RFI Archives - Journal du niger

Les 9 humanitaires nigériens enlevés ont été libérés

Les 9 humanitaires nigériens de l’ONG APIS, partenaire du PAM, enlevés la semaine dernière près de la frontière du Burkina Faso, ont été libérés ce 1er juillet. Ils ont donc retrouvé la liberté, sans que l’on sache dans quelles conditions ni quel est leur état de santé, rapporte RFI.

L’annonce de leur libération a été confirmée par le gouverneur de la région de Tillabéry et le représentant du PAM, au Niger.

Les neuf humanitaires locaux de l’ONG APIS avaient été enlevés il y a une semaine, alors qu’ils étaient en mission de recensement des populations vulnérables dans l’ouest du Niger en vue d’une aide alimentaire lorsque des jihadistes à moto les ont enlevés.

Peu après leur libération, les ex-otages ont été aperçus dans un village proche de la frontière burkinabé et du parc W. Ils tentaient de rejoindre le chef-lieu de la préfecture de Torodi, à 100 kilomètres au sud-ouest de Niamey.

On ne connaît pour l’instant pas les conditions de leur libération, ni leur état de santé, mais de source sécuritaire bien informée, les forces nigériennes ne sont pas intervenues. Toujours selon la même source, il pourrait s’agir d’un acte volontaire des jihadistes, les agents humanitaires locaux n’ayant aucune valeur marchande, selon un observateur.

Niger: ce que l’on sait de l’attaque meurtrière d’Inates

Après l’attaque survenue mardi 10 décembre au soir contre la garnison de cette localité située dans l’ouest du Niger, le président Issoufou est rentré en urgence et a convoqué ce jeudi un Conseil de sécurité.

 ■ La chronologie des combats

L’attaque se produit mardi en fin d’après-midi. Près de 500 assaillants, montés sur des motos ou embarqués à bord de pick-up, dont certains étaient bourrés d’explosifs, se jettent sur le poste avancé d’Inates, proche de la frontière malienne, dans l’ouest du pays, et rapidement, l’encerclent.

Ils visent d’abord le centre de transmission de la garnison. Pris en étaux, sans moyen de donner l’alerte, les soldats nigériens essuient un feu nourri et des salves d’obus. Rapidement, les stocks de munitions partent en fumée, puis ce sont les réserves de carburant qui s’embrasent.

Les assaillants passent ensuite à l’offensive : l’attaque se poursuit à l’intérieur du camp, qui est entièrement saccagé.

L’alerte sera finalement donnée plus tard dans la soirée, vers 21h, par des éléments de l’armée nigérienne embarqués à bord de trois véhicules qui avaient réussi à se replier et à rallier le poste militaire d’Ayorou. Des renforts sont dépêchés sur place dans la nuit, et reprennent le contrôle de la base militaire.

L’aviation, tout comme les renforts au sol,sont donc arrivés en retard, parce que les soldats ont manqué de moyens de communication, très vite détruits par les assaillants.

 ■ Le lieu de l’attaque et sa position stratégique

Inates, située à près de 250 km au nord de la capitale Niamey, occupe une position stratégique dans l’ouest nigérien. Cette localité ne se trouve en effet qu’à 5 km de la frontière malienne, non loin d’une zone connue pour abriter de nombreux combattants jihadistes : la réserve de faune d’Ansongo.

On est ici aussi à nœud de communication très prisé des trafiquants de drogues et d’armes, notamment pour l’acheminement de marchandises en direction de la frontière algérienne.

■ Le bilan humain

Mercredi, dans la soirée, le ministère de la Défense a donné un premier bilan officiel particulièrement lourd. Soixante-et-onze militaires ont trouvé la mort dans cette attaque, dont le chef de garnison et son adjoint. Les autorités dénombrent  une douzaine de blessés et certains militaires sont également portés disparus. Ce jeudi, des patrouilles nigériennes ratissaient encore la zone à leur recherche.

Du côté des assaillants, il y aurait une soixantaine de tués, selon plusieurs sources militaires consultées par RFI mercredi.

Cette attaque est en tout cas la plus meurtrière jamais enregistrée dans cette zone frontalière avec le Mali.

 ■ L’identité des assaillants

Ce jeudi soir, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque, selon l’organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (Etat islamique en Afrique de l’Ouest).

« C’est la zone d’action de l’État islamique, confirmait un peu plus tôt Wassim Nasr, spécialiste des groupes djihadistes à  France 24. En juillet dernier, c’était [ce groupe] qui fut responsable de la première attaque contre cette même base et qui a été revendiquée en tant que telle. Le mode opératoire à l’époque, c’était des kamikazes, puis des motos, appuyés par des tirs de mortiers », soit un scénario similaire à celui de mardi.

Certains experts ont aussi évoqué une possible coopération entre le groupe EI et le GISM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) d’Iyad Ag Ghali, fusion d’Aqmi (al-Qaïda), d’Ansar Dine, d’al-Mourabitoun et de la Katiba Macina.

Un scénario auquel ne croit pas Wassim Nasr : « Il y a une tolérance entre les deux groupes, le Sahel est la seule zone au monde où al-Qaïda et l’EI ne se confrontent pas. Mais je ne pense pas qu’ils conduisent des attaques coordonnées parce qu’ils n’en ont en fait pas besoin : al-Qaïda est très implantée là-bas, l’État islamique de plus en plus. L’attaque d’Indelimane [en novembre dernier] c’était l’État islamique, et c’est sa zone d’action. »

■ La réaction des autorités

Le Niger est toujours sous le choc de cet hécatombe militaire. Le président  Mahamadou Issoufou est rentré en catastrophe dans la nuit d’une conférence internationale en Égypte pour présider à Niamey, ce jeudi matin, une réunion du Conseil national de sécurité.

Ce conseil extraordinaire a débuté à 10h à la présidence. Tous les ministres concernés sont présents : celui de la Défense nationale, de l’Intérieur, des Finances et surtout toute la hiérarchie militaire, à commencer par le chef d’état-major général des armées, le général Ahmed Mohamed.

Trois jours de deuil national ont été décrétés pour ce vendredi, samedi et dimanche.

Gambie : le récit glaçant de l’exécution du cousin de l’ex- chef d’État

La Commission vérité et réconciliation auditionne les anciens hommes de main de Yahya Jammeh, surnommés les « Junglers ». Omar A. Jallow, entendu pendant deux jours, a avoué avoir participé à au moins 48 assassinats. Il avait été arrêté en mai 2017 avec d’autres Junglers. Aujourd’hui, ils sont 6 comme lui en détention dans l’attente d’un procès. Si procès il y a, Omar A. Jallow devra répondre de nombreux crimes.

Omar A. Jallow a fini par demander de l’aide à l’avocat général. Il ne se souvenait plus du nom de toutes ses victimes. Au moins 48 personnes ont été tuées avec son assistance. Assassinat d’un groupe de migrants ghanéens, exécutions extrajudiciaires de prisonniers ou encore le meurtre d’Haruna Jammeh, cousin du dictateur. Il a été tué pour une sombre histoire de vengeance dans une mise en scène effroyable, mimée et racontée par Omar Jallow.

Omar Jallow : « On a pris une corde que l’on a enroulée autour du cou d’Haruna et on l’a fait tomber par terre. Sanna Manjang nous a demandé de tirer chacun un bout de la corde. Lui était assis sur le toit de la voiture, d’où il a sauté pour écraser le cou d’Haruna qui est mort dans l’instant ».

Essa Faal (avocat général) : « Vous mangiez régulièrement chez lui ? ».

Omar Jallow : « Oui votre honneur ».

Essa Faal : « C’était votre ami ? ».

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Essa Faal : « Il vous venait en aide ? »

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Essa Faal : « Et pourtant, vous l’avez exécuté de sang-froid ? »

Omar Jallow : « Oui, votre honneur ».

Le corps d’Haruna Jammeh a été jeté dans un puits devenu au fur à mesure une fosse commune où s’entassent plusieurs corps de victimes en Casamance.

Les enquêteurs de la Commission vérité mènent des recherches pour retrouver les différents lieux d’enterrement. Des victimes ont notamment été décapitées, brûlées et enterrées dans le jardin de Yahya Jammeh à Kanilai.

Par RFI