mars 2020 - Page 9 sur 36 - Journal du niger

Chute des cours du pétrole: pour l’Algérie, « la situation est critique », estime un expert

L’effondrement des cours du pétrole rend la situation « critique » pour l’Algérie en raison de sa dépendance à la rente pétrolière, avertit le professeur Mourad Preure, un spécialiste algérien des hydrocarbures et ancien dirigeant du groupe public pétrolier Sonatrach.

Pour ce géopoliticien de l’énergie, la chute des prix de l’or noir rend « envisageables » les scénarios « les plus pessimistes » pour l’économie mondiale.

Q: Quel impact attendre de la chute des prix du pétrole sur l’économie algérienne?

R: « L’Algérie est excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier du fait de la faible diversification de son économie.

L’impact sera très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins. Selon toute vraisemblance, ces recettes en 2020 vont se situer dans un créneau entre 34 milliards de dollars, soit leur niveau actuel, et plus ou moins 20 milliards de dollars, selon les évolutions possibles de la crise.

Dans tous les cas, la situation est critique. Elle impose, d’abord, un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités, car toute crise recèle des opportunités ».

Q: Quelles sont ces opportunités et les solutions possibles pour l’Algérie?

R: « Il est clair que, parmi les priorités, figurent une puissante accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires.

L’Algérie, toutes proportions gardées, a les moyens, notamment financiers, et des avantages comparatifs naturels, pour surmonter cette crise.

Mais il lui faut une stratégie novatrice: diversifier l’économie et aller vers la transition énergétique ».

Q: Quelles sont les probabilités que l’effondrement des cours persiste, soit du fait de la crise du coronavirus, soit de la volonté de certains producteurs de dicter les règles du marché?

R: « Nous sommes face à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014.

Ce choc survient dans un contexte exceptionnel. L’économie chinoise subit un sévère ralentissement qui a un effet déflagrant sur l’industrie pétrolière mondiale.

Dans ce contexte, où il y a une surabondance de l’offre (de pétrole) et où la demande ralentit, les scénarios les plus pessimistes sont envisageables.

Une diffusion plus large de l’épidémie pourrait même conduire à +un collapsus+ de l’économie mondiale. Nous sommes dans une situation de grande imprévisibilité.

De fait, le « consensus d’Alger » qui avait réuni en 2016 les pays de l’Opep et des pays non Opep, avec à leur tête la Russie, n’a pas résisté à cette crise.

En effet, le partage des sacrifices consécutifs à une baisse de la production pour soutenir les prix est différent, vu le niveau de vulnérabilité plus fort de l’Arabie saoudite et des autres membres de l’Opep par rapport à la Russie, dont l’économie est plus diversifiée et qui peut se suffire d’un baril à 42,4 dollars (ndlr: Moscou a basé ses prévisions budgétaires 2020 sur un baril de Brent à 42,4 dollars).

La guerre des prix engagée inconsidérément par l’Arabie Saoudite, comme chaque fois dans l’histoire, se conclura encore par un affaiblissement des pays producteurs. Et des niveaux de prix en dessous de 30 dollars le baril ne sont plus à exclure.

Certes, on peut anticiper un retour de la Russie à la table des négociations et un ralentissement de la production américaine. Mais les incertitudes, excessivement fortes, quant à l’évolution de l’économie mondiale, orientent les marchés qui tendent à surréagir aux crises, entraînant un +effet papillon+, vers un enchaînement chaotique qui risque fort d’être inédit dans l’Histoire ».

Burundi: six candidatures retenues pour la présidentielle de mai

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Burundi a validé six candidatures à l’élection présidentielle du 20 mai et en a rejeté quatre autres pour « dossiers incomplets », a annoncé mardi son président.

« Au total, dix candidats ont présenté des dossiers de candidature à l’élection présidentielle. (Ils) ont été soumis à une analyse approfondie sur la base principalement de la Constitution et du code électoral », a déclaré à Bujumbura le président de la Ceni, Pierre-Claver Kazihise.

Six candidats ont vu leurs « dossiers acceptés », a ajouté M. Kazihise. Parmi eux, se trouvent le général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti CNDD-FDD au pouvoir, et Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), le principal parti d’opposition.

Les candidatures de l’actuel premier vice-président Gaston Sindimwo, du parti Uprona dominé par la minorité tutsi, et de Léonce Ngendakumana, du Frodebu, le parti ayant remporté les premières élections démocratiques au Burundi en 1993, ont également été retenues.

Enfin, la Ceni a validé les candidatures de deux indépendants, Francis Rohero et Dieudonné Nahimana.

La commission n’a pas donné la raison du rejet des dossiers de l’ancien président de transition Domitien Ndayizeye, présenté par la coalition d’opposition Kira, de Jacques Bigirimana, candidat du parti FNL proche du pouvoir, d’Anicet Niyonkuru, candidat du parti d’opposition CPD récemment rentré d’exil, et de Valentin Kavakure, jeune candidat du petit parti FPN.

Ces quatre personnalités ont toutefois deux jours pour faire appel devant la Cour constitutionnelle. Le CDP d’Anicet Niyonkuru a déjà annoncé son intention de déposer ce recours.

La campagne pour la présidentielle aura lieu du 27 avril au 17 mai, selon un calendrier publié par la Ceni.

Le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, avait surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait.

L’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, selon les estimations de la Cour pénale internationale, laquelle a ouvert une enquête.

Israël: un tribunal rejette la demande de report du procès de Netanyahu

Un tribunal a rejeté mardi la demande de report du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, dont l’ouverture est prévue le 17 mars, date limite à laquelle le président israélien doit désigner la personne chargée de former un gouvernement.

Les avocats de M. Netanyahu, Premier ministre qui a clamé avoir remporté « la plus grande victoire » de sa carrière lors des législatives du 2 mars, avaient envoyé lundi une lettre au tribunal de Jérusalem pour demander un report de 45 jours de l’ouverture du procès. Ils avaient affirmé ne pas avoir reçu « l’ensemble des pièces du dossier collectées durant l’enquête ».

Mais le tribunal a estimé qu’il n’y avaient pas de motifs suffisants justifiant un report.

« L’audience à venir est réservée à la lecture seulement » des chefs d’accusation, indique la décision de justice consultée par l’AFP.

« Une réponse de l’accusé aux charges (qui pèsent contre lui) n’est pas nécessaire à ce stade », ajoute le document.

Benjamin Netanyahu, seul chef du gouvernement dans l’histoire d’Israël à être inculpé en cours de mandat, est poursuivi pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires.

M. Netanyahu clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières » des services du ministère public et des médias.

Le procès doit s’ouvrir alors que Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis une décennie, et ses alliés de droite tentent de former un gouvernement face à une opposition farouche, après les élections du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an.

A l’issue du scrutin, ni M. Netanyahu ni son principal rival, le centriste Benny Gantz, ne sont parvenus à obtenir l’appui de 61 parlementaires, seuil requis pour former un gouvernement.

Des députés envisagent actuellement de proposer une loi qui permettrait d’empêcher toute personne inculpée de former un gouvernement.

Afrique du Sud: victoire du président Ramaphosa contre la cheffe de la lutte anti-corruption

La justice sud-africaine a tranché mardi en faveur du président Cyril Ramaphosa une controverse sur le financement de sa campagne pour la direction de son parti, estimant qu’il n’avait pas tenté de cacher au Parlement un don électoral.

Dans un rapport publié en 2019, la médiatrice de la République Busisiwe Mkhwebane, chargée de la lutte contre la corruption, avait accusé M. Ramaphosa d’avoir menti sur le financement de sa campagne de 2017 pour la présidence de son parti, le Congrès national africain (ANC).

Ce document était accablant pour Cyril Ramaphosa, qui s’est fait le chantre de la lutte contre la corruption. Mme Mkhwebane l’y avait accusé d’avoir trompé les députés de façon « délibérée » sur un don de 500.000 rands (environ 27.000 euros) de la part d’un groupe industriel sulfureux.

Interpellé par des députés, le chef de l’Etat avait initialement répondu que cette somme avait été versée à son fils Andile, consultant pour l’entreprise en question, Bosasa.

Puis il avait fait marche arrière en affirmant qu’il s’agissait d’un don électoral fait, selon lui, à son insu. Il avait plaidé la bonne foi, assurant qu’il ne disposait pas des bonnes informations lorsqu’il avait répondu à la question au Parlement.

Mardi, la Haute Cour de Pretoria lui a donné raison.

« Les conclusions » de la médiatrice selon lesquelles « le président n’aurait pas révélé des dons » pour sa campagne « sont irrationnelles », a déclaré le juge Elias Matojane.

Le magistrat a également rejeté les soupçons de « blanchiment d’argent » et d' »enrichissement personnel » du chef de l’Etat avancés par la médiatrice, estimant qu’il n’y avait « rien » pour les étayer.

Le président Ramaphosa a « salué » le jugement, réaffirmant son « engagement pour un gouvernement honnête ».

Cyril Ramaphosa a décroché la présidence de l’ANC en décembre 2017 puis pris les rênes du pays en février 2018 après la démission de Jacob Zuma, mis en cause dans des scandales politico-financiers.

Dans son jugement cinglant pour la médiatrice, la Haute Cour de Pretoria a estimé que Busisiwe Mkhwebane, réputée proche de Jacob Zuma, avait « fait preuve d’un manque complet de connaissances de base du droit ».

Mme Mkhwebane, dont la justice a déjà annulé plusieurs rapports, est sous le coup d’une procédure parlementaire visant à mettre fin à son mandat, qui expire en 2023.

Un an après, le Mozambique toujours affecté par les effets du cyclone Idai

Près de 100.000 personnes sinistrées lors du passage du cyclone Idai sur le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi continuent à vivre dans des abris de fortune un an après la catastrophe, ont déploré mardi plusieurs ONG.

Le 14 mars 2019, la tempête tropicale Idai a frappé de plein fouet la deuxième ville du Mozambique, Beira (centre), et ses 500.000 habitants puis a poursuivi sa route vers l’intérieur des terres au Zimbabwe et au Malawi voisins.

Son passage a fait officiellement plus d’un millier de morts, quelque 3 millions de sinistrés et causé d’énormes dégâts, aussi bien à l’habitat qu’aux cultures et réserves alimentaires.

Un an plus tard, Care International, Oxfam et Save the Children ont déploré que, faute d’un engagement financier suffisant de la part des donateurs internationaux, les populations sinistrées restaient dans une situation très précaire.

« En pleine crise climatique, gouvernements et humanitaires se battent encore pour obtenir les ressources nécessaires au rétablissement de la situation et à la reconstruction », a déclaré la responsable d’Oxfam au Mozambique, Rotafina Donco.

Trois mois après le passage d’Idai, l’ONU avait estimé à 3,2 milliards de dollars le montant de l’enveloppe nécessaire aux travaux de reconstruction au seul Mozambique. Le montant des promesses d’aide des donateurs internationaux n’avait alors atteint que 1,2 milliard de dollars.

Depuis plusieurs saisons, toute l’Afrique australe souffre de graves épisodes de sécheresse auxquels succèdent des inondations et des tempêtes d’une ampleur inédite, attribuée par les experts au réchauffement climatique.

Selon l’ONU, quelque 45 millions d’habitants de la pointe sud du continent sont aujourd’hui menacés par la famine.

« Les personnes et les pays les plus vulnérables souffrent tandis que le monde attend des principaux pollueurs qu’ils prennent leur juste part pour réduire les émissions de carbone de moitié d’ici 2030 », a regretté Marc Nosbach, de Care Mozambique.

Avec ses 2.500 km de côtes, le Mozambique figure parmi les cinq pays de la planète les plus menacés par le changement climatique, selon la Banque mondiale.

Ethiopian Airlines célèbre le 1er anniversaire du crash du vol ET302

La compagnie Ethiopian Airlines a célébré mardi le premier anniversaire du crash du vol ET302 en rassemblant les proches des victimes pour une cérémonie sur les lieux de l’accident, au sud-est de la capitale Addis Abeba.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le Boeing 737 MAX à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage. Les victimes provenaient de plus de 30 pays différents.

« Alors que les amis et les familles venues du monde entier se réunissent en Ethiopie pour honorer la mémoire de leurs êtres chers, je rends hommage aux victimes de cet accident et souhaite à leurs familles de rester fortes », a déclaré sur Twitter le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.

Les forces de sécurité ont empêché la presse d’accéder au lieu de la cérémonie. Mais les journalistes ont pu observer les voitures des familles de victimes s’y rendant.

Plusieurs familles avaient déjà plusieurs fois visité le site au cours de l’année écoulée, notamment immédiatement après l’accident, puis quand les restes des victimes ont été rapatriés dans leur pays d’origine à la fin 2019.

Mais la Française Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille, âgée de 28 ans, n’était avant cette semaine encore jamais venue en Ethiopie depuis l’accident.

Elle s’est résolue à assister à cette cérémonie à la demande d’un médecin, qui espérait que cela l’aiderait à faire son deuil, a-t-elle raconté à l’AFP.

« Si vous perdez un enfant dans un accident de voiture, vous pouvez souvent voir le corps et c’est important. Je n’aurai pas cette chance car ma fille est morte dans un accident d’avion, son corps est en un million de morceaux », a-t-elle déclaré.

« Alors c’est important d’aller dans le pays où elle a vécu ses derniers instants », a-t-elle ajouté.

Virginie Fricaudet, présidente de l’association des victimes françaises, a dit espérer que cette cérémonie permettrait de « refermer un chapitre », même si elle a reconnu que les proches des victimes étaient toujours en deuil.

« Pour moi, cette commémoration doit servir à rassembler cette immense famille qui est unie par la tragédie », a indiqué Mme Fricaudet, qui a perdu un frère dans le crash.

Lundi, les familles des neuf victimes françaises avaient assisté à une autre cérémonie à l’ambassade de France à Addis Abeba, plaçant des roses blanches au pied d’arbres plantés un an plus tôt en mémoire des victimes.

Primaires démocrates: Joe Biden aborde en favori son premier duel avec Sanders

Après une série de victoires sans appel, Joe Biden espère prendre un avantage décisif sur son rival Bernie Sanders mardi, lors de leur premier duel de la primaire démocrate.

L’ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, dont les débuts de campagne avaient été difficiles, a repris la tête de la course destinée à désigner l’adversaire de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre.

Arrivé en tête en Caroline du Sud, puis dans dix des 14 Etats du « Super Tuesday » il y a une semaine, il engrange depuis les ralliements et s’envole dans les sondages.

Ce vétéran de la politique américaine au programme modéré disposait lundi d’une avance de 16 points sur le sénateur socialiste Bernie Sanders, 78 ans, qui prône une « révolution politique », selon une moyenne des enquêtes d’opinion réalisée par le site RealClearPolitics.

Mardi, les électeurs démocrates de six Etats, parmi lesquels le Michigan occupe une place de choix, sont appelés à les départager dans un scrutin qui pourrait conforter la dynamique en faveur de Joe Biden.

Cet Etat industriel de la région des Grands Lacs, durement frappé par la crise de l’automobile, avait toutefois donné tort aux sondages, en offrant la victoire à Bernie Sanders face à l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton lors de la primaire démocrate de 2016.

Le sénateur socialiste, qui accuse un retard de 22,5 points en moyenne sur Joe Biden dans le Michigan, mise sur un réseau de bénévoles tout acquis à sa cause pour y créer de nouveau la surprise.

Pour redonner de l’élan à sa campagne, il lui faudrait aussi rafler la mise dans l’Etat de Washington, où les électeurs semblent indécis, et peut-être dans l’un des quatres autres Etats en jeu: Dakota du Nord, Idaho, Mississippi, Missouri.

– « Stupides » –

Lundi les deux hommes ont sillonné le Michigan s’attachant à marquer leurs différences mais se gardant d’attaques trop frontales. L’un et l’autre se sont engagés à soutenir le vainqueur de la compétition contre Donald Trump, cible de leurs principales piques.

« On doit se battre mais on ne peut pas devenir comme l’autre équipe », celle des républicains, a souligné Joe Biden lors d’une réunion publique dans la ville de Flint.

Les Américains ne « veulent pas d’une révolution », a-t-il toutefois lancé, en se posant comme un pragmatique capable de réconcilier un pays divisé comme jamais.

De son côté, Bernie Sanders a participé à une table-ronde sur le nouveau coronavirus, qui a contaminé plus de 600 personnes et fait au moins 26 morts aux Etats-Unis.

Epinglant les déclarations selon lui « stupides » du président sur le virus, il en a profité pour vanter ses promesses d’assurance maladie universelle qui donnerait à chaque Américain « un droit à la santé ».

Depuis le début de cette crise sanitaire, des école sont été fermées et de nombeux Américains placés en quarantaine, mais la campagne présidentielle n’a pas encore été affectée.

– « Rassemblement » –

Près de trente prétendants, dont de nombreuses femmes et élus des minorités, s’étaient lancés dans la course à l’investiture démocrate. Faute de succès dans l’opinion et de ressources suffisantes, certains avaient jeté l’éponge avant les premiers votes des primaires.

D’autres, comme le milliardaire Michael Bloomberg ou la sénatrice Elizabeth Warren, ont abandonné après avoir essuyé des échecs cuisants lors du Super Tuesday.

Ces défections laissent les deux septuagénaires seuls en lice avec l’élue du Congrès Tulsi Gabbard qui s’accroche malgré des résultats confidentiels.

A l’exception d’Elizabeth Warren qui n’a pas fait connaître sa préférence, les anciens grands candidats se sont ralliés à Joe Biden: Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Kamala Harris et, encore lundi, Cory Booker.

Tous jugent qu’il est le plus à même de battre Donald Trump et appellent les démocrates au « rassemblement » pour éviter que le milliardaire républicain n’emporte un second mandat.

Le programme de gauche de Bernie Sanders, sur l’assurance maladie ou la gratuité des études, est perçu comme « révolutionnaire » aux Etats-Unis et l’establishment démocrate craint qu’il n’effraie les électeurs centristes.

Quel que soit le candidat choisi, Donald Trump, qui peut compter sur de bons résultats économiques, est prêt à en découdre et a déjà affublé ses rivaux potentiels de sobriquets de son choix: « Bernie le fou » et « Joe l’endormi », en prélude à une campagne qui s’annonce âpre.

Migrants: Erdogan dit qu’il recevra Macron et Merkel à Istanbul le 17 mars

La chancelière allemande Angela Merkel et le chef de l’Etat français Emmanuel Macron se rendront le 17 mars à Istanbul pour des discussions sur les migrants et la Syrie avec le président Recep Tayyip Erdogan, a déclaré ce dernier à la presse turque.

« Nous allons nous réunir à Istanbul la semaine prochaine, mardi (17 mars) », a dit M. Erdogan, selon des propos rapportés mardi par l’agence de presse étatique Anadolu, ajoutant que le chef du gouvernement britannique Boris Johnson pourrait également être présent.

M. Erdogan a indiqué qu’il comptait initialement organiser ce sommet en fin de semaine, mais que cela n’avait pas été possible en raison des élections municipales qui se tiendront dimanche en France.

Sollicitée par l’AFP, la présidence française n’a pas confirmé le sommet annoncé par M. Erdogan.

Le président turc répondait aux questions de journalistes à bord de l’avion le ramenant lundi d’un sommet à Bruxelles consacré à un nouvel afflux de migrants vers l’Europe depuis la Turquie.

La Turquie a annoncé il y a deux semaines l’ouverture de ses portes avec l’Europe pour permettre à des milliers de migrants de passer, provoquant un afflux à la frontière grecque et réveillant à Bruxelles la crainte d’une crise similaire à celle de 2015.

Ankara appelle l’UE à prendre sa « part du fardeau » mais celle-ci dénonce un « chantage » aux migrants.

Lors du sommet à Bruxelles lundi, l’UE a appelé la Turquie à « respecter les engagements » issus d’un accord UE-Turquie conclu en mars 2016, qui prévoit que les migrants restent en Turquie, en échange notamment d’une aide financière européenne.

M. Erdogan a vivement critiqué les mesures prises par la Grèce qui a utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour empêcher les migrants de franchir sa frontière.

« C’est un crime. Ils devront rendre des comptes. Mon conseil à la Grèce: ouvrez vos portes. Ces gens ne veulent pas rester en Grèce. Laissez-les entrer et se rendre dans d’autres pays européens », a-t-il dit.

Peu avant la publication de ces propos, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu avait dit qu’Ankara espérait ébaucher un nouvel accord avec l’UE pour régler la question migratoire d’ici le 26 mars, date où se tiendra un sommet du Conseil européen.

– Idleb –

L’annonce par M. Erdogan de la prochaine visite de Mme Merkel et de M. Macron intervient par ailleurs au moment où la situation humanitaire est catastrophique dans la province d’Idleb, dans le Nord-Ouest de la Syrie.

Après plusieurs semaines d’escalade ayant débouché sur des affrontements inédits entre l’armée turque et le régime syrien appuyé par Moscou, M. Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont conclu la semaine dernière un cessez-le-feu.

« J’espère que cela continuera et que (le cessez-le-feu) deviendra permanent », a déclaré M. Erdogan.

Depuis décembre, près d’un million de personnes ont été déplacées par les violences à Idleb, en grande majorité vers la frontière turque. La Turquie, où vivent déjà quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, refuse d’en accueillir davantage.

Le président Erdogan exhorte régulièrement les pays européens à soutenir son projet de construction d’abris à Idleb pour y reloger les déplacés.

Afghanistan: l’armée américaine entame son retrait, décret attendu sur un échange de prisonniers

L’armée américaine a commencé à se retirer de deux bases d’Afghanistan, première étape de l’accord signé à Doha entre les Etats-Unis et les insurgés, alors que Kaboul devait statuer mardi sur un échange de prisonniers avec les rebelles.

Les bases sont situées à Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand (Sud), largement sous contrôle des insurgés, et dans la province d’Herat (Ouest), a précisé à l’AFP ce responsable américain sous couvert d’anonymat.

Selon le texte de l’accord, le nombre de soldats américains sur place doit passer de 12 ou 13.000 à 8.600 d’ici mi-juillet. Cinq de la vingtaine de bases américaines dans le pays doivent être évacuées.

Les forces américaines conservent « tous les moyens (…) pour atteindre (leurs) objectifs », avait toutefois déclaré lundi le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaines en Afghanistan.

Selon Omar Zwak, porte-parole du gouverneur du Helmand, seuls « 20 ou 30 » soldats étrangers ont toutefois quitté Lashkar Gah depuis le weekend.

Désireux de mettre fin à la plus longue guerre de leur histoire, les Etats-Unis se sont engagés dans l’accord de Doha au retrait total des forces étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, si les talibans respectent des engagements sécuritaires.

Les insurgés doivent aussi, selon ce texte, participer à des discussions sur le futur du pays avec une délégation incluant le gouvernement afghan, que les talibans n’ont jamais reconnu.

Mais ce dialogue inter-afghan, qui devait démarrer mardi mais sera selon toute vraisemblance repoussé, se heurtait à un obstacle de taille. Le président Ashraf Ghani s’opposait depuis des jours à une des principales clauses négociées par les Américains et les rebelles : la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes.

Lundi, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois annoncé qu’un décret statuerait mardi sur la libération des prisonniers insurgés et la formation d’une équipe nationale pour les négociations inter-afghanes. Mais à 17H15 locale (12H45 GMT), le gouvernement afghan n’avait toujours pas communiqué sur le sujet.

– ‘Liste détaillée’ –

Les talibans ont fait de cet échange de prisonniers un prérequis à l’ouverture du dialogue avec Kaboul.

« Nous avons soumis au camp américain une liste détaillée des 5.000 personnes (prisonniers) », a écrit sur Twitter Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans, ajoutant que les prisonniers devraient être remis au groupe qui procédera à une « vérification ».

« Ils devront être les personnes dont le nom figure sur la liste », a-t-il précisé mardi.

Un responsable taliban, interrogé par l’AFP, a de son côté accusé le gouvernement afghan de « prévoir de ne libérer que les prisonniers qui sont âgés, très malades, ou ceux dont la peine est arrivée à son terme ».

Kaboul apparaît plus que jamais désuni, alors qu’Ashraf Ghani, vainqueur de la présidentielle de septembre, et son principal rival Abdullah Abdullah, qui revendique également la victoire, se sont tous deux déclarés présidents d’Afghanistan lundi, plongeant le pays dans une crise institutionnelle.

Ces disputes font craindre qu’un gouvernement affaibli ne puisse faire face aux talibans, qui risquent de gagner en puissance avec le retrait progressif des forces américaines, notamment dans les parties du pays où les insurgés sont déjà très présents.

Le Helmand, où la retrait des troupes américaines a démarré, est notamment considéré comme un bastion des insurgés, où les troupes américaines et britanniques ont été particulièrement visées en 18 ans de conflit afghan.

Les talibans, qui considèrent l’accord comme une « victoire » contre les Etats-Unis, ont déjà commencé à mettre à l’épreuve la volonté de Washington de protéger ses partenaires afghans, avec des dizaines d’attaques recensées depuis la signature du texte à Doha.

Le 3 mars, l’armée américaine s’était résolue à une première frappe aérienne contre les talibans depuis l’accord après qu’ils eurent attaqué à 43 reprises en une journée les forces afghanes dans le Helmand.

Les députés russes examinent la grande réforme constitutionnelle de Poutine

Les députés russes examinent mardi en deuxième lecture les amendements constitutionnels voulus par le président Vladimir Poutine, une réforme visant à marquer de son empreinte la Russie pour les décennies à venir.

Les révisions voulues devraient être adoptées par la Douma à une majorité écrasante. Elles concernent à la fois le système politique, des garanties socio-économiques et des valeurs sociétales conservatrices portées par le président russe.

Annoncée par surprise par M. Poutine en janvier, cette première révision de la Constitution depuis son adoption en 1993 est aussi largement considérée comme une manière de préparer l’après-2024, date où son dernier mandat présidentiel s’achèvera.

Pour certains, l’homme fort du Kremlin veut se laisser les moyens de conserver son influence lorsqu’il quittera la présidence. D’autres considèrent qu’il cherche à jeter les bases d’une succession organisée.

« Cela n’a rien à voir avec moi », a assuré M. Poutine, à quelques jours du vote de la Douma, la chambre basse du Parlement. « Nous proposons des amendements non pas pour cinq ou 10 ans, mais au moins pour 30 ou 50 ans », a-t-il dit.

– Pérenniser le système –

Visant par exemple à renforcer plusieurs prérogatives présidentielles et à muscler le rôle du Conseil d’Etat, un organe jusqu’ici consultatif, ces amendements constitutionnels ont déjà été adoptés à l’unanimité par les députés en première lecture en janvier.

Vladimir Poutine a soumis depuis 24 pages supplémentaires qui sont débattues depuis mardi midi (09H00 GMT).

Ces amendements « sont ce dont nous avons besoin aujourd’hui », a proclamé le président de la Douma, Viatcheslav Volodine.

Une troisième et dernière lecture pourrait avoir lieu dès mercredi, et le texte serait alors envoyé le jour même pour approbation au Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement.

Le texte dans son ensemble sera soumis ensuite à un « vote populaire » des Russes, le 22 avril.

Pour beaucoup d’analystes, cette réforme laisse à M. Poutine un maximum de portes ouvertes pour préserver son influence et pérenniser le système qu’il a bâti en 20 ans au pouvoir, alors qu’il ne pourra pas se représenter à la présidence.

La réforme du Conseil d’Etat a été très discutée à ce titre, certains y voyant l’institution via laquelle M. Poutine pourrait rester aux affaires tout en quittant le Kremlin.

Les amendements renforcent par ailleurs certains pouvoirs du président, qui pourra par exemple refuser de promulguer une loi adoptée par deux tiers des députés, ou nommer de nombreux juges.

Si avec la réforme constitutionnelle le Parlement se voit accorder le choix du Premier ministre, le président pourra toujours limoger le chef du gouvernement à sa guise et tout membre du cabinet.

Dans ce contexte, plusieurs députés ont appelé mardi à convoquer des élections législatives anticipées une fois la réforme adoptée.

Autre innovation: les juges, les élus et les responsables politiques au niveau fédéral auront l’interdiction de posséder une nationalité étrangère ou un permis de séjour dans un autre pays.

L’opposition, et notamment son chef de file Alexeï Navalny, a vigoureusement dénoncé la révision constitutionnelle, affirmant que le président voulait rester au pouvoir indéfiniment.

– « Manifeste conservateur » –

Des affirmations rejetées par Vladimir Poutine, 67 ans, qui a encore assuré la semaine dernière qu’un dirigeant qui ferait tout pour garder ses pouvoirs risque de « détruire » le pays. « C’est ce que je n’ai pas envie de faire ».

Confronté à une chute du niveau de vie et après une impopulaire réforme des retraites, M. Poutine a aussi décidé d’inclure à la Constitution un salaire minimum et des pensions réévaluées en fonction de l’inflation.

D’autres amendements reflètent le conservatisme du chef de l’Etat, comme l’ajout de la mention de « la foi en Dieu » et la définition du mariage comme l’union d’un homme et d’une femme.

Un éditorial du quotidien Vedomosti a qualifié ces mesures de « manifeste conservateur », affirmant qu’il s’agissait de l’héritage que souhaitait laisser le président aux générations futures.

Selon le commentateur politique Maxime Troudolioubov, s’exprimant dans Forbes Russie, il s’agit de « codifier Poutine », en créant une structure politique qui lui survivra.

Pour des analystes, ces mesures sociétales et économico-sociales visent aussi à convaincre les Russes de prendre part au « vote populaire » du 22 avril.