mars 2020 - Page 8 sur 36 - Journal du niger

Biden tend la main à Sanders: « Ensemble, nous battrons Trump »

L’ancien vice-président américain Joe Biden a tendu la main mardi à son rival dans la primaire démocrate Bernie Sanders, qu’il devance désormais confortablement après trois nouvelles victoires, notamment dans l’Etat-clé du Michigan.

« Je tiens à remercier Bernie Sanders et ses partisans pour leur inlassable énergie et leur passion. Nous avons le même but et ensemble, nous battrons Donald Trump », a-t-il lancé dans un discours assez sobre depuis Philadelphie.

Les électeurs démocrates de six Etats étaient appelés à départager mardi les deux candidats à l’investiture démocrate.

Selon les projections des médias américains, Joe Biden est arrivé largement en tête dans le Michigan, le Missouri et le Mississippi.

Les résultats de l’Idaho, du Dakota du Nord et de l’Etat de Washington restent inconnus, mais le sénateur socialiste Bernie Sanders risque d’avoir du mal à se remettre de ces défaites et à rester dans la course.

L’ancien bras droit de Barack Obama, désormais archi-favori s’est gardé de tout triomphalisme. « On dirait que l’on va passer une nouvelle bonne nuit », a simplement commenté Joe Biden, qui avait déjà engrangé une première série de victoires dans 10 des 14 Etats en jeu lors du « Super Tuesday » .

« Nous sommes un pas plus près de ramener la décence, la dignité et l’honneur à la Maison Blanche », a-t-il encore déclaré, en se disant engagé dans une « bataille pour l’âme » de l’Amérique.

Reprenant le crédo qu’il martèle depuis son entrée en lice, ce vétéran de la vie politique, de 77 ans, a estimé que l’élection se jouerait sur des valeurs.

« Nous avons besoin d’un leader présidentiel honnête, confiant, digne de confiance et stable. D’un leader rassurant », a encore ajouté ce candidat modéré.

Bernie Sanders ne s’exprimera pas avant mercredi, selon les médias.

A la demande des autorités sanitaires, les deux septuagénaires avaient dû renoncer à tenir des meetings à Cleveland dans la soirée, en raison du nouveau coronavirus.

Venezuela: la police disperse une manifestation de l’opposition

La police vénézuélienne a dispersé mardi à Caracas une manifestation de l’opposition contre Nicolas Maduro à laquelle avait appelé Juan Guaido, dans l’espoir de raviver le mouvement de protestation contre le président socialiste et exiger une nouvelle élection présidentielle.

En début de soirée, l’opposition a dénoncé l’arrestation d’un député d’opposition, Renzo Prieto, appréhendé par les FAES, un corps controversé de la police vénézuélienne, quelques heures après la manifestation. De même source, deux autres députés d’opposition ont été brièvement arrêtés puis relâchés.

Plus tôt dans la journée, quelques milliers de manifestants anti-Maduro s’étaient élancés d’une place dans l’Est de Caracas pour rejoindre l’Assemblée nationale, avec Juan Guaido en tête de cortège.

Mais peu de temps après le début de la manifestation, la Police nationale bolivarienne (PNB) a bloqué le cortège. Juan Guaido a tenté d’entamer un dialogue avec les agents qui ont alors tiré du gaz lacrymogène pour disperser la manifestation, selon un journaliste de l’AFP.

Certains manifestants ont répondu en lançant des pierres et des bâtons en direction des agents.

« Tout cela me fait mal, mais je me sens encore plus valeureuse, j’ai encore plus envie de continuer à protester », a dit à l’AFP Katherine Croquer, une manifestante de 54 ans.

Les manifestants comptaient se diriger vers le siège du Parlement pour exiger une nouvelle élection présidentielle et faire entendre leurs revendications sociales et économiques.

Le Parlement unicaméral est l’unique organe aux mains de l’opposition au président Maduro, mais ses décisions sont systématiquement annulées par la Cour suprême.

Juan Guaido a été réélu à sa tête en janvier avec les seules voix de l’opposition, mais le pouvoir chaviste n’a pas reconnu cette élection.

-« Selfie »-

Empêchés de s’approcher du Parlement, Juan Guaido, des élus d’opposition et des sympathisants se sont finalement rendus sur une place à quelques centaines de mètres de là et ont organisé une séance de l’Assemblée nationale. Les élus ont approuvé un texte qui exige la tenue d’une nouvelle élection présidentielle, deux ans après le scrutin « frauduleux », selon eux, qui a permis à Nicolas Maduro de se maintenir au pouvoir.

« N’ayez pas peur », a lancé Juan Guaido à la foule.

Au même moment, plusieurs milliers de personnes s’étaient réunies à l’appel du pouvoir pour une « contre-manifestation » dans le centre de Caracas avec comme mot d’ordre la « défense de la souveraineté » du Venezuela face aux « agressions » économiques du président américain Donald Trump.

Washington, principal soutien de Juan Guaido à l’international, a pris un éventail de sanctions pour accentuer la pression sur Nicolas Maduro que l’opposant tente, en vain, d’évincer depuis un peu plus d’un an.

Diosdado Cabello, numéro deux du PSUV, le parti présidentiel, a ironisé sur les élus d’opposition dont la manifestation a été dispersée par la police. « Ils ont commis des actes de violence pour une photo. Ils pensent qu’en prenant un +selfie+ ils vont réussir à renverser le gouvernement révolutionnaire », a-t-il dit.

Avec cette nouvelle mobilisation, Juan Guaido, que près d’une soixantaine de pays reconnaissent comme président par intérim, comptait relancer le mouvement de protestation contre le chef de l’Etat qu’il qualifie de « dictateur ».

Ces derniers mois, ses appels à manifester ont rencontré un écho bien moindre que début 2019, lorsque des dizaines de milliers de Vénézuéliens se mobilisaient chaque semaine.

Il s’agit de la première manifestation d’envergure de l’opposition depuis le retour mi-février de Juan Guaido d’une tournée internationale au cours de laquelle Donald Trump et le président français Emmanuel Macron, entre autres, lui ont réitéré leur soutien.

De son côté, Nicolas Maduro a toujours l’appui de la Russie, de Cuba, de la Chine et de l’état-major de l’armée, clef de voûte du système politique vénézuélien.

« La situation (du Venezuela) est catastrophique. Les droits des travailleurs ne sont pas respectés, nous exigeons que cela change », a déclaré Ofelia Rivera, 58 ans, une éducatrice à la retraite interrogée par l’AFP avant le début de la manifestation à Caracas.

Le Venezuela traverse la pire crise de son histoire récente, avec, entre autres maux, des pénuries de médicaments et une hyperinflation qui a atteint 9.585,5% en 2019, selon la Banque centrale.

D’après la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet, 4,9 millions de personnes ont « abandonné » le Venezuela, qui compte 30 millions d’habitants, depuis fin 2015.

Kenya : l’unique girafe blanche femelle tuée par des braconniers

L’unique girafe blanche femelle répertoriée au Kenya, et son petit ont été tués par des braconniers dans une réserve de l’est du pays, a annoncé mardi une association locale. Ces animaux extrêmement rares n’ont été signalés dans aucun autre pays du monde.

Les corps des deux girafes aux peaux blanches en raison d’une pigmentation rarissime ont été trouvés « à l’état de squelette après avoir été tués par des braconniers » dans une réserve de Garissa, dans l’est du Kenya.

Après leur disparition, il ne reste en vie qu’une seule girafe blanche, un mâle, dont la mère était la femelle abattue par des chasseurs, a indiqué dans un communiqué l’association locale Ishaqbini Hirola, qui gère la réserve.

« Nous sommes la seule communauté au monde qui s’occupe de préserver la girafe blanche », a déclaré Mohammed Ahmednoor, le directeur de l’association.

« Cette tuerie est un coup dur pour les mesures importantes prises par la communauté pour préserver des espèces rares, et un appel à la vigilance pour un soutien continu aux efforts de protection », a-t-il estimé.

La girafe blanche a suscité un grand intérêt en 2017, lorsqu’elle a été aperçue pour la première fois dans la réserve kényane et lorsqu’elle a donné naissance à deux petits, le dernier né en août 2019.

Ces girafes blanches présentent les caractéristiques non pas de l’albinisme mais d’une condition génétique appelée leucisme, due à un déficit des cellules pigmentaires, que l’on retrouve notamment chez certains tigres blancs.

Deuxième cas mondial de guérison d’un patient atteint du VIH

Un patient atteint du VIH, ayant bénéficié d’une greffe de cellules souches, est désormais « guéri », ce qui en fait le deuxième au monde à se remettre de cette maladie, ont annoncé ses médecins mardi.

Près de dix ans après le premier cas confirmé d’un patient souffrant du VIH et qui s’en était débarrassé, ce deuxième cas, connu comme « le patient de Londres », n’a manifesté aucun signe du virus depuis 30 mois malgré l’arrêt des traitements antirétroviraux, selon les résultats publiés dans la revue The Lancet HIV.

En mars 2019, le professeur Ravindra Gupta, de l’université de Cambridge, avait annoncé que cet homme diagnostiqué séropositif en 2003 était en rémission, n’ayant montré aucun signe d’atteinte du virus depuis 18 mois.

Le médecin avait toutefois alors appelé à la prudence, insistant sur le terme de rémission et non de guérison, demandant plus de temps.

Un an plus tard, son équipe a franchi ce pas. « Nous suggérons que nos résultats représentent une guérison du VIH », écrivent-ils, après avoir testé des échantillons de sang, tissus, sperme.

« Nous avons testé un nombre assez considérable de lieux où le virus aime se cacher et pratiquement tout était négatif », hormis quelques restes « fossiles » de virus non actif, a expliqué à l’AFP le Pr Gupta. « C’est difficile d’imaginer que toute trace d’un virus qui infecte des milliards de cellules a été éliminée », s’est-il réjoui.

Comme le « patient de Berlin », l’Américain Timothy Ray Brown considéré guéri en 2011, ce « patient de Londres » a subi une greffe de moelle osseuse pour traiter un cancer du sang, et reçu ainsi des cellules souches de donneurs porteurs d’une mutation génétique rare qui empêche le VIH de s’implanter, le CCR5.

Le fait que la guérison du patient de Berlin soit restée isolée pendant près de dix ans laissait penser à certains que ce n’était qu’un coup de chance.

« Nos conclusions montrent que le succès de la transplantation de cellules souches comme traitement du VIH, pour la première fois rapportée il y a 9 ans pour le patient de Berlin, peut être reproduite », estiment les chercheurs qui espèrent désormais d’autres succès.

« D’autres patients ont bénéficié d’un traitement similaire, mais aucun n’est aussi loin dans la rémission (…). Il y en aura probablement d’autres, mais cela prendra du temps », a commenté le Pr Gupta.

– Procédure lourde et risquée –

En attendant, le patient de Londres a décidé de révéler cette semaine son identité dans un entretien au New York Times. « Je veux être un ambassadeur d’espoir », a expliqué Adam Castillejo, 40 ans, qui a grandi à Caracas, au Venezuela.

Mais les chercheurs reconnaissent que pour l’instant leur méthode n’est pas une solution pour les millions de personnes qui vivent avec la maladie dans le monde et la contrôlent grâce aux antirétroviraux à prendre à vie.

La procédure utilisée pour les deux patients guéris est très lourde et risquée, posant des questions « éthiques », souligne le Pr Gupta.

« Il faut mettre en balance le taux de mortalité de 10% pour une transplantation de cellules souches et le risque de mort si on ne fait rien », selon lui.

« Un travail tel que celui-là est important pour le développement de stratégies de traitement qui pourraient être applicables plus largement », a toutefois commenté le Dr Andrew Freedman, de l’université de Cardiff, pas impliqué dans l’étude.

D’autres scientifiques sont en revanche plus prudents. « Le patient de Londres est-il vraiment guéri ? », s’est interrogée Sharon Lewin, de l’université de Melbourne. « Les données (…) sont bien entendu excitantes et encourageantes, mais au final, seul le temps nous le dira », a-t-elle noté, estimant qu’il faudrait « plus qu’une poignée de patients guéris du VIH » pour évaluer la « probabilité d’une reprise tardive et inattendue d’une réplication du virus ».

Le « patient de Londres » va d’ailleurs continuer à être testé régulièrement pour surveiller une possible réémergence du virus.

Près de 38 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, mais seules 62% bénéficient d’une trithérapie. Près de 800.000 personnes sont mortes en 2018 d’affections liées au VIH. L’apparition de formes de VIH résistantes aux médicaments représente aussi une préoccupation croissante.

MH17: la Russie tente « activement d’entraver » l’enquête, selon les procureurs néerlandais

La Russie tente « activement d’entraver » l’enquête sur le crash du vol MH17, ont dénoncé mardi les procureurs néerlandais, au deuxième jour du procès aux Pays-Bas de trois Russes et un Ukrainien accusés d’avoir provoqué l’explosion de l’appareil au-dessus de l’Ukraine en 2014.

Les procureurs ont notamment accusé la Russie de tentatives de piratage informatique à l’encontre d’enquêteurs et ont évoqué la crainte que Moscou n’essaye de retrouver des témoins.

« Il y a des indications claires que les services de sécurité russes tentent activement d’entraver les efforts pour établir la vérité derrière le crash du vol MH17 », a déclaré le procureur Thijs Berger devant les juges du tribunal de Schiphol, en banlieue d’Amsterdam.

Le Boeing 777 de la compagnie Malaysian Airlines, parti d’Amsterdam pour Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, a été touché en plein vol par un missile BUK de conception soviétique au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine. Les 298 personnes à bord, parmi lesquelles 196 Néerlandais, ont été tuées.

« Les autorités britanniques et néerlandaises ont déterminé que des agents russes du GRU (le renseignement militaire russe) étaient impliqués dans des tentatives de piratage des systèmes des autorités d’enquête malaisiennes », a affirmé M. Berger.

Le procureur a également mentionné des tentatives de piratage visant le Bureau néerlandais d’enquête pour la sécurité (OVV), qui coordonnait initialement l’enquête sur la catastrophe. Pour lui, « ces informations jettent une ombre » sur le procès, qui s’est ouvert lundi malgré l’absence des suspects.

Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l’Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine, sont poursuivis par le parquet néerlandais pour meurtre et pour avoir délibérément causé le crash de l’avion.

Ces premiers suspects inculpés dans l’affaire sont accusés d’avoir convoyé le système de missiles anti-aériens BUK, avant que celui-ci ne soit tiré par d’autres personnes encore non identifiées.

Doubinski, Guirkine et Khartchenko seront jugés par contumace, tandis que Poulatov a choisi d’être représenté par un avocat néerlandais. Ils encourent la perpétuité.

Boudewijn van Eijck, l’avocat de Poulatov, a rejeté mardi les accusations des procureurs, qualifiant leurs remarques sur la sécurité des témoins de « prématurées ».

– « Craindre pour leur vie » –

L’équipe internationale d’enquêteurs, dirigée par les Pays-Bas, a établi en mai 2018 que l’avion avait été abattu par un missile provenant de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (Sud-Ouest).

A la suite de ces révélations, les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 citoyens ont péri dans le drame, ont ouvertement imputé à la Russie la mort de leurs ressortissants. Moscou a toujours nié avec véhémence toute implication et a rejeté la faute sur Kiev.

« Le tribunal a clairement indiqué que le gouvernement russe menait une campagne de désinformation. Et nous devrons être préparés à beaucoup plus de distorsion de la vérité au fur et à mesure que l’affaire avance », a regretté mardi auprès des journalistes Anton Kotte, qui a perdu son fils, sa belle-fille et son petit-fils dans la catastrophe.

Selon les procureurs néerlandais, il existe un « véritable risque pour la sécurité des témoins » dans cette enquête, dont certains donneront des témoignages anonymes.

« L’utilisation des services de sécurité russes pour découvrir l’identité des témoins dans cette enquête est un scénario très réel. Ces agences ont la capacité d’intercepter les communications et de surveiller les déplacements des gens », a avancé M. Berger.

« Plusieurs témoins dans cette enquête disent craindre pour leur vie si leur identité venait à être révélée », a-t-il expliqué.

Des « mesures spécifiques » ont notamment dû être prises pour protéger un témoin ayant déclaré que des militaires russes se trouvaient avec le missile BUK sur le site du lancement le jour du crash du vol MH17, ont ajouté les procureurs.

De nouvelles audiences en l’affaire reprendront le 23 mars.

Coronavirus: l’Espagne prend des mesures pour ne pas suivre le chemin de l’Italie

Interdiction des vols venant d’Italie, matches de foot à huis clos, écoles fermées: prise de court par le triplement des cas depuis dimanche, l’Espagne a multiplié mardi les mesures face à la propagation du coronavirus.

Avec 1.622 cas et 35 morts selon le dernier bilan communiqué mardi à la mi-journée par le ministère de la Santé, l’Espagne est désormais l’un des pays les plus touchés du monde et le plus touché en Europe derrière l’Italie. Dimanche, elle ne recensait que 589 cas.

Face à cette croissance exponentielle de la contagion, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, qui avait adopté jusqu’ici une position plutôt attentiste, est passé à la vitesse supérieure mardi.

« Nous aurions aimé ne pas prendre certaines mesures et nous sommes conscients qu’elles altèrent le quotidien des gens. Mais croyez-moi, elles sont nécessaires », a insisté le ministre de la Santé, Salvador Illa à l’issue du conseil des ministres.

« Nous travaillons pour ne pas arriver à la situation italienne, toutes les mesures que nous prenons sont destinées » à cela, a-t-il ajouté. L’Italie, pays le plus touché après la Chine, a prié lundi soir ses 60 millions d’habitants de rester chez eux pour freiner l’épidémie.

– Le foot à huis clos –

Madrid a ainsi interdit du 11 au 25 mars tous les « vols directs entre tout aéroport situé en Italie et tout aéroport situé en Espagne ». Les deux pays sont très liés, plus de 240.000 Italiens vivent en Espagne et le trafic aérien en provenance d’Italie représente 9% du trafic international en Espagne.

Le gouvernement a par ailleurs ordonné que toute manifestation sportive se joue à huis clos dans le pays, y compris les matchs du championnat de football de première division dont les deux prochaines journées auront lieu sans public dans les tribunes.

Il a également incité les entreprises à aménager les horaires de leurs salariés ou les autoriser à travailler de chez eux. Le géant bancaire Santander a notamment demandé à ses employés madrilènes de faire du télétravail.

Dans les régions les plus touchées comme celle de Madrid, qui est de loin la plus affectée avec près de 800 cas et 21 morts, des mesures supplémentaires ont été prises comme la suspension de tous les évènements publics dans des espaces fermés regroupant plus de 1.000 personnes.

La région de Madrid, qui compte 6,5 millions d’habitants, avait annoncé dès lundi soir la fermeture de toutes les écoles et universités à partir de mercredi et pour deux semaines. Elle va aussi désinfecter tous les jours les wagons du métro, les bus et les trains de banlieue.

Des mesures similaires concernant les écoles ont été prises à Vitoria, la capitale de la région du Pays basque, et dans la région de la Rioja (nord), les deux autres zones du pays les plus affectées.

Le parlement espagnol a annoncé avoir repoussé d’une semaine sa prochaine séance plénière alors que l’un des dirigeants du parti d’extrême droite Vox, Javier Ortega-Smith, a été testé positif au coronavirus.

– Queues dans les supermarchés –

Dans ce contexte, les supermarchés ont été assaillis dans la région de Madrid par des habitants faisant des réserves.

« On est à bout, depuis hier soir, c’est massif », a confié à l’AFP, Clara Badena, une employée d’un supermarché Mercadona du nord de Madrid où certains rayons (conserves, papier toilette) étaient déjà à moitié vides.

Face à cette razzia, l’association représentant la grande distribution (ANGED) a assuré que l’approvisionnement des magasins était « garanti » et qu’il n’était « pas nécessaire de procéder à un stockage disproportionné » de denrées.

Le gouvernement espagnol a prévu de se réunir de nouveau jeudi pour analyser la situation et prendre de nouvelles mesures si nécessaire. Pedro Sanchez rencontrera lui ce jour-là les syndicats et les organisations patronales pour discuter d’un « plan d’urgence » économique sur lequel le gouvernement n’a donné aucun détail.

mg/pmr/sg

La vie brisée des femmes stérilisées à leur insu en Afrique du Sud

La terre s’est dérobée sous ses pieds il y a quatre ans, le jour où Bongekile Msibi, mère sud-africaine d’une adolescente de 15 ans, a appris la raison pour laquelle elle n’arrivait pas à avoir un deuxième enfant: elle n’avait plus d’utérus.

« Je ne comprenais pas ce que le médecin disait », se rappelle la mère de 32 ans, tentant de retenir ses larmes. « Comment était-ce possible ? J’avais un enfant, cela voulait dire que j’avais un utérus. »

Bongekile Msibi s’est alors lancée corps et âme dans une enquête pour comprendre l’inconcevable.

Ses investigations l’ont conduite naturellement à l’hôpital Chris Hani Baragwanath, un immense établissement public de Johannesburg où elle a donné naissance à sa fille en 2005.

Là, en 2016, un obstétricien lui a expliqué nonchalamment que son utérus avait été enlevé dans la foulée de son accouchement.

Bongekile Msibi fait partie des 48 femmes victimes de stérilisation forcée entre 2002 et 2015 en Afrique du Sud, selon une enquête publiée fin février.

Dans ce rapport accablant, la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) dénonce le « traitement cruel, barbare ou inhumain et dégradant » infligé à des femmes, toutes noires, au moment de leur accouchement par césarienne dans des hôpitaux publics du pays.

– « Ils se prennaient pour Dieu » –

La plupart étaient séropositives. Pas Bongekile Msibi. Mais elle avait 17 ans au moment de la naissance de son unique fille. Mineure, donc vulnérable.

Des personnels de santé « ont profité de la situation, ils se prennaient pour Dieu », dénonce la jeune femme dans un entretien accordé à l’AFP. « Ils se croyaient habilités à faire ce que bon leur semble, au moment où (…) on était allongée inerte ».

En 2016, l’obstétricien lui a affirmé que la stérilisation avait été décidée pour lui sauver la vie. Bongekile Msibi n’y croit pas.

Les lois sud-africaines interdisent la stérilisation de force, mais les médecins n’ont pas besoin de consentement du patient quand sa vie est en danger.

Dans la plupart des cas recensés par la CGE, raconte Tamara Mathebula, à la tête de cette commission, les professionnels de santé ont expliqué à leurs patientes que l’opération était nécessaire « parce que vous êtes séropositive, parce que vous avez la tuberculose, parce qu’on pense que vous avez trop d’enfants… et regardez-vous, vous êtes pauvre, on ne peut pas vous laisser continuer ».

Mais « ce ne sont pas des raisons pour (…) ligaturer des trompes ou enlever l’utérus », s’offusque Tamara Mathebula.

Des femmes auraient également été menacées de ne pas être soignées si elles ne signaient pas les documents autorisant l’opération irréversible, d’autres ont été contraintes de les signer dans des moments d' »extrême douleur », selon la CGE.

Mais pour Bongekile Msibi, il n’y a pas eu de consentement signé en 2005.

– Mutilée –

Déterminée à faire la lumière sur son infertilité, la consultante a engagé une longue bataille: elle a écrit aux autorités sanitaires, à des responsables politiques et organisé un sit-in.

Les autorités « manquent d’empathie. Elles sont totalement insensibles. Elles se comportent comme si elles venaient d’enlever un ongle et qu’il allait repousser », estime Bongekile Msibi, depuis son salon coquet d’une banlieue de Johannesburg.

« Je ne peux pas simplement m’asseoir et accepter de ne pas avoir d’utérus. Je ne sais même pas pourquoi », ajoute-t-elle, « j’ai ce sentiment de ne pas être entière ».

Après la publication du rapport de la CGE, le ministère de la Santé a accepté de rencontrer prochainement les plaignantes. Maigre consolation pour les victimes.

Sur ce sujet sensible, le ministère est peu loquace. « On attend une réponse de la CGE en vue d’un communiqué conjoint », balbutie sa porte-parole, Lwazi Manzi.

Les femmes stérilisées de force galèrent dans leur vie privée. Certaines ont été « abandonnées par leur mari car elles n’étaient plus utiles en termes de reproduction », explique Tamara Mathebula.

Peu après la découverte de son infertilité, Bongekile Msibi et son partenaire se sont séparés. « Il voulait des enfants, raconte la jeune femme. Je ne pouvais pas lui en donner ».

Le Michigan aux urnes, Biden espère creuser l’écart sur Sanders

Plusieurs millions d’Américains étaient appelés aux urnes mardi dans le Michigan et cinq autres Etats pour un nouveau rendez-vous des primaires démocrates qui pourrait permettre à Joe Bien de prendre un avantage décisif sur Bernie Sanders.

« Cela va être une MAUVAISE journée pour Bernie-le-dingue », a prédit Donald Trump qui suit avec attention, tweets moqueurs à l’appui, le processus qui désignera son adversaire pour l’élection du 3 novembre.

Fort de son spectaculaire rebond il y a une semaine et de sondages flatteurs, Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama, espère creuser son avance face au sénateur du Vermont, âgé lui de 78 ans.

Si son élan se concrétise, les primaires démocrates, largement éclipsées par l’épidémie du coronavirus, pourraient se décanter très rapidement.

Idaho, Mississippi, Missouri, Dakota du Nord, Washington: cinq autres Etats sont appelés aux urnes mais tous les yeux sont rivés vers le Michigan où Bernie Sanders où avait créé la surprise face à Hillary Clinton lors des primaires de 2016.

Au-delà des 125 délégués en jeu, le résultat dans cet Etat industriel de la région des Grands Lacs aura une forte dimension symbolique.

Si Bernie Sanders, qui prône une « révolution politique », parvient à renouveler l’exploit, il peut espérer se relancer. Mais si, comme le prédisent les sondages, il est vaincu dans cet Etat, il pourrait devoir dire adieu à ses rêves de Maison Blanche.

A Detroit, plus grande ville du Michigan, nombre d’électeurs avaient bravé le froid et la nuit pour se rendre tôt aux urnes lors de ce « Mini Tuesday », comme l’ont qualifié des médias américains en référence au « Super Tuesday » du 3 mars.

Cecilia Covington, artiste de 61 ans, première à voter dans l’école primaire de Chrysler, dans le centre de la ville, affichait un soutien sans faille à Biden.

« Nous devons chasser le 45e (président) du pouvoir », explique-t-elle à l’AFP, évoquant Donald Trump. « Je pense que Biden porte une vision et une promesse de rassemblement », ajoute-t-elle, se disant convaincue qu’il est le mieux placé dans le camp démocrate pour battre le milliardaire républicain.

– « Nouvelle génération de dirigeants » –

A l’exception d’Elizabeth Warren qui n’a pas fait connaître sa préférence, les anciens grands candidats se sont ralliés à l’ancien vice-président: Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Kamala Harris et Cory Booker.

Tous jugent qu’il est le plus à même de battre Donald Trump et appellent les démocrates au « rassemblement » pour éviter que le milliardaire républicain n’emporte un second mandat de quatre ans.

Le programme de gauche de Bernie Sanders, sur l’assurance maladie ou la gratuité des études, est perçu comme « révolutionnaire » aux Etats-Unis et l’establishment démocrate craint qu’il n’effraie les électeurs centristes.

A la veille du scrutin, « Bernie » et « Joe » ont sillonné le Michigan s’attachant à marquer leurs différences mais se gardant d’attaques trop frontales. L’un et l’autre se sont engagés à soutenir le vainqueur de la compétition contre Donald Trump, cible de leurs principales piques.

Conscient que son âge pouvait être un handicap, même si son adversaire est plus âgé que lui, Joe Biden s’est présenté comme un « pont » vers une nouvelle génération de dirigeants démocrates.

« Il y a une nouvelle génération de leaders que vous voyez derrière moi. Ils sont l’avenir de ce pays », a-t-il lancé en présence de Kamala Harris, Cory Booker et Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan qui lui a apporté son soutien.

De son côté, Bernie Sanders, qui l’a remporté dans cet Etat face à Hillary Clinton lors de la primaire de 2016, a participé à une table-ronde sur le nouveau coronavirus, qui a contaminé plus de 600 personnes et fait au moins 26 morts aux Etats-Unis.

Epinglant les déclarations selon lui « stupides » du président sur le virus, il en a profité pour vanter ses promesses d’assurance maladie universelle qui donnerait à chaque Américain « un droit à la santé ».

Depuis le début de cette crise sanitaire, des écoles ont été fermées et de nombreux Américains placés en quarantaine, mais la campagne présidentielle n’a pas été affectée.

bur-jca/leo

Pakistan : « attaques coordonnées » contre la marche des femmes d’Islamabad, dénoncent ses organisatrices

Les organisatrices de la journée internationale des femmes d’Islamabad ont dénoncé mardi des « attaques coordonnées » d’islamistes contre la manifestation dimanche dans la capitale pakistanaise, qui avait été visée par des pierres, briques et autres bâtons.

« C’était une attaque coordonnée des forces patriarcales et de la droite (religieuse) contre le mouvement des femmes », a lancé Ismat Shahjahan, l’une des organisatrices de l’événement, lors d’une conférence de presse. « Nous demandons une enquête judiciaire indépendante », a-t-elle poursuivi.

La police d’Islamabad a ouvert dimanche soir une enquête contre 35 suspects, dont les organisateurs d’une contre-manifestation islamiste, pour avoir stimulé « les sentiments religieux » de leurs partisans afin qu’ils attaquent les participants de la Journée de la femme.

Ses organisatrices estiment toutefois que la police a volontairement minimisé la gravité de l’attaque qu’elles ont subi et minoré les chefs d’accusations retenus contre les suspects.

Une fine clôture, protégée par un mince cordon policier, avait été installée entre les deux rassemblements. D’un côté, de nombreux hommes et quelques femmes voilées proclamant leur « liberté de vivre selon la charia ».

De l’autre, une manifestation mixte et colorée réclamant plus de droits pour les femmes, dans un pays où les violences à leur encontre sont multiples. Les violences étaient survenues après plusieurs heures de coexistence de ces manifestations.

Les femmes se battent depuis des décennies pour leurs droits les plus élémentaires au Pakistan, où les violences commises contre elles sont « omniprésentes et insolubles », selon la Commission nationale des droits de l’homme.

Une grande partie de la société vit sous un code patriarcal permettant l’oppression des femmes qui tentent de s’en affranchir, en choisissant par exemple leur mari ou en travaillant hors de la maison.

Des centaines de Pakistanaises sont ainsi tuées chaque année, souvent par des proches, pour avoir insulté leur « honneur », selon des organisations de défense des droits de l’Homme.

Les opposants aux marches des femmes avaient tenté de les faire interdire, en vain, par la justice, à Islamabad et Lahore, la grande ville de l’Est, où des centaines d’entre elles se sont rassemblées dimanche.

Coronavirus: Trump veut soutenir l’économie et sauver sa campagne

Donald Trump veut rapidement déployer une série de mesures pour soutenir une économie menacée par les conséquences de l’épidémie du nouveau coronavirus et tenter ainsi de préserver l’un de ses principaux arguments de campagne dans la course à la Maison Blanche.

Ces mesures, censées être annoncées mardi, devraient viser les entreprises mais aussi les ménages. Elles seront « majeures » et « de grande ampleur », avait promis lundi le président américain, qui brigue un deuxième mandat à la tête de la première économie du monde.

Il avait alors évoqué des coupes dans les taxes salariales et une aide aux personnes payées à l’heure, reconnaissant que « le monde a été pris de court » par le coronavirus.

Sa fille et conseillère, Ivanka Trump, a dit mardi matin, sur son compte Twitter, que Donald Trump « s’engage à soutenir les travailleurs payés à l’heure et à rendre des prêts de crise accessibles aux petites entreprises. Une baisse des charges sociales est également sur la table ».

Beaucoup d’Américains ne pourront financièrement pas se permettre de cesser de travailler lors d’une éventuelle quarantaine, vu le peu de jours maladie dont ils disposent chaque année. Beaucoup de travailleurs sont par ailleurs payés à l’heure.

Le président américain « utilisera tous les outils à sa disposition pour protéger le travailleur américain », a souligné Ivanka Trump.

Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, avait indiqué vendredi que l’administration envisageait des mesures de relance « ciblées » pour aider les entreprises et les personnes les plus touchées, y compris celles qui seraient placées en quarantaine. Distribuer « un millier de dollars à tout le monde » n’aurait en revanche selon lui « pas d’effet à long terme sur la croissance économique ».

« Une réponse budgétaire est la plus appropriée face à la propagation du virus », a commenté pour l’AFP Rubeela Farooqi, chef économiste chez High Frequency Economics (HFE).

Pour elle, l’administration Trump peut envisager « des arrêts maladie payés ainsi qu’une réduction temporaire des charges sociales. Je pense également qu’il est d’important d’offrir un soutien ciblé aux petites entreprises » qui peuvent être « particulièrement vulnérables ».

– Mesures parlementaires –

Donald Trump a de nouveau tempêté mardi matin contre une Réserve fédérale qu’il juge « minable et lente », l’appelant à une nouvelle baisse des taux. La Fed a abaissé la semaine dernière ses taux en urgence, les maintenant toutefois plus élevés que ceux des autres pays, notamment européens.

Il doit par ailleurs recevoir mercredi à la Maison Blanche les patrons des principales grandes banques américaines, selon des sources bancaires à l’AFP.

L’épidémie de Covid-19 a fait plonger les marchés, Wall Street enregistrant lundi sa plus lourde dégringolade sur une séance en plus de 11 ans.

Mais démocrates et républicains devront arriver à se mettre d’accord, alors que les mesures présentées par le président devront être validées par le Congrès pour être adoptées, et que le temps presse.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a reconnu lundi soir que « de nouvelles mesures parlementaires (allaient) vite devenir nécessaires ».

Mais « compte tenu des informations selon lesquelles l’administration Trump envisage de nouvelles réductions d’impôts pour les grandes entreprises touchées par le coronavirus », elle a réitéré son appel à « prioriser la santé et la sécurité des travailleurs Américains sur les intérêts des entreprises ».

La dernière crise économique d’ampleur remonte à 2007, lorsque la bulle immobilière avait éclaté, entraînant les Etats-Unis dans une année et demi de récession, jusqu’en juillet 2009.

Le président George W. Bush avait alors annoncé un plan de relance de 152 milliards de dollars, pour favoriser la croissance et aider les ménages surendettés, via notamment l’envoi d’un chèque à 130 millions de ménages pour stimuler rapidement la consommation, mais les récipiendaires avaient préféré rembourser leurs dettes.

Un plan de sauvetage de la finance doté de 700 milliards de dollars avait été adopté en octobre 2008.

Et moins d’un mois après son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2009, Barack Obama avait lancé un nouveau plan de relance de 787 milliards de dollars, axé sur la consommation et l’immobilier, constitué d’allégements fiscaux et de dépenses publique.