Face à des pertes agricoles dépassant 50 % dans plus de 600 localités, les autorités de Tahoua ont mené une tournée d’évaluation multisectorielle. Entre urgences climatiques, relance des cultures et investissements massifs, la région engage une riposte coordonnée pour sécuriser sa campagne 2025-2026.
Tahoua, 3 novembre 2025 – Le gouverneur de la région de Tahoua, le colonel-major Souleymane Amadou Moussa, a révélé hier des chiffres alarmants lors de la clôture d’une tournée d’inspection exhaustive : l’évaluation préliminaire de la saison agricole 2025 montre que 602 localités rurales subissent des pertes dépassant 50 % de leur potentiel, affectant près de 1,2 million d’habitants, soit plus d’un cinquième de la population régionale estimée à 5,3 millions.

Une tournée au pas de charge dans les douze départements
Du 24 octobre au 1ᵉʳ novembre, l’équipe gouvernementale a sillonné les douze départements de Tahoua pour évaluer les activités agricoles, forestières et pastorales, ainsi que les infrastructures hydrauliques. Objectif : mesurer les effets des intempéries inhabituelles, dialoguer avec les communautés sur les réalités du terrain – des enjeux vétérinaires aux tensions socio-économiques – et aborder les priorités du moment : irrigation, protection des biens, transparence administrative, et encadrement des exportations de grains et d’équidés.
À chaque étape, des échanges nourris ont réuni autorités locales, leaders traditionnels, techniciens et riverains, suivis d’inspections de terrain pour cerner les défis concrets. Parmi les effets les plus marquants des caprices climatiques, des crues soudaines ont submergé 155 communautés, affectant directement quelque 19 000 personnes.

Tahoua : des réponses ciblées face aux urgences agricoles
Malgré ces aléas, l’État et ses partenaires techniques ont mobilisé des ressources substantielles : 232 tonnes de semences certifiées, 16 tonnes d’engrais minéraux et 2 284 paquets de traitements antifongiques, pour un financement global de plus de 208 millions de francs CFA. Les perspectives de récolte varient : d’encourageantes à satisfaisantes dans les districts de Madaoua et Konni, plus modestes dans les dix autres arrondissements, y compris Tahoua-ville.
Le secteur de l’élevage bénéficie également d’un appui renforcé, avec près de 757 millions de francs CFA investis dans la santé animale et les infrastructures connexes. Les pâturages naturels présentent un couvert végétal globalement robuste, malgré quelques disparités locales, assurant un bon état physique du cheptel, notamment dans les zones d’élevage nomade, et des conditions commerciales favorables pour les bergers.

Écologie, hydraulique, génie rural : des chantiers structurants
Par ailleurs, l’écologie régionale a été soutenue par une série d’initiatives : préservation des sols, assainissement des points d’eau, multiplication de boutures, lutte contre les espèces invasives, prévention des incendies et régénération forestière guidée. Ces efforts ont généré 16 383 emplois temporaires et injecté 4,23 milliards de francs CFA dans l’économie locale.
Côté ressources en eau, les investissements publics et privés culminent à 6,79 milliards de francs CFA, dont 1,24 milliard dédié à l’hygiène publique. Les comités départementaux ont balisé des zones constructibles pour éviter les conflits fonciers.
Dans le génie rural, les chantiers achevés ont absorbé 1,43 milliard de francs CFA, tandis que les projets en cours nécessitent 1,57 milliard supplémentaire. Pour les outils agricoles et la sauvegarde des terrains, les enveloppes engagées s’élèvent respectivement à 3,49 milliards et 2,88 milliards.
Le grand chantier de l’irrigation prévoit une enveloppe colossale de 12,9 milliards de francs CFA pour aménager 3 602 hectares neufs, complétés par 4 156 hectares de parcelles communautaires à petite échelle.
Tahoua : vers une relance maîtrisée de la campagne 2025-2026
Sur le front alimentaire, la conjoncture s’améliore grâce à la baisse des prix des denrées de base, soutenue par des ventes subventionnées, des aides gratuites ciblées et un embargo sur les exportations transfrontalières.
Finalement, la conférence de restitution s’est conclue sur une série de mesures concrètes pour fluidifier la prochaine vague de cultures sous goutte-à-goutte. Les participants ont salué le zèle des forces de défense et de sécurité, garantes de l’ordre public, et exprimé leur reconnaissance envers les élites locales, les bailleurs et les citoyens pour leur engagement collectif au service du progrès et de la stabilité régionale.
Si ces avancées se confirment, elles pourraient atténuer les incertitudes qui planent sur cette année agricole hautement prometteuse.