mars 2020 - Page 18 sur 36 - Journal du niger

En Guinée, l’opposition soigne ses blessés dans sa propre clinique

Le patient se retient comme il peut de gémir tandis que le médecin s’affaire autour des blessures par balle qu’il a reçues aux jambes. La pièce décrépite empeste le sang et la sueur, c’est la clinique de fortune de l’opposition guinéenne à Conakry.

La Guinée est en proie depuis octobre à la contestation contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la tête de l’un des pays les plus pauvres au monde.

Plus de 30 civils et un gendarme ont été tués et des centaines de personnes blessées, dans la répression brutale des manifestations par les policiers et les gendarmes, mais aussi, souvent, lors de confrontations éparses en marge des rassemblements. Dans bien des cas encore, les blessés dénoncent des attaques des forces de sécurité sans la moindre provocation.

Bon nombre de blessés se retrouvent ici, dans la clinique discrètement tenue par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif qui mène le mouvement contre le président. A l’abri d’une enceinte, ils se remettent entre les mains de médecins volontaires qui soignent leurs plaies dans une seule pièce, rudimentaire et étouffante.

Certains « ont peur de se rendre dans les hôpitaux », explique un médecin, que l’AFP ne nomme pas pour des raisons de sécurité. Il fait référence à la crainte des habitants de certains quartiers soit d’être refoulés par les établissements hospitaliers, soit de voir des hommes en uniforme venir les y chercher.

Les quartiers d’où ils viennent sont réputés être des bastions de l’opposition, dans la banlieue de Conakry par exemple, où nombre d’incidents mortels ont été déplorés. Maints habitants dénoncent un harcèlement policier systématique selon eux.

À l’extérieur de la salle qui fait office de clinique, une douzaine de patients, adolescents pour la plupart, cherchent à récupérer sur des chaises rembourrées et sur une terrasse ombragée. Certains peuvent à peine parler. Les uns n’ont en apparence que des égratignures ou des bleus. D’autres, en revanche, désignent les épais bandages qui, disent-ils, dissimulent leurs blessures par balle.

– La routine –

Les douze hommes et adolescents auxquels l’AFP a parlé ont tous dit venir de quartiers connus pour leur sympathie avec l’opposition et avoir été pris pour cibles sans même avoir participé aux manifestations.

La veille encore, ces quartiers avaient été pour la énième fois le théâtre de manifestations et de heurts le long d’une des principales artères de la ville.

L’un des blessés, âgé de 18 ans, a la lèvre entaillée et arbore un pansement au-dessus de l’oeil droit. Frêle et tremblant, il soulève son tee-shirt pour dévoiler les larges marques sombres qui lui couvrent le dos.

Les policiers l’ont arrêté et frappé avec des câbles, « pour rien », assure-t-il.

Un adolescent de 15 ans à la tête bandée raconte qu’il prenait le thé avec ses amis quand il a été lui aussi arrêté et battu. « C’est juste dans leurs habitudes », accuse-t-il.

Un jeune de 20 ans dit avoir croisé les gendarmes et s’être mis à courir. « J’ai reçu un coup de couteau dans le dos », dit-il. Lui aussi s’exprime en peul, la langue de l’ethnie qui est majoritaire en Guinée avec les Malinkés, autre communauté dont est issu le président.

– Règle d’impunité –

Les autres patients de la clinique rapportent des faits similaires. Les accusations d’abus policiers sont difficilement vérifiables de source indépendante. Cependant, elles sont constantes depuis des années et soutenues par les défenseurs des droits humains. Certains agissements sont corroborés par des vidéos circulant largement sur les réseaux sociaux.

Interrogé, un porte-parole de la police a déclaré ne pas avoir connaissance des faits dénoncés par les patients de la clinique. Celui de la gendarmerie n’a pu être joint.

Dans un entretien récent avec l’AFP, le ministre de la Sécurité, Damantang Albert Camara, admettait qu’aucun service de sécurité n’était parfait. Mais il assurait, comme ne cessent de le répéter les autorités, que les plaintes donnaient « systématiquement » lieu à une enquête.

Les défenseurs des droits humains dressent un tableau plus sombre. Amnesty International écrivait en novembre qu’au moins 61 manifestants et passants avaient été tués par les forces de sécurité depuis 2015. Le bilan s’est alourdi depuis.

Malgré des dizaines de plaintes, un seul membre des forces de sécurité a été poursuivi, et « l’impunité continue d’être la règle en Guinée », disait l’ONG.

Après des mois de tensions, la situation en Guinée reste suspendue aux décisions de M. Condé, 82 ans. Il entretient le flou sur son intention de se présenter ou non à sa propre succession à l’expiration de son mandat en 2020.

Par peur du coronavirus, « c’est la folie » dans des supermarchés de Los Angeles

Pas un rouleau de papier toilette en vue et l’eau minérale est rationnée: des habitants de Los Angeles se sont rués sur des supermarchés cette semaine par peur de l’épidémie de nouveau coronavirus.

Deux jours après que la Californie a déclaré l’état d’urgence sur son territoire, les magasins de vente en gros visités par l’AFP vendredi n’arrivaient pas à répondre à la demande croissante de toute une série de produits de base.

« C’est la pagaille, on fait le double du chiffre de d’habitude », dit Rene, qui travaille dans un supermarché Costco à Burbank.

« Aujourd’hui, c’est incontrôlable. C’est pour ça que nous n’avons plus de papier toilette, presque plus d’eau, et plus de gel pour les mains ».

La Californie a jusqu’ici enregistré un décès, ce qui la place en deuxième position après l’Etat de Washington (11 morts pour l’instant).

Malgré les appels des autorités à la retenue, des Californiens ont commencé à céder à la panique et à acheter en masse comme dans certaines régions d’Asie et ailleurs.

« C’est la folie », a dit le directeur financier de Costco, Richard Galanti, à des analystes jeudi.

Ce jour-là, la police du comté de San Bernardino, près de Los Angeles, a dû être appelée à la rescousse dans l’un des magasins de la chaîne après que des clients ont explosé de colère au vu du manque de stocks.

– Rationnement –

Vendredi, les acheteurs chez Costco n’avaient droit qu’à deux packs d’eau, contre quatre la veille.

Beaucoup ont tenté de passer outre mais se sont vu confisquer l’eau à la caisse, ce qui a provoqué des tensions.

Un employé qui ramenait la masse de bouteilles confisquées sur les rayons était constamment arrêté par de nouveaux clients s’emparant de ce qu’ils pouvaient.

« Avec la folie ici, on commence vraiment à réaliser », dit Lisa Garcia, 30 ans, qui reconnaît qu’elle est de plus en plus inquiète.

« On pensait s’approvisionner en papier toilette et essuie-tout mais regardez ces rayons vides! », lance-t-elle.

Dans un autre magasin Costco, des employés racontent comment des clients sont entrés presque en courant dès l’ouverture pour se jeter sur des produits.

En milieu de journée, il ne restait plus que des bouteilles d’une onéreuse eau pétillante, au grand dam de plusieurs acheteurs.

Certains essaient malgré tout de voir le bon côté des choses.

« Je suis prudent », explique Andrew, qui travaille dans les secours et préfère ne pas donner son nom de famille. L’homme pousse un chariot chargé d’eau, d’essuie-tout, de citron vert et de soda au gingembre.

« Je veux être sûr que nous ayons ce qui est essentiel – du tonic, du vin, comme ça, si les choses empirent, je pourrai me faire à boire ».

« Je suis juste ici au cas où ce serait l’apocalypse », plaisante aussi Carlos Gonzalez, 35 ans.

« J’imagine qu’ils ont trouvé un bon moyen de vendre beaucoup de choses ».

Haïti entraîné dans le cercle vicieux de la crise politique et humanitaire

Haïti dispose enfin d’un nouveau gouvernement mais, sans parlement pouvant lui donner sa légitimité ni perspectives électorales, le pays reste paralysé par une crise politique aux conséquences sociales, économiques et sécuritaires alarmantes.

Cela faisait près d’un an que le pays de la Caraïbe était dirigé par un gouvernement intérimaire. Joseph Jouthe, nommé lundi, est le cinquième Premier ministre du président Jovenel Moïse depuis son arrivée au pouvoir en février 2017.

Mais ni la politique générale de M. Jouthe ni son cabinet, dont la composition a été rendue publique mercredi, ne peuvent obtenir l’approbation des députés et sénateurs: les élections législatives n’ayant pas été organisées à l’automne 2019, le parlement est inopérant depuis janvier.

« Haïti n’a ni loi électorale ni budget électoral. Le président Moïse peut les faire passer par décret mais les manifestations populaires et la défiance montrent clairement que cela ne serait pas considéré comme légitime », a témoigné mercredi l’avocate Ellie Happel, directrice du programme haïtien Global Justice Clinic devant la Commission des droits humains du Congrès des Etats-Unis.

Elu à l’issue d’un processus électoral qui a duré près de deux ans et auquel à peine 20% de l’électorat a participé, M. Moïse était inconnu du grand public avant son entrée en politique à l’occasion de la campagne présidentielle.

Décrié depuis la première heure par ses principaux concurrents, le chef de l’Etat haïtien a rapidement concentré la colère populaire et les manifestations exigeant sa démission se sont multipliées à travers le pays.

– Corruption et pauvreté –

Dans ce pays où plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,41 dollars américains par jour selon la Banque mondiale), la révolte contre Jovenel Moïse a gonflé quand la Cour supérieure des comptes a fait état en mai 2019 de son implication présumée dans un vaste scandale de corruption s’étalant sur les dix années précédentes.

Face à cette défiance, sans que la police nationale n’ait les capacités de contrôler l’ensemble du territoire, l’insécurité s’est amplifiée au-delà des seuls bidonvilles de la capitale, aux mains des gangs armés depuis des années.

A l’automne 2019, des manifestations et des barricades dressées sur les principaux axes routiers ont abouti à un blocage quasi total des activités. La majorité des écoles ont par exemple gardé portes closes plus de deux mois.

Rétablir la sécurité, en garantissant la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire, a été la priorité donnée par le président à ce cabinet ministériel mais ses capacités d’intervention paraissent minces.

« Un nouveau gouvernement dans un contexte aussi complexe, sans les ressources budgétaires adéquates, sans un climat apaisé, sans un vrai dialogue national, sans une volonté réelle de divorcer d’avec les pratiques de corruption ne fera pas de miracle », analyse l’économiste haïtien Etzer Emile.

– Investissements privés au plus bas –

Outre cette impasse politique, la recrudescence des enlèvements contre rançon enregistrée en Haïti depuis plusieurs semaines est un coup supplémentaire porté à l’espoir d’une relance économique.

« La misère s’est accélérée. Les investissements privés, domestiques et étrangers, n’ont jamais été aussi faibles depuis ces dernières années », déplore M. Emile.

Un tiers des habitants a aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence, parmi lesquels un million de Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire sévère, échelon qui précède la situation de famine selon la classification utilisée par le Programme alimentaire mondial.

L’effondrement de la fragile économie du pays n’est, pour l’heure, évité que grâce au large soutien financier des Haïtiens de la diaspora.

En 2019, quelque 3,3 milliards de dollars américains ont été envoyés en Haïti via des transferts de fonds à titre privé, provenant principalement des Etats-Unis, du Chili et du Canada, ce qui représente plus d’un tiers du produit intérieur brut haïtien.

Le coronavirus dépasse la barre des 100.000 cas, l’inquiétude grandit

L’épidémie du coronavirus a dépassé la barre des 100.000 personnes contaminées dans le monde où la propagation s’étend, 21 nouveaux cas ayant été détectés à bord d’un navire de croisière au large de la Californie.

La Chine a annoncé samedi 28 nouveaux décès, portant le bilan total à 3.070 morts dans le pays, et une nouvelle augmentation du nombre de cas en dehors de la province du Hubei (centre), où le virus a été détecté en premier.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que la propagation du virus était « très préoccupante ». Au total, 92 pays sont désormais concernés par le Covid-19 qui a fait près de 3.500 morts et contaminés plus de 100.000 personnes.

Aux Etats-Unis, le virus a été détecté sur 21 personnes à bord du Grand Princess, un navire de croisière maintenu au large de la Californie, après la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage, selon le vice-président américain, Mike Pence.

Après avoir organisé sa grande conférence annuelle à Washington, le lobby pro-Israël AIPAC a annoncé vendredi que deux des participants avaient été testés positifs au nouveau coronavirus.

– Fermetures d’écoles –

La propagation, inévitable, a été en partie contenue en Chine, dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, grâce à la mise en quarantaine de quelque 56 millions de personnes depuis fin janvier.

Les nouvelles contaminations de personnes y sont en baisse depuis plusieurs semaines. Avec 74 nouveaux cas, il s’agit du nombre le plus faible depuis les mesures de quarantaines mises en place fin janvier dans la province, selon les autorités chinoises.

Cependant, 24 cas de coronavirus importés ont été recensés dans le Hubei, faisant craindre une nouvelle hausse des contaminations en Chine.

La région pourrait bientôt être rouverte, a laissé entendre vendredi le gouvernement, alors que le régime communiste fait l’objet d’une contestation inhabituelle, les habitants confinés manquant de vivres.

De leur côté 13 pays ont fermé leurs établissements scolaires: 300 millions d’élèves dans le monde sont privés d’école pour plusieurs semaines.

Outre la Chine, les pays les plus touchés sont la Corée du Sud, l’Iran l’Italie et la France.

Vendredi, le Togo, les Territoires palestiniens, la Serbie, le Vatican, la Slovaquie, le Pérou ou encore le Bhoutan ont annoncé de premiers cas.

En Egypte, 12 cas ont été détectés parmi le personnel d’un bateau de croisière sur le Nil. En Grèce, c’est un groupe d’au moins 34 personnages infectées ayant voyagé dans le même autocar pour un pèlerinage en Israël qui concentre toute l’attention.

Alors que l’angoisse sur les places boursières grandit, le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant, convaincu que les marchés allaient « rebondir ». Il a appelé la Fed à baisser ses taux pour stimuler l’économie.

– Interdictions –

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Au moins 36 pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine.

La Russie a également fermé ses frontières aux voyageurs venant d’Iran.

A Bethléem, principale ville touristique dans les Territoires palestiniens, les autorités ont empêché l’entrée et la sortie de touristes après la découverte de 16 cas de coronavirus en Cisjordanie, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.

Pour l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes dans le monde devrait baisser de 1 à 3% en 2020, soit une perte « de 30 à 50 milliards de dollars ».

Dans le monde, les populations se ruent sur les masques, désinfectants, gants ou combinaisons, seuls remparts connus contre le virus. Pour garantir un approvisionnement suffisant, de nombreux Etats interdisent l’exportation du matériel médical.

L’Union européenne a appelé à la « solidarité », mais les pays qui ont pris de telles dispositions ont défendu leur choix.

L’Italie, qui ne produit pas de masques, va en recevoir 800.000 d’Afrique du Sud en deux jours, mais elle a besoin d’une dizaine de millions d’autres pour faire face à la situation.

Guinée: deux responsables de la contestation arrêtés (entourage)

Deux responsables de la contestation en cours en Guinée contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé ont été arrêtés vendredi par des membres d’un service de sécurité et emmenés vers une destination inconnue, a rapporté leur entourage.

Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno avaient donné plus tôt dans la journée une conférence de presse pour dénoncer les arrestations arbitraires, a dit Abdoulaye Oumou Sow, porte-parole du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif auquel ils appartiennent et qui mène le mouvement de protestation depuis bientôt cinq mois.

Les deux hommes sont présentés comme des lieutenants d’Abdourahmane Sanoh, coordinateur du FNDC.

Des hommes encagoulés ont forcé l’entrée de la maison d’Ibrahima Diallo et ont mis les lieux à sac, a rapporté le porte-parole.

« Ils sont entrés dans la maison et ont commencé à tout saccager. J’ai tenté d’établir le dialogue mais l’un d’entre eux m’a poussée violemment », a dit Asmaou Diallo, épouse d’Ibrahima Diallo.

Puis les deux hommes ont été emmenés, ont rapporté l’épouse et le porte-parole, ajoutant être depuis sans nouvelles d’eux.

Ils ont affirmé que l’intervention avait été menée par des membres de la Brigade de recherche et d’interpellation, un service de sécurité guinéen.

Mamadou Camara, contrôleur général et porte-parole de la police, a dit ne pas être « au courant ». Selon lui, la BRI relève directement du Premier ministre et non de la direction générale de la police.

Par ailleurs, le journaliste français Thomas Dietrich a été reconduit à la frontière après l’annulation de son accréditation, a indiqué le ministère de la Sécurité, invoquant dans un communiqué « des activités incompatibles avec (la) mission » du journaliste et une immixtion dans « les activités politiques internes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ».

La Guinée est en proie depuis mi-octobre à la contestation contre le projet prêté au président Condé de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat fin 2020.

Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués à ce stade. M. Condé, qui entretient le flou sur ses intentions, vient de reporter un référendum constitutionnel initialement prévu le 1er mars.

Sierra Leone: décès de Solomon Berewa, ancien vice-président

L’ancien vice-président sierra-léonais et candidat malheureux à la présidentielle de 2007 Solomon Berewa est décédé à l’âge de 81 ans dans un hôpital de Freetown, a indiqué vendredi son parti, au pouvoir depuis 2018.

Le gouvernement a ordonné des funérailles nationales.

Juriste réputé, il avait dirigé la délégation gouvernementale lors du processus de paix qui a permis à ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de sortir d’une décennie de guerre civile (1991-2002).

Il a été ministre de la Justice de 1996 à 2002, avec une brève interruption lors de l’installation d’une junte au pouvoir de 1997 à 1998.

Devenu vice-président d’Ahmad Tejan Kabbah, il a été désigné candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) pour la présidentielle de 2007, mais il a été battu au second tour par l’opposant Ernest Bai Koroma.

« Un géant de la paix et de la stabilité est tombé, un doyen de la justice et de l’Etat de droit est parti pour toujours », lui a rendu hommage vendredi le SLPP.

Ses critiques soulignent que Solomon Berewa avait présidé en 1998, en tant que ministre de la Justice, à l’exécutio, en public sur une plage proche de Freetown, de 24 militaires de haut rang, dont une femme et deux anciens ministres, condamnés pour avoir collaboré avec la junte.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Dans la ville syrienne d’Idleb, on ne croit pas à la trêve

Réfugié à Idleb depuis quelques années, après avoir fui les violences ailleurs en Syrie, Fadi Khatib ne croit plus aux trêves. Au premier jour d’un cessez-le-feu annoncé par Moscou et Ankara, cet énième accord est selon lui voué à l’échec comme les précédents.

Dominée par des jihadistes, la région rebelle d’Idleb proche de la Turquie a fait l’objet de plusieurs offensives menées par le régime de Damas avec l’appui de Moscou, ponctuées de trêves ayant toutes volé en éclat.

Entretemps, le régime n’a eu de cesse de grignoter du terrain, reprenant près de la moitié de la province d’Idleb.

Entré en vigueur à minuit (jeudi à 22H00 GMT), l’accord russo-turc met fin à des semaines de violences ayant tué près de 500 civils et provoqué le déplacement de près d’un million de personnes, l’exode le plus massif en neuf ans de guerre en Syrie.

« Le régime (syrien) et la Russie jouent toujours à ce jeu. Ils conquièrent des régions, concluent une trêve puis lancent une nouvelle offensive d’envergure » pour étendre leur emprise, affirme à l’AFP Fadi Khatib, âgé de 26 ans.

« Comment pourrais-je croire à cette trêve? », demande-t-il.

Il y a quelques années, Abou Saïd a fui avec son épouse et son enfant la localité de Daraya, près de la capitale, pour rejoindre avec d’autres opposants au régime de Bachar al-Assad la province d’Idleb, transformée en ultime refuge pour des dizaines de milliers d’habitants de régions reconquises par Damas.

« Je ne suis pas optimiste et n’espère rien de cet accord », lâche-t-il.

« Il n’y a pas un seul accord de trêve qu’ils (les Russes et le régime syrien) n’aient pas violé », ajoute ce père de famille âgé de 24 ans. Si une « nouvelle offensive est lancée (…) nous quittons le pays », se résout-il.

– « Mensonge et tromperie » –

Les zones d’Idleb contrôlées par les insurgés abritent environ trois millions d’habitants, dont la moitié ont été déplacés depuis d’autres régions reconquises par le régime.

Dans la ville de Dana, près de la frontière turque, Abou Bassel, qui a fui le sud d’Idleb, tombée en grande partie dans l’escarcelle du régime, n’est guère plus optimiste.

« Cette trêve n’est autre que mensonge et tromperie de la part de la Russie (…) visant à consolider les nouvelles positions du régime syrien » conquises à la faveur de la dernière offensive lancée en décembre.

« Ils vont bientôt recommencer à grignoter » du terrain dans la région.

Soutenu par la Russie depuis 2015, le régime syrien a enchaîné ces dernières années les victoires contre rebelles et jihadistes, et contrôle aujourd’hui plus de 70% du territoire national.

Une partie de la région d’Idleb échappe toujours au contrôle de Damas, alors que la guerre en Syrie entre le 15 mars dans sa dixième année.

Au fil du conflit, « le régime a toujours conclu une trêve après chaque avancée pour se réorganiser et repartir d’un bon pied », souligne Adnane, un déplacé de 30 ans.

« Le régime va poursuivre ses opérations (…) sous le silence coupable de la communauté internationale qui assiste à tous ces massacres et destructions et ne bouge pas son petit doigt pour les déplacés », déplore-t-il.

Dans la ville de Bennich, dans le nord d’Idleb, relativement à l’abri des bombardements, les habitants ne voient aucun intérêt à un cessez-le-feu qui ne prévoirait pas le retour des déplacés dans leurs foyers.

« Nous sommes pour un cessez-le-feu mais à condition que les civils puissent revenir chez eux », affirme Fadi Obeid, ingénieur agronome.

A défaut de cela, l’accord « restera lettre morte ».

« Hirak »: les Algériens défient dans la rue le coronavirus

Les partisans du mouvement de contestation antirégime (« Hirak ») sont descendus dans la rue vendredi à Alger pour la 55e semaine consécutive, moins nombreux que d’habitude mais défiant avec humour l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Ce peuple est déterminé à poursuivre son combat. Ni corona (sic) ni les arrestations ne l’arrêteront », a déclaré à l’AFP Boudjema, 56 ans.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, les partisans du « Hirak » continuent d’exiger le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dans le centre de la capitale et se sont dispersées en fin d’après-midi, une mobilisation moindre que les vendredis précédents, selon un journaliste de l’AFP.

La police a procédé à des interpellations, d’après des témoins.

Parmi les manifestants, quelques-uns seulement arboraient des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Les policiers, eux, en portaient tous.

Dix-sept cas de maladie Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie: un ressortissant italien et 16 Algériens d’une même famille ayant été en contact avec des proches résidant en France, selon le ministère de la Santé.

« Dieu nous protège, on n’a pas besoin de porter de masques comme les policiers », a scandé la foule.

« Le corona, on peut l’attraper n’importe où, dans le métro, le bus ou même dans le magasin où je travaille, donc pas question de nous faire peur avec ces masques que portent les policiers », a réagi Sarah, 29 ans, vendeuse.

« Vous voulez nous faire peur avec le corona? Ça ne marche pas! Si on compte le nombre de jeunes clandestins noyés en mer, ou tous les Algériens morts pendant la décennie noire (la guerre civile des années 1990, NDLR), à côté le corona ne nous fait pas du tout peur. Le combat continue! », a renchéri Brahim, un chômeur de 31 ans.

– « Détenus du Hirak » –

A côté du slogan emblématique « Etat civil et non militaire », on pouvait lire sur une pancarte: « Plutôt le Corona que vous », à l’adresse des dirigeants algériens, fustigés depuis plus d’un an par le mouvement de contestation populaire.

Multipliant les jeux de mots, les internautes n’étaient pas en reste: « Ceux qui rejoignent le +Hirak+ seront préservés du coronavirus et de ceux qui nous appauvrissent. Nous vaincrons », a tweeté l’un d’eux.

D’importants défilés ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Constantine (nord-est) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants ont brandi des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962, NDLR) ou de « détenus du Hirak », arrêtés.

Ainsi était à nouveau omniprésent dans le cortège algérois le portrait de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue de la contestation, en détention, contre lequel un tribunal d’Alger a requis cette semaine quatre ans de prison ferme pour « incitation à la violence », une charge qu’il nie.

Amnesty International a appelé vendredi dans un communiqué les autorités à libérer « immédiatement » les manifestants détenus du « Hirak ».

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther, un responsable régional d’Amnesty.

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