mars 2020 - Page 10 sur 36 - Journal du niger

La vie suspendue des Italiens à l’heure du coronavirus

« Je n’ai pas peur, mais peut-être que je devrais? » s’interroge mardi un chauffeur de taxi romain au lendemain de l’appel du gouvernement demandant à tous les Italiens de « rester à la maison » pour endiguer l’épidémie de coronavirus.

« Je prends tout ça avec philosophie », sourit Francesco, 54 ans, qui a choisi délibérément de ne pas se masquer la bouche avec son écharpe bleue, contrairement à nombre de passants dans les rues semi-désertes de la Ville éternelle. « De toute façon il y a très peu de circulation, et encore moins de clients », ajoute ce Sicilien d’origine.

Ce fatalisme n’est pas général: lundi soir, après l’allocution du Premier ministre Giuseppe Conte, des supermarchés ouverts 24/24 ont été pris d’assaut à Rome et à Naples par des Italiens paniqués face à l’interdiction des déplacements non indispensables.

« Pommes de terres, biscottes, lait, sucre, farine, mais aussi savons et désinfectants, partent en premier, comme en temps de guerre », a raconté un vendeur à l’agence Ansa.

Le gouvernement a publié une note explicative rappelant que les supermarchés resteront ouverts et seront « régulièrement » approvisionnés, et recommandant de ne pas « s’affoler pour acheter des denrées alimentaires ou des biens de première nécessité ».

Les journaux italiens ne sont guère rassurants. « Tous à la maison », résume le quotidien de gauche La Repubblica, évoquant « un traitement de choc ». « Maintenant c’est toute l’Italie qui est fermée », titre Il Corriere della Sera. « Les écoles et le sport, c’est fini jusqu’au 3 avril », ajoute-t-il.

Du nord au sud, des queues se sont formées devant les supermarchés. A Naples, on y a même repéré trois footballeurs stars du Napoli, José Maria Callejon, Fernando Llorente et David Ospina, reconnus et pris en photo.

– « Les Romains sont fous! » –

A Rome, dans une supérette près du parc de la Villa Borghese, un vieux monsieur soupire devant un rayon de produits frais dévalisé et repart en poussant son caddie. A la sortie, la caissière se protège derrière un masque et des gants de latex.

A Bologne, capitale de l’Emile-Romagne (centre) et de la mortadelle, Clara Castelli, une retraitée de 83 ans, fait part de son désarroi: « Je me sens oppressée, dans cette ville où on ne rencontre plus personne, où les magasins ont baissé leur rideau par manque de clients, tout ça me rend triste. »

Au Vatican aussi, la vie semble arrêtée : le Saint-Siège a diffusé une vidéo du pape François célébrant tout seul sa messe quotidienne à la résidence Sainte-Marthe, à quelques pas de la Basilique Saint-Pierre. « Prions le Seigneur pour nos prêtres, pour qu’ils aient le courage de sortir et d’aller visiter les malades », a-t-il exhorté.

Comme dans toute situation de crise, la nature humaine réserve son lot de bonnes et mauvaises surprises.

Côté pile, cette note manuscrite dans le hall défraîchi d’un immeuble du quartier romain de Trastevere: « A l’attention des personnes âgées de l’immeuble: nous sommes prêts à vous aider pour faire vos courses ou d’autres commissions. Tommaso et Giulia. »

Côté face, dans le quartier de Prati près du Vatican, un homme d’une cinquantaine d’années sort furieux d’un bar. « Le serveur a fait une blague raciste devant trois Asiatiques qui ne comprenaient rien! C’est honteux, on vaut mieux que ça », lance-t-il.

Grazia, une pimpante octogénaire romaine, n’a cure des consignes de confinement et est sortie pour acheter sa marque préférée de yaourts: « Je ne peux pas rester tout le temps à la maison (…) Je mets des gants quand je sors. J’ai des masques mais je ne les utilise pas encore ».

« Il n’y a jamais de file comme ça », s’exclame-t-elle devant une queue d’une dizaine personnes respectant scrupuleusement la distance de sécurité d’au moins un mètre.

Michele, un jeune employé, s’active pour remplir les rayons: « les pâtes, la sauce tomate en boîte, le thon et le papier hygiénique sont en tête du classement… et bien sûr l’Amuchina! », le produit désinfectant préféré des Italiens.

Débordé, Emiliano, qui s’occupe des livraisons à domicile, va travailler jusqu’à 23H00: « Les Romains sont devenus fous, ils se retranchent chez eux! »

Non loin de l’épicerie, Manuela Prinzis, 43 ans, promène son fils de six ans: « On avait besoin de règles plus strictes », estime-t-elle. « Les Italiens ne respectent pas les règles. On n’est pas habitués aux règles ».

Cela est peut-être en train de changer. L’Italie n’a plus le choix: avec plus de 9.000 cas dont 463 mort, la patrie de Dante, auteur de « L’Enfer », première des trois parties de la Divine Comédie, est le pays le plus touché du monde après la Chine.

Pédophilie: ultime recours mercredi du cardinal Pell devant la justice australienne

La plus haute juridiction australienne examinera à partir de mercredi le pourvoi formé par le cardinal George Pell, naguère un des prélats les plus puissants du Vatican, contre son infamante condamnation pour pédophilie.

L’ex-secrétaire à l’Economie du Saint-Siège, âgé de 78 ans, avait été débouté en août par la Cour suprême de l’Etat de Victoria (sud de l’Australie) de l’appel contre sa condamnation en mars à six ans de prison pour des abus sexuels commis sur deux adolescents en 1996 et 1997 dans la cathédrale de Melbourne (sud-est).

M. Pell ne devrait pas assister aux deux journées d’audience devant la Haute cour d’Australie, basée à Canberra, laissant le soin à son équipe d’avocats d’essayer de convaincre les plus hauts magistrats du pays de casser sa condamnation.

C’est par deux voix contre une que la Cour suprême de Victoria avait rejeté l’appel du cardinal, qui a toujours clamé son innocence et est actuellement détenu. Cette voix discordante d’un des trois magistrats est au coeur du recours de l’ancien archevêque de Melbourne et Sydney.

L’affaire oppose un ancien enfant de choeur aujourd’hui trentenaire à M. Pell, un homme qui a participé à l’élection de deux papes, qui a été un des proches conseillers du pape François et qui a même été impliqué dans la réponse de l’Eglise face aux scandales de pédophilie.

La deuxième victime du prélat est décédée en 2014 d’une overdose, sans jamais avoir fait état de l’agression.

– Plusieurs options –

Deux des magistrats de la Cour suprême de Victoria avaient décrit le plaignant comme quelqu’un de « très convaincant » qui « n’est clairement pas un menteur, pas un fantaisiste et qui a été témoin de la vérité ».

Mais le troisième juge avait estimé que le témoignage de la victime comportait des « incohérences » et qu’il existait une « possibilité importante » pour que M. Pell n’ait pas commis de crime.

Plus haut représentant de l’Eglise catholique condamné pour viol sur mineur, le cardinal a été reconnu coupable en première instance en décembre 2018 de cinq chefs d’accusation, notamment d’avoir imposé une fellation en décembre 1996 à un garçon de 13 ans et de s’être masturbé en se frottant contre un autre.

Les faits avaient eu lieu dans la sacristie de la cathédrale St Patrick de Melbourne, dont M. Pell était l’archevêque, où les deux victimes s’étaient cachées pour boire du vin de messe.

Deux mois plus tard, M. Pell avait poussé un des adolescents contre un mur et lui avait empoigné les parties génitales.

Dans les documents qu’ils ont soumis à la Haute Cour, ses avocats contestent « la méthode judiciaire » des deux juges de la Cour suprême ayant maintenu la condamnation car, selon eux, ils exigeaient de lui qu’il « établisse son innocence, par opposition au simple fait de pointer les doutes existants ».

Sur le plan factuel, ils soutiennent que leur client n’a pas eu le temps de commettre les agressions dans la sacristie et, alors que la cathédrale était encore pleine de monde, qu’elles n’auraient pas pu passer inaperçues. Ils affirment aussi impossible que le prélat ait pu perpétrer ces actes dans ses habits lithurgiques.

A en croire Jeremy Gans, juriste à l’Université de Melbourne, la Haute Cour a plusieurs options. Elle pourrait rejeter l’appel immédiatement ou attendre plusieurs mois avant de rendre sa décision. Elle peut aussi renvoyer l’affaire devant la Cour suprême du Victoria.

Coronavirus: les premiers passagers du Grand Princess ont débarqué à Oakland

Les premiers passagers ont pu débarquer lundi après-midi du paquebot Grand Princess qui a accosté dans le port d’Oakland après avoir été maintenu à distance des côtes californiennes pendant plusieurs jours en raison d’une vingtaine de cas avérés de coronavirus à bord.

Le navire de près de 300 mètres de long a fini son périple vers 12h15 heure locale (19h15 GMT) le long d’un quai du port d’Oakland, près de San Francisco, où la mise en quarantaine et le rapatriement des quelque 2.400 passagers présents à bord seront organisés par les autorités qui ont évoqué une opération « sans précédent ».

Quelques heures après son amarrage, les premiers passagers ont pu être débarqués du Grand Princess, où 21 cas de coronavirus (deux passagers et 19 membres de l’équipage) ont été détectés, après la mort en Californie d’un passager qui avait précédemment participé à une partie de la croisière.

Ces premiers patients, dont l’état de santé était jugé le plus préoccupant, ont été pris en charge par des équipes vêtues de tout l’attirail nécessaire pour se protéger du Covid-19 (blouses, gants, respirateurs et masques) et évacués par des ambulances.

« D’ici la fin de la journée, nous espérons être en mesure d’avoir fait débarquer ceux qui résident en Californie », soit quelque 900 passagers, a déclaré lors d’une conférence de presse le vice-président Mike Pence, chargé de coordonner la lutte contre l’épidémie par Donald Trump.

Les 25 enfants présents à bord du Grand Princess « sont en bonne santé », a souligné M. Pence, insistant sur les mesures de précaution prises pour « isoler » tous les passagers du public durant leur débarquement et leur transfert vers des bases militaires où ils seront placés en quarantaine durant 14 jours. Tous doivent être testés au coronavirus.

Les passagers « seront menés hors du navire par petits groupes » et « quiconque présente des symptômes sera équipé d’un masque chirurgical et débarqué par une passerelle distincte » pour éviter la propagation potentielle du coronavirus, avait expliqué un peu plus tôt le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

Des ressortissants canadiens avaient aussi commencé à débarquer en fin d’après-midi pour s’aligner devant une tente dédiée, frappée de la feuille d’érable rouge sur fond blanc. Environ 240 Canadiens se trouvaient à bord du paquebot et un avion a été affrété par leur gouvernement pour les rapatrier.

– Cris de joie –

Le Grand Princess, qui avait mis le cap sur Hawaï, était maintenu depuis mercredi au large des côtes américaines, par mesure de précaution.

« Les passagers qui ont des balcons crient de joie et font de grands signes aux dockers qui sont à terre », a déclaré à l’AFP Carolyn Wright, passagère américaine de 63 ans, à l’arrivée du Grand Princess à Oakland.

Lundi matin, les passagers confinés dans leur cabine depuis jeudi avaient été autorisés à prendre l’air, a raconté Mme Wright.

Ils avaient reçu la consigne de rester à environ 2 mètres les uns des autres. Tous avaient l’air extatiques à l’idée de retrouver la terre ferme – certains ont même esquissé des pas de danse.

« On en voit le bout, ils ont enfin un plan », a continué Mme Wright.

Après une première évaluation, ceux qui ne nécessitent pas de soins médicaux particuliers seront placés en quarantaine pendant quatorze jours dans des bases militaires en Californie, au Texas et en Géorgie, tandis que les ressortissants étrangers devraient être évacués vers leur pays d’origine.

Les personnes placées en quarantaine dans des sites militaires bénéficieront de chambres individuelles et de sanitaires privés, a précisé un porte-parole du Pentagone.

Les 1.100 membres d’équipage devront pour leur part rester en quarantaine sur le paquebot qui « quittera son quai » d’Oakland, a ajouté Mike Pence. « Ils seront placés en observation et soignés à bord », a-t-il dit.

Une fois ces opérations terminées, le site d’accostage sera intégralement décontaminé par haute-pression à l’aide d’une solution chlorée.

Le navire est censé rester au port « le moins de temps possible », a insisté Libby Schaaf, la maire d’Oakland.

Aux Etats-Unis, le Covid-19 a contaminé plus de 600 personnes d’après la Johns Hopkins University et en a tué 26 d’après un bilan établi par l’AFP. Les personnes âgées sont désormais encouragées par les autorités américaines à constituer des stocks et à se préparer à rester chez elles.

En Egypte, le coronavirus fait pâlir un tourisme déjà fragile

Dans un village nubien à 900 km au sud du Caire, Bassam Hamimi, employé dans une auberge, constate l’essoufflement: « on ressent leur absence », dit-il en allusion aux touristes chinois, d’ordinaire nombreux. Une conséquence du nouveau coronavirus, qui menace un tourisme égyptien longtemps convalescent.

« Il y avait des tas de Chinois avant », assure à l’AFP ce trentenaire, dont les revenus dépendent de l’afflux de voyageurs, notamment de Chine.

Beaucoup de vols acheminant des touristes en Egypte ont été annulés pour tenter d’endiguer la propagation du virus, apparu en décembre en Chine.

Près de 110.000 cas de Covid-19 et plus de 3.800 décès ont été recensés dans le monde. L’Egypte, bien qu’officiellement peu touchée, n’a pas été épargnée.

Le Caire a annoncé dimanche un décès lié au virus, le premier sur le continent africain: un touriste allemand de 60 ans qui avait été hospitalisé dans le sud-est du pays.

Plusieurs pays, dont la France et le Canada, ont en outre annoncé des contaminations parmi des personnes ayant séjourné en Egypte.

Avec 55 infections enregistrées dans le pays, dont 45 sur le bateau de croisière « A-Sara », immobilisé à Louxor -coeur battant du tourisme pharaonique-, beaucoup s’inquiètent de l’impact de l’épidémie sur le tourisme.

– Pronostics difficiles –

Pour Adela Ragab, ancienne vice-ministre du Tourisme, les mesures de protection mises en place par certains pays auront des répercussions « certaines » sur le secteur, mais « il est délicat de faire des pronostics à l’heure qu’il est ».

« Nous pourrons juger de la situation si l’on constate un impact sur les réservations des vacances de Pâques », dit-elle à l’AFP.

Le tourisme, poids lourd de l’économie égyptienne, a longtemps été moribond après les années d’instabilité politique ayant suivi la révolte de 2011.

En octobre 2015, un attentat meurtrier contre un avion russe transportant des vacanciers de la station balnéaire de Charm el-Cheikh (est), avait porté un coup dur supplémentaire au secteur.

Depuis 2017, et bien que le pays soit encore loin des 14,7 millions de touristes de 2010, l’industrie a toutefois enregistré une embellie.

En 2018, 11,3 millions de personnes ont visité le pays, contre 5,3 millions en 2016. La banque centrale égyptienne a elle fait état de 12,6 milliards de dollars de recettes du secteur en 2018, contre 10 milliards l’année précédente.

Face à l’impact potentiellement dévastateur du coronavirus sur un secteur à peine remis sur pied, le gouvernement a multiplié les communiqués affirmant que tout était sous contrôle.

« Les activités touristiques se déroulent normalement à Louxor (…), des milliers de visiteurs ont afflué sur ses sites archéologiques », a affirmé lundi le ministère du Tourisme.

« Vous avez vu les chiffres par vous-mêmes, les cars, les files d’attente: la situation (…) est très stable à Louxor », avait assuré la veille le ministre du Tourisme, Khaled el-Enany, lors d’une visite au temple de Karnak aux côtés de son homologue de la Santé.

La télévision égyptienne a aussi abondamment diffusé des images de la désinfection des métros de la capitale Le Caire, mégalopole de 20 millions d’habitants, et des trains.

– Touristes arabes –

Matt Swider, l’un des passagers américains du bateau « A-Sara », testé positif, a documenté sur Twitter, photos à l’appui, son transfert à l’hôpital affirmant que le personnel avait été « extrêmement amical ».

Ses tweets ont aussitôt été repris par la page « @EgyProjects », vitrine digitale des grands projets de l’Etat.

L’ancien président de la Fédération des offices de tourisme, Elhami el-Zayyat, souligne lui que le secteur risque malgré tout de « perdre les touristes arabes, surtout les Koweïtiens et les Saoudiens ».

Plusieurs pays du Golfe ont annoncé des restrictions sur les voyages dans différents pays touchés par l’épidémie, le Koweït et l’Arabie saoudite suspendant notamment les vols à destination de l’Egypte.

M. Zayyat dit avoir constaté une légère augmentation des annulations de la part des touristes chinois et italiens -les deux nationalités les plus touchées par l’épidémie-, mais assure que les touristes anglo-saxons et latino-américains continuent d’affluer.

Lundi, 340 touristes grecs arrivant de Malte en bateau ont été soumis à des tests à leur arrivée sur les côtes égyptiennes, tandis que deux passagers du « A-Sara » indiquaient à l’AFP être toujours maintenus en quarantaine.

En Egypte, le coronavirus fait pâlir un tourisme déjà fragile

Dans un village nubien à 900 km au sud du Caire, Bassam Hamimi, employé dans une auberge, constate l’essoufflement: « on ressent leur absence », dit-il en allusion aux touristes chinois, d’ordinaire nombreux. Une conséquence du nouveau coronavirus, qui menace un tourisme égyptien longtemps convalescent.

« Il y avait des tas de Chinois avant », assure à l’AFP ce trentenaire, dont les revenus dépendent de l’afflux de voyageurs, notamment de Chine.

Beaucoup de vols acheminant des touristes en Egypte ont été annulés pour tenter d’endiguer la propagation du virus, apparu en décembre en Chine.

Près de 110.000 cas de Covid-19 et plus de 3.800 décès ont été recensés dans le monde. L’Egypte, bien qu’officiellement peu touchée, n’a pas été épargnée.

Le Caire a annoncé dimanche un décès lié au virus, le premier sur le continent africain: un touriste allemand de 60 ans qui avait été hospitalisé dans le sud-est du pays.

Plusieurs pays, dont la France et le Canada, ont en outre annoncé des contaminations parmi des personnes ayant séjourné en Egypte.

Avec 55 infections enregistrées dans le pays, dont 45 sur le bateau de croisière « A-Sara », immobilisé à Louxor -coeur battant du tourisme pharaonique-, beaucoup s’inquiètent de l’impact de l’épidémie sur le tourisme.

– Pronostics difficiles –

Pour Adela Ragab, ancienne vice-ministre du Tourisme, les mesures de protection mises en place par certains pays auront des répercussions « certaines » sur le secteur, mais « il est délicat de faire des pronostics à l’heure qu’il est ».

« Nous pourrons juger de la situation si l’on constate un impact sur les réservations des vacances de Pâques », dit-elle à l’AFP.

Le tourisme, poids lourd de l’économie égyptienne, a longtemps été moribond après les années d’instabilité politique ayant suivi la révolte de 2011.

En octobre 2015, un attentat meurtrier contre un avion russe transportant des vacanciers de la station balnéaire de Charm el-Cheikh (est), avait porté un coup dur supplémentaire au secteur.

Depuis 2017, et bien que le pays soit encore loin des 14,7 millions de touristes de 2010, l’industrie a toutefois enregistré une embellie.

En 2018, 11,3 millions de personnes ont visité le pays, contre 5,3 millions en 2016. La banque centrale égyptienne a elle fait état de 12,6 milliards de dollars de recettes du secteur en 2018, contre 10 milliards l’année précédente.

Face à l’impact potentiellement dévastateur du coronavirus sur un secteur à peine remis sur pied, le gouvernement a multiplié les communiqués affirmant que tout était sous contrôle.

« Les activités touristiques se déroulent normalement à Louxor (…), des milliers de visiteurs ont afflué sur ses sites archéologiques », a affirmé lundi le ministère du Tourisme.

« Vous avez vu les chiffres par vous-mêmes, les cars, les files d’attente: la situation (…) est très stable à Louxor », avait assuré la veille le ministre du Tourisme, Khaled el-Enany, lors d’une visite au temple de Karnak aux côtés de son homologue de la Santé.

La télévision égyptienne a aussi abondamment diffusé des images de la désinfection des métros de la capitale Le Caire, mégalopole de 20 millions d’habitants, et des trains.

– Touristes arabes –

Matt Swider, l’un des passagers américains du bateau « A-Sara », testé positif, a documenté sur Twitter, photos à l’appui, son transfert à l’hôpital affirmant que le personnel avait été « extrêmement amical ».

Ses tweets ont aussitôt été repris par la page « @EgyProjects », vitrine digitale des grands projets de l’Etat.

L’ancien président de la Fédération des offices de tourisme, Elhami el-Zayyat, souligne lui que le secteur risque malgré tout de « perdre les touristes arabes, surtout les Koweïtiens et les Saoudiens ».

Plusieurs pays du Golfe ont annoncé des restrictions sur les voyages dans différents pays touchés par l’épidémie, le Koweït et l’Arabie saoudite suspendant notamment les vols à destination de l’Egypte.

M. Zayyat dit avoir constaté une légère augmentation des annulations de la part des touristes chinois et italiens -les deux nationalités les plus touchées par l’épidémie-, mais assure que les touristes anglo-saxons et latino-américains continuent d’affluer.

Lundi, 340 touristes grecs arrivant de Malte en bateau ont été soumis à des tests à leur arrivée sur les côtes égyptiennes, tandis que deux passagers du « A-Sara » indiquaient à l’AFP être toujours maintenus en quarantaine.

Tirs nord-coréens: Pyongyang cherche à attirer l’attention, selon Séoul

Ouchanka noire sur la tête, une paire de jumelles dans les mains, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a supervisé le dernier essai militaire de son pays, selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA, la Corée du Sud voyant dans les derniers tirs de Pyongyang une tentative d’attirer l’attention de Washington et Séoul.

Kim a « guidé un nouvel exercice de frappe d’artillerie de longue portée », rapporte mardi KCNA au lendemain du tir de ce qui semblait être selon Tokyo des missiles balistiques.

Plus d’un an après le fiasco du deuxième sommet entre M. Kim et le président américain Donald Trump, la Corée du Nord n’a cessé de travailler au développement de ses programmes d’armement, estiment les experts.

Le Rodong Sinmun, organe officiel du Parti des travailleurs au pouvoir au Nord, a publié de son côté des photos montrant des roquettes tirées de lanceurs multiples comportant quatre tubes de lancement, visant ce qui semble être une île.

D’autres clichés montrent des projectiles de plus petit calibre et des pièces d’artillerie tirant des salves.

Coiffé d’une toque de style russe et d’une veste militaire beige, Kim apparaît sur une photos des jumelles à la main, flanqué d’un officier portant un masque noir.

La Corée du Nord a fermé ses frontières et pris des mesures drastiques pour tenter d’éviter que ne se propage sur son sol l’épidémie de coronavirus.

Mardi le ministère sud-coréen de l’Unification a indiqué que les trois exercices de tirs que M. Kim avaient supervisé ces deux dernières semaines étaient ses premières activités militaires depuis le début de l’année.

« Cela vise, d’un point de vue interne, à renforcer la solidarité, et d’un point de vue externe, à attirer l’attention des Etats-Unis et de la Corée du Sud et à les pousser à changer d’attitude », a estimé le ministère dans un communiqué.

La Corée du Nord est sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, qui visent à la pousser à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique interdits.

La péninsule avait connu en 2018 une spectaculaire détente, mais les efforts diplomatiques sont au point mort depuis l’échec du sommet de Hanoi entre MM. Kim et Trump.

Pyongyang avait unilatéralement donné à Washington jusque la fin de l’année 2019 pour faire de nouvelles concessions. Et fin décembre, M. Kim a annoncé que son pays, dès lors, ne se sentait plus tenu par son moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques intercontinentaux.

Il a aussi menacé de faire la démonstration, prochainement, d’une « nouvelle arme stratégique ».

Les psys au chevet de Chinois « épuisés » par l’épidémie

Peur d’être contaminé, solitude en quarantaine, pression au sein du personnel soignant: les psychologues font face à un afflux croissant de Chinois ayant du mal à surmonter les bouleversements entraînés par l’épidémie de Covid-19.

La pénurie de professionnels qualifiés exacerbe le problème, dans un pays où plus de 50 millions de personnes sont confinées dans la province du Hubei (centre), épicentre du coronavirus, et beaucoup d’autres restent confinées chez elles.

« Tous les jours, environ 20 personnes appellent. Certains ont vu leurs proches mourir faute de médicaments au début de l’épidémie, quand il n’y avait pas assez de lits », explique à l’AFP Mme Xu, psychologue dans un hôpital de Wuhan.

Cette ville, chef-lieu du Hubei, est celle où le virus est apparu fin 2019. Elle concentre la majorité des décès et des contaminations, d’où un besoin tout particulier de soutien psychologique.

Le nouveau coronavirus a déjà contaminé plus de 80.750 personnes en Chine, dont plus de 4.000 mortellement.

« La plupart des appels viennent de malades inquiets du peu d’effet de leur traitement, ou de personnes qui ont peur d’être contaminées », précise Mme Xu.

Le confinement génère un sentiment d’incertitude, d’ennui ou de solitude, souligne de son côté Chee Ng, professeur de psychiatrie à l’Université de Melbourne (Australie).

« Plus la quarantaine est longue, plus les répercussions sur la santé mentale sont importantes », résume-t-il.

– ‘Certains craquent’ –

Etudiants bloqués à la maison pour cause d’écoles fermées, femmes enceintes craignant pour leurs bébés, parents face au manque de crèches pour leurs enfants: des psychologues disent à l’AFP avoir constaté un pic d’appels, dans un pays où la prise en compte des problèmes psychologiques est limitée.

La Chine compte à peine 2,2 psychiatres pour 100.000 habitants, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le ministère chinois de la Santé a toutefois indiqué que plus de 300 lignes d’assistance téléphonique ont été mises en place par des universités, des autorités locales ou des associations spécialisées.

Bémol: plusieurs bénévoles de ces services à Pékin et Shanghai ont déclaré à l’AFP qu’ils n’avaient pas reçu de formation spécifique sur la gestion d’une crise aussi grave.

« Du coup, certains d’entre eux craquent après leur service », raconte Ming Yue, psychiatre stagiaire sur la plateforme mise en place par l’Université normale de Pékin.

« Ils sont abattus et bouleversés » par ce qu’ils entendent, explique-t-elle.

A Wuhan, la psychologue Mme Xu dit se lever tous les matins à 6H30. Elle médite ensuite pendant 30 minutes avant d’aller travailler à l’hôpital.

« C’est ma méthode pour tenir. Sinon, le fardeau psychologique serait trop lourd à supporter. »

– Musique relaxante –

Les médecins et infirmières qui travaillent en première ligne dans les hôpitaux font partie des groupes les plus vulnérables — surtout s’ils doivent soigner des collègues malades.

Plus de 3.400 d’entre eux ont contracté le Covid-19, selon des chiffres officiels.

Et la propagande d’Etat diffusée en boucle, qui les présente invariablement comme des « héros », pourrait avoir un mauvais effet sur eux, avertit le professeur Chee Ng.

« Quand vous êtes présenté (dans les médias) comme étant quelqu’un de fort, de dévoué à votre métier, c’est plus difficile ensuite d’avouer vos faiblesses », souligne-t-il.

Du Mingjun, secrétaire général de l’Association des conseillers psychologues du Hubei, déclare n’avoir reçu paradoxalement qu’une poignée d’appels provenant du personnel hospitalier.

« Beaucoup de ceux qui appellent disent être épuisés et irritables », raconte-t-il. « Mais un grand nombre sont juste trop occupés ou intimidés pour demander de l’aide. »

La pénurie de professionnels qualifiés a également conduit à la création de groupes de discussion en ligne, auxquels participent des centaines de personnes.

Des thérapeutes y partagent des exercices de méditation enregistrés, des récits personnels ou de la musique relaxante.

« Ma vie aujourd’hui, c’est comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton +pause+ », écrit l’un des participants originaire de Wenzhou (est), une autre ville également bouclée.

« Je ne sais pas quand je pourrai appuyer sur +lecture+ à nouveau. »

Afghanistan: Washington « s’oppose fermement » à un « gouvernement parallèle »

Les Etats-Unis ont déclaré lundi « s’opposer fermement » à la formation d’un « gouvernement parallèle » en Afghanistan, où le chef de l’Etat officiellement réélu et son principal adversaire ont tous deux prêté serment comme président.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a toutefois salué les déclarations des deux rivaux, le président Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, en faveur du processus de paix. « Les Etats-Unis travaillent à la conclusion d’un accord entre les deux parties », a-t-il dit dans un communiqué.

« Il est capital pour l’avenir du pays et particulièrement pour la paix de faire de la formation d’un gouvernement inclusif et d’un Afghanistan uni une priorité », a-t-il ajouté.

« Nous nous opposons fermement à tout acte visant à former un gouvernement parallèle », a insisté le secrétaire d’Etat américain, sans nommer directement Abdullah Abdullah, qui a officiellement perdu la présidentielle afghane de septembre mais revendique la victoire.

Les Etats-Unis ont signé le 29 février à Doha un accord historique avec les talibans, qui prévoit un retrait des forces américaines et étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange de garanties des insurgés en matière de lutte antiterroriste et du lancement de négociations directes sans précédent entre le gouvernement afghan et les rebelles.

Mais si les soldats américains ont bien annoncé lundi avoir entamé la première phase de leur retrait graduel et conditionnel, la double cérémonie d’investiture de lundi à Kaboul a plongé le pays dans une crise institutionnelle qui se dresse comme un nouvel obstacle aux négociations de paix dont le début, prévu pour mardi, sera sans doute reporté.

En raison de ces rivalités Ghani-Abdullah, en effet, Kaboul n’a pas encore mis en place une équipe de négociateurs à dépêcher à ces pourparlers.

En outre, le président Ghani s’était opposé, ces derniers jours, à une des clauses négociées entre les Américains et les talibans, en l’absence du gouvernement afghan tenu jusqu’ici à l’écart: la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers insurgés en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes.

Mike Pompeo a « salué » lundi certaines déclarations apaisantes du chef de l’Etat afghan, à savoir que les négociations continueraient « au cours des deux prochaines semaines pour parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif » et qu’un décret statuerait mardi sur la libération de prisonniers talibans et la formation d’une équipe nationale pour les négociations interafghanes.

Il a également « accueilli avec satisfaction » des déclarations d’Abdullah Abdullah en faveur « de la paix ».

Aucune nouvelle date n’a toutefois été annoncée pour le début des négociations.

La menace du coronavirus se rapproche de la Maison Blanche

L’un vient de voyager à bord de l’avion de Donald Trump, l’autre l’avait accompagné lors d’une visite officielle avant le week-end: au moins deux élus proches du président américain étaient en quarantaine volontaire lundi après avoir été exposés au coronavirus, rapprochant d’un coup la menace de la Maison Blanche.

Un troisième élu en quarantaine volontaire, le sénateur Ted Cruz, aurait aussi rencontré le président américain jeudi dernier, après avoir été exposé au virus, selon plusieurs médias américains.

En tout, cinq élus du Congrès étaient lundi en isolement volontaire pour 14 jours, sans présenter de symptômes.

En partie responsable du plongeon des grandes places financières lundi, la crise mondiale du coronavirus a déjà de graves conséquences sur l’économie globale.

Donald Trump, 73 ans, a jusqu’ici eu tendance à dédramatiser, la Maison Blanche démentant lundi qu’il allait restreindre son programme officiel.

Mais en pleine année électorale, la crise pourrait profondément perturber l’agenda du républicain qui affectionne les grands meetings, alors même que l’un des ses grands arguments de campagne, la croissance américaine, pourrait être remise en cause par l’épidémie.

Wall Street a enregistré lundi sa plus lourde dégringolade sur une séance en plus de 11 ans, plombée par le krach pétrolier et la crise mondiale du coronavirus.

– Des élus en quarantaine –

L’élu de la Chambre des représentants Matt Gaetz voyageait lundi même à bord de l’avion présidentiel Air Force One qui ramenait Donald Trump vers Washington. Il a signalé un peu plus tard avoir été exposé « il y a onze jours » à une personne qui a depuis subi un test positif au coronavirus.

« Bien que l’élu ne ressente pas de symptômes, il a été testé aujourd’hui et attend des résultats bientôt », a écrit son équipe sur son compte Twitter.

Un autre élu républicain de la Chambre, Doug Collins, qui avait rencontré Donald Trump vendredi, a lui annoncé lundi qu’il se mettait volontairement en quarantaine bien qu’il n’ait « aucun symptôme », parce qu’il avait été exposé au coronavirus fin février.

Doug Collins était juste derrière le président américain vendredi lors d’une visite officielle des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains à Atlanta, selon des images de l’AFP. Il aurait aussi serré la main de Donald Trump à l’occasion de ce déplacement, d’après certains médias.

Les deux élus ont été exposés au virus lors d’une grande conférence conservatrice (CPAC), organisée du 26 au 29 février près de Washington.

M. Trump et son vice-président Mike Pence avaient participé à cette conférence.

C’est aussi lors de ce grand rendez-vous annuel des conservateurs que Ted Cruz, ainsi qu’un autre élu, Paul Gosar, avaient serré la main d’une personne porteuse du virus. Ils ont annoncé dimanche soir se mettre en quarantaine volontaire, sans ressentir de symptômes.

Une élue démocrate de la Chambre, Julia Brownley, a elle décidé de travailler à distance après avoir rencontré une personne porteuse du virus « la semaine dernière ». Elle ne présente pas non plus de symptômes, a-t-elle indiqué.

Connu pour être « germophobe » bien avant l’épidémie, Donald Trump avait plaisanté la semaine dernière sur les grandes précautions qu’il prenait pour éviter d’être contaminé.

« Je n’ai pas touché mon visage depuis des semaines », avait-il alors lancé. « Cela me manque! ».

Mais le président américain a également assuré qu’il prenait l’épidémie très au sérieux.

Les autorités sanitaires américaines ont exhorté lundi les personnes les plus susceptibles de tomber gravement malade à cause du coronavirus, soit les personnes âgées de plus de 60 ans et les personnes souffrant de maladies chroniques, à faire des stocks de nourriture et de médicaments afin de se préparer à rester chez elles.

L’épidémie a touché plus de 600 personnes aux Etats-Unis et fait au moins 26 morts. Des établissements scolaires ont fermé et des grands rendez-vous ont été annulés, mais pour l’instant la campagne n’est pas affectée.

Jugé pour agressions sexuelles, l’ex-Premier ministre écossais face à une accusatrice

« Il était totalement sur moi »: l’ex-Premier ministre indépendantiste écossais Alex Salmond a été confronté à l’une de ses accusatrices lundi au premier jour de son procès pour agressions sexuelles devant la Haute cour d’Edimbourg.

Arrivé au tribunal sans un mot, enveloppé dans un manteau foncé, l’ex-ténor de la cause indépendantiste écossaise doit répondre en tout de 14 chefs d’inculpation lors de son procès qui doit durer quatre semaines.

Il s’agit de deux tentatives de viol, dix agressions sexuelles et deux attentats à la pudeur, qui auraient été commis entre juin 2008 et novembre 2014 dans sa résidence officielle, au Parlement écossais, un restaurant de Glasgow ou une boîte de nuit d’Edimbourg. L’ex-chef du gouvernement écossais de 2007 à 2014 rejette vigoureusement ces accusations.

Dès le premier jour du procès, une ancienne collaboratrice du gouvernement écossais, qui ne peut être identifiée pour des raisons légales, a affirmé avoir été embrassée de force et de manière répétée sur le visage et dans le cou par l’ex-homme politique à l’imposante carrure, après un dîner avec d’autres participants dans sa résidence de Bute House.

– « Humiliée » –

« J’ai essayé de l’arrêter », a-t-elle expliqué, cachée de la vue de l’accusé et du public par un panneau blanc. En vain. Quand elle essaye de quitter la pièce, il l’en empêche. « A ce moment, j’ai commencé à avoir peur ». Elle finit par se dégager, il la suit contre sa volonté.

Peu après « il était totalement sur moi, m’embrassant, arrachant mes vêtements. Tout s’est passé très vite », a-t-elle poursuivi, la voix émue. Lui-même se déshabille et la pousse sur un lit. « Je me souviens le sentir sur moi. Il était excité, ses parties intimes sur moi », détaille-t-elle. Elle réussit finalement à le repousser et il finit par s’endormir.

Aujourd’hui, cette femme regrette de ne pas avoir appelé à l’aide ou essayé de se défendre davantage. « J’étais si gênée que cela m’arrive, je me sentais humiliée, mais j’avais aussi peur », a-t-elle poursuivi.

Peu avant cette agression, en mai 2014, Alex Salmond l’avait déjà touchée de manière « inappropriée », a-t-elle dit: « Il m’a juste tripotée, je n’ai pas d’autre mot ».

Encadré par deux gardes, vêtu d’un costume bleu foncé, l’accusé de 65 ans a écouté ce premier témoignage calmement, sans mot dire. Selon la version de ses avocats, il ne se trouvait pas dans sa résidence officielle lorsque les faits de mai 2014 se seraient déroulés.

Dans des documents déposés auprès de la cour, sa défense a aussi fait valoir que selon lui, trois autres des dix femmes qui l’accusent avaient consenti aux tentatives de baisers ou aux caresses de leurs cheveux.

– Combat pour l’indépendance –

Quelques mois avant son inculpation, l’ex-responsable politique au visage rond et à l’air bonhomme avait quitté en août 2018 le SNP, parti nationaliste au pouvoir en Écosse, afin de ne pas porter préjudice à une formation dont il était membre de longue date.

Reprenant le flambeau de la bataille indépendantiste, qui a gagné en vigueur depuis le Brexit, Nicola Sturgeon, la « First Minister » actuelle, avait alors exprimé son « énorme tristesse » de voir partir son « ami et mentor pendant trois décennies ». Celle qui lui a succédé à la tête du gouvernement écossais et du SNP avait ajouté que les plaintes à son encontre ne pouvaient pas être « mises sous le tapis ».

Après une enquête interne, c’est le gouvernement écossais qui avait rapporté les accusations à la police.

Ancien fonctionnaire et économiste de la Bank of Scotland, marié à une femme de 17 ans son aînée, Alex Salmond avait pris en 1990 les rênes du Scottish National Party, formation très hétérogène qu’il a contribué à recentrer.

Il en avait claqué la porte en 2000 après un revers électoral, avant de revenir à sa tête quatre ans plus tard.

En 2011, sous sa direction, le SNP avait raflé la majorité absolue au Parlement écossais de Holyrood, lui laissant espérer que l’indépendance de l’Écosse était à portée de main.

Le « non » l’avait finalement emporté lors du référendum sur l’indépendance de septembre 2014, provoquant quelques semaines plus tard la démission de M. Salmond de son poste de Premier ministre.

Depuis sa retraite politique, Alex Salmond anime un talk show controversé sur la chaîne de télévision d’information en anglais financée par l’Etat russe RT (ex-Russia Today).