février 2020 - Page 20 sur 49 - Journal du niger

Coronavirus en Italie: Codogno entame sa quarantaine

« Ne vous bousculez pas », dans la file d’un des uniques supermarchés ouverts à Codogno, dans le nord de l’Italie, l’angoisse est palpable alors que la police a commencé à fermer le périmètre autour d’une dizaine de villes des alentours.

Trois voitures surveillent l’entrée de Codogno, petite ville de 15.000 habitants environ à une soixantaine de kilomètres au sud de Milan.

« Nous préparons la mise en place des points de contrôle de la zone de confinement », explique à l’AFP une jeune policière qui commande l’équipe.

« Ce sera d’abord un périmètre relativement étroit, les communes touchées par l’épidémie, mais par la suite le périmètre pourrait s’élargir », dit-elle.

Les forces de l’ordre seront nombreuses à être déployées dans cette zone pour assurer le respect de la décision annoncée samedi soir par le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte: on n’entre pas, on ne sort pas de la zone contaminée, sauf dérogation spéciale.

« Nous sommes au total une dizaine d’équipes de la police criminelle, donc rien à voir avec ce genre de situation, mais on a fait appel à nous, de Bologne, de Turin, de Gênes, pour donner un coup de main », poursuit la policière.

Selon cette même source, ce seront des unités de la police financière (GDF), un autre corps de police, qui s’occuperont par la suite des points de contrôle.

« S’il vous plaît, ne vous bousculez pas, nous avons la volonté de servir tout le monde mais pas en même temps. Je compterai 40 personnes, pas 40 chariots mais 40 personnes, qui pourront entrer, puis au fur et à mesure que des personnes sortent d’autres pourront entrer », annonce un responsable d’un supermarché Lidl à une cinquantaine de personnes plantées devant l’entrée.

– « Eviter le chaos » –

La scène se passe à Casalpusterlengo, une petite commune aux portes de Codogno, considéré comme « l’épicentre du foyer » d’épidémie détecté en Lombardie (région de Milan), devant un supermarché qui n’a ouvert que vers 09H30 GMT (10H30 locales.

« Notre objectif est d’éviter le chaos et de tous se protéger. Tout le monde pourra faire ses courses », ajoute le responsable non identifié.

« C’est inhumain, se battre pour quatre sandwiches c’est tout simplement dégueulasse », se désole Sante, la cinquantaine, assis dans sa voiture sur le parking du supermarché, très remonté contre le gouvernement.

« Je leur souhaite tout le mal possible, si je pouvais j’irais à Rome leur donner des coups de pied aux fesses », ajoute Sante.

Une femme dans la file tente de tranquilliser les gens autour d’elle: « le virus n’est pas mortel, si on s’en occupe à temps, on guérit ».

« Moi j’ai très peur, on vit une situation vraiment pesante », confie à l’AFP-TV Emanuela, une infirmière qui travaille dans la zone et cherche à faire ses courses.

Casalpusterlengo héberge un site de la multinationale Unilever où travaille le cadre de 38 ans, considéré comme le « patient 1 » qui a déclenché l’épidémie dans cette zone.

Sa femme enceinte de 8 mois est contaminée, ainsi qu’un ami avec lequel il jouait au foot, des habitués d’un bar appartenant à la famille de cet ami, des médecins qui l’ont soigné et des patients de l’hôpital de Codogno où il se trouvait de mercredi à samedi.

Environ 52.000 habitants de 11 villes dans le nord de l’Italie sont depuis dimanche en quarantaine, avec interdiction d’entrer et sortir de leur zone, après une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus et les deux premiers décès d’Européens sur le continent.

Le gouvernement a adopté samedi soir un décret-loi très strict qui met à l’isolement 11 villes, 10 en Lombardie autour de Codogno, et 1 à Vo’ Euganeo, près de Padoue en Vénétie (région de Venise, nord-est), où est décédé le tout premier mort italien vendredi soir.

Xi Jinping: le coronavirus, plus grave urgence sanitaire en Chine depuis 1949

Le coronavirus constitue « la plus grave urgence sanitaire » à frapper la Chine depuis la fondation du régime communiste en 1949, a déclaré dimanche le président Xi Jinping, tout en reconnaissant « des lacunes » dans la réponse à l’épidémie.

« Il faut tirer les leçons des lacunes manifestes qui sont apparues en réponse à l’épidémie », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par la télévision nationale.

L’épidémie de pneumonie virale, qui a contaminé près de 77.000 personnes en Chine, dont plus de 2.400 mortellement, « est une crise, une grande épreuve pour nous », a-t-il lancé lors d’une réunion rassemblant les plus hauts dirigeants du pays.

Le régime a fait face ces dernières semaines à une vague de mécontentement inhabituelle pour avoir tardé à réagir à l’apparition d’un nouveau virus en décembre.

Un médecin, qui avait été réprimandé par la police pour avoir donné l’alerte, est mort du virus début février, générant de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux et même des appels en faveur de la liberté d’expression.

La Chine avait déjà été le berceau en 2002-3 d’une épidémie de Sras (Syndrome respiratoire aigü sévère) qui avait tué quelque 650 personnes dans le pays, y compris Hong Kong.

En comparaison, la maladie Covid-19 s’avère « très difficile à prévenir et à maîtriser », a déclaré le numéro un chinois .

En réaction, son gouvernement a placé de facto en quarantaine il y a un mois exactement la ville de Wuhan, berceau du virus, avec ses 11 millions d’habitants.

L’épidémie, qui s’est répandue dans une trentaine de pays et territoires, a entraîné un fort ralentissement de l’économie chinoise.

Xi Jinping a reconnu qu’elle aurait « inévitablement un fort impact sur l’économie et la société » mais assuré que ses effets seraient « de court terme » et maîtrisables.

Les 274 rescapés secourus par l’Ocean Viking débarqués en Sicile

Les 274 personnes secourues récemment au large de la Libye par le navire de secours en mer Ocean Viking débarqueront en Sicile où elles seront placées en quarantaine, ont annoncé dimanche l’ONG SOS Méditerranée et le ministère de l’Intérieur italien.

Par mesure de précaution, « les migrants seront maintenus en quarantaine » dans la ville sicilienne de Pozzallo et le personnel du navire isolé à bord « aussi longtemps que nécessaire », a précisé dimanche dans un communiqué le ministère de l’Intérieur italien sans donner davantage de précision.

L’Italie fait face à une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus. Une dizaine de villes du nord du pays sont dimanche en quarantaine, avec interdiction d’entrer et de sortir. Le nombre de cas s’élève désormais à « plus de 100 », selon le président de la région Lombardie Attilio Fontana.

« Soulagement à bord de l’OceanViking ce matin alors qu’on annonce aux rescapés – secourus lors de 3 opérations distinctes cette semaine – que l’Italie vient de leur assigner un lieu sûr », a tweeté dimanche SOS Méditerranée, affréteur du navire en partenariat avec Médecins sans frontières.

« Le navire est maintenant en route pour Pozzallo en Sicile pour le débarquement », poursuit l’ONG basée à Marseille.

Mardi au petit matin, l’Ocean Viking avait secouru 84 personnes fuyant la Libye puis 98 autres en fin de journée. Le lendemain le navire avait également porté secours à 92 personnes en détresse dans une embarcation pneumatique.

Présidentielle au Togo: un opposant dénonce des « fraudes » et « irrégularités »

L’opposant togolais Agbéyomé Kodjo, candidat à la présidentielle de samedi au Togo face au président sortant Faure Gnassimgbé en lice pour un 4e mandat, a dénoncé un scrutin « entaché d’irrégularités ».

« Vu les dénonciations de fraudes qui ont émaillé ce scrutin, il est impossible au candidat sortant – le président Faure Gnassingbé – d’être élu au 1er tour », a déclaré M. Kodjo à la presse dans la nuit de samedi à dimanche.

« J’ai la conviction que dans la semaine à venir, je dirigerai ce pays », a-t-il ajouté, dénonçant un scrutin « émaillé de nombreuses irrégularités ».

Candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD), M. Kodjo, ancien Premier ministre devenu opposant, a créé la surprise en arrivant largement en tête dans de nombreux bureaux de vote de Lomé, dans les quartiers traditionnellement acquis à l’opposition, selon des résultats partiels.

Il a affirmé avoir une large avance dans les régions Maritime (Sud) et Plateaux (centre-sud), être au coude à coude le parti au pouvoir Union pour la République (Unir) dans le centre et avoir réalisé de très bons scores dans les Savanes (nord).

Considéré comme un outsider, Agbéyomé Kodjo a fait une bonne campagne et a enregistré de nombreux soutiens, dont celui l’ancien archevêque de Lomé, Mgr Kpodzro.

Tous deux ont vu leur domicile encerclé par les forces de l’ordre pendant plusieurs heures après la fermeture des bureaux de vote, le gouvernement assurant agir « pour leur propre sécurité ».

La société civile a relevé quelques bourrages d’urnes et noté que certains représentants de l’opposition n’avaient pas eu accès à plusieurs bureaux de vote.

Internet a en outre été coupé sporadiquement dans le pays, mais le scrutin s’est déroulé dans le calme.

L’opposition s’est présentée en rang divisé et le leader traditionnel de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement, a très vite reconnu sa défaite.

Si aucun des candidats n’obtient la majorité des voix, un second tour doit être organisé quinze jours après la déclaration des résultats attendus à partir de lundi, mais ce scénario reste peu probable face à un parti au pouvoir bien implanté dans le pays.

Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassigbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans.

Procès Fillon: ce qu’il est reproché aux prévenus

François Fillon, son épouse Penelope et son ancien suppléant à l’Assemblée Marc Joulaud sont jugés dès lundi à Paris dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la femme de l’ex-Premier ministre.

Voici ce que la justice leur reproche:

– Une « discrète » collaboratrice parlementaire –

François Fillon et son ex-suppléant Marc Joulaud, qui ont salarié Mme Fillon comme collaboratrice permanente lorsqu’ils étaient députés de la Sarthe pour des prestations jugées « fictives ou sur-évaluées », sont renvoyés pour « détournement de fonds publics ». Penelope Fillon est jugée pour complicité et recel de ce délit.

Elle aurait perçu 1,054 million d’euros pour des contrats de 1998 à 2002, 2002 à 2007, puis 2012-2013.

Penelope Fillon, qui avait commencé à travailler pour son mari dès 1981, gérait son agenda local, le courrier parlementaire et rédigeait des mémos, soutient la défense. Cette collaboration était essentiellement « orale » et les notes manuscrites au fur et à mesure détruites.

Mais aux yeux des juges, les documents présentés comme « preuves » d’un travail effectif s’apparentent davantage aux « faits et gestes banals » d’une « épouse et mère de famille ».

Pour les magistrats, les époux Fillon ont tout fait pour « dissimuler » cette activité, connue d’un tout petit cercle. Ils jugent exagérés « l’argument de la +discrétion+ cultivée par Penelope Fillon ».

Une discrétion revendiquée par cette dernière, qui dans un entretien au « Sunday Telegraph » en 2007 assurait n’avoir « jamais été réellement » l’assistante de son mari « ou quelque chose de ce genre ». Cette mère de cinq enfants regrettait alors que ceux-ci ne la voient que comme une « maman » malgré ses diplômes.

Pire, selon les juges, l’emploi de Penelope Fillon auprès de Marc Joulaud, un fidèle nommé suppléant quand François Fillon était devenu ministre en 2002, n’était qu’une « contrepartie » et un moyen pour les Fillon « d’augmenter leurs revenus ». Elle était d’ailleurs mieux payée que son député.

– Les emplois des enfants –

François Fillon est aussi soupçonné d’avoir « accaparé » les fonds disponibles de son crédit collaborateur en employant successivement, de 2005 à 2007, ses deux aînés Marie et Charles comme assistants parlementaires alors qu’il était sénateur de la Sarthe.

Pour les magistrats, se pose là aussi la question de « la réalité » de leur travail, alors que Marie Fillon cumulait cet emploi avec un stage à plein temps dans un cabinet d’avocats et que son frère rédigeait un mémoire de DEA. Les salaires perçus, évalués à 117.400 euros, étaient reversés en grande partie à François Fillon.

Les enfants Fillon n’ont pas fait l’objet de poursuites. Leur mère est jugée pour recel.

– La conseillère littéraire mystère –

Sur le point de quitter Matignon, au printemps 2012, François Fillon avait sollicité son ami de plus de trente ans Marc Ladreit de Lacharrière, patron de la société Fimalac, pour qu’il emploie son épouse qui « s’ennuyait ».

Le milliardaire avait embauché Mme Fillon comme conseillère littéraire au sein La Revue des deux mondes. Censée réfléchir à la relance de ce titre qui périclitait, elle se proposait aussi de rédiger des notes de lecture. Seules deux seront publiées à l’automne 2012.

Pour les magistrats, cet emploi de conseillère était uniquement destiné à satisfaire la demande d’un « homme politique influent ». Le directeur de la revue et ses salariés ignoraient que Penelope Fillon était rémunérée comme telle et aucune trace de cette activité n’a été retrouvée. Elle la cumulait en outre avec un nouvel emploi d’assistante parlementaire de son époux, élu député de Paris, et avec une reprise d’études.

S’estimant « sous-employée », Penelope Fillon avait démissionné en décembre 2013, peu après avoir mis fin à sa collaboration parlementaire.

Marc Ladreit de Lacharrière a plaidé coupable pour un emploi en partie fictif, rémunéré à hauteur de 135.000 euros. Il a été condamné en décembre 2018 à huit mois d’emprisonnement avec sursis et 375.000 euros d’amende pour abus de biens sociaux.

Les époux Fillon comparaissent pour complicité et recel de ce délit.

– Le prêt « oublié » –

François Fillon est également jugé pour avoir omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) un prêt de 50.000 euros accordé par Marc Ladreit de Lacharrière en mai 2012.

Ce prêt, destiné à financer des travaux de rénovation de sa maison, avait été remboursé après le déclenchement de l’affaire.

L’ex-député, qui avait déclaré à la HATVP un prêt bancaire d’un même montant et ayant la même finalité, a dit ignorer qu’il fallait déclarer les prêts entre particuliers.

Coronavirus: nouveaux morts en Iran, le guide accuse l’étranger de propagande

L’Iran est devenu dimanche le pays où le nouveau coronavirus a fait le plus de morts hors de Chine avec huit décès, et le guide suprême iranien a accusé la presse étrangère d’avoir utilisé cette maladie comme un « prétexte » pour nuire aux législatives.

Le ministère de la Santé à annoncé la mort de trois nouveaux patients touchés par le COVID-19. Au total, il y a huit décès sur un total de 43 cas de contamination.

Les premiers cas en Iran et les deux premiers décès, survenus dans la ville sainte chiite de Qom au sud de Téhéran, ont été annoncés mercredi, deux jours avant les élections devant renouveler le Parlement.

« La propagande a commencé il y a quelques mois et s’est intensifiée à l’approche des élections et (tout particulièrement) les deux derniers jours (avant le scrutin) en utilisant le prétexte de cette maladie », a jugé dimanche le guide Ali Khamenei lors de son cours hebdomadaire à des étudiants en théologie à Téhéran.

Selon son site internet officiel, l’ayatollah Khamenei a dénoncé « l’énorme nuage (de désinformation, ndlr) créé par les médias étrangers » qui « n’ont pas manqué la moindre occasion de décourager les gens d’aller voter ».

Mais « malgré cette propagande », le « guide de la Révolution islamique a (rendu grâce) pour la participation massive de la population aux élections ».

Le ministère de l’Intérieur doit annoncer plus tard dans la journée les résultats définitifs du scrutin, qui avait été prolongé de six heures afin de permettre au maximum d’Iraniens de voter.

– Ecoles, lieux culturels fermés –

Aucun chiffre officiel sur la participation n’a encore été publié. Selon l’agence Fars, proche des ultraconservateurs, la participation tournait autour de 40% à l’heure de la fermeture initiale des bureaux de vote, avant la prolongation.

En amont du scrutin, de nombreux observateurs, à l’étranger et en Iran, avaient prédit une forte abstention après la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés.

Et selon les premiers résultats publiés samedi, les conservateurs sont en tête.

L’Iran a été le premier pays du Moyen-Orient à faire état de la mort de patients atteints du nouveau coronavirus.

Les deux premiers morts, à Qom, ont été présentés comme des Iraniens d’un âge avancé. La nationalité des autres personnes décédées ou contaminées n’a pas été précisée, ce qui laisse penser que celles-ci sont très vraisemblablement iraniennes.

En guise de « mesure préventive », les autorités ont annoncé la fermeture des écoles et universités, cinémas, théâtres et autres lieux culturels dans 14 des 31 provinces du pays.

La décision a d’abord été prise pour la province de Qom. La mesure touche désormais une bande de territoire s’étendant dans l’ouest et le nord du pays: sont ainsi concernées les provinces Markazi, Gilan, Ardabil, Kermanshah, Qazvin, Zanjan, Mazandaran, Golestan, Hamedan, Alborz, Semnan, Kurdistan et Téhéran.

Dans ces zones, tous les événements culturels et artistiques ont été interdits pour une semaine.

– Téhéran en « quarantaine »? –

Cité par la télévision d’Etat, le ministre de la Santé Saïd Namaki a annoncé la gratuité des soins liés à la maladie. Dans chaque ville, au moins « un hôpital sera consacré exclusivement » à l’accueil, au dépistage et au traitement « des cas de coronavirus ».

A Téhéran, où ont été détectés 4 des 15 nouveaux cas annoncés dimanche, la municipalité a ordonné la fermeture des fontaines à eau et des échoppes vendant des friandises dans le métro.

Gholamréza Mohammadi, porte-parole de la mairie, a indiqué que les bus et les rames de métro étaient en train d’être désinfectées.

« Si le nombre de personnes infectées augmente à Téhéran, la ville entière sera mise en quarantaine », a déclaré à la télévision Mohsen Hachémi, président du conseil municipal de la capitale, où ont fleuri des affiches incitant les gens à ne pas se serrer la main pour prévenir la diffusion du virus.

La capitale iranienne compte plus de 8 millions d’habitants.

Le chef du centre hospitalier universitaire de Qom, Mohammad Réza Ghadir, a lancé, lui, un appel à l’aide à la télévision: « nous sommes en première ligne. Nous avons besoin d’aide. Si je ne dois dire qu’une chose, c’est ceci: aidez Qom ».

Coronavirus: onze villes en quarantaine en Italie pour contenir une nouvelle épidémie

Les 52.000 habitants de 11 villes dans le Nord de l’Italie se sont réveillés dimanche en quarantaine, avec interdiction d’entrer et sortir de leur zone, après une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus et les deux premiers décès d’Européens sur le continent.

Le gouvernement a adopté samedi soir un décret-loi très strict qui met à l’isolement 11 villes, 10 en Lombardie (région de Milan, nord-ouest) et 1 près de Padoue en Vénétie (région de Venise, nord-est).

« Ni l’entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière », a annoncé le Premier ministre Giuseppe Conte, précisant qu’environ 52.000 personnes sont concernées.

Le principal foyer de ce qui pourrait être une épidémie autochtone de Covid-19 en Europe, inédite à cette échelle, se trouve autour de Codogno, une localité de 15.000 habitants dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là.

Arrivés de Milan par l’autoroute, des journalistes de l’AFP ont vu dimanche des voitures entrant et sortant de Codogno et du village voisin de Castelpusterlengo où une file s’est formée devant un supermarché Lidl. Les clients entrent par groupe de 40 personnes, pratiquement tous portent des masques.

Des policiers, appartenant à une dizaine de brigades venues de tout le Nord, ont expliqué à l’AFP qu’ils mettaient en place « un périmètre très large » autour des villes concernées qui permettra toutefois les déplacements des populations à l’intérieur de la zone.

Tout en appelant la population à observer une sorte d’auto-quarantaine, le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu’à trois mois de réclusion en cas d’infraction à ces limitations.

Samedi soir, le chef de la protection civile Angelo Borelli avait annoncé 76 cas nouveaux cas autochtones, dont les deux décès, venus s’ajouter à trois patients soignés à Rome (dont un guéri) qui avaient, eux, contracté ce virus de pneumonie virale hors d’Italie.

Mais dimanche, le président de la région Lombardie, Attilio Fontana, membre de la Ligue (extrême droite), a évoqué des chiffres supérieurs, avec « plus de 100 cas » dans le pays dont 89 en Lombardie, réclamant « des contrôles accrus aux frontières ». Et le patron de la région de Vénétie Luca Zaia a annoncé dimanche un bilan de 25 contaminés dont 19 autour du deuxième foyer italien identifié, le village de Vo’ Euganeo près de Padoue.

Le patient 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale américaine Unilever qui a un site important près de Codogno, à Castelpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés.

Sa maladie est un mystère car il est exclu qu’il ait été contaminé par l’un de ses amis revenu de Chine en janvier. « Sur la base des tests effectués, (l’ami) n’a pas développé les anticorps », a indiqué le ministre adjoint de la Santé, Pierpaolo Sileri.

Très sportif, le patient 1 a participé à plusieurs marathons début février. Involontairement, il a contaminé sa femme enceinte de 8 mois, un ami avec lequel il jouait au foot et trois habitués d’un bar local. Les autres cas du foyer sont des médecins, des aide-soignants, et des patients de l’hôpital de Codogno qui ont infecté leur entourage.

Fermeture de tous les lieux publics dont les entreprises et établissements scolaires, annulation d’événements culturels et sportifs et des excursions scolaires dans toute l’Italie et à l’étranger… Le gouvernement a pris les mesures de confinement pour tenter de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et de la Vénétie pour freiner l’épidémie.

Trois matches de championnat de Serie A prévus dimanche ont été reportés –Inter-Sampdoria, Atalanta-Sassuolo et Vérone-Cagliari. Les universités de ces deux grandes régions seront fermées par précaution.

Dans le principal foyer, à Codogno et neuf localités voisines, tous les lieux publics (bars, mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies sont fermés depuis vendredi soir.

L’autre zone de contamination est Vo’ Euganeo où a été annoncé vendredi le tout premier décès d’un Européen victime du virus, un maçon italien de 78 ans nommé Adriano Trevisan. Une femme du même âge est morte près de Codogno la nuit suivante.

– Rues désertes –

A Codogno, des journalistes de l’AFP ont vu samedi soir des rues désertes.

« Nous avons tous peur, mais on croise les doigts, nous espérons que tout ira bien », dit à l’AFP Rosa, une pharmacienne, en disant craindre « des problèmes de ravitaillement dans les prochains jours ».

Les trains de la société privée Trenord ne s’arrêtent plus à Codogno ni dans deux villes voisines. Beaucoup de résidents travaillent dans la métropole de Milan, capitale économique italienne.

Des panneaux lumineux annoncent: « Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution ».

Erika, serveuse dans un restaurant qui a fermé pour 15 jours, avoue avoir « un peu peur car on peut tous être contaminés ». « Nous achetons des provisions de nourriture car on ne sait pas si les supermarchés resteront ouverts », ajoute-t-elle.

A Milan, où se poursuivent les défilés de la Fashion Week, le designer Giorgio Armani a annoncé samedi soir qu’il ferait défiler dimanche ses mannequins à huis clos avec retransmission en streaming « pour ne pas mettre à risque la santé des participants ». D’autres marques comme Boss, Laura Biagiotti ou Dolce e Gabbana ont maintenu leurs présentations au public.

En Vénétie, sous le choc d’avoir enregistré le premier mort italien, les autorités ont soumis à des tests des ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar de Vo’ Euganeo que le maçon décédé.

Séisme frontalier: sept morts en Turquie, 25 blessés en Iran

Un séisme de magnitude 5,7 survenu dimanche à la frontière entre l’Iran et la Turquie a tué au moins sept personnes, dont trois enfants, côté turc et en a blessé 25 du côté iranien, ont annoncé les autorités des deux pays.

Le séisme a frappé à 05H23 GMT (09H23 locales) et son épicentre était localisé près du village de Habash-e Olya dans le nord-ouest de l’Iran, à moins de dix kilomètres de la frontière avec la Turquie, selon l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis. Sa magnitude était de 5,7 sur l’échelle de magnitude du moment utilisée par l’USGS.

Selon le centre d’étude des séismes de l’Institut de géophysique de l’Université de Téhéran, l’épicentre de la secousse tellurique se situait à une profondeur de 6 km.

En Turquie, sept personnes dont trois enfants ont péri dans la province de Van (est) limitrophe de l’Iran, a annoncé le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu, cité par l’agence étatique Anadolu.

Cinq autres personnes ont été blessées et hospitalisées et d’autres personnes se trouveraient piégées sous les décombres, a ajouté M. Soylu précisant que « les efforts de recherches et de secours se poursuivent ».

Le gouverneur de la province de Van, Mehmet Emin Bilmez, a fait état sur Twitter de « dégâts dans plusieurs zones habitées » de sa juridiction.

Selon l’agence Anadolu, le séisme a endommagé plusieurs villages de cette province. Celle-ci a déjà été frappée début février par deux avalanches qui ont tué 41 personnes, dix jours après un puissant séisme dans la province d’Elazig, située également dans l’est de la Turquie, qui a fait aussi 41 morts.

En Iran, le Service national des secours iraniens a fait état de 25 blessés avec des dégâts matériels limités selon les premières estimations. La secousse a touché la province de l’Azerbaïdjan-Occidental.

Mojtaba Khalédi, porte-parole du Service national des secours iraniens, a précisé à l’AFP que sept des 25 personnes blessées ont été hospitalisées.

Le tremblement de terre a également endommagé un nombre encore indéterminé de maisons d’habitation dans quatre villages proches de l’épicentre, a ajouté M. Khalédi.

Nicaragua: la police brutalise des manifestants, selon l’opposition

La police anti-émeutes a harcelé samedi à Managua, selon l’opposition, des manifestants qui réclamaient la libération de 61 opposants au gouvernement du président Daniel Ortega.

Le rassemblement s’inscrivait dans la stratégie adoptée par l’opposition de « manifestations express » tenues sans préavis pour déjouer la vigilance de la police, qui interdit les manifestations anti-gouvernementales sur la voie publique.

« Deux minutes après le début du rassemblement, au moins 20 patrouilles de policiers anti-émeutes sont arrivées, ils ont commencé à nous bousculer et à nous frapper », a déclaré à l’AFP Josué Garay, porte-parole d’une organisation d’opposition, l’Unidad Nacional Azul Blanco (Unab, Unité nationale bleu blanc).

Les faits ont eu lieu devant un supermarché de Plaza España, dans l’ouest de Managua, où les opposants cernés par la police ont passé plus de deux heures, scandant « Liberté pour le Nicaragua », « Liberté pour les prisonniers politiques ».

L’Unab a ensuite déclaré dans un communiqué qu’elle ne renoncerait pas à manifester sur la voie publique.

Elle faite partie d’une coalition d’opposition qui doit se constituer officiellement mardi prochain en vue de l’élection présidentielle prévue en 2021.

Le parti de gauche au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), envisage de présenter comme candidat à ce scrutin le président Ortega, au pouvoir depuis 2007 et qui briguerait ainsi un quatrième mandat consécutif.

Si la manifestation de l’opposition a été entravée par la police, plusieurs centaines de partisans du pouvoir ont pu défiler librement samedi pour exprimer leur soutien au sandinisme sur une autre avenue de la capitale nicaraguayenne.

« Que le Yankee aille se faire foutre », « A mort les mégots! » (surnom injurieux donné aux opposants), ont crié les manifestants, rassemblés pour marquer le 86e anniversaire de l’assassinat du héros national Augusto Cesar Sandino.

La répression des manifestations antigouvernementales de 2018 a fait au moins 328 morts et 88.000 exilés, selon la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH).

Le président Ortega est accusé par l’opposition de graves violations des droits de l’homme. Le pouvoir soutient que les manifestations de 2018 constituaient une tentative de coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis et qualifie les opposants de « semeurs de haine ».

A Najaf, la tombe de Mouhandis, nouvelle étape des pèlerins d’Irak et du monde

Au détour d’une allée du plus grand cimetière du monde, un groupe de jeunes filles en noir mitraillent les lieux avec leurs portables. L’objet de leur attention? La tombe d’Abou Mehdi al-Mouhandis, commandant irakien tué par une frappe américaine en janvier.

Au coeur du cimetière de Wadi Salam, véritable cité dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, les jeunes visiteuses rejoignent en pleurant des hommes qui se frappent la poitrine en signe de deuil.

La sépulture érigée pour l’ex-homme de Téhéran à Bagdad, le très puissant chef des paramilitaires du Hachd al-Chaabi, désormais intégrés à l’Etat, est désormais un lieu incontournable pour les anti-Américains.

Le 3 janvier, Abou Mehdi al-Mouhandis est tombé aux côtés du puissant général iranien Qassem Soleimani, bête noire des Etats-Unis.

La tombe, dans l’allée numéro neuf, est ainsi devenue pour des milliers de chiites d’Irak et d’ailleurs une étape du pèlerinage à Najaf, qui reçoit chaque année des millions de chiites du monde entier venant se recueillir dans le mausolée de l’imam Ali, gendre du prophète Mahomet, situé non loin.

– « Remercier le héros » –

« Ce n’est pas simplement une tombe privée, c’est devenu un mausolée public », affirme à l’AFP Abbas Abdel Hussein, en charge de la sécurité du tombeau de celui qui fut durant des décennies l’ennemi numéro un en Irak pour les Etats-Unis.

En plus des Irakiens, « des Iraniens, Libanais, Bahreïnis viennent », assure l’homme, évoquant « un millier de visiteurs chaque jour ».

Un peu plus loin, au pied d’un immense portrait du commandant défunt –barbe blanche taillée courte et saharienne beige–, un jeune homme crie « Dieu nous venge de l’Amérique! » en se frappant la poitrine.

Car en pulvérisant avec un tir de drone les voitures à bord desquelles Soleimani et Mouhandis quittaient l’aéroport de Bagdad, Washington a porté un sérieux coup à la « résistance » que l’Iran et ses alliés disent incarner au Moyen-Orient, de Téhéran à Beyrouth, en passant par l’Irak ou le Yémen.

La mort de Mouhandis a provoqué l’émoi en Irak, où des milliers de personnes ont participé à son cortège funéraire.

Depuis, les factions armées d’Irak –dont les plus radicales sont entraînées et armées par l’Iran– ont multiplié les menaces, promettant « l’enfer » aux 5.200 soldats américains présents en Irak.

Près de deux mois plus tard, la riposte annoncée n’a pas eu lieu, mais la tombe de Mouhandis est devenu un passage obligé.

Oum Hussein n’a pas hésité à faire 450 km depuis Bassora, à la pointe sud de l’Irak, pour visiter Wadi Salam. « A chaque pèlerinage pour l’imam Ali, on passera par la tombe » de Mouhandis, dit-elle à l’AFP. « C’est notre devoir ».

A ses côtés, Souad, la cinquantaine, est venue « remercier » le « héros qui a dégagé le groupe Etat islamique » (EI). « Sa mort nous a porté un coup, comme au Hachd », dit-elle à l’AFP.

– « Pas oublié » –

Le cimetière Wadi Salam a reçu des milliers de corps de combattants du Hachd, tués entre 2014 et 2017 lors de combats acharnés contre les jihadistes de l’EI.

C’est sur ce front que Mouhandis –notamment accusé d’être impliqué dans des attentats meurtriers contre les ambassades de France et des Etats-Unis au Koweït en 1983– s’est mué en homme d’Etat.

Il a organisé les rangs du Hachd et travaillé à son intégration à l’Etat, transformant en troupes régulières ses paramilitaires –pour beaucoup issus des milices de l’époque des affrontements confessionnels entre 2006 et 2008.

Mais certaines factions du Hachd continuent d’agir hors du contrôle de Bagdad. Leurs hommes, accuse Washington, harcèlent à coup de roquettes les soldats et diplomates américains en Irak.

Et ces attaques, affirment les experts, pourraient se multiplier, la disparition de Mouhandis ayant porté un coup au contrôle central du Hachd sur ses troupes.

A Wadi Salam, Reza Abadi, venu de Kerman, ville natale de Soleimani, psalmodie un éloge funéraire devant la tombe de son lieutenant irakien. « C’est notre devoir de présenter nos respects à cet homme cher aux Iraniens et aux Irakiens », assure-t-il à l’AFP.

« Le souvenir des deux martyrs ne sera pas oublié », veut-il encore croire.

Non loin de lui, un mouvement fait trembler la longue enfilade de visiteurs. Une femme court derrière un enfant. Pistolet en plastique à la main, il tire tous azimuts.