur dans la région de Diffa (extrême sud-est).

A cela est venu s’ajouter depuis près de deux ans un nouveau foyer d’insécurité dans l’extrême sud-ouest du pays, au niveau de la région des « 3 frontières » (Niger-Mali-Burkina Faso) entretenu par d’autres groupes djihadistes qui mettent en péril la sécurité des personnes et des biens.

Pour lutter contre ce fléau, le CNS a appelé « au renforcement de la coopération militaire dans le cadre du G5 Sahel et à la mise en place d’une large alliance internationale ».

Pour rappel, le Conseil national de Sécurité est un organe constitutionnel nigérien qui assiste le président de la République sur les questions liées notamment à la sécurité du pays.

Le président Emmanuel Macron rend hommage aux victimes de l’attaque terroriste du camp militaire d’Inatès

Le président français Emmanuel Macron en visite au Niger dans l’après- midi du dimanche 22 décembre s’est rendu au carré des martyres de la base aérienne 101 de Niamey, en compagnie de son homologue du Niger M. Issoufou Mahamadou pour s’incliner et se recueillir sur les tombes des 71 militaires nigérien tués suite à l’attaque par les terroristes , le camps militaire de Inatès le mardi 10 décembre dernier .
Le président Issoufou Mahamadou et Emmanuel Macron ont eu un entretien tête à tête au menu la préparation du sommet de peau le 13 janvier prochain.
Les deux présidents ont par la suite Co-animé une conférence de presse dominée par la situation sécuritaire dans le sahel.
Lors de cette conférence, le Président français a souligné avoir tenu à venir ‘’s’incliner devant les dépouilles de vos soldats tombés le 10 décembre dernier à Inatès, témoigner le respect que nous leur devons, notre solidarité pour leurs familles comme pour vos armées et pour toute la Nation’’.
Prenant la parole, le Président de la République Mahamadou Issoufou a indiqué que ‘’rendre visite à ceux qui sont dans le deuil est l’acte le plus apprécié, c’est pour cela, a-t-il notifié, que cette visite va directement aux cœurs des nigériens et confirme l’engagement de la France à nos côtés dans la guerre contre le terrorisme, cette guerre dans laquelle des hommes meurent de tous les côtés’’.
Mahamadou Issoufou a rappelé qu’ ‘’il y a de cela quelques semaines la France a perdu 13 de ses soldats et nous, nous avons perdu 71 de nos soldats et le sacrifice de ces soldats et de toutes les victimes civiles et militaires du terrorisme ne doit pas être vain’’.
‘’Et c’est pour cela, que nous sommes déterminés à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire finale, jusqu’à vaincre le terrorisme’’, a-t-il ajouté.
‘’A notre niveau, nous essayons de renforcer les capacités de nos FDS, leurs capacités opérationnelles, leurs capacités de renseignement, au niveau national et au niveau régional, nous essayons de renforcer les capacités de la force conjointe de G5 Sahel et également les capacités de la force mixte multinationale qui se bat contre le Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad, nous essayons également de mobiliser la solidarité à l’échelle de la CEDEAO’’, a affirmé le Président Issoufou.
Mahamadou Issoufou a par ailleurs souligné que ‘’pas plus tard qu’hier, à l’occasion de son 56ème  Sommet ordinaire, la CEDEAO a décidé la montée en puissance de sa force en attente qui, dès qu’elle sera prête aux côtés du sahel, des forces conjointes pour mener ensemble cette guerre contre l’ennemis, pour pouvoir vaincre le terrorisme au sahel et dans le bassin du Lac Tchad, il faudra qu’on renforce nos alliances notamment avec la France, les autres pays amis’’.
Le Président de la République a enfin remercié son homologue français pour tout ce qu’il fait pour mobiliser l’opinion européenne sur cette guerre que nous menons au sahel.
A l’issue de cette conférence, les deux Présidents ont visité le Centre de Commandement des opérations Barkhane en compagnie du Président de l’Assemblée Nationale Ousseini Tinni et du Premier Ministre Brigi Rafini.

Prière collective en faveur des victimes du camp d’Inates à la mosquée Laouali Balla(Zinder)

Les chefs religieux, marabouts et les élèves des écoles coraniques de Zinder ont massivement répondu à l’appel du Président de la République, Issoufou Mahamadou, suite à la disparition des militaires d’Inatès, en organisant dimanche 22 décembre, une séance de lecture du Saint-Coran suivie d’une Fatiha pour le repos des âmes des victimes d’Inatès.
Cette cérémonie qui coïncide, faut-il le préciser avec la fin de la commémoration de la naissance du Prophète Mohamed, Paix et Salut sur Lui, communément appelé Maouloud, s’est déroulée en présence du Gouverneur de la Région, Issa Moussa et de plusieurs personnalités civiles et militaires.
Des invocations à cette occasion ont été prononcées pour la paix, la sécurité et la promotion du développement économique et social du Niger et un prompt rétablissement aux blessés.
Dans le même ordre d’idées, le président de l’Union des écoles coraniques du Niger, le Représentant du Sultan du Damagaram et le Secrétaire Général du Conseil Régional sont tour à tour intervenus pour évoquer les bienfaits de cette rencontre au moment où le Niger traverse de sérieuses difficultés sécuritaires.
Ils ont exhorté l’ensemble de l’Oummah Islamique à intensifier les prières collectives afin que Dieu descende sa Miséricorde et son Infinie bonté sur le Niger.
Le Gouverneur de Zinder, Issa Moussa a dans une brève intervention appelé les fidèles musulmans à multiplier les invocations en tous lieux et en toutes circonstances pour que le Niger bénéficie constamment de la Clémence de Dieu.

Les Présidents Macron et Issoufou tentent de mobiliser contre le jihadisme au Sahel

 Les présidents français Emmanuel Macron et nigérien Mahamadou Issoufou se sont voulus mobilisateurs dimanche à Niamey pour renforcer la lutte contre le jihadisme au Sahel, au cours d’une cérémonie d’hommage aux 71 militaires nigériens tués par des jihadistes en décembre

M. Macron bouclait par un détour au Niger une visite de 48 heures en Côte d’Ivoire où il a acté la fin du Franc CFA qui laissera la place en 2020 à l’Eco.

Il s’est incliné devant les tombes des soldats nigériens moins d’un mois après s’être recueilli devant les cercueils des 13 soldats français tués au cours d’un accident d’hélicoptères au Mali, en zone de combat. Le président français a ensuite à nouveau tenu un discours volontaire au risque de froisser encore ses alliés.

« Nous sommes à un tournant de cette guerre. Il nous faut (…) redéfinir plus clairement les objectifs » à l’occasion du sommet de Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier, a affirmé le président Macron.

« Il faut définir de manière beaucoup plus claire les objectifs militaires, politiques et de développement pour les 6, 12 et 18 prochains mois », a-t-il insisté.

« Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-français Je ne peux pas accepter d’envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande (de présence française) n’est pas clairement assumée », a poursuivi Emmanuel Macron.

« Quand il parle de clarification, le président Macron vise IBK (Ibrahim Boubacar Keita, le président malien) et Kaboré (Roch Marc Christian Kaboré, le président burkinabè) », avait récemment précisé une source sécuritaire à l’AFP.

Sur la même longueur d’ondes que Macron, le président Issoufou a révélé que la France et les pays du Sahel lanceraient à Pau « un appel à la solidarité internationale pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat ».

Il a rappelé que le Niger consacrait « 19% de ses ressources budgétaires dans le combat contre le terrorisme », soulignant aussi que la « France emploie beaucoup de ressources ».

Menace planétaire

« La menace du terrorisme est une menace planétaire, elle nécessite une riposte à l’échelle de la planète », a-t-il poursuivi. « Si les Européens ne s’engagent pas, ils auront à faire cette guerre sur leur territoire », a-t-il lancé.

Les deux présidents se sont embrassés à deux reprises au cours d’une cérémonie empreinte d’émotion. Le président Macron a souligné que les soldats français et nigériens étaient des « frères d’armes » et lancé : « Nous sommes là aujourd’hui pour nous incliner devant vos martyrs, nous serons la demain pour célébrer les victoires ».

L’invitation par le président français au sommet de Pau avait été mal ressenti par beaucoup, certains y voyant une « convocation » teintée d’attitude néo-coloniale.

Le président Keïta a semblé faire allusion à cette tension samedi sur TV5, en indiquant que les pays unis dans la force militaire G5 Sahel souhaitaient « un partenariat respectable et respectueux ». De source diplomatique, tous les pays devraient toutefois être présents à Pau.

Avant d’arriver à Niamey, le président Macron s’était également recueilli en hommage à des soldats tués, cette fois à Bouaké, deuxième ville de Côte d’ivoire et ancienne capitale de la rébellion.

Hommage aussi à Bouaké

Neuf soldats français et un Américain y avaient été tués en 2004, par un bombardement de l’armée ivoirienne. Un épisode charnière de la décennie de crise ivoirienne et un dossier qui garde de nombreuses zones d’ombre.

Les présidents Macron et Ouattara ont dévoilé une stèle et déposé des gerbes aux couleurs ivoiriennes et françaises. Cet acte doit « œuvrer à l’essentiel travail de réconciliation dont la République de Côte d’Ivoire a tant besoin et qui est le chemin sur lequel elle avance », avait dit M. Macron la veille.

Les dernières heures de M. Macron, en Côte d’Ivoire ont été plus festifs avec un accueil par des dizaines de milliers de personnes.

« ADO ! ADO ! Macron ! Macron ! », scandait la foule en honneur au président français et son homologue ivoirien Alassane Dramane Ouattara, dit « ADO ».

« C’est la première fois depuis que la Côte d’Ivoire existe qu’un président français vient à Bouaké. Et il vient pour construire notre marché, seul lieu d’activité à Bouaké », a jubilé Sanata Traoré, commerçante, devant le futur marché dont M. Macron a posé la première pierre.

D’un coût de 60 millions d’euros, financé par la France, le site, qui sera le plus grand marché couvert d’Afrique de l’Ouest, rassemblera 8.500 commerçants sur près de 9 hectares.

Objectif : relancer l’activité économique jadis florissante et faire oublier le passé de Bouaké, ville de casernes régulièrement secouée par des mouvements de grogne de militaires.

Les deux présidents ont posé la première pierre lors d’une cérémonie expédiée au pas de course. Le temps, tout de même pour le président Macron de recevoir en cadeau un… cheval.

Après l’étape nigérienne, Emmanuel Macron est reparti dimanche en début de soirée pour la France.

 

Niger: début d’une nouvelle vie pour une centaine de repentis de Boko Haram

En plein milieu des dunes du désert nigérien surgit le camp de Goudoumaria, entouré de barbelés, murs et sacs de sable. Des soldats lourdement armés sur des miradors sont aux aguets. Pourtant, airs de musique, éclats de rires et cris d’enfants joyeux fusent.

Depuis 2017, le camp accueille des anciens membres repentis du groupe islamiste Boko Haram, dont l’insurrection qui a débuté en 2009 au Nigeria s’étend aujourd’hui dans les pays voisins. Ce jour-là, on y fête la première promotion d’anciens jihadistes à être libérés.

Quelque 110 personnes, dont 47 Nigérians, s’apprêtent à quitter le camp après avoir suivi un programme de déradicalisation et une formation professionnelle ouvrant la voie à leur réinsertion sociale.

Chefs traditionnels, officiels nigériens, diplomates occidentaux, personnel de l’ONU, qui soutient financièrement l’initiative, ont fait le déplacement pour cet événement, jugé exemplaire, et qui se veut une des solutions à la progression des groupes jihadistes dans la région.

Le Sahel subit des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, liées à l’organisation Etat islamique (EI) ou aux différentes factions de Boko Haram. Au Niger, 71 soldats ont péri le 10 décembre, dans une attaque sanglante à Inates, près de la frontière malienne, la plus meurtrière de l’histoire du pays, qui a été revendiquée par l’EI.

Les repentis de Boko Haram, qui expriment bruyamment leur joie, arborent des tee-shirts blancs portant les armoiries du Niger et la mention « Je m’engage pour la paix ».

Au pied des imposants murs du camp, des anciens miliciens démontrent leur nouveau savoir-faire acquis en quelques mois: mécanique, plomberie, menuiserie, couture ou soudure.

« La musique me manque trop, j’ai presque oublié comment danser », témoigne en se trémoussant Madou Ari, 25 ans, qui a passé trois années au sein de Boko Haram.

– Troqué sa kalach contre un chalumeau –

« Avec Boko Haram nous avions vécu l’enfer. A présent, nous ne rêvons que d’un avenir meilleur », renchérit son voisin.

Casque noir de soudeur sur la tête, Ibrahim Maïna a troqué sa Kalachnikov contre un chalumeau. Il souhaite ouvrir son atelier de soudure. « Je demande pardon à toute ma famille, à tout le Niger et à tous les gens d’Afrique. Je désire à présent vivre en paix. Boko Haram m’a induit en erreur. Ils m’ont dit que c’était le jihad mais ils ne faisaient en réalité rien de tout cela », avoue-t-il.

Assise devant une machine à coudre flambant neuve, Boussam Chétima, une adolescente de 17 ans, est toujours traumatisée, après avoir été « enlevée » et avoir « passé une année en captivité ».

« Nuit et jour, je cherchais un moyen de m’évader. Quand l’occasion s’est offerte, j’ai pris la poudre d’escampette », assure-t-elle.

Réajustant le voile rouge qui recouvre sa mince silhouette, elle a des envies simples: « Je désire vivre en paix, fonder un foyer et me nourrir grâce à la couture que j’ai apprise ici au centre ».

Mara, 22 ans, est tiraillé entre rentrer chez lui ou aller refaire sa vie ailleurs. « Comment regarder ma famille dans les yeux ? Les gens m’avaient bien dissuadé d’aller avec Boko Haram », avoue-t-il.

Pour prouver qu’ils ont vraiment tourné le dos à Boko Haram, les repentis ont collectivement prêté serment sur le Coran. Pendant leur séjour à Goudoumaria, ils ont reçu une « formation religieuse » de six mois avec des prêches sur « la pratique de l’islam modéré ».

« A partir de cet instant (…), ils sont désormais totalement libres de leurs mouvements », a expliqué à l’AFP Chaïbou Samna, le procureur de la République à Niamey, présent à la cérémonie.

– « Ils doivent vite déserter » –

Pour faciliter leur retour dans leur famille, « nous avons lancé un appel aux communautés où ils vont être réinsérés pour qu’elles les acceptent », a assuré le ministre nigérien de l’Intérieur Mohamed Bazoum.

« Ils doivent être considérés comme des gens normaux et ne doivent pas souffrir de leur passé », plaide Issa Lémine, le gouverneur de la région de Diffa.

Les 110 repentis recevront des outils de travail pour monter leurs propres ateliers, puis ils seront acheminés dans leur village d’origine, a indiqué Mohamed Bazoum, qui a exhorté « ceux qui sont encore dans l’aventure » à se rendre.

Un appel relayé par Baba Gana Adam, le visage caché par un turban violet. « Que ceux de nos camarades qui sont  encore en brousse sachent qu’il (Boko Haram) prône le mauvais islam. Ils doivent vite déserter », prêche ce repenti, qui a reçu une formation de mécanicien.

Au total, plus de 240 anciens éléments de Boko Haram, dont des femmes et des enfants, sont hébergés à Goudoumaria après s’être rendus aux autorités.

Ce mouvement de reddition avait débuté fin décembre 2016. Les autorités de Diffa, qui espèrent accélérer le rythme des redditions, ont mis à la disposition des détenus « des moyens de communication » notamment le téléphone, pour qu’ils puissent « appeler leurs camarades ».

« Nous sommes prêts à leur garantir la vie sauve et à créer les conditions de leur réinsertion socio-économique », a promis le président nigérien Mahamadou Issoufou.

L’Etat Islamique a revendiqué l’attaque meurtrière d’Inates

Le groupe Etat islamique a revendiqué ce 12 décembre, l’attaque terroriste contre le camp d’Inates, dans l’ouest du Niger.

« Les soldats du califat ont attaqué la base militaire d’Inates (…) les moudjahidine l’ont contrôlée pendant plusieurs heures » affirme le communiqué de l’Etat Islamique qui annonce un bilan de 100 morts du côté des soldats nigériens, alors que le bilan officiel du Gouvernement nigérien fait état de plus de 71 morts, ainsi que plusieurs blessés et disparus.

Cette revendication de l’EI a été rapportée jeudi 12 décembre, par l’organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (État islamique en Afrique de l’Ouest).

Ce mardi 10 décembre, le camp militaire d’Inates a fait l’objet d’une attaque terroriste laissant au moins 71 soldats morts, le plus lourd bilan qu’ait connu le Niger depuis le début des attaques dans la région en 2015.

Niger: ce que l’on sait de l’attaque meurtrière d’Inates

Après l’attaque survenue mardi 10 décembre au soir contre la garnison de cette localité située dans l’ouest du Niger, le président Issoufou est rentré en urgence et a convoqué ce jeudi un Conseil de sécurité.

 ■ La chronologie des combats

L’attaque se produit mardi en fin d’après-midi. Près de 500 assaillants, montés sur des motos ou embarqués à bord de pick-up, dont certains étaient bourrés d’explosifs, se jettent sur le poste avancé d’Inates, proche de la frontière malienne, dans l’ouest du pays, et rapidement, l’encerclent.

Ils visent d’abord le centre de transmission de la garnison. Pris en étaux, sans moyen de donner l’alerte, les soldats nigériens essuient un feu nourri et des salves d’obus. Rapidement, les stocks de munitions partent en fumée, puis ce sont les réserves de carburant qui s’embrasent.

Les assaillants passent ensuite à l’offensive : l’attaque se poursuit à l’intérieur du camp, qui est entièrement saccagé.

L’alerte sera finalement donnée plus tard dans la soirée, vers 21h, par des éléments de l’armée nigérienne embarqués à bord de trois véhicules qui avaient réussi à se replier et à rallier le poste militaire d’Ayorou. Des renforts sont dépêchés sur place dans la nuit, et reprennent le contrôle de la base militaire.

L’aviation, tout comme les renforts au sol,sont donc arrivés en retard, parce que les soldats ont manqué de moyens de communication, très vite détruits par les assaillants.

 ■ Le lieu de l’attaque et sa position stratégique

Inates, située à près de 250 km au nord de la capitale Niamey, occupe une position stratégique dans l’ouest nigérien. Cette localité ne se trouve en effet qu’à 5 km de la frontière malienne, non loin d’une zone connue pour abriter de nombreux combattants jihadistes : la réserve de faune d’Ansongo.

On est ici aussi à nœud de communication très prisé des trafiquants de drogues et d’armes, notamment pour l’acheminement de marchandises en direction de la frontière algérienne.

■ Le bilan humain

Mercredi, dans la soirée, le ministère de la Défense a donné un premier bilan officiel particulièrement lourd. Soixante-et-onze militaires ont trouvé la mort dans cette attaque, dont le chef de garnison et son adjoint. Les autorités dénombrent  une douzaine de blessés et certains militaires sont également portés disparus. Ce jeudi, des patrouilles nigériennes ratissaient encore la zone à leur recherche.

Du côté des assaillants, il y aurait une soixantaine de tués, selon plusieurs sources militaires consultées par RFI mercredi.

Cette attaque est en tout cas la plus meurtrière jamais enregistrée dans cette zone frontalière avec le Mali.

 ■ L’identité des assaillants

Ce jeudi soir, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque, selon l’organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (Etat islamique en Afrique de l’Ouest).

« C’est la zone d’action de l’État islamique, confirmait un peu plus tôt Wassim Nasr, spécialiste des groupes djihadistes à  France 24. En juillet dernier, c’était [ce groupe] qui fut responsable de la première attaque contre cette même base et qui a été revendiquée en tant que telle. Le mode opératoire à l’époque, c’était des kamikazes, puis des motos, appuyés par des tirs de mortiers », soit un scénario similaire à celui de mardi.

Certains experts ont aussi évoqué une possible coopération entre le groupe EI et le GISM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) d’Iyad Ag Ghali, fusion d’Aqmi (al-Qaïda), d’Ansar Dine, d’al-Mourabitoun et de la Katiba Macina.

Un scénario auquel ne croit pas Wassim Nasr : « Il y a une tolérance entre les deux groupes, le Sahel est la seule zone au monde où al-Qaïda et l’EI ne se confrontent pas. Mais je ne pense pas qu’ils conduisent des attaques coordonnées parce qu’ils n’en ont en fait pas besoin : al-Qaïda est très implantée là-bas, l’État islamique de plus en plus. L’attaque d’Indelimane [en novembre dernier] c’était l’État islamique, et c’est sa zone d’action. »

■ La réaction des autorités

Le Niger est toujours sous le choc de cet hécatombe militaire. Le président  Mahamadou Issoufou est rentré en catastrophe dans la nuit d’une conférence internationale en Égypte pour présider à Niamey, ce jeudi matin, une réunion du Conseil national de sécurité.

Ce conseil extraordinaire a débuté à 10h à la présidence. Tous les ministres concernés sont présents : celui de la Défense nationale, de l’Intérieur, des Finances et surtout toute la hiérarchie militaire, à commencer par le chef d’état-major général des armées, le général Ahmed Mohamed.

Trois jours de deuil national ont été décrétés pour ce vendredi, samedi et dimanche.