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Sahel : Une cour pénale pour défier l’impunité dans un océan de crises

L’aube de la justice au Sahel : La Cour pénale révolutionnaire de l’AES S’installe à Bamako

Bamako, 10 juillet 2025 Dans les turbulentes sables du Sahel, où le terrorisme et les violations des droits humains sèment une terreur indicible, une lueur d’espoir judiciaire éclatante émerge. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, unis sous la bannière audacieuse de la Confédération des États du Sahel (AES), ont annoncé le 9 juillet 2025 la création de la Cour Pénale et des Droits Humains du Sahel (CPS-DH), un bastion de justice basé à Bamako. Cette institution novatrice, flanquée d’une prison de haute sécurité et d’une plateforme numérique d’échange d’informations ultra-moderne, ambitionne de juger les crimes les plus graves : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, actes de terrorisme et atteintes aux droits fondamentaux. Cependant, dans une région où les fusils parlent trop souvent plus fort que les lois, cette cour peut-elle devenir le rempart de justice promis, ou risque-t-elle de n’être qu’un mirage fugace dans le désert de l’instabilité ?

 

Une riposte régionale impérative face aux crimes transfrontaliers

C’est dans la capitale malienne, Bamako, que la CPS-DH posera ses fondations, un choix stratégique et symbolique pour une région dévastée par une insécurité chronique. Annoncée officiellement le 9 juillet 2025, cette cour régionale, fruit d’une réunion cruciale des Ministres de la Justice de l’AES les 29 et 30 mai 2025, vise à combler un vide judiciaire criant dans le Sahel. De fait, elle sera compétente pour juger les crimes de guerre, à l’image des massacres abominables de civils à Tillia (Niger, mars 2025, 58 morts), les crimes contre l’humanité, tels que les déplacements forcés touchant 2,4 millions de personnes au Sahel central, le terrorisme orchestré par des groupes redoutables comme l’État islamique au Sahel (ISSP) ou Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimeen (JNIM), et les violations graves des droits humains, notamment les exécutions extrajudiciaires alarmantes rapportées par des ONG.

En outre, la cour s’accompagne d’une infrastructure ambitieuse : une prison de haute sécurité à Bamako pour détenir les condamnés dans des conditions conformes aux standards internationaux, une base de données judiciaire commune pour traquer les criminels transfrontaliers, et une plateforme numérique pour coordonner les enquêtes entre les trois pays. Ces outils, validés lors de la réunion ministérielle de mai 2025, reflètent une volonté ferme d’harmonisation judiciaire, cruciale dans une région où les frontières poreuses facilitent tragiquement le trafic d’armes et les réseaux terroristes. « Nos systèmes judiciaires, hérités du colon, doivent être adaptés à nos réalités », a martelé Edasso Rodrigue Bayala, Ministre burkinabè de la Justice, soulignant un rejet des influences étrangères jugées « impérialistes ».

 

Le Sahel affirmé : Quand la justice devient acte de souveraineté

La création de la CPS-DH s’inscrit résolument dans la stratégie souverainiste de l’AES. Après avoir rompu avec la CEDEAO et expulsé les forces étrangères, le Burkina Faso, le Mali et le Niger cherchent à affirmer leur autonomie face aux institutions internationales, comme la Cour pénale internationale (CPI), souvent perçue comme partiale. « Cette cour est un acte de souveraineté, une réponse à l’impunité qui gangrène notre région », a déclaré un officiel malien, reflétant l’ambition de l’AES de contrôler son destin judiciaire.

Cependant, le défi est titanesque. Le Sahel est un foyer de violences incessantes : en 2024, 51 % des morts liées au terrorisme mondial y ont été enregistrées (Global Terrorism Index). Les attaques, comme celle de Fambita (Niger, mars 2025, 44 morts), et les conflits intercommunautaires, exacerbés par la pauvreté et la marginalisation, compliquent la tâche. La CPS-DH devra naviguer dans un contexte où les armées nationales, bien que renforcées par des partenariats avec la Russie (Africa Corps), peinent à endiguer l’expansion des groupes jihadistes. L’opération récente de la Garde nationale nigérienne à Tahoua (28 juin-5 juillet 2025), qui a permis l’arrestation de huit trafiquants d’armes, illustre l’urgence vitale de coordonner les efforts judiciaires et sécuritaires.

 

Défis à l’horizon : Les obstacles épineux de la nouvelle Cour pénale

Malgré son ambition, la CPS-DH suscite des interrogations légitimes. Les statuts de la cour, son financement et son articulation avec des juridictions comme la CPI ou la Cour africaine des droits de l’homme restent flous. La prison de haute sécurité, bien que nécessaire, devra répondre à des normes strictes pour éviter les critiques acerbes d’ONG, qui dénoncent déjà des violations des droits humains dans les trois pays. La plateforme numérique, bien qu’innovante, repose sur des infrastructures fragiles dans une région où la cybersécurité est balbutiante, comme l’a souligné la Commission de l’informatique et des libertés du Burkina Faso (AIB, 8 juillet 2025).

Par ailleurs, les juristes locaux, tout en soutenant l’initiative, appellent à la prudence : « Une cour sans moyens ni clarté statutaire risque de devenir un symbole vide », prévient un avocat nigérien. La coopération tripartite, bien que prometteuse, devra surmonter les tensions régionales, notamment avec la CEDEAO, qui accuse l’AES de freiner inexorablement l’intégration ouest-africaine.

 

Un phare d’espoir dans la tourmente : La promesse d’une justice renforcée

En somme, alors que Bamako se prépare à accueillir cette nouvelle institution, la CPS-DH incarne un pari audacieux : faire de la justice un rempart solide contre le chaos. En harmonisant leurs législations sur le terrorisme, la cybercriminalité et la traite humaine, les trois pays de l’AES veulent bâtir un espace judiciaire intégré, capable de répondre aux besoins de leurs 70 millions d’habitants. Cependant, dans un Sahel où les motos des trafiquants sillonnent les dunes et où les groupes armés défient les États, la cour devra prouver sa crédibilité.

La CPS-DH n’est pas seulement une institution ; elle est un cri de souveraineté, un défi lancé à l’impunité et à l’ingérence. Mais son succès dépendra de sa capacité à transformer les promesses en jugements, les bases de données en enquêtes approfondies, et les prisons en lieux de justice. Dans le tumulte du Sahel, où chaque jour apporte son lot de drames, cette cour pourrait-elle devenir le phare d’une région désespérément en quête de paix ? L’avenir, aussi incertain que les vents du désert, le dira.

Issa Kaou Djim condamné pour offense à un chef d’État étranger

Bamako, 30 décembre 2024— L’ancien vice-président du Conseil national de transition (CNT) du Mali, Issa Kaou Djim, a été condamné, le 29 décembre 2024, à deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme. En effet, le tribunal l’a reconnu coupable d’« offense publique envers un chef d’État étranger » et d’« injures par le biais de systèmes d’information ».

Par ailleurs, cette condamnation fait suite à ses propos tenus lors d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision privée Joliba TV. Au cours de cette intervention, Issa Kaou Djim avait évoqué un prétendu « scénario de déstabilisation » concernant la situation politique au Burkina Faso. Ces déclarations, jugées offensantes, ont suscité une vive controverse et entraîné son interpellation le 13 novembre dernier, suivie d’un placement sous mandat de dépôt.

Une affaire aux implications politiques

Figure controversée du paysage politique malien, Issa Kaou Djim a souvent suscité des polémiques avec ses prises de position tranchées et ses critiques publiques. Son procès a ravivé les débats sur la liberté d’expression et la responsabilité des acteurs publics dans leurs déclarations.

Ses avocats ont dénoncé une procédure expéditive et une condamnation qu’ils jugent disproportionnée. « Notre client a exprimé une opinion politique, et non une attaque personnelle. » « Cette décision représente un recul inquiétant pour la liberté d’expression au Mali », a déclaré Me Amadou Traoré, l’un de ses avocats.

De leur côté, les autorités judiciaires ont insisté sur la gravité des faits. « Offenser publiquement un chef d’État étranger nuit aux relations diplomatiques entre nations et constitue une infraction punie par la loi », a affirmé un porte-parole du tribunal.

Issa Kaou Djim :une condamnation critiquée

La décision a également suscité des réactions au-delà des frontières maliennes. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude quant à l’utilisation de lois contre la diffamation et l’offense publique pour réduire au silence les voix dissidentes.

Isa Kaou Djim, qui a déjà purgé près de deux mois de détention provisoire, reste incarcéré. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel, espérant ainsi une réduction de sa peine ou une révision complète du verdict.

En somme, ce cas soulève une nouvelle fois la question de la conciliation entre liberté d’expression et responsabilité politique, dans un contexte géopolitique explosif.