avril 2020 - Page 12 sur 20 - Journal du niger

Coronavirus: Alger et Rabat prolongent les mesures de confinement

Les autorités algériennes et marocaines ont annoncé samedi la prolongation des mesures de confinement mises en place pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19, respectivement jusqu’au 29 avril et jusqu’au 20 mai.

A Alger, le Premier Ministre Abdelaziz Djerad a « reconduit pour une période supplémentaire de dix jours, jusqu’au 29 avril, le dispositif de confinement ainsi que l’ensemble des mesures préventives », selon un communiqué officiel.

Il a souligné « la nécessité de respecter les règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d’hygiène (…) » et mis en garde contre leur non-respect.

Un confinement total a été imposé dans la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie en Algérie. Un confinement partiel, accompagné d’un couvre-feu, l’a été dans les 47 autres wilayas du pays.

Selon des chiffres officiels, 367 décès ont été recensés jusque-là en Algérie. Au total 2.534 cas ont été officiellement déclarés.

L’Algérie (44 millions d’habitants) est le pays d’Afrique qui déplore le plus grand nombre de décès devant l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud.

A Rabat, les autorités ont annoncé la prolongation jusqu’au 20 mai de « toutes les mesures de précaution et de restriction (…) de l’état d’urgence sanitaire ».

Selon un communiqué des ministères de l’Intérieur et de la Santé, « les services compétents continueront de garantir une offre suffisante répondant aux besoins de consommation (…), y compris les besoins du ramadan », le mois de jeûne musulman prévu à partir du 24 avril au Maroc.

Au Maroc, 2.670 cas de contamination ont été enregistrés officiellement, dont 137 décès. Mais à peine 13.000 tests ont été menés dans ce pays de 35 millions d’habitants.

Les autorités ont imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et verrouillé les frontières.

Le port du masque est obligatoire, sous peine de sanctions.

Des aides directes ont été mises en place pour les entreprises, salariés et travailleurs au noir affectés.

Selon la presse locale, des foyers de contagion ont été repérés dans une usine à Casablanca (ouest) et une base militaire près de Marrakech (sud).

Depuis l’apparition de la pandémie, plus de 41.000 personnes ont été interpellées et plus de la moitié déférées devant les parquets compétents pour non-respect des mesures d’exception, selon un bilan officiel.

Des dizaines de personnes accusées de diffuser des fausses informations liées au nouveau coronavirus sur les réseaux sociaux ont été interpellées. Vendredi, une femme a été condamnée à un an de prison ferme pour avoir nié l’existence de la maladie dans une vidéo sur YouTube.

Autre pays d’Afrique du nord, la Tunisie a annoncé son intention de prolonger le confinement général au delà du 19 avril, mais sans préciser jusqu’à quand.

Encouragées par Trump, les manifestations anti-confinement se multiplient aux Etats-Unis

New Hampshire, Maryland, Texas: des manifestations demandant la levée des mesures de confinement face au coronavirus ont agité samedi plusieurs villes à travers les Etats-Unis, encouragées la veille par Donald Trump, accusé d’attiser les divisions.

Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit Etat du New Hampshire (1,3 million d’habitants), relativement épargné par l’épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain Chris Sununu y a ordonné un confinement au moins jusqu’au 4 mai.

« Les chiffres mentent », ou « Rouvrez le N.H. », disaient certaines pancartes brandies par les manifestants, au milieu de drapeaux américains. Parmi eux figuraient des hommes en cagoules et armés, a constaté l’AFP.

« Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu’il faut », mais « les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire », a indiqué à l’AFP Skip Murphy, 63 ans, électeur de Donald Trump.

A Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l’AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. « La pauvreté tue aussi », disait une pancarte, « je n’obéirai pas à des décrets illégaux », disait une autre.

A Austin, capitale du Texas, Etat le plus peuplé après la Californie, ils étaient environ 250, armés de pancarte dénonçant notamment « l’effondrement économique » précipité par la mise à l’arrêt de toutes les activités non « essentielles », qui a fait exploser le nombre de chômeurs et fait perdre à beaucoup tout revenu.

Owen Shroyer, présentateur du site proche de l’extrême droite Infowars, avait appelé ces derniers jours à y participer, avant de voir son compte Twitter suspendu vendredi.

Si ces rassemblements semblaient réunir beaucoup de partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations n’étaient pas politiques.

Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.

« Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir », a-t-elle dit à l’AFP.

« Cela n’a rien à voir avec Trump ou avec les gouverneurs démocrates ou républicains », a affirmé Skip Murphy à Concord. « C’est pour dire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et que le confinement doit s’arrêter là où il n’a pas de sens ».

– « Ne pas politiser l’émotion » –

De telles manifestations se sont multipliées ces derniers jours à travers les Etats-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 715.000 cas et 37.000 morts, alors que le chômage explose et que beaucoup de gens ont perdu leurs revenus, dans un pays au filet de protection sociale limité.

La plus importante à ce jour s’est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé les mesures de confinement de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

Le président Trump, qui ne cache pas sa hâte de « rouvrir » l’économie du pays tout en laissant les gouverneurs de chaque Etat décider quand et comment lever les restrictions, a appelé vendredi à « libérer » du confinement trois Etats gérés par des gouverneurs démocrates – Michigan, Minnesota et Virginie.

Le gouverneur de l’Etat de New York, le plus touché par l’épidémie avec plus de 236.000 cas confirmés et un ordre de confinement en vigueur au moins jusqu’au 15 mai – malgré un nombre de morts journaliers en baisse – a reconnu samedi que certains Etats, moins affectés, pouvaient adopter des stratégies de relance de l’économie plus rapide que la sienne.

« Les chiffres dictent les stratégies », a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo lors d’un point presse.

Mais il a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump et de certains responsables républicains qui critiquent le confinement prolongé par les gouverneurs démocrates.

Le confinement est « émotionnellement difficile, et économiquement désastreux », a-t-il souligné. Mais « comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre, » a-t-il martelé.

burs-cat/la

Un hôtel emblématique de l’âge d’or du Liban tire sa révérence

Un hôtel emblématique de l’âge d’or du Liban, Le Bristol, qui a accueilli des monarques et survécu à la guerre civile, a fermé ses portes sur fond de marasme économique amplifié par le nouveau coronavirus.

Le Liban connaît depuis des mois sa pire débâcle financière depuis la fin de la guerre (1975-1990), aggravée par les mesures de confinement visant à endiguer la propagation de la maladie Covid-19.

Cette double crise a poussé les propriétaires du Bristol à fermer l’hôtel, a indiqué samedi à l’AFP son directeur général, Joseph Coubat.

« C’est à cause de la situation économique qui devient insupportable. Avec maintenant le corona et les problèmes financiers dans le pays, le taux d’occupation est tombé à un niveau très bas. »

Le Bristol est fermé depuis le 15 mars mais la décision de le fermer définitivement a été annoncée samedi.

Fondé en 1951, l’hôtel situé dans le quartier Hamra à Beyrouth, a hébergé durant ses années de gloire de nombreuses célébrités. Parmi elles, l’ancien Chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi et son épouse la princesse Soraya, l’aviateur américain Charles Lindbergh, le trompettiste de jazz américain Dizzie Gillespie et l’ancien président français Jacques Chirac.

Conçu par le décorateur français Jean Royère, Le Bristol a abrité la première salle de bal de Beyrouth et la toute première patinoire du pays, transformée ensuite en salle de conférence.

L’hôtel n’avait jamais auparavant fermé ses portes, même durant les années sombres de la guerre, servant au contraire de QG pour les journalistes étrangers.

Entre 2013 et 2015, l’établissement avait provisoirement suspendu ses services pour des travaux de rénovation.

L’activité hôtelière a commencé à battre de l’aile à partir de l’automne 2019, selon M. Coubat, dans le sillage de la crise économique et d’un mouvement de contestation inédit contre le pouvoir accusé de corruption et d’incompétence.

Il y a eu des annulations de réservations et de conférences en cascade, a-t-il expliqué. La pandémie du Covid-19 a constitué le coup de grâce avec notamment la fermeture de l’aéroport.

« C’est catastrophique. Il faut maintenant que les responsables se mettent vraiment à réfléchir à un plan de sauvetage », a dit M. Coubat.

Le Liban croule sous une dette colossale et la monnaie nationale a perdu la moitié de sa valeur dans les bureaux de change face au dollar.

Virus: sentiments partagés à Téhéran sur une reprise de l’activité économique

Avec la reprise partielle de l’activité économique à Téhéran samedi, les habitants sont partagés entre peur de la maladie Covid-19 et nécessité de reprendre le travail: un impératif « financier » pour certains, un « deuxième coronavirus » pour d’autres.

« Je ne pense pas que la situation soit sûre à l’heure actuelle », estime Réza Jafari, qui a repris le travail dans un petit entrepôt vendant des sacs à mains dans le centre de la capitale iranienne.

« Mais il fallait que je revienne travailler pour des raisons financières », déclare à l’AFP ce vendeur de 32 ans. « Si j’avais eu le choix, je ne serais pas venu, mais si la boutique reste fermée plus longtemps, nous risquons d’être licenciés ».

Avec plus de 5.000 décès provoqués par le nouveau coronavirus sur quelque 80.000 cas officiellement déclarés, l’Iran est de loin le pays du Proche et Moyen-Orient le plus touché par la pandémie de Covid-19.

Et certains, à l’étranger comme à l’intérieur du pays, estiment que les chiffres du gouvernement sont largement sous-estimés.

Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités avaient ordonné mi-mars la fermeture de toutes les activités économiques non-essentielles.

Le 11 avril, elles ont autorisé les activités « à faible risque » de propagation du virus -petits commerces et petites entreprises surtout- à rouvrir dans les provinces. Elles ont étendu la mesure à Téhéran samedi.

– « Deuxième coronavirus » –

Ecoles, universités mosquées, sanctuaires chiites, cinémas, stade et autres lieux de regroupement restent néanmoins fermés dans tous le pays.

Conséquence du rétablissement de sanctions américaines contre la République islamique d’Iran en 2018, le PIB iranien a plongé de 7,6% en 2019 et devrait encore reculer de 6,0% en 2020, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI).

Face au double défi des sanctions et de la crise sanitaire, et pour éviter le pire à l’économie meurtrie, le gouvernement iranien fait le pari qu’il peut mener de front reprise graduelle de l’activité et lutte contre l’épidémie.

De toute façon, a déjà prévenu le président Hassan Rohani, « il n’y a pas d’autre possibilité ».

A quelques rues de l’entrepôt où travaille M. Jafari, le Grand Bazar, normalement coeur battant de l’économie locale, reste mort.

De nombreux commerçants pestent devant les rideaux baissés de leur boutique. Affirmant n’avoir pas l’autorisation d’ouvrir avant le 1er mai, ils dénoncent une mesure qualifiée d’inique.

Aux termes des directives pour Téhéran, seuls peuvent ouvrir pour l’instant les boutiques donnant sur la rue, pas celles dans un espace couvert comme le bazar.

« Il vaudrait mieux que je sois mort », s’emporte Mortéza, 30 ans, qualifiant l’interdiction d’ouvrir de « deuxième coronavirus » pour lui.

– « On devient fou! » –

« Comment pourrais-je continuer à rester à la maison ? Je dois nourrir ma famille », déclare à l’AFP Hamdollah Mahmoudi, employé d’une boutique du bazar âgé de 45 ans. « On devient fou sans travailler! ».

Avec le coronavirus, les petits commerçants ont pris un coup énorme: les ventes qu’ils espéraient avant la fête de Norouz -le Nouvel An iranien, célébré cette année, dans la morosité, le 20 mars-sont parties en fumée alors que c’est traditionnellement le pic de leur activité, une période qui leur permet de se maintenir à flots.

Kawan Ghané, opticien de 36 ans installé dans l’ouest de la capitale, juge lui qu’il est encore trop tôt pour rouvrir son magasin.

Il dit être terrifié à l’idée de devoir « examiner quelqu’un, de près, qui pourrait être contaminé ». « Mais je serai bien obligé un jour ou l’autre de reprendre le travail compte tenu de ma situation financière ».

Au contraire, Ali Yousséfi, un commerçant du Bazar, appelle « tous les responsables à autoriser la réouverture de tous les commerces ».

Contraint de maintenir fermé son comptoir de vente de pistaches et fruits secs, il estime que « tout ce qu’il faut faire, c’est respecter les protocoles sanitaires » définis par les autorités « et tout le monde fait ce qu’il faut pour cela ».

Comme ces vendeurs d’un magasin de prêt-à-porter du nord de Téhéran qui portent masques et gants de protection. A la différence de leurs clients.

Cinq choses à savoir sur le Lesotho

Le Lesotho, agité par un rocambolesque feuilleton politico-judiciaire impliquant le Premier ministre, est un petit royaume montagneux enclavé au coeur de l’Afrique du Sud à qui il fournit une bonne partie de son eau.

– « Royaume dans le ciel » –

Surnommé le « royaume dans le ciel », le Lesotho est connu pour la beauté de ses paysages montagneux. Plus de 80% du pays (30.355 km2) sont situés à une altitude supérieure à 1.800 mètres. Son point culminant est le mont Thabana Ntlenyana (3.482 m).

Les Basotho, peuple bantou d’Afrique australe, sont très largement majoritaires. Environ 80% de la population sont chrétiens.

La capitale, Maseru, est la plus grande ville du pays (250.000 habitants). Les deux langues officielles sont l’anglais et le sotho.

– Histoire mouvementée –

Ancien protectorat britannique, le Lesotho devient indépendant en 1966, année du couronnement du roi Moshoeshoe II.

Quatre ans plus tard, le roi est contraint à un exil de quelques mois par son Premier ministre, marquant le début de plus de deux décennies de troubles et de gouvernements militaires.

En 1990, le souverain est remplacé par son fils, Letsie III.

La victoire écrasante du Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), en 1998, est violemment contestée. Le risque d’un « coup d’Etat » est invoqué pour justifier une intervention militaire de l’Afrique du Sud et du Botswana. Les affrontements font 75 morts, Maseru est dévastée.

En 2014, le pays est de nouveau déstabilisé par un coup d’Etat manqué. L’année suivante, le Premier ministre Thomas Thabane est battu aux élections. Après deux ans d’exil, il remporte les élections législatives anticipées en 2017.

Mais deux jours avant son investiture, son épouse Lipolelo Thabane, avec qui il est en instance de divorce, est assassinée. Deux mois plus tard, Thomas Thabane se remarie.

Début février 2020, l’affaire connaît un rebondissement spectaculaire avec l’inculpation de la nouvelle femme du Premier ministre, pour complicité de meurtre. Mis en cause dans l’affaire, Thomas Thabane qui a annoncé sa démission au plus tard fin juillet, comparaît le 24 février devant la justice et son dossier est renvoyé devant la Haute Cour sans qu’il soit formellement inculpé.

– Dépendance sud-africaine –

Le Lesotho a la particularité d’être complètement enclavé au milieu de l’Afrique du Sud.

Pays pauvre de 2,1 millions d’habitants, il importe de la nourriture de chez son puissant voisin qui attire également une bonne partie de sa population à la recherche d’un emploi.

De son côté, l’Afrique du Sud compte sur les abondantes réserves en eau du royaume. Le barrage de Katse (centre) approvisionne en électricité les villes de Pretoria et Johannesburg.

Près de la moitié des revenus des ménages provient des transferts financiers de migrants employés en Afrique du Sud, notamment dans le secteur minier.

Le Lesotho dispose aussi de quelques mines de diamants.

– 54 ans d’espérance de vie –

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23,8% de la population et un manque criant de services publics, le Lesotho fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Il est actuellement sous confinement total pour cause de pandémie de coronavirus, mais aucun cas de contamination n’y a été officiellement rapporté.

Le pays et son agriculture sont très exposés aux aléas climatiques et à la sécheresse. Près de 75% de la population vit en milieu rural et dépend directement de l’agriculture et de l’élevage. 50% de la population souffrent d' »insécurité alimentaire grave », selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

En 2018, l’espérance de vie y était seulement de 54 ans (Banque mondiale).

– Pionnier du cannabis médical –

En 2017, le pays est le premier en Afrique à autoriser la culture du cannabis médical.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 70% du cannabis en Afrique du Sud provient du Lesotho où la marijuana est la troisième source de revenus.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre contesté du Lesotho Thomas Thabane a fait descendre samedi l’armée dans les rues du petit royaume pour « restaurer l’ordre », nouvel épisode de la crise politique causée par son implication dans le meurtre de son ex-épouse.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné cet assassinat, M. Thabane, 80 ans, résiste bec et ongles depuis des semaines aux appels à la démission lancés par son propre parti et par l’opposition.

De plus en plus menacé, le chef du gouvernement a repris l’initiative samedi en annonçant avoir « déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation (…) et restaurer l’ordre et la paix ».

Dans un discours surprise prononcé à la radio et à la télévision nationales, il a accusé, sans les citer, « certaines personnes et institutions » de « s’en prendre aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Des soldats équipés de casques et de gilets pare-balle patrouillaient samedi à pied ou à bord de véhicules blindés les rues de la capitale Maseru.

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale. « Ils sont pour l’instant détenus à la caserne de Makoanyane », a-t-elle ajouté.

L’intervention des militaires intervient au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle qui a annulée la suspension des travaux du Parlement ordonnée par le Premier ministre.

– ‘Paix en péril’ –

Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane.

« Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC), qui a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

« Le Premier ministre a perdu le contrôle de la situation car il ne se comporte plus en Premier ministre », a commenté auprès de l’AFP le politologue Motlamelle Kapa, de l’université du Lesotho. « Nous assistons à un combat entre (M. Thabane) et la police et la justice, qui essaient de faire rendre des comptes à l’exécutif ».

La crise qui secoue le Lesotho a débuté il y a plusieurs mois avec la mise en cause de M. Thabane dans l’assassinat, le 14 juin 2017 quelques jours avant son arrivée au pouvoir, de sa femme Lipolelo Thabane, avec laquelle il était en instance de divorce.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution. M. Thabane devait l’être prochainement.

La révélation de l’affaire a suscité une onde de choc politique. Le parti de M. Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), lui a retiré son soutien et exige depuis sa démission. Le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer aussitôt et promis en février de quitter ses fonctions « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge.

Pour hâter son départ, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

– ‘Actes terroristes’ –

Le Premier ministre avait alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Parlement a également adopté une loi lui interdisant d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

Prétextant la lutte contre la pandémie de coronavirus, M. Thabane a ordonné la suspension pendant trois mois de la représentation nationale.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane à l’audience.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été rapporté.

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Algérie/virus: « trop tôt » pour crier victoire (syndicat de la santé)

Si l’Algérie est le pays d’Afrique à déplorer le plus grand nombre de décès sur son sol (364) en raison de la pandémie de Covid-19, des spécialistes assurent néanmoins que le pire de la crise est passé.

Mais pour le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), « il est encore trop tôt pour se prononcer ».

QUESTION: Certains experts affirment que l’Algérie a dépassé le pic de l’épidémie et que la situation s’améliore. Qu’en est-il sur le terrain?

REPONSE: Ceux qui font ces déclarations se basent sur les données recueillies et annoncées pour les dernières 72 heures. Personnellement, je considère qu’il faut plus de recul et de données pour pouvoir évaluer objectivement la situation épidémique.

Certes, la situation s’est légèrement améliorée en termes de nombre de nouveaux cas enregistrés, mais la courbe est toujours ascendante, avec une diffusion sur tout le territoire.

Un autre élément de taille est notre capacité très limitée dans le dépistage, reconnue par le ministre (de la Santé Abderahmane Benbouzid) lui-même.

Cela confirme qu’il y a une sous-estimation de la situation sanitaire par rapport au nombre de cas réels.

En sachant que pour un cas confirmé de maladie Covid-19, il est établi une contagiosité de deux à trois personnes-contacts, qui peut augmenter si les mesures de confinement, de distanciation sociale et d’hygiène ne sont pas respectées.

En résumé, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Q: Vous exercez dans un établissement de santé publique de la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie et en confinement total. Quelle est la situation?

R: A Blida, le chef-lieu de la région, on relève que la tension a baissé comparé à il y a deux semaines, d’après les témoignages des médecins dans différents services tels que les urgences, les services d’hospitalisation (dédiés à la maladie) Covid-19 ou de réanimation.

Le flux de malades a aussi légèrement régressé, car une proportion importante des cas confirmés est soumise à un confinement sanitaire à domicile.

Par contre, il faut relever que la contagion est en train de se diffuser, et de manière inquiétante, dans d’autres territoires de la préfecture, à l’ouest et à l’est.

On risque d’avoir à gérer une autre flambée dans la wilaya si les mesures de confinement ne sont pas observées, voire renforcées.

Q: Disposez-vous de moyens suffisants pour faire face, et quid de la réforme du système de santé réclamée par tous?

R: La situation s’est améliorée au plan de la dotation en matériel et équipements de protection pour l’ensemble des personnels de santé. Reste le problème de la régularité dans leur distribution et des quantités, sachant qu’il s’agit généralement de produits jetables.

En outre, une attention particulière doit être accordée aux structures sanitaires extra-hospitalières.

En tant que partenaire social représentant le corps médical du secteur public, nous soulevons le problème de la prise en charge psychologique des personnels de santé mobilisés depuis plus de six semaines dans cette guerre contre la pandémie de Covid-19, avec le risque avéré de la contamination, de la maladie et de la mort.

Quant à la révision du système de santé, la question de la complémentarité et de la solidarité entre services public et privé est posée de manière aiguë dans ces moments de crise sanitaire majeure.

Cette relation a toujours été entretenue dans une logique de maîtrise des dépenses d’investissement et de financement de la structure publique au profit du secteur privé.

Ce dernier s’est installé rapidement et de manière anarchique dans l’espace des soins, créant un déséquilibre dangereux pour le libre accès aux diverses prestations, en l’absence d’un cadre réglementaire qui contractualise la coordination entre malade et médecin, d’une part, et entre les deux secteurs d’autre part.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Le Zimbabwe fête le 40e anniversaire de son indépendance confiné et en crise

Le président Emmerson Mnangagwa a célébré samedi le 40e anniversaire de l’indépendance du Zimbabwe en assurant ses compatriotes que le pays triompherait de la crise économique et de la pandémie de coronavirus.

« A l’heure où nous célébrons le passé et embrassons l’avenir, je vous assure qu’ensemble nous traverserons cette épreuve », a lancé M. Mnangagwa lors d’un discours diffusé à la radio et à la télévision nationale.

« Bien que séparés physiquement, nous sommes unis en esprit », a-t-il ajouté, « dans l’unité, l’amour et la détermination commune, rien ne peut nous abattre ».

Le Zimbabwe est plongé quasiment à l’arrêt depuis deux semaines par de strictes mesures de confinement sanitaire ordonnées pour ralentir la progression du Covid-19. Les autorité ont jusque-là rapporté 24 cas de contamination, dont deux mortels.

Le gouvernement comme sa population redoutent l’impact désastreux de la crise sanitaire mondiale sur le pays, usé par vingt ans d’une crise économique catastrophique.

« Pour nos pères fondateur et nos vaillants héros et héroïnes, le devoir patriotique consistait à combattre pour la liberté. Aujourd’hui, notre tâche consiste, à cause du Covid-19, à rester chez nous, à garder nos distances et à nous laver les mains », a déclaré le chef de l’Etat.

« Nous devons en outre produire, produire et produire. C’est ainsi que nous célébrons notre indépendance, en sauvant des vie et notre économie », a-t-il poursuivi.

Les 15 millions de Zimbabwéens peinent à assurer le quotidien dans un pays frappé par le chômage de masse, l’inflation galopante et les pénuries de produits de base.

– Mugabe oublié –

Plusieurs années de sécheresse ont encore aggravé la situation. Selon l’ONU, près d’un tiers de la population (4,4 millions d’habitants) se trouve aujourd’hui dans une situation « d’insécurité alimentaire aigüe » qui requiert une aide d’urgence des pays donateurs.

Samedi, M. Mnangagwa a exhorté les pays occidentaux à lever les sanctions économiques imposées à son pays par les pays occidentaux en raison des violations des droits humains sous le règne de Robert Mugabe.

« Elles sont illégales et font souffrir notre peuple, le Zimbabwe ne les mérite pas », a-t-il estimé.

Décédé en septembre dernier, M. Mugabe a été contraint à la démission fin 2017 après trente-sept ans de règne par un coup de force de l’armée, qui a installé Emmerson Mnangagwa dans son fauteuil de président.

Ce dernier a rendu samedi hommage aux « vaillants combattants » de la guerre d’indépendance sans citer le nom de Robert Mugabe.

L’opposition a répondu samedi au discours du chef de l’Etat, qu’elle accuse d’avoir perpétué le régime autoritaire de son prédécesseur, en dénonçant son bilan.

« Il est triste de constater aujourd’hui que, si le Zimbabwe est politiquement indépendant, son peuple n’est pas libre », a déploré Luke Tamborinyoka, un porte-parole du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

« Nous restons enchaînés à des pénuries gigantesques, prisonniers et incapables de nous exprimer librement dans notre pays censé être indépendant », a-t-il ajouté.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.