mars 2020 - Page 19 sur 36 - Journal du niger

Coronavirus: ne pas s’affoler mais ne pas sous-estimer

Le coronavirus, apocalypse planétaire ou broutille sur laquelle on fait trop de battage? Ni l’un ni l’autre, répondent les experts à cette question qui taraude le grand public: les risques, bien réels, pèsent sur les plus fragiles et sur les hôpitaux qui doivent éviter d’être débordés.

– Qui est le plus à risque?

La mortalité augmente nettement avec l’âge: c’est ce que montre l’analyse la plus complète à ce jour, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 dans la revue médicale américaine Jama.

Sur près de 45.000 cas confirmés, le taux moyen de mortalité est de 2,3%. Mais aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans.

Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%.

« Le problème, c’est que quand on parle d’un mort lié au coronavirus, on ne précise presque jamais la raison pour laquelle il est mort », dit à l’AFP Michel Cymes, médecin et animateur télé très populaire en France.

« Quand quelqu’un de 85 ans meurt du coronavirus, ce n’est pas le coronavirus qui le tue », mais plus souvent « les complications qui atteignent des organes qui n’étaient pas en bon état », ajoute-t-il.

Autre facteur de risque: le fait d’avoir une maladie chronique (insuffisance respiratoire, pathologie cardiaque, antécédent d’AVC, cancer…).

Mais les millions de personnes qui souffrent de ces maladies ne doivent pas paniquer pour autant.

Pour le professeur français Jean-Christophe Lucet, le risque concerne avant tout les patients atteints des formes sévères de ces maladies. « Il faut être extrêmement clair » sur ce point, souligne-t-il à l’AFP.

« Le patient qui a un diabète, le patient qui a une hypertension artérielle, c’est des patients qui ne sont pas des patients à risque », rassure-t-il. « Les patients à risque, ce sont ceux qui ont des maladies cardiaques graves, des maladies respiratoires sévères, par exemple des bronchopneumathies chroniques obstructives (BPCO) avancées ».

– A quel nombre de morts s’attendre?

Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus: voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l’on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

Selon l’étude du 24 février, la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, « grave » dans 13,8% des cas et « critique » dans 4,7% des cas.

A ce stade, 3,4% des patients confirmés positifs dans le monde sont décédés. Mais sur quelque 100.000 cas positifs au total, plus de la moitié sont déjà guéris, selon l’université américaine Johns Hopkins, qui tient un décompte quotidien.

La dangerosité d’une maladie ne dépend pas seulement du taux de mortalité dans l’absolu, mais aussi de sa faculté à se répandre plus ou moins largement.

« Même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30% ou 60% d’une population sont infectés », souligne le Dr Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur à Paris.

« Nous n’allons pas tous mourir : dans le pire scénario, 0,4% des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. Arrêtez la psychose », a écrit cette semaine sur son blog le médecin belge Philippe Devos, dans une analyse du risque intitulée « Coronavirus: Armageddon ou foutaise? »

– Les hôpitaux vont-ils être débordés?

C’est le principal danger de l’épidémie en cours.

Alors que le nombre de cas augmente un peu partout, l’enjeu est de « ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et (…) réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves », selon un guide du ministère de la Santé français destiné aux soignants.

Au fur et à mesure que les cas se multiplient, les patients atteints par une forme légère du Covid-19 ne sont plus hospitalisés mais restent chez eux. De même, des hospitalisations non urgentes sont repoussées pour laisser la place aux malades les plus touchés par le Covid-19.

Si l’hôpital sature, « on a un gros risque de monter à (…) 33.150 morts sur 11 millions d’habitants (0,3% de la population belge qui meurt). C’est +peu+ (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année », écrit le Dr Devos.

L’autre priorité est d’éviter que les soignants soient eux-même contaminés en nombre, ce qui rendrait encore plus difficile la prise en charge des malades.

Si ces questions sont déjà cruciales dans les pays riches, elles se posent avec encore plus d’acuité dans les pays pauvres.

– Quelle transmission, quels symptômes?

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Pour éviter la contagion, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières: éviter de se serrer la main et de s’embrasser, se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade…

Les symptômes les plus courants « comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires », indique l’OMS. « Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort ».

Il n’existe ni vaccin ni médicament et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d’autres traitements expérimentaux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.

– Quid des animaux domestiques?

Le cas d’un chien testé « faiblement positif » à Hong-Kong, alors que son maître était lui-même contaminé, a soulevé des questions sur les infections homme-animal.

Mais les scientifiques insistent sur le fait que ce cas est isolé et qu’on ne peut en tirer aucune conclusion.

« Il faut faire la différence entre une vraie infection et le fait de simplement détecter la présence du virus », souligne le Pr Jonathan Ball, de l’université anglaise de Nottingham.

« Cela nécessite d’en savoir plus, mais il ne faut pas paniquer, ajoute-t-il. Je doute que ce chien puisse transmettre le virus à un autre chien ou à un homme, en raison du faible niveau de virus détecté. Le vrai moteur de l’épidémie, c’est la transmission d’humain à humain. »

Pas de femme à la Maison Blanche: l’Amérique s’interroge (encore) sur le sexisme

Avec le départ d’Elizabeth Warren, la dernière femme ayant des chances d’être élue présidente des Etats-Unis quitte une course à la Maison Blanche qui avait pourtant démarré avec une diversité record. Quatre ans après la défaite d’Hillary Clinton, les candidates sont-elles victimes de sexisme aux Etats-Unis?

« Le plus difficile, c’est pour toutes ces petites filles qui vont devoir attendre quatre ans de plus » pour voir une femme à la Maison Blanche, a confié Elizabeth Warren, 70 ans, en annonçant jeudi son retrait de la course à l’investiture démocrate.

Son départ ne laisse plus qu’une femme en lice, la jeune élue Tulsi Gabbard qui n’a fait que de petits scores dans les urnes jusqu’ici, et deux hommes septuagénaires, Joe Biden et Bernie Sanders.

Comme pour les quatre autres femmes qui ont jeté l’éponge mais aussi les hommes, le départ d’Elizabeth Warren s’explique parce qu’elle n’a pas réussi à convaincre les électeurs, notamment en n’ayant pas su trouver sa voie entre l’aile gauche et plus modérée du parti démocrate.

Mais « si vous dites que non, il n’y a pas eu de sexisme, un milliard de femmes vont penser +sur quelle planète vivez-vous?+ », a souligné Elizabeth Warren.

« A-t-elle mené une campagne parfaite? Bien sûr que non », reconnaît Debbie Walsh, directrice du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP).

« Personne ne le fait. Bernie Sanders n’a pas mené une campagne parfaite et Joe Biden n’a certainement pas mené de campagne parfaite. Mais il est difficile d’imaginer qu’un candidat masculin, avec ses compétences, son intelligence, son empathie et sa façon de connecter avec les foules » ne serait pas allé « beaucoup plus loin dans cette élection » que Mme Warren.

« Cela démontre que dans ce pays, les femmes ne sont pas encore sur un pied d’égalité, qu’il y a encore du sexisme, de la misogynie » à l’heure de briguer la plus haute fonction politique, explique-t-elle à l’AFP.

Un biais d’autant plus accentué cette année que les électeurs démocrates ont un grand objectif en tête: battre Donald Trump en novembre.

Or « les femmes et les minorités sont encore perçues comme des choix risqués » pour gagner, regrette Mme Walsh.

Par les hommes, mais surtout par les femmes, d’après un sondage CNN datant de janvier: 20% des femmes interrogées y déclaraient qu’une femme ne pouvait pas gagner la Maison Blanche, contre 9% chez les hommes.

– « Element de misogynie » –

« Il s’agit d’une compétition, vous faites campagne et les gens vous suivent » ou non, « mais je pense vraiment qu’il y a un certain élément de misogynie là-dedans », a réagi la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, jeudi.

« Mais je pense que les Américains sont prêts » à voir une femme présidente, a-t-elle ajouté, en rappelant que Hillary Clinton était arrivée « très près » en novembre 2016.

Battue par Donald Trump, elle avait alors déclaré:

« Je sais que nous n’avons pas encore brisé le plus haut et le plus dur des plafonds de verre, mais un jour, quelqu’un le fera et, espérons-le, plus tôt qu’on ne l’imagine ».

Deux ans plus tard, en 2018, les Américains ont envoyé un nombre record de femmes au Congrès américain, grâce notamment à la mobilisation des électrices.

– « Nous persévérons » –

Une « misogynie » en partie « inconsciente », des « défis » plus grands: d’autres ex-prétendantes à la Maison Blanche, comme la sénatrice Kamala Harris ou l’auteure Marianne Williamson, ont témoigné de leur expérience après le départ d’Elizabeth Warren.

Les candidates sont prises en étau, souligne Debbie Walsh, car elle doivent d’une part davantage démontrer que les hommes qu’elles sont « fortes » et « compétentes » mais, comme dans le cas d’Elizabeth Warren, si « elle souligne ses compétences, on la perçoit comme arrogante ».

Ses attaques virulentes contre le milliardaires Michael Bloomberg lui ont aussi valu d’être qualifiée d' »agressive », un mot rarement attaché à Bernie Sanders pourtant connu pour son ton combatif.

« Elle est méchante et les gens ne l’aiment pas », a affirmé Donald Trump vendredi. Il avait qualifié Hillary Clinton de « teigne » en 2016. Un mot devenu cri de ralliement féministe.

Elizabeth Warren, elle, ne perd pas espoir.

« Cela prendra juste un peu plus de temps avant que nous puissions avoir une femme à la Maison Blanche », a-t-elle déclaré sur MSNBC, sans écarter la possibilité de se représenter.

« Nous ne pouvons pas perdre espoir parce que la seule façon que cela change, c’est de s’y remettre demain et de reprendre le combat. Nous persévérons. »

Coronavirus: un premier cas à l’intérieur du micro-Etat du Vatican

La Cité du Vatican, le plus petit Etat du monde, où réside le pape François, a annoncé vendredi son premier cas de coronavirus.

Il a été détecté dans le modeste centre médical, situé non loin d’une des portes d’accès au territoire de ce micro-Etat, qui accueille en temps normal des habitants, des employés ou des retraités du Vatican, dont des membres du clergé.

Vendredi, il a provisoirement mis fin à toutes les consultations « pour assainir les locaux après la découverte hier d’un cas positif de Covid-19 sur un patient », a annoncé le Saint-Siège.

La Cité du Vatican, en grande partie enserrée derrière des murs élevés de part et d’autre de la place Saint-Pierre, s’étend seulement sur 44 hectares (0,44 km2). Cet insolite Etat ne compte que 450 habitants, dont une centaine de gardes suisses vivant ensemble dans une caserne.

Mais à ses points d’entrée, filtrés par les gardes suisses, passent des milliers de visiteurs internationaux et d’employés du Vatican vivant à Rome, qui se déplacent à pied ou en voiture.

Le centre médical fermé vendredi jouxte un supermarché également réservé aux employés, ainsi qu’une pharmacie accessible à tous les touristes à condition d’avoir une ordonnance en main.

Ces lieux étaient relativement désertés ces derniers jours, tout comme la Basilique Saint-Pierre et les musées du Vatican (qui ont une entrée séparée dans la Cité du Vatican), mais aussi la capitale italienne, submergée par les annulations de séjours.

– « J’ai peur », confie soeur Lucilia –

« J’ai peur parce que c’est une chose nouvelle, il y a beaucoup de cas, beaucoup de morts », a confié à l’AFP soeur Lucilia, une Brésilienne de 41 ans, allée faire ses adieux à la place Saint-Pierre avant de rentrer au pays.

Sara Riveiro, une touriste de Barcelone de 27 ans, balaie en revanche toute inquiétude: « Non je n’ai pas peur, le taux de mortalité est très bas, je suis jeune et en bonne santé ».

Sa concitoyenne Sandra Martinez, une étudiante en histoire de l’art du même âge, s’inquiète davantage. « J’ai des amis qui sont rentrés d’Italie et ont dû rester deux semaines en quarantaine », raconte-t-elle. « J’espère que ça ne va pas m’arriver ! »

Une fois désinfecté, le centre médical sera rouvert au public, a dit à l’AFP le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni.

Ce dernier a précisé que « tous les patients passés dans le centre médical » étaient « en train d’être avertis », sans donner d’indications sur l’état du patient testé positif.

Vendredi quelques bureaux de la Secrétairerie d’Etat du Vatican (le gouvernement central) ont aussi été « fermés par précaution », a précisé une source vaticane à l’AFP. Une fois décontaminés, ils ont été rouverts.

– Activité du pape: mesures attendues –

L’Italie est actuellement le deuxième pays pour le nombre des morts provoquées par le coronavirus et le troisième en termes de contaminations.

Cela fait plus d’une semaine que le pape, à la tête des 1,3 milliard de catholiques, n’a pas quitté son lieu de résidence à quelques pas de la basilique Saint-Pierre.

Le Vatican a annoncé jeudi que de nouvelles mesures de précaution relatives à ses activités étaient à l’étude.

Elles pourraient concerner dès dimanche l’Angélus, que François célèbre habituellement d’une fenêtre du Palais apostolique surplombant la place Saint-Pierre, face à la foule massée en contrebas.

Le Vatican n’a pas encore précisé si le pape, âgé de 83 ans, serait tenu à distance de la foule des audiences générales du mercredi.

L’Argentin Jorge Bergoglio est connu pour apprécier les poignées de main et les baisers sur la joue ou le front, ne semblant pas être effrayé pour lui-même par les risques sanitaires ainsi encourus.

Coronavirus: résultats attendus des tests sur un navire de croisière californien

Les autorités sanitaires de Californie attendaient vendredi le résultat des tests réalisés sur des passagers d’un paquebot de croisière soupçonnés d’avoir contracté le coronavirus pour décider si le navire qui croise au large de San Francisco pouvait accoster.

« C’est un gros bateau, nous devons prendre une décision importante », a commenté depuis la Maison Blanche le président américain Donald Trump, en ratifiant la loi votée la veille au Congrès sur un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre l’épidémie.

Des échantillons ont été prélevés jeudi à bord du Grand Princess sur 45 personnes, passagers et membres d’équipage, a indiqué dans un communiqué jeudi soir la compagnie Princess Cruises, propriétaire du navire.

« Tous les passagers ont été invités à rester dans leur cabine en attendant le résultat des tests » attendu vendredi, a précisé le croisiériste.

Le Grand Princess avait interrompu son circuit à la suite de la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui voyageait à bord de ce navire durant une précédente croisière est mort du Covid-19 à son retour en Californie. Une soixantaine de touristes ayant participé à la même croisière étaient demeurés à bord pour poursuivre leur circuit.

Pour l’instant, les passagers ne se plaignent pas « même si ça pourrait changer au cas où on reste coincés dans nos cabines pendant trop longtemps », a raconté à l’AFP Carolyn Wright, l’une des passagères.

Cette photographe professionnelle de 63 ans, qui habite au Nouveau-Mexique, a critiqué les médias qui « en font toute une histoire ».

« Il y a eu deux cas (de coronavirus) sur la croisière précédente et ils font comme si tout le monde à bord avait la peste », s’est-elle agacée.

Les autorités californiennes ont refusé que le Grand Princess accoste à San Francisco et le bateau est resté au large en attendant de savoir si des cas de Covid-19 étaient confirmés à bord.

– Le virus « va disparaître » –

Le gouvernement « travaille » avec le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a déclaré l’état d’urgence dans tout l’Etat, a souligné Donald Trump.

Selon Mary Ellen Carroll, responsable des situations de crise pour San Francisco, les autorités fédérales et californiennes devront déterminer le meilleur endroit possible pour faire accoster le Grand Princess, à San Francisco ou ailleurs.

La compagnie Princess Cruises possède également le Diamond Princess, qui avait été placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

Comme les autorités l’avaient annoncé, le coronavirus continue à se propager dans le pays, au Texas, dans le Nevada, dans le Colorado et dans le Maryland, aux portes de la capitale fédérale Washington, jusqu’à présent encore épargnée officiellement.

Au total, plus de 200 personnes ont été contaminées aux Etats-Unis et au moins 12 sont décédées dont onze dans le seul Etat de Washington (nord-ouest), selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels.

« Il y a peu de cas » par rapport à d’autres grands pays touchés par l’épidémie, a expliqué Donald Trump, demandant à la population de « rester calme » face au coronavirus. « Il va disparaître », a-t-il assuré.

Le président devrait se rendre dans un centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) à Atlanta vendredi, après avoir annulé sa visite en raison d’un cas suspect de coronavirus au sein du personnel du centre, qui s’est révélé négatif.

En Russie, de nouveaux partis accusés de faire le jeu du Kremlin

Adieu les jeux vidéo! Viatcheslav Makarov, cofondateur du célèbre « World of Tanks », se lance en politique. Mais certains en Russie soupçonnent la création du parti de ce « geek » d’être une ruse visant à protéger la majorité au pouvoir.

L’hypothèse est née dès l’annonce, début janvier, de la création du parti « Démocratie directe », qui organisait jeudi un premier congrès en marge d’une conférence sur les technologies numériques à Moscou.

Invitée surprise: Maria Boutina, une jeune Russe emprisonnée 18 mois aux Etats-Unis pour avoir tenté d’infiltrer les milieux politiques.

« Chaque Russe doit connaître l’art du hacking pour se protéger des menaces étrangères », a affirmé celle qui a désormais une émission sur la chaîne pro-Kremlin RT. « Et Dieu soit loué, ce parti compte des spécialistes des technologies informatiques ».

Pour s’y consacrer, Viatcheslav Makarov, 40 ans, a quitté l’entreprise Wargaming, fondée au Bélarus et à l’origine du populaire jeu de guerre « World of Tanks ».

« Le Kremlin est une barrière que nous essayons d’éviter mais pas de faire tomber », a-t-il dit à l’AFP. Reconnaissant des contacts au sein de la présidence, il s’est défendu d’être « un projet du pouvoir » et affirme financer le parti avec sa propre fortune.

Ces derniers mois, plusieurs partis ciblant chacun un public précis ont été lancés en Russie, avec dans le viseur les élections régionales de septembre, puis les législatives de 2021.

L’un des plus remarqués, « Pour la Vérité », est dirigé par l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine, qui a combattu parmi les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine. Lui aussi nie avoir créé sa formation à la demande des autorités mais compte parmi ses sympathisants l’acteur américain Steven Seagal, grand fan de Vladimir Poutine.

Ont aussi vu le jour depuis le début de l’année le parti écologiste « Alternative verte », « Une vie digne » tourné vers la jeunesse, ou le parti pro-business « Nouvelles personnes ». Au total, 39 partis ont été créés en 2019, selon les autorités, dont 17 lors du dernier trimestre.

– « Illusion de concurrence » –

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, n’a pas cette chance: son équipe tente en vain depuis sept ans d’enregistrer son parti alors que son Fonds de lutte contre la corruption (FBK) est actuellement visé par une enquête pour « blanchiment ».

De l’avis des experts, il est peu probable que l’absence de Navalny soit compensée par un de ces nouveaux partis.

« Leur but est de donner l’illusion d’une concurrence politique, d’attirer de nouveaux électeurs et de neutraliser une opposition plus dangereuse », explique à l’AFP la politologue russe Ekaterina Schulmann.

Leurs chances d’atteindre les 5% nécessaires pour entrer au Parlement sont quasi nulles, mais leurs voix, tout en dopant la participation, n’iront pas à d’autres formations pouvant capitaliser sur le mécontentement des Russes, comme le Parti communiste ou celui du nationaliste Vladimir Jirinovski.

« L’objectif est vraiment de minimiser les risques de baisse de popularité du parti au pouvoir Russie Unie », souligne l’experte Tatiana Stanovaïa, du centre de réflexion R. Politik.

Le parti présidentiel connaît une sérieuse désaffection sur fond de stagnation économique. Il plafonne à 32,7% des intentions de vote, loin des 54% obtenus aux législatives de 2016, selon l’institut public de sondages Vtsiom.

– Chanteur de rock –

Outre ces nouveaux partis, une entrée en politique a été très commentée: celle de Sergueï Chnourov, leader du groupe de rock Leningrad, immensément populaire en Russie.

« Avec moi ce sera clairement plus joyeux », a-t-il lancé après avoir rejoint le « Parti de la croissance », dirigé par le représentant du Kremlin auprès des entrepreneurs, Boris Titov.

Jusque-là poil à gratter des autorités, volontiers moqueur, le chanteur a pris soin de supprimer sur les réseaux sociaux plusieurs messages critiquant la politique des autorités.

Pour Tatiana Stonovaïa, ce ralliement s’inscrit dans un contexte de « dépolitisation » : « On voit cela en Europe, la crise des partis traditionnels, l’idée de miser sur des gens sans lien avec la politique ».

« Ce n’est pas une tentative de parler de l’avenir du pays, mais plutôt une volonté d’éviter les vrais problèmes », ajoute la politologue.

Même en l’absence de programmes sérieux, reste une possibilité, ajoute Ekaterina Schulmann: celle que ces partis réalisent une percée électorale et perturbent le très rodé jeu politique russe.

« Comme la confiance envers les partis existants baisse, des entités politiques pensées comme des +parasites+ peuvent avoir plus de succès qu’attendu », dit-elle.

Turquie-Grèce: heurts frontaliers, l’UE cherche à dissuader les migrants

De nouveaux heurts ont brièvement éclaté vendredi à la frontière gréco-turque entre policiers grecs tirant des grenades lacrymogènes et des migrants lançant des pierres, au moment où l’Union européenne a averti les réfugiés que ses portes leur étaient fermées.

Après ces échauffourées, des centaines de migrants se sont massés devant le poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies, côté grec), scandant « liberté », « paix » et « ouvrez les portes ! », selon un photographe de l’AFP.

Certains brandissaient au-dessus des barbelés des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Nous voulons vivre en paix ».

« Nous voulons simplement une meilleure vie, une situation meilleure, vivre en liberté », explique à l’AFP Amir Massoud, un Iranien, masque sanitaire sur le visage pour se protéger du gaz lacrymogène.

Après l’annonce le 28 février par le président turc Recep Tayyip Erdogan de l’ouverture de ses frontières vers l’UE, plusieurs milliers de migrants se sont dirigés vers la Grèce, réveillant en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015.

L’Union européenne a vivement dénoncé un « chantage » aux migrants au moment où Ankara réclame un appui occidental en Syrie, pays où la Turquie mène une opération militaire et est confrontée à un afflux de déplacés vers sa frontière.

L’UE a adressé vendredi un message aux migrants visant à les dissuader de se rendre à la frontière turco-grecque.

« Je veux envoyer un message clair: n’allez pas à la frontière. La frontière n’est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, après une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres à Zagreb.

– Condamnations à Lesbos –

Les autorités grecques ont accusé vendredi les forces turques de tirer des grenades lacrymogènes et des fumigènes du côté grec de la frontière. « Il y a eu des attaques coordonnées ce matin », a déclaré un responsable grec.

Selon Athènes, les autorités turques distribuent en outre du matériel pour découper les grillages empêchant les migrants de passer du côté grec.

Face à cette frontière terrestre fermée à double tour, plusieurs centaines de migrants ont réussi a gagner les îles égéennes en prenant la mer depuis la semaine dernière.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention, les nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère à l’encontre des travailleurs humanitaires et des journalistes en particulier.

A Lesbos, deux habitants ont été condamnés vendredi à trois mois de prison avec sursis pour des violences commises le week-end dernier.

Alors que des milliers de migrants sont désormais bloqués à la frontière gréco-turque, des campements de fortune se sont formés du côté turc.

De nombreux migrants dorment à l’air libre malgré le froid. Les plus chanceux, souvent des familles avec enfants, ont confectionné des tentes avec des bâches, dont ils émergent chaque matin le visage exténué.

– Exploités –

Certains d’entre eux exprimaient vendredi leur frustration croissante contre Ankara, estimant avoir été dupés par des autorités turques leur ayant fait croire qu’ils pourraient aisément franchir la frontière.

« On nous a dit: +Soit vous traversez illégalement, soit vous partez d’ici+. Mais nous ne sommes pas venus pour franchir la frontière illégalement », dit à l’AFP Sina, un Iranien. « Nous sommes ici parce que la Turquie nous a autorisés à venir ».

Des autocars garés non loin du poste frontalier de Pazarkule proposaient vendredi d’emmener des migrants vers le fleuve Meriç (Evros, en grec), qui sépare la Turquie et la Grèce.

Toute un système d’exploitation des migrants s’est par ailleurs développé, des vendeurs ambulants turcs écoulant à des prix décuplés des bouteilles d’eau, de la nourriture ou du matériel pour fabriquer des abris.

Un homme vendait ainsi cinq mètres de film plastique étirable pour 200 livres turques (30 euros), contre quelques dizaines de livres dans le marché. Autour de lui, des migrants afghans, pakistanais ou d’autres nationalités se pressaient, billets à la main.

Les nouveaux heurts interviennent au lendemain de la signature, à Moscou, d’un accord de cessez-le-feu dans la région d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.

Un responsable de la présidence turque a déclaré à l’agence de presse étatique Anadolu que ce cessez-le-feu ne signifiait pas qu’Ankara allait fermer ses frontières avec l’Europe.

burs-gkg/ezz/ayv

Au temps du « corona », un vendredi de prière sans foule au Moyen-Orient

De La Mecque à Jérusalem en passant par l’Iran, la grande prière hebdomadaire a été annulée ou n’a pas attiré de larges foules vendredi dans les principales villes du Moyen-Orient en raison de craintes de propagation du nouveau coronavirus.

En Arabie saoudite, des milliers de fidèles –et non des centaines de milliers comme d’habitude le vendredi– ont convergé à La Mecque sans toutefois pouvoir se rendre à l’esplanade entourant la Kaaba, lieu le plus saint de l’islam situé au coeur de la Grande mosquée, fermée « temporairement » pour lutter contre le nouveau coronavirus, une mesure inédite.

« Dieu, je cherche refuge en toi contre les calamités et l’épidémie », a déclaré l’imam de la Grande mosquée, le cheikh Abdullah Awad al-Jouhani, lors de son sermon affirmant que les mesures prises par les autorités saoudiennes pour freiner la propagation du coronavirus, dont cinq cas ont été confirmés dans le royaume, « respectaient la charia », la loi islamique.

Se rendre à la Grande mosquée de La Mecque sans pouvoir s’approcher de la Kaaba a laissé un « sentiment étrange », a indiqué un fidèle. « Le fait que ce soit vide a quelque chose d’effrayant », a dit cet homme, sans donner son nom.

A Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam situé sur l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem, quelques milliers de fidèles, dont de nombreux le visage recouvert d’un masque se sont réunis pour cette première grande prière depuis le resserrement de mesures anticoronavirus en Israël et dans les Territoires Palestiniens.

Si la mosquée était bondée, la vaste esplanade, généralement comble les vendredis, était presque déserte, selon une équipe de l’AFP sur place.

« Il y a moins de monde que d’habitude. Mais aller prier le vendredi demeure une obligation pour nous », déclare Ammar Jouweilis, un fidèle d’une trentaine d’années.

« C’est important d’être à Al-Aqsa, mais il faut toutefois se méfier du coronavirus », ajoute-t-il.

Compte tenu de la pluie et des craintes de propagation du coronavirus, cette participation reste « excellente », s’est félicité à l’AFP Azzam Al-Khatib, le directeur du waqf de Jérusalem, l’autorité religieuse qui administre les lieux saints musulmans de la vielle ville.

L’entrée sur le lieu est toutefois contrôlée par les autorités israéliennes qui ont interdit des rassemblements de plus de 5.000 personnes dans l’espoir de juguler la propagation du Covid-19, dont 17 cas ont été confirmés en Israël.

En Cisjordanie occupée, où sept cas ont été confirmés, l’Autorité palestinienne a décrété un état d’urgence sanitaire de 30 jours, incluant la fermeture des établissements scolaires et l’interdiction d’accès aux touristes pendant au moins deux semaines à ce territoire palestinien.

– Iran, Irak –

En Iran, un des pays les plus affectés par le nouveau coronavirus avec des milliers de cas confirmés et 124 morts selon le dernier bilan du ministère de la Santé, la prière du vendredi a été annulée dans toutes les capitales provinciales, dont la métropole Téhéran.

Dans les autres villes de la première puissance de la branche chiite de l’islam, la décision de maintenir ou non la prière appartenait à des comités locaux.

En Irak voisin, dans la ville sainte chiite de Kerbala (sud), où se trouve le mausolée de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, la grande prière du vendredi a été annulée par les autorités.

Le sermon prononcé au nom du grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire en Irak, n’a donc pas été diffusé depuis la mosquée de Kerbala pour la première fois depuis 17 ans.

Dans la ville sainte chiite de Najaf, plus au sud, où le premier cas de coronavirus en Irak a été découvert, l’intense mobilisation du leader chiite Moqtada Sadr a forcé les autorités à rouvrir le mausolée de l’imam Ali, gendre du prophète Mahomet.

Ailleurs dans ce pays, plusieurs provinces ont interdit les prières du vendredi de peur d’une contagion, particulièrement redoutée dans les mausolées où, selon la tradition, les pèlerins embrassent les grilles qui entourent les tombes des imams ou frottent des chapelets ou d’autres objets dans l’espoir d’en retirer une bénédiction.

– Chrétiens et juifs –

A Bethléem, ville palestinienne située à moins de dix kilomètres de Jérusalem, les autorités ont fermé la basilique de la Nativité, une des églises les plus anciennes et les plus connues au monde, car érigée sur le lieu présumé de naissance du Christ.

Les autorités israéliennes, en coordination avec l’Autorité palestinienne, ont empêché vendredi l’entrée et la sortie de touristes dans la principale ville touristique en Territoires palestiniens.

Et à Jérusalem, au pied de l’esplanade des Mosquées, nommée Mont du Temple par les Juifs, les autorités ont restreint l’accès au Mur des Lamentations, site le plus sacré du judaïsme, particulièrement visité le samedi, jour de shabbat, autorisant un maximum de 5.000 personnes à la fois.

Tunis: un double attentat suicide devant l’ambassade américaine fait six blessés

Un double attentat suicide a visé vendredi des policiers qui protégeaient l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, blessant cinq agents et un civil, la première attaque dans la capitale tunisienne en huit mois.

En juin 2019, un double attentat suicide à Tunis revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI) avait mis en évidence la résilience des groupes extrémistes, bien que la situation sécuritaire se soit nettement améliorée dans le pays.

L’explosion de vendredi a retenti en fin de matinée près de l’ambassade américaine, dans le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, un secteur protégé en permanence par d’importants barrages de sécurité.

La police scientifique a rapidement été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, selon une journaliste de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés, » a réagi un policier sur place.

Au moment où la zone était évacuée, un jeune d’une vingtaine d’année a été arrêté et emmené par la police, selon la journaliste de l’AFP, sans qu’aucun lien ne soit clairement établi à ce stade avec l’attaque.

« Deux personnes ont pris pour cible une patrouille de sécurité dans (…) la rue menant à l’ambassade américaine », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

« L’opération a entraîné la mort des deux assaillants, blessé cinq policiers, et légèrement un civil », a précisé le ministère, selon qui « toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée ».

– Etat d’urgence –

Les cordons de sécurité ont notamment été renforcés devant le ministère de l’Intérieur, sur la principale avenue du centre de Tunis, où la circulation automobile a été interrompue.

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie est sous état d’urgence depuis novembre 2015 et une attaques suicide contre la garde présidentielle en plein centre de Tunis, dans lequel 12 agents ont été tués. Elle avait été également revendiquée par l’EI.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été visé par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées et des dizaines blessées lors de violents affrontements entre la police et manifestants.

Après une série d’attaques qui avaient notamment visé des touristes sur une plage à Sousse (est) et au célèbre musée du Bardo à Tunis en 2015, la situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, le double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des policiers dans le centre de Tunis et devant une caserne et coûté la vie à un policier.

En octobre 2018, une femme d’une trentaine d’années avait déclenché un engin explosif artisanal près d’une patrouille de police en pleine centre ville, faisant 26 blessés.

La Zambie étourdie par une mystérieuse vague d’attaques au gaz

Lusaka, 17 février, minuit sonne. Dans une petite maison des faubourgs sud de la capitale zambienne, une jeune femme somnole seule devant sa télévision lorsque soudain, une odeur âcre et puissante la prend à la gorge.

« Elle a juste eu le temps de voir quatre hommes s’enfuir », raconte son frère sous couvert d’anonymat. « L’odeur était si forte qu’elle s’est évanouie. Ils avaient diffusé un produit chimique par le trou de la serrure… »

Surpris par le sursaut de leur proie, les malfaiteurs ont détalé sans demander leur reste. Incommodée, la jeune femme a été conduite à la clinique la plus proche.

« Là-bas, il y avait au moins 40 personnes », se souvient son aîné, « toutes se plaignaient d’avoir été gazées ».

Cette nuit-là, le township de Chawama a rejoint la longue liste des cibles de gangs criminels qui, depuis plusieurs semaines, sèment la zizanie dans toute la Zambie en attaquant leurs cibles à grands jets d’un mystérieux gaz asphyxiant.

Ces violences ont suscité de vives réactions de la part des populations qui, dans de nombreux cas, se sont fait justice en lynchant leurs agresseurs présumés.

Selon le dernier bilan diffusé par la police cette semaine, les attaques au gaz et, surtout, les représailles qu’elles ont suscitées se sont soldées par au moins 50 morts. Au total, les forces de l’ordre ont recensé dans le pays plus de 650 incidents directement liés aux « gazages ».

– ‘Crimes terroristes’ –

Les premiers cas ont été rapportés en décembre dans le nord du pays, en plein cœur de la fameuse « Copperbelt », siège des principales mines de cuivre du pays.

A l’époque, plusieurs personnes ont été aspergées d’un gaz asphyxiant et au moins une d’entre elles assassinée dans la foulée puis vidée de son sang. Témoins et policiers évoquent alors la piste de meurtres rituels.

La technique du « gazage » a fait tâche d’huile dans toute la Zambie, reprise par des braqueurs plus « classiques » qui asphyxient leurs victimes avant de les détrousser.

Cette vague criminelle inédite a suscité des ripostes débridées et violentes. Comme le mois dernier à Zingalume, un township de la capitale, où une foule d’hommes en colère a battu à mort un « gazeur » présumé.

Pour calmer les esprits, le président Edgar Lungu a ordonné le mois dernier le déploiement de l’armée dans Lusaka.

Vendredi encore, il a profité d’un discours devant le Parlement pour dénoncer et mettre en garde les auteurs de « gazages », qualifiés « d’ennemis du peuple ». « Bientôt, ils seront écrasés et enterrés », a-t-il promis.

« Le gouvernement sait que des chefs traditionnels, religieux ou de la société civile ont ordonné, directement ou indirectement, ces attaques », a pointé du doigt le président, sans livrer plus de détails.

En l’absence de certitudes, le gouvernement agite aussi la piste politique.

Le mois dernier, la vice-présidente Inonge Wina a évoqué des « crimes terroristes » visant à « déstabiliser le gouvernement, troubler l’ordre public et faire peur à la population ».

– Haro sur les ‘gazeurs’ –

Principal rival du président Lungu qu’il accuse de dérive autoritaire, le chef de l’opposition Hakainde Hichilema a nié être lié de près ou de loin aux « gazeurs ».

« Nous n’avons rien à voir avec (ça) et refusons que quiconque mente à la police pour nuire à ses adversaires politiques », a-t-il dit, « c’est malheureusement ce que (le parti au pouvoir) fait en suggérant que l’opposition est impliquée ».

Ces dernières semaines, la police a déferré devant les tribunaux une vingtaine de « gazeurs » présumés. Leur identité n’a pas été révélée et leurs motivations restent pour l’heure très… fumeuses.

« Nous avons fait d’importants progrès », s’est contenté d’indiquer le chef de la police, Kakoma Kanganja.

En attendant, le poison de la peur des attaques continue à flotter dans tout le pays.

L’ambassade des Etats-Unis a formellement mis en garde ses citoyens contre les « gazages » et la police zambienne recommandé aux églises évangéliques de renoncer à leurs veillées nocturnes. Quant aux écoles privées du pays, elles n’hésitent plus à fermer leurs classes à la moindre rumeur.

Depuis quelques jours, le rythme des attaques rapportées par la presse semble s’être singulièrement ralenti. Mais l’inquiétude et la colère des populations persistent.

« Je dois fermer mon salon avant 18h00 mais c’est précisément l’heure à laquelle j’ai le plus de clients », rouspète ainsi un coiffeur de la capitale, John Likumbi, « ces histoires de +gazeurs+ commencent à peser sur mes affaires ».

Tunis: un double attentat suicide devant l’ambassade américaine fait six blessés

Un double attentat suicide a visé vendredi des policiers qui protégeaient l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, blessant cinq agents et un civil, la première attaque dans la capitale tunisienne en huit mois.

En juin 2019, un double attentat suicide à Tunis revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI) avait mis en évidence la résilience des groupes extrémistes, bien que la situation sécuritaire se soit nettement améliorée dans le pays.

L’explosion de vendredi a retenti en fin de matinée près de l’ambassade américaine, dans le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, un secteur protégé en permanence par d’importants barrages de sécurité.

La police scientifique a rapidement été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, selon une journaliste de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés, » a réagi un policier sur place.

Au moment où la zone était évacuée, un jeune d’une vingtaine d’année a été arrêté et emmené par la police, selon la journaliste de l’AFP, sans qu’aucun lien ne soit clairement établi à ce stade avec l’attaque.

« Deux personnes ont pris pour cible une patrouille de sécurité dans (…) la rue menant à l’ambassade américaine », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

« L’opération a entraîné la mort des deux assaillants, blessé cinq policiers, et légèrement un civil », a précisé le ministère, selon qui « toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée ».

– Etat d’urgence –

Les cordons de sécurité ont notamment été renforcés devant le ministère de l’Intérieur, sur la principale avenue du centre de Tunis, où la circulation automobile a été interrompue.

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie est sous état d’urgence depuis novembre 2015 et une attaques suicide contre la garde présidentielle en plein centre de Tunis, dans lequel 12 agents ont été tués. Elle avait été également revendiquée par l’EI.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été visé par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées et des dizaines blessées lors de violents affrontements entre la police et manifestants.

Après une série d’attaques qui avaient notamment visé des touristes sur une plage à Sousse (est) et au célèbre musée du Bardo à Tunis en 2015, la situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, le double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des policiers dans le centre de Tunis et devant une caserne et coûté la vie à un policier.

En octobre 2018, une femme d’une trentaine d’années avait déclenché un engin explosif artisanal près d’une patrouille de police en pleine centre ville, faisant 26 blessés.