Afrique / Actualité régionale Archives - Journal du Niger

Guinée-Bissau : coup d’État militaire, le général N’Canha renverse le président Embaló

Bissau, 26 novembre 2025 – Des tirs sporadiques ont résonné ce mercredi près du palais présidentiel de Bissau, transformant en un clin d’œil la fragile normalité post-électorale en chaos armé. À l’issue d’une journée marquée par l’arrestation du président sortant Umaro Sissoco Embaló et d’autres figures clés, l’armée guinéenne a proclamé sa prise de pouvoir absolu. Au cœur de cette tourmente : le brigadier-général Denis N’Canha, un officier discret propulsé sous les projecteurs comme porte-parole d’une junte autoproclamée.

 

Guinée-Bissau : une intervention fulgurante, juste avant les résultats

 

Les élections présidentielle et législatives du 23 novembre devaient livrer leurs verdicts cette semaine. Néanmoins, à la mi-journée, l’irruption de soldats en tenue de combat a tout balayé. Des patrouilles militaires ont bouclé les artères principales menant au palais, tandis que des habitants fuyaient les lieux sous un ciel plombé par l’incertitude.

M. Embaló, candidat à sa propre succession, a été interpellé sur place avec plusieurs hauts responsables, dont les opposants Domingos Simões Pereira et Fernando Dias. Le chef de l’État avait lui-même alerté les médias étrangers plus tôt dans la journée, dénonçant une « tentative de putsch », une voix qui, paradoxalement, a amplifié l’écho du coup de force.

 

Denis N’Canha, le visage du nouveau commandement

 

C’est depuis le siège de l’état-major, flanqué de militaires casqués, que le général N’Canha a pris la parole. Chef de la maison militaire de la présidence jusqu’alors – un poste administratif plutôt qu’opérationnel –, cet homme au parcours discret s’est mué en héraut de la rébellion.

« Le Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre, regroupant toutes les branches des forces armées, assume la direction du pays jusqu’à nouvel ordre », a-t-il lu d’une voix posée.

Par conséquent, les mesures tombent en cascade : suspension immédiate du processus électoral, fermeture des frontières terrestres et aériennes, et instauration d’un couvre-feu. La junte justifie ces actions en invoquant des « manipulations électorales » non précisées, ce qui dénote une instabilité grandissante. M. N’Canha, jusque-là connu pour sa loyauté institutionnelle, incarne ce virage : choisi pour sa neutralité apparente, il devient le visage public d’un groupe qui promet « l’unité et la stabilité ».

 

Guinée-Bissau : un pays sous haute tension, avec des échos de l’Histoire

 

Depuis l’indépendance en 1974, la Guinée-Bissau cumule quatre coups d’État réussis et une litanie de tentatives avortées. Cet épisode, survenu pile au moment où M. Embaló semblait en position de force, ravive les fantômes : en effet, en 2022, une mutinerie avait déjà visé le palais.

La société civile, quant à elle, oscille entre stupeur et scepticisme. Le Front populaire dénonce un « simulacre orchestré » pour bloquer les résultats. Des rues de Bissau, vidées par le couvre-feu, montent des murmures : « Encore l’armée qui décide pour nous ». La CEDEAO et l’Union africaine, déjà alertées, appellent au « calme et au respect du suffrage populaire ».

 

L’Épilogue symbolique d’un mandat déjà hors norme

 

Pour l’instant, M. N’Canha et sa coalition militaire tiennent les rênes, mais la suite reste floue. Les prochaines heures, sous le joug du couvre-feu, dicteront si ce coup de force est un feu de paille ou le prélude à une ère de fer. Dans ce petit État côtier, plaque tournante du crime organisé, un général peu connu vient de redessiner les contours d’un pouvoir fragile. Ainsi, l’Afrique de l’Ouest retient son souffle.

Tchad : Mahamat Déby Itno reçoit Mahamadou Issoufou

Diplomatie Verte : Mahamat Déby Itno a reçu Mahamadou Issoufou, actuel champion de la Grande Muraille Verte (GMV) pour l’Union Africaine.

 

N’Djaména, 24 novembre 2025 – Le Président de la République du Tchad, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, a reçu ce midi en audience l’ancien Président du Niger, Mahamadou Issoufou. Cette rencontre s’est tenue dans le cadre du rôle d’Issoufou en tant que Champion de la Grande Muraille Verte (GMV) pour l’Union Africaine.

Les discussions entre les deux personnalités ont porté sur deux axes stratégiques majeurs pour la région :

  1. La mobilisation de ressources essentielles pour le financement et la mise en œuvre des projets et programmes liés à la Grande Muraille Verte.
  2. La paix et la sécurité dans l’espace Sahel, un enjeu crucial nécessitant une coordination régionale renforcée.

L’entrevue témoigne aussi de la volonté du Tchad de soutenir activement cette initiative panafricaine de lutte contre la désertification tout en renforçant les stratégies de coopération sécuritaire régionale.

Tchad-Niger : Mahamat Déby Itno reçoit Mahamadou Issoufou (Champion GMV) pour des discussions clés sur la mobilisation des fonds pour la Grande Muraille Verte et la sécurité au Sahel.

Financer l’ambition de la Grande Muraille Verte

 

En tant que Champion de la GMV, Mahamadou Issoufou a cherché à obtenir l’engagement du Tchad pour intensifier la mobilisation financière indispensable à l’aboutissement de ce projet écologique et socio-économique d’envergure. Le succès de la GMV est directement lié à la stabilité du Sahel, un lien qui a été au cœur des échanges. La paix et le développement dans cette zone aride sont considérés comme indissociables.

Tchad-Niger : Mahamat Déby Itno reçoit Mahamadou Issoufou (Champion GMV) pour des discussions clés sur la mobilisation des fonds pour la Grande Muraille Verte et la sécurité au Sahel.

Par ailleurs, cette audience confirme la place centrale du Tchad dans les dynamiques régionales, tant sur le plan écologique que sécuritaire, et son intérêt à travailler de concert avec les figures politiques clés de la sous-région pour des solutions durables.

En somme, en accordant cette audience, le Président Déby Itno réaffirme la conviction que la réponse aux crises du Sahel doit être globale : écologique, économique et sécuritaire. La convergence des intérêts entre le Tchad et l’ancien Président nigérien autour du financement de la GMV et de la stabilité régionale envoie un signal fort sur l’importance de la diplomatie verte comme levier de paix et de développement durable dans la sous-région.

1ᵉʳ Salon de l’Entrepreneuriat de l’AES : Goïta reçoit la délégation de AES

Bamako, 21 novembre 2025 – Le jeudi, en plein cœur du Palais de Koulouba, le Président de la Transition malienne et Président en exercice de la Confédération des États du Sahel (AES), le Général d’Armée Assimi Goïta, a reçu une importante délégation ministérielle. Cette audience intervenait dans le cadre du 1ᵉʳ Salon international de l’entrepreneuriat de l’AES, qui s’est déroulé à Bamako du 18 au 21 novembre 2025.

À la tête de la délégation, la ministre malienne de l’Entrepreneuriat, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme Oumou Sall Seck, accompagnée notamment du ministre burkinabè de l’Enseignement secondaire et de la Formation technique et professionnelle, Dr Aboubakar Savadogo, du ministre nigérien de l’Industrie et du Commerce, M. Abdoulaye Seydou, ainsi que de Sa Majesté Royale Drolor Bosso Adamtey I, membre du Conseil d’État du Ghana.

Un bilan positif et une vision partagée

 

À l’issue de l’audience, Mme Oumou Sall Seck a souligné que l’échange avec le Chef de l’État a permis de faire le point sur l’avancement du Salon et de renforcer la dynamique collective de la Confédération. « Nous avons présenté au Président les résultats concrets de cette première édition et partagé la feuille de route qui nous unit désormais autour d’un même objectif : construire un écosystème entrepreneurial sahélien autonome », a-t-elle déclaré.

Le Salon, organisé sous présidence malienne, rassemble entrepreneurs, experts et investisseurs du Mali, du Burkina Faso, du Niger et bénéficie de l’appui et de la participation active du Ghana. Il constitue aussi la première plateforme concrète d’échanges économiques entre les trois États membres de l’AES.

Le Général Goïta a reçu la délégation du 1er Salon de l’Entrepreneuriat de l’AES. Le Mali, le Burkina et le Niger mutualisent leurs forces pour une autonomie économique du Sahel.

L’entrepreneuriat, fer de lance de l’indépendance économique

 

Pour la ministre malienne, l’enjeu est clair : « L’entrepreneuriat représente aujourd’hui la plus grande opportunité de créer de la richesse chez nous, par nous et pour nous. Il s’agit de valoriser nos ressources locales, de mutualiser nos compétences et surtout d’offrir à notre jeunesse des perspectives réelles d’avenir. »

Elle a également salué la volonté politique commune des trois Chefs d’État de l’AES, qui, selon elle, « ouvre une voie inédite vers une intégration économique et sociale durable, loin des anciens schémas de dépendance ».

Le Général Goïta a reçu la délégation du 1er Salon de l’Entrepreneuriat de l’AES. Le Mali, le Burkina et le Niger mutualisent leurs forces pour une autonomie économique du Sahel.

1er Salon de l’Entrepreneuriat de l’AES : les mots forts du Président Goïta

 

De son côté, le Général Assimi Goïta a transmis ses salutations fraternelles aux ministres du Burkina Faso, du Niger et du Ghana, tout en félicitant les organisateurs et les participants. Il a qualifié le Salon de « moment privilégié pour poser un diagnostic honnête de l’état de l’entrepreneuriat dans notre espace confédéral et identifier les leviers réels de transformation ».

Devant la délégation, il a insisté sur un point fondamental : la décolonisation des esprits reste une condition préalable à toute réussite économique. « On ne bâtit pas la souveraineté avec des mentalités encore tournées vers l’extérieur », a-t-il martelé.

Le Général Goïta a reçu la délégation du 1er Salon de l’Entrepreneuriat de l’AES. Le Mali, le Burkina et le Niger mutualisent leurs forces pour une autonomie économique du Sahel.

Un message direct à la jeunesse sahélienne

 

S’adressant particulièrement aux jeunes, le Président de la Confédération a rappelé que l’entrepreneuriat n’est pas un chemin facile : « Il exige de la patience, de la persévérance et surtout de la créativité. Par ailleurs, transformer une idée en entreprise viable demande du courage et de la discipline. Mais c’est précisément là que réside notre autonomie. »

Il a conclu en plaçant de grands espoirs dans la future Banque d’investissement confédérale de l’AES, présentée comme « la bouffée d’oxygène dont nos entrepreneurs ont besoin pour décoller sans attendre l’aumône extérieure ».

Vers un Sahel qui entreprend par lui-même

 

En recevant cette délégation au troisième jour du Salon, le Général Goïta a envoyé un signal fort : l’AES ne se contente plus de discours sur la souveraineté. Ainsi, elle passe à l’action concrète en misant sur ses propres forces vives. Bamako, ces 18-21 novembre 2025, n’a pas seulement accueilli un salon. Elle a posé les fondations d’un marché commun sahélien où l’intelligence, les ressources et l’ambition des jeunes seront enfin les principaux moteurs du développement.

L’avenir de l’AES s’écrira désormais aussi – et peut-être surtout – par ses entrepreneurs.

Guinée : Doumbouya lance sa course à la présidence

Le général Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de 2021, officialise sa candidature à la présidentielle du 28 décembre. Dans un paysage politique verrouillé, marqué par l’absence de l’opposition, son ascension électorale interroge autant qu’elle inquiète. Tandis que Paris maintient ses liens stratégiques avec Conakry, les voix dissidentes dénoncent une dérive autoritaire et une complaisance diplomatique.

 

Conakry, 4 novembre 2025 – Le général Mamadi Doumbouya, instigateur du coup d’État de 2021 et actuel chef de l’État guinéen, a franchi un cap décisif en déposant sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre. Ancien officier de la Légion étrangère française, le leader de la transition militaire s’impose comme le favori incontesté d’un scrutin verrouillé, marqué par l’absence flagrante de l’opposition traditionnelle.

Au-delà des enjeux internes, c’est la posture de la France qui intrigue : Emmanuel Macron semble avoir trouvé en Doumbouya un partenaire stratégique pour maintenir l’influence française en Afrique de l’Ouest, quitte à ignorer les zones d’ombre du régime.

 

Doumbouya : une candidature sans surprise dans un paysage verrouillé

 

Âgé de 45 ans, Doumbouya a remis son dossier à la Cour suprême de Conakry, entouré de figures clés de son gouvernement, scellant ainsi des mois de spéculations. Ce dépôt, perçu comme une formalité dans un contexte politique verrouillé, intervient après le référendum constitutionnel de septembre qui a ouvert la voie à cette transition électorale.

Mais les observateurs pointent une liste provisoire de candidats, validée le 13 novembre, où les principaux rivaux – notamment du Rassemblement du peuple guinéen (RPG) – brillent par leur absence. Une configuration qui alimente les soupçons d’un scrutin taillé sur mesure pour le colonel-président, accusé par les Forces vives de la nation de violer la Charte de transition.

 

 Paris, entre pragmatisme et silence diplomatique

 

À Paris, les autorités observent avec une discrétion calculée. Contrairement à la doctrine qui suspend habituellement la coopération militaire après un putsch, la France a maintenu – voire renforcé – ses liens avec Conakry. Les missions de formation pour les forces armées guinéennes se poursuivent, et les échanges techniques en matière de sécurité ont repris dès 2022.

Formé à l’École de guerre française et passé par la Légion, Doumbouya incarne pour l’Élysée un allié fiable dans un Sahel en recomposition, où le Mali et le Burkina Faso ont rompu avec l’ancienne puissance coloniale. Au Quai d’Orsay, on mise sur cette proximité pour sécuriser les flux de bauxite – dont la Guinée détient 25 % des réserves mondiales – et préserver des contrats miniers juteux pour des géants comme Rio Tinto ou Alcoa, souvent associés à des intérêts français.

 

Doumbouya :  répression et dissidence muselée

 

Mais cette alliance diplomatique cache un revers plus sombre. Les opposants au régime, regroupés au sein de coalitions comme le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dénoncent une répression systématique. Depuis 2021, des dizaines de militants ont disparu dans des circonstances troubles, les manifestations ont été interdites, et l’accès à Internet régulièrement restreint pour étouffer les voix critiques.

Des figures comme Ousmane Gaoual Diallo ou Foniké Menguè, proches du RPG, croupissent en détention sans procès équitable, tandis que la Haute Autorité de la communication (HAC) muselle les médias indépendants. À Paris, le silence sur les droits humains alimente les accusations de complaisance : « Macron ferme les yeux sur la dictature pour garder un pied en Guinée », dénonce un collectif d’ONG dans une pétition relayée sur les réseaux.

 

 Une population guinéenne entre colère et résignation

 

Sur les plateformes comme X (ex-Twitter), les réactions guinéennes fusent : appels au boycott, sarcasmes sur un « scrutin sans surprise », et colère contenue. L’opinion publique oscille entre résignation et indignation.

Des analystes y voient un pari risqué pour la France : en soutenant Doumbouya, Paris pourrait consolider son bastion ouest-africain face à l’influence russe ou chinoise, mais au prix d’une érosion de sa crédibilité morale. « C’est un choix pragmatique, dicté par les intérêts stratégiques, mais qui pourrait se retourner si le général consolide un pouvoir autoritaire », estime un expert en relations franco-africaines interrogé par RFI.

 

À huit semaines du scrutin, la tension monte

 

À huit semaines du vote, la Guinée retient son souffle. Doumbouya, passé de légionnaire à potentat, cherche une légitimité électorale pour asseoir son règne. L’Élysée, de son côté, parie sur un statu quo profitable, espérant que les intérêts miniers et sécuritaires l’emportent sur les murmures de la rue.

Mais dans un pays où la jeunesse bouillonne et l’opposition couve, ce flirt avec l’autoritarisme pourrait bien coûter cher – à la France, à la Guinée, et à l’Afrique tout entière.

Tanzanie : après le scrutin, le chaos

Deux jours après les élections générales, la Tanzanie s’enfonce dans une crise d’une rare intensité. Entre violences meurtrières, accusations de fraude et silence des autorités, le pays vacille. L’opposition dénonce une dérive autoritaire, tandis que la communauté internationale appelle à la retenue.

 

Dar es-Salaam, 31 octobre 2025 – Deux jours à peine après les élections présidentielles et législatives du 29 octobre, la Tanzanie s’enfonce dans une spirale de violences sans précédent. Des affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre ont embrasé les grandes villes, laissant derrière eux un paysage de deuil et de désolation. Tandis que l’opposition dénonce une fraude électorale massive, le bilan humain s’alourdit, et la communauté internationale appelle à la retenue dans un climat de plus en plus oppressant.

Le principal parti d’opposition, Chadema, tire la sonnette d’alarme avec un décompte glaçant : près de 700 morts recensés à travers le pays, selon les relevés effectués par ses militants dans les établissements hospitaliers. À elle seule, Dar es-Salaam concentrerait 350 décès, tandis que Mwanza en déplorerait plus de 200. Ces chiffres, bien que non officiels, trouvent un écho dans les confidences d’une source sécuritaire, qui évoque un ordre de grandeur similaire sans les confirmer.

Du côté des autorités, le silence est total. Aucune déclaration officielle n’a été émise, laissant place à une communication verrouillée face à l’escalade. Les ONG, telles qu’Amnesty International, avancent prudemment un minimum de 100 victimes, tandis que les Nations Unies, confrontées à des restrictions d’accès dans les zones sensibles, ne confirment qu’une poignée de cas.

« Les vérifications sont entravées par une surveillance accrue des centres de santé », déplorent des porte-parole onusiens, pointant du doigt les patrouilles militaires qui quadrillent les abords des hôpitaux.

La Tanzanie s’enfonce dans une crise post-électorale marquée par des violences meurtrières, des accusations de fraude et un silence gouvernemental inquiétant. L’opposition et la communauté internationale appellent à la transparence et au dialogue.La Tanzanie s’enfonce dans une crise post-électorale marquée par des violences meurtrières, des accusations de fraude et un silence gouvernemental inquiétant. L’opposition et la communauté internationale appellent à la transparence et au dialogue.

Un scrutin contesté, catalyseur de la colère

 

La flambée de violence trouve ses racines dans un processus électoral jugé biaisé dès ses prémices. Chadema, exclu du scrutin pour avoir rejeté un code de déontologie jugé partial, a vu son président Tundu Lissu incarcéré pour trahison. Un autre candidat de l’opposition a été invalidé à la dernière minute, alimentant les soupçons de manipulation. « Ce n’était pas une élection, mais une mascarade orchestrée », dénonce un communiqué du parti, qui réclame la mise en place d’un exécutif intérimaire pour restaurer la confiance démocratique.

Dans les rues, la colère s’est matérialisée par des barricades, des incendies de postes de police, de véhicules officiels et même d’une station-service en plein centre de Dar es-Salaam. La riposte des autorités a été immédiate : tirs à balles réelles, gaz lacrymogènes et charges massives pour rétablir l’ordre. Un couvre-feu strict a été décrété dans la capitale, et l’accès à Internet suspendu, officiellement pour des raisons de « sécurité nationale », afin de freiner la diffusion de témoignages et d’images.

Pourtant, certaines localités périphériques offrent un contraste saisissant. Des témoins rapportent une posture plus mesurée des forces de l’ordre, cantonnées à un rôle d’observation et privilégiant le dialogue informel avec les communautés. Ces îlots de calme tranchent avec les scènes d’affrontements frontaux dans les grandes agglomérations, révélant une gestion sécuritaire à géométrie variable.

 

 

La Tanzanie : une nation sous tension, un avenir en suspens

 

Ce vendredi matin, la Tanzanie se réveille sous le poids du deuil. Les morgues débordent, les hôpitaux peinent à absorber les blessés, et une atmosphère de terreur diffuse s’installe dans les régions les plus touchées. Les familles endeuillées, privées de cérémonies publiques, réclament justice, tandis que les survivants luttent dans un système de santé déjà fragilisé.

À l’international, les réactions restent timides. Washington et plusieurs capitales européennes expriment une « profonde préoccupation », appelant à une enquête indépendante et à la libération des détenus politiques. L’Union africaine pourrait convoquer une session d’urgence, mais pour l’heure, la solidarité continentale semble en veilleuse. « La Tanzanie, jadis modèle de stabilité, risque de devenir un cas  de dérive autoritaire », analyse un expert en gouvernance à l’Institut des Études de Sécurité de Pretoria.

Au-delà des chiffres et des barricades, cette crise soulève une question cruciale : la démocratie tanzanienne peut-elle survivre à ce séisme politique ? Relâcher la pression médiatique, engager un dialogue inclusif et restaurer la transparence électorale apparaissent comme des impératifs pour éviter un embrasement régional. Tandis que le soleil se couche sur Dar es-Salaam, l’Histoire, attentive, attend la suite de ce chapitre tragique.

 

Jacob Zuma en visite au Burkina Faso

Jacob Zuma à Ouagadougou : entre mémoire des luttes africaines et appel à l’unité continentale, le Burkina Faso mise sur le panafricanisme vivant.

 

Ouagadougou, 29 octobre 2025 – L’ancien président sud-africain Jacob Zuma a atterri ce mercredi à Ouagadougou, accueilli avec faste dans le cadre d’un programme dédié aux séjours des descendants d’Africains. À 83 ans, le vétéran de la lutte anti-apartheid apporte son poids historique à une initiative qui ambitionne de resserrer les liens entre le continent et sa diaspora mondiale. En conséquence, cette visite hautement symbolique positionne le Burkina Faso comme un carrefour du panafricanisme contemporain.

 

Jacob Zuma : un accueil protocolaire chargé de sens

 

Dès sa descente d’avion, Zuma a été salué par Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’étranger. Ce geste diplomatique souligne l’importance accordée par les autorités à ce visiteur de marque, dont le parcours — de militant clandestin à chef d’État — incarne les luttes et les contradictions de l’Afrique post-coloniale.

Visiblement ému, Zuma n’a pas caché son enthousiasme :

« Je suis honoré de revenir sur cette terre qui pulse au rythme de la renaissance africaine. Les dirigeants burkinabè ont osé des choix audacieux pour leur peuple, et je suis là pour les appuyer dans cette voie. »

Des mots prononcés sous un soleil éclatant, qui résonnent ainsi comme un hommage à la solidarité entre nations sahéliennes et australes.

 

Jacob Zuma : une visite ancrée dans l’héritage de la Libération

 

Le séjour de Zuma s’inscrit dans une campagne portée par les mouvements afro-descendants, visant à reconnecter les fils dispersés de la Grande Afrique. Le Burkina Faso, terre de Thomas Sankara, se profile donc comme un point d’ancrage pour ces retrouvailles. En pleine refonte sécuritaire et économique, le pays appelle à une unité continentale face aux défis globaux.

Au programme sont prévues des rencontres avec des leaders locaux, des échanges avec des communautés de la diaspora, et une conférence publique prévue le 1ᵉʳ novembre. Zuma y reviendra sur les grandes étapes des indépendances africaines :

« Nous parlerons des combats oubliés, des héros qui ont brisé les chaînes, et de ce que nous devons aux générations futures. »

Un récit annoncé comme vivant et engagé, couvrant notamment les soulèvements qui ont redessiné le continent entre les années 1950 et 1990.

 

Un coup de projecteur sur le panafricanisme en action

 

Il faut souligner que cette visite intervient à un moment Important  pour le Burkina Faso, dont le discours souverainiste et panafricain, porté par Ibrahim Traoré, gagne en visibilité. En accueillant Zuma — compagnon de route de Nelson Mandela — Ouagadougou envoie un signal fort : le pays veut s’affirmer comme acteur du réveil collectif africain, et non plus comme simple théâtre des violences sahéliennes.

De ce fait, des observateurs y voient un levier diplomatique pour attirer talents, capitaux et initiatives de la diaspora, estimée à plusieurs millions d’âmes à travers le monde.

Par ailleurs, pour Zuma, cette escale burkinabè est aussi une respiration après des années marquées par des démêlés judiciaires en Afrique du Sud.

« C’est un honneur de soutenir des frères qui osent penser l’Afrique autrement », a-t-il conclu, dans un appel à l’unité qui pourrait bien inspirer d’autres figures du continent.

En attendant sa prise de parole, Ouagadougou vibre d’une énergie nouvelle : celle d’une Afrique qui se regarde dans le miroir et choisit, enfin, de réécrire son histoire — ensemble.

 

Tanzanie : Samia Suluhu Hassan vers une réélection sous tension

En Tanzanie, les élections générales du 29 octobre 2025 se déroulent dans un climat électrique. La présidente sortante Samia Suluhu Hassan, donnée largement favorite, affronte un scrutin marqué par l’exclusion de l’opposition, des violences dans les rues de Dar es Salaam et l’absence d’observateurs internationaux. Une victoire annoncée qui interroge sur l’avenir démocratique du pays.

 

Tanzanie, 29 octobre 2025 – Alors que les bureaux de vote ont ouvert ce mercredi dans une atmosphère électrique, la présidente sortante Samia Suluhu Hassan semble se diriger vers une réélection sans véritable concurrence. Propulsée à la tête de l’État en 2021 après le décès soudain de John Magufuli, elle affronte un scrutin présidentiel largement perçu comme une formalité, car le climat est marqué par l’asphyxie de l’opposition et une vague de contestations populaires. De plus, à Dar es Salaam, la capitale économique, des affrontements ont éclaté : les forces de l’ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes afin de disperser des manifestants dénonçant un processus électoral jugé biaisé.

 

Héritage magufulien : entre promesses d’ouverture et retour au contrôle en Tanzanie

 

Arrivée au pouvoir dans l’urgence, Samia Suluhu Hassan avait suscité un espoir timide d’assouplissement après les années d’autoritarisme sous Magufuli, surnommé le “bulldozer” pour sa gestion musclée de la pandémie et sa répression des voix dissidentes. En 2021, elle promettait une nouvelle ère : libération de prisonniers politiques, levée de l’interdiction des rassemblements, et lancement d’un dialogue national. Mais, très vite, ces engagements se sont rapidement effacés, laissant ainsi place à une reprise en main rigide de l’appareil étatique.

À l’occasion de ces élections générales – couplées aux scrutins législatifs et locaux – le paysage politique tanzanien apparaît verrouillé. La Commission électorale nationale (NEC), accusée de partialité, a invalidé les candidatures de figures majeures de l’opposition, dont notamment Tundu Lissu du parti Chadema, contraint à l’exil, et plusieurs leaders de l’ACT-Wazalendo. Le résultat est une course à sens unique pour la cheffe de file du Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir sans interruption depuis l’indépendance en 1961.

“C’est une élection truquée”, dénonce un militant des droits humains, ce qui met en lumière une saison électorale entachée d’arrestations massives et de disparitions forcées.

 

Répression en marche : rues en ébullition et absence d’observateurs

 

La campagne électorale a viré au cauchemar pour les voix dissidentes. Plusieurs critiques du régime ont été enlevés, assassinés ou emprisonnés dans les semaines précédant le vote, instaurant ainsi un climat de terreur palpable. À Dar es Salaam, des centaines de protestataires ont bravé les interdictions pour exprimer leur colère, accusant le gouvernement de saper les fondements de la démocratie. Les affrontements avec la police, qui a tiré des grenades assourdissantes, ont fait plusieurs blessés et conduit à des dizaines d’arrestations.

Qui plus est, le scrutin se déroule sans la présence d’observateurs internationaux – une absence remarquée qui alimente les soupçons de fraude généralisée. De fait, les autorités tanzaniennes ont écarté l’Union africaine et le Commonwealth, habituellement mobilisés, laissant ainsi le champ libre à une NEC perçue comme le bras exécutif du CCM.

“Les élections ne sont ni libres ni équitables”, martèlent les soutiens de l’opposition, qui voient dans cette exclusion un aveu d’impuissance à masquer les irrégularités.

 

Un triomphe annoncé, mais à quel prix ?

 

Bien que le contexte soit tendu, la participation reste attendue. Les sondages informels créditent Samia Suluhu Hassan d’une avance écrasante – jusqu’à 80 % des intentions de vote. À 65 ans, la présidente mise sur son bilan économique : croissance soutenue par l’exploitation gazière et minière, modernisation des infrastructures, et diplomatie apaisée avec les partenaires occidentaux.

Mais derrière ce succès apparent se profile une érosion démocratique préoccupante. Les analystes alertent d’ailleurs : une victoire sans véritable concurrence pourrait refroidir les investisseurs étrangers, dans un pays où la jeunesse, confrontée au chômage et aux inégalités, bouillonne d’impatience.

 

Tanzanie, un avenir incertain

 

À mesure que la nuit électorale approche et que les premiers résultats se font attendre, la Tanzanie entre dans une phase d’incertitude. Pour Samia Suluhu Hassan, ce scrutin fait office de baptême du feu : un plébiscite qui pourrait consolider son autorité ou au contraire déclencher une contestation plus large. Dans les ruelles de Dar es Salaam, l’écho des slogans anti-régime rappelle que la promesse d’ouverture de 2021 n’était pas qu’un mirage – et que son effacement pourrait bien rallumer les braises d’une colère populaire.

 

Madagascar : Fanirisoa Ernaivo, l’exilée devenue Garde des Sceaux

Revenue d’exil, Fanirisoa Ernaivo prend les rênes du ministère de la Justice dans un gouvernement de transition à Madagascar. Figure emblématique de la magistrature, elle lance une offensive contre la corruption et les détournements de fonds, avec pour ambition de restaurer l’intégrité judiciaire et redonner confiance à une nation en quête de justice.

Antananarivo, 29 octobre 2025 – Elle avait fui les ombres de la répression, et la voilà de retour pour affronter les démons de la corruption. Fanirisoa Ernaivo, figure emblématique de la magistrature malgache, a été nommée ministre de la Justice mardi dernier, au sein d’un gouvernement de transition né des cendres du régime Rajoelina. À 46 ans, cette juriste au parcours marqué par l’adversité incarne un vent d’espoir pour une île en quête de redressement moral et financier.

“Je ne cherche pas la revanche, mais plutôt l’application stricte des règles”, a-t-elle lancé lors de la passation de pouvoir, un serment qui sonne comme un défi frontal à la “mafia” qu’elle promet de traquer sans trembler.

 

Une trajectoire forgée dans la résilience

 

Née en 1979 à Antananarivo, orpheline de bonne heure, Fanirisoa Ernaivo a grandi dans un cocon familial imprégné de savoir. Refusant de céder à la fatalité, elle gravit les échelons de la magistrature avec une ténacité rare : procureure adjointe, juge, puis finalement présidente du Syndicat des magistrats. Toujours en première ligne, elle dénonce sans relâche les dérives éthiques et les abus de pouvoir.

En 2018, sa candidature à la présidentielle impose sa voix dans le débat national. Toutefois, dès l’année suivante, ses prises de position sur les irrégularités électorales lui valent une révocation brutale et un exil forcé en France. Loin de plier, elle devient alors une militante infatigable, mobilisant la diaspora malgache autour des idéaux de transparence et de démocratie.

 

Fanirisoa Ernaivo : un retour en fanfare, au cœur d’une transition historique

 

Le destin bascule en octobre 2025. En effet, en mission à l’île Maurice, elle collabore avec la commission anti-blanchiment sur des dossiers sensibles, dont notamment celui de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga. Le 25 octobre, elle foule à nouveau le sol malgache, accueillie par une foule en liesse à l’aéroport d’Ivato.

Trois jours plus tard, le colonel Michael Randrianirina, chef de l’exécutif intérimaire issu d’une révolte populaire adossée à une frange militaire, la propulse au ministère de la Justice. La passation avec Benjamin Rakotomandimby devient un moment hautement symbolique.

“Chassons les craintes, même si notre combat contre les réseaux occultes est une bataille acharnée”, lance-t-elle, galvanisant l’assistance.

 

Priorités implacables : traque aux fonds volés et renaissance judiciaire

 

Au cœur de son mandat se trouve une offensive contre le pillage des ressources publiques et les circuits de corruption internationale. Les estimations évoquent un butin évaporé de 5 milliards de dollars – l’équivalent du PIB annuel de Madagascar. Pour y remédier, une unité d’élite est mise sur pied, en partenariat avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse et Maurice. L’objectif est clair : localiser et rapatrier chaque centime détourné, avec des résultats attendus sous deux à trois mois.

La ministre mise également sur une clémence sélective : les repentis qui restituent leurs gains pourraient bénéficier d’un allègement des sanctions.

“Pas de chasse aux sorcières partisanes, mais une fermeté contre les faits”, insiste-t-elle.

De plus, une fois les caisses renflouées, les équipes du ministère recevront une gratification liée aux risques encourus et aux résultats obtenus – un levier concret pour motiver les troupes.

Mais au-delà de la traque financière, Ernaivo veut réformer en profondeur : assainir les recrutements, humaniser les conditions carcérales, restaurer l’autonomie des juges. Des soutiens étrangers, notamment britanniques, sont déjà mobilisés pour accompagner ces chantiers.

 

Fanirisoa Ernaivo : une icône d’intégrité dans une nation en quête de justice

 

En somme, pour de nombreux Malgaches, Fanirisoa Ernaivo incarne bien plus qu’un portefeuille ministériel : elle est le symbole d’une intégrité retrouvée, d’un exil transformé en tremplin. Son parcours inspire une génération en quête de repères. Cependant, le défi est immense : dans un pays fracturé par des décennies de malversations, elle devra non seulement récupérer les fortunes enfuies, mais aussi rebâtir la confiance dans une justice au service des citoyens.

Son mandat, au sein d’un gouvernement provisoire, sera-t-il le déclencheur d’une ère nouvelle ? Les premières opérations de la Task Force en diront long. Pour l’heure, à Antananarivo, on murmure déjà que la garde des Sceaux venue de l’exil pourrait bien rallumer la flamme de l’équité.

 

Mali : les États-Unis ordonnent l’évacuation immédiate de ses ressortissants

Face à une dégradation rapide de la sécurité et à une pénurie de carburant provoquée par des attaques jihadistes, les États-Unis ont ordonné mardi l’évacuation immédiate de leurs ressortissants au Mali. Le Département d’État recommande les vols commerciaux comme seule issue viable, alors que les axes routiers sont devenus impraticables. Cette décision marque un tournant dans la gestion diplomatique d’une crise qui menace de s’étendre.

 

 

Washington/Bamako, 29 octobre 2025 – Les autorités américaines ont déclenché l’alerte maximale pour leurs ressortissants au Mali : quittez le pays sans délai. L’injonction, lancée mardi par le Département d’État, fait suite à une dégradation rapide de la situation sécuritaire et à une paralysie économique provoquée par une pénurie aiguë de carburant. En cause : des attaques ciblées menées par des groupes extrémistes. Dans un mémo urgent, Washington recommande les vols commerciaux comme seule voie sûre, les axes routiers étant désormais considérés comme des pièges mortels.

 

Une double alerte en trois jours : du voyage déconseillé à l’évacuation forcée du Mali

 

Ce durcissement intervient après une première mise en garde diffusée samedi, déconseillant formellement tout déplacement vers le Mali. Criminalité galopante, menaces terroristes omniprésentes, risque élevé d’enlèvements : les signaux étaient déjà au rouge. Mais l’escalade des derniers jours a poussé Washington à franchir un cap. L’ordre d’évacuation vise explicitement les civils américains, avec une urgence qui ne laisse place à aucune hésitation.

Le Département d’État a déjà enclenché des mesures internes : le personnel diplomatique non essentiel et leurs familles ont été autorisés à quitter Bamako. Les liaisons terrestres avec les pays voisins – Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso – sont désormais qualifiées de “hautement périlleuses”. Les convois routiers, régulièrement pris pour cible, ont transformé ces corridors vitaux en zones de non-droit.

 

Le JNIM, artisan d’un blocus asphyxiant : plus de 100 camions incendiés

 

Au cœur de cette crise, le groupe jihadiste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, mène une campagne de sabotage méthodique. Depuis septembre, ses combattants multiplient les embuscades contre les camions-citernes acheminant les importations maliennes depuis les ports ouest-africains. Ils ont incendié Plus d’une centaine de véhicules , coupant net l’approvisionnement en essence et diesel.

Cette stratégie vise à isoler Bamako en rendant les artères logistiques impraticables. Tapies dans les zones rurales, les milices jihadistes exploitent les failles sécuritaires pour frapper l’économie quotidienne. Des chauffeurs et des militaires ont perdu la vie dans ces attaques, tandis que des enlèvements crapuleux viennent accentuer la terreur ambiante.

 

Impacts dévastateurs pour le Mali : fermetures massives et vie au ralenti

 

Les conséquences sont immédiates et dramatiques. Les stocks de carburant fondent à vue d’œil, entraînant ainsi la fermeture des écoles et universités – un coup dur pour une jeunesse déjà fragilisée. Les transports, publics comme privés, sont à l’arrêt, paralysant marchés, hôpitaux et chaînes d’approvisionnement. À Bamako, les files d’attente devant les rares stations encore approvisionnées s’allongent, révélant une précarité croissante qui menace de basculer en crise humanitaire.

Le Mali, miné par une instabilité chronique depuis plus d’une décennie, paie le prix fort de ses vulnérabilités. Des groupes armés affiliés à Al-Qaïda, à l’État islamique ou de simples bandes criminelles ont transformé le Sahel en un kaléidoscope de violence.

 

Perspectives sombres : un État sous pression, une communauté internationale en alerte

 

Face à cette dégringolade, le gouvernement de transition peine à reprendre la main. Entre répression militaire et appels à l’aide, Bamako navigue à vue dans un climat de défiance populaire. La décision américaine de réduire sa présence ne fait qu’officialiser une réalité déjà palpable : celle d’un pays encerclé par ses propres ombres.

Pour les expatriés, l’heure est au repli stratégique : boucler les valises et quitter le territoire tant que les vols commerciaux restent accessibles. Mais au-delà des ressortissants américains, c’est toute la région qui retient son souffle. Car sans riposte coordonnée, ce blocus pourrait bien n’être que le prélude d’une tempête plus vaste.

Il est plus que temps que les forces conjointes de l’AES sortent de leur réserve et s’activent pour enrayer la menace qui étrangle l’un de leurs membres. Le Mali vacille, et avec lui, c’est aussi toute la stabilité régionale qui se trouve en jeu.

Ouattara réélu : qu’attendre de ce quatrième mandat dans une Côte d’Ivoire fracturée ?

Alassane Ouattara remporte un quatrième mandat présidentiel avec près de 90 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés par la CEI. Si la victoire du chef de l’État suscite des scènes de liesse dans les bastions du pouvoir, elle ravive aussi les tensions politiques, entre candidatures invalidées, abstention marquée et accusations de verrouillage institutionnel.

Abidjan, 28 octobre 2025 – Le verdict est tombé, implacable : Alassane Ouattara, à la tête de la Côte d’Ivoire depuis quatorze ans, décroche un quatrième mandat présidentiel avec un score écrasant de 89,77 % des suffrages exprimés. Les résultats provisoires, annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI), confirment une domination sans partage lors du scrutin du 25 octobre. À 83 ans, le chef de l’État s’impose face à une opposition morcelée. Mais, derrière cette victoire écrasante, des voix s’élèvent, questionnant la légitimité d’un scrutin marqué par l’abstention, les exclusions et les tensions latentes.

 

Ouattara réélu : une victoire célébrée dans les bastions du pouvoir

 

Dans les rues d’Abidjan et de Yamoussoukro, les partisans du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) ont laissé éclater leur joie. Pour eux, ce « mandat de la maturité » est la promesse d’une « énergie renouvelée » pour la période 2025-2030. Le président sortant peut s’appuyer sur une croissance économique robuste – plus de 6 % de hausse du PIB ces dernières années – et des avancées notables en matière d’infrastructures, notamment les autoroutes reliant les grandes villes.

 

Une opposition affaiblie et fragmentée

 

Mais ce raz-de-marée électoral s’inscrit dans un contexte politique trouble. Le taux de participation, estimé à 54 %, est en net recul par rapport à 2020. Surtout, les figures majeures de l’opposition, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, ont été écartées de la course pour des raisons administratives et judiciaires. Le premier, Thiam, ex-PDG de Credit Suisse, est accusé d’avoir perdu sa nationalité ivoirienne. Le second, Gbagbo, malgré son acquittement par la CPI, reste condamné pour des faits liés à la crise post-électorale de 2011.

La Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI), créée en mars dernier et regroupant 25 partis, n’a pas su s’unir autour d’un candidat unique. Résultat : seuls quatre challengers mineurs, dont Simone Ehivet Gbagbo, ont affronté Ouattara, dispersant ainsi les voix contestataires. Si Tidjane Thiam a dénoncé une « parodie d’élection », Simone Gbagbo a surpris en appelant personnellement le président réélu pour le féliciter, un geste interprété comme un appel à l’apaisement.

 

Ouattara réélu : une démocratie sous tension

 

Les fractures politiques ivoiriennes ne datent pas d’hier. Elles plongent leurs racines dans les conflits de 2002 à 2011 et les violences post-électorales de 2010, qui ont fait près de 3 000 morts. L’invalidation des candidatures d’opposition a ravivé les accusations de « verrouillage institutionnel », avec des manifestations réprimées et des critiques croissantes sur l’indépendance de la CEI. À Yamoussoukro, certains bureaux de vote sont restés vides, transformant ainsi le scrutin en « élection fantôme » pour une partie de la population.

Des ONG comme Amnesty International ont dénoncé des restrictions aux libertés d’expression et d’association, évoquant des « violations des normes démocratiques ».

 

Un mandat à haut risque

 

Ce nouveau quinquennat s’ouvre sur fond de paradoxes. Si la Côte d’Ivoire reste un poids lourd économique en Afrique de l’Ouest – premier producteur mondial de cacao, avec 40 % du marché – les inégalités régionales persistent : seules 25 % des routes secondaires sont bitumées, isolant les zones rurales. Le chômage des jeunes, qui frôle les 20 % dans les grandes villes, alimente un malaise social latent.

Politiquement, la question de la succession devient pressante. À 83 ans, Ouattara devra désigner un héritier crédible pour éviter un vide institutionnel. Sur le plan diplomatique, il devra aussi jongler entre fermeté vis-à-vis des juntes sahéliennes et appels à diversifier les alliances, notamment vers la Russie ou la Chine.

 

Ouattara réélu : une alternance en suspens

 

Au-delà des chiffres, ce scrutin interroge la vitalité démocratique du pays. Si Ouattara reste, pour beaucoup, le garant de la stabilité, son maintien prolongé au pouvoir pourrait cristalliser les frustrations et retarder l’alternance politique. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel, chargé de valider les résultats définitifs dans les prochains jours, sera scruté de près.

En attendant, la Côte d’Ivoire, locomotive régionale, se trouve à la croisée des chemins. Ce « coup KO » électoral devra se transformer en tremplin pour une réconciliation inclusive, sous peine de raviver les blessures du passé. Un équilibre fragile, pour un avenir encore incertain.

 

Cameroun : Biya réélu, le pays s’embrase

Au Cameroun , face à une réélection jugée illégitime, des milliers de jeunes descendent dans la rue pour réclamer transparence électorale, alternance politique et respect de la volonté populaire. Entre répression et colère, la contestation s’organise, portée par une jeunesse qui refuse de voir son avenir confisqué.

 

Yaoundé, 27 octobre 2025 – À peine la Cour constitutionnelle a-t-elle officialisé la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat que les rues du Cameroun se sont embrasées. Avec 53,66 % des suffrages exprimés, le président sortant — doyen mondial des chefs d’État en exercice — prolonge son règne entamé il y a 42 ans. Mais cette annonce, attendue comme un couperet, a déclenché une vague de colère : manifestations violemment réprimées sur toute l’étendue du territoire camerounais et des accusations de fraude qui résonnent jusqu’aux chancelleries internationales.

Au Cameroun, la réélection contestée de Paul Biya pour un huitième mandat déclenche une vague de manifestations. Entre colère populaire, répression violente et appels à la grève, une jeunesse en quête d’alternance défie un pouvoir jugé hors d’âge.

Cameroun : une victoire contestée, une opposition en ébullition

 

L’annonce est tombée ce lundi matin, dans l’enceinte feutrée du Palais des Congrès de Yaoundé, contrastant avec la tension qui secoue le pays. Paul Biya, absent de la campagne pour raisons de santé, l’emporte devant Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et principal challenger, crédité de 35,19 % des voix. D’ailleurs, ce dernier dénonce une « mascarade électorale » et affirme détenir des preuves d’un décompte qui lui aurait donné 54,8 % des suffrages. Ses recours, déposés auprès de la Cour suprême, ont été rejetés en bloc, attisant davantage la colère populaire.

Sur les réseaux sociaux, les images affluent : gaz lacrymogènes dans les rues de Douala, affrontements à Garoua, barricades improvisées, pneus en feu. Le bilan provisoire fait état de quatre civils tués par balles, selon des sources hospitalières et des ONG locales. Des dizaines d’arrestations ont été recensées.

« Nous ne tolérerons pas ce hold-up sur la volonté populaire« , martèle un porte-parole de la coalition d’opposition. Maurice Kamto, leader du MRC, appelle à une « grève générale illimitée ».

Un scrutin sous tension, dans un pays fracturé

 

Cette élection, la septième sous l’ère Biya, s’est déroulée dans un climat délétère. La crise anglophone, toujours active depuis 2016, a empêché des millions d’électeurs de voter librement. Par ailleurs, l’opposition, fragmentée en 14 candidatures, a vu plusieurs figures pro-démocratie interdites de se présenter. Les observateurs internationaux ont relevé de nombreux dysfonctionnements : bureaux de vote fermés prématurément, listes électorales gonflées, participation officielle de 52 % jugée peu crédible.

Les manifestations, latentes depuis le 13 octobre, ont explosé après l’annonce de la victoire de Biya. À Douala, des jeunes ont brandi des pancartes « Biya dehors ! » et « Démocratie ou rien », avant d’être dispersés par des canons à eau et des grenades assourdissantes. Sur X (ex-Twitter), des vidéos amateurs montrent aussi des charges policières brutales.

« À 92 ans, il ne peut plus gouverner ; c’est un régime fantôme qui nous étouffe« , témoigne une manifestante jointe par téléphone, la voix tremblante.

Réactions internationales et inquiétudes régionales

 

La communauté internationale réagit avec prudence. L’Union africaine salue « le bon déroulement global » tout en appelant au dialogue. L’Union européenne et les États-Unis dénoncent des « irrégularités substantielles » et exigent une enquête indépendante. Paris, allié historique de Yaoundé, se contente d’un communiqué laconique : « La France respecte le choix du peuple camerounais. »

Mais sur le terrain, les tensions pourraient s’étendre. La crise anglophone, déjà responsable de plus de 6 000 morts, menace de s’embraser si les troubles gagnent également les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le régime, lui, durcit le ton : censure des médias, ralentissement d’internet dans les zones sensibles, et discours officiel minimisant les violences.

 

Cameroun : un pays à bout de souffle

 

Ce bras de fer post-électoral dépasse la simple querelle de chiffres. Il cristallise des décennies de frustrations : pauvreté persistante, corruption endémique, et un président perçu comme un vestige de la guerre froide. Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne une longévité politique hors norme, mais interroge la vitalité d’une nation de 28 millions d’habitants.

Alors que les fumées se dissipent à Douala, une question demeure : cette étincelle allumera-t-elle un incendie généralisé, ou le Cameroun retombera-t-il dans un silence résigné ? Les prochains jours diront si le « Lion indomptable » peut encore rugir face à une jeunesse qui refuse la cage. Pour l’heure, le pays retient son souffle — entre espoir de changement et spectre de la répression.

 

Cameroun : À 92 ans, Paul Biya réélu « pour l’éternité »

À 92 ans, Paul Biya décroche un huitième mandat dans un scrutin contesté, validé sans surprise par une Cour constitutionnelle fidèle au pouvoir. Une réélection qui illustre les dérives institutionnelles d’une démocratie verrouillée.

Yaoundé, 27 octobre 2025 – En Afrique francophone, la démocratie semble avoir adopté le principe des prolongations illimitées. Les présidents y défient les urnes, les calendriers… et parfois même la biologie. Dernier épisode en date : la Cour constitutionnelle camerounaise a validé, sans surprise, la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat. À 92 ans, le « pharaon d’Étoudi » ne détonne plus : il incarne une forme de résilience institutionnalisée, où l’État prend des allures d’hospice géré par un conseil d’administration éternel.

 

Paul Biya : une victoire sans suspense

 

Le scénario est désormais bien rodé. Le 12 octobre, Paul Biya récolte 53,66 % des suffrages. Face à lui, une opposition fragmentée, menée par l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui obtient 35,19 % — un score qui, dans un autre contexte, aurait pu ressembler à une percée. Mais ici, il tient lieu de lot de consolation. La Cour constitutionnelle, fidèle à sa réputation, balaie d’un revers de main les recours pour fraude, les pétitions sur l’inéligibilité liée à l’âge, et les soupçons d’irrégularités qui ont enflammé Douala et Garoua. Résultat : Biya, inchangé, inaltérable, réinvesti. La science politique camerounaise, une fois encore, défie les lois de la gravité démocratique.

 

Élections au Cameroun : une mécanique électorale sans surprise

 

Derrière l’ironie, une mécanique bien huilée. Les élections de 2025 ne sont qu’un remake des précédentes : bureaux de vote fantômes, bulletins préremplis, opposants tolérés pour la forme, puis relégués au rang de figurants. Maurice Kamto, Cabral Libii… les noms changent, le scénario reste. À la baguette, Clément Atangana, président de la Cour constitutionnelle, dont la proximité avec le pouvoir n’est plus un secret. Arbitre ? Non. Chef d’orchestre d’une symphonie où toute dissonance est soigneusement étouffée.

 

Paul Biya : Quand la longévité politique défie la démocratie

 

À 92 ans, Paul Biya pourrait prétendre au panthéon de la longévité politique, aux côtés de Fidel Castro ou de la reine Elizabeth. Mais là où d’autres démocraties fixent des limites, le Cameroun les efface. Une requête pour inéligibilité liée à l’âge ? Rejetée en août, comme un importun au bal des anciens. Le président gouverne désormais par inertie, dans un pays miné par une crise anglophone persistante, une économie en panne et une jeunesse en quête d’exil. La Constitution, devenue parchemin malléable, cède à toutes les torsions. La démocratie, elle, flirte avec le vaudeville.

 

Un syndrome francophone bien rodé

 

Le Cameroun n’est pas une exception, mais un maillon d’un système plus vaste. La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou-Nguesso, le Togo de Faure Gnassingbé… Partout, les cours constitutionnelles ne jugent pas : elles entérinent. La fraude électorale n’est plus un scandale, mais un rituel. Une chorégraphie bien huilée où les urnes servent de décor à des successions dynastiques.

 

Une crédibilité en lambeaux

 

Cette répétition du même schéma mine la crédibilité du continent sur la scène internationale. L’Occident, prompt à prêcher les « valeurs démocratiques », détourne le regard tant que les contrats miniers tiennent et les bases militaires restent ouvertes. Résultat : l’Afrique se caricature elle-même, continent de promesses étouffées par des élites qui confondent État et patrimoine personnel. La validation de Biya n’est pas qu’un fait divers politique : c’est un message adressé à toute une génération de réformateurs. « Patience, votre tour viendra… en 2060, peut-être. »

 

Paul Biya : la normalisation de l’absurde

 

La Cour camerounaise n’a pas déclaré Biya « non aberrant » : elle a simplement confirmé que, dans certaines républiques, l’aberration est devenue la norme. Tant que les institutions judiciaires danseront au rythme des présidents à vie, l’Afrique francophone continuera d’offrir au monde des sketches dignes d’un Monty Python tropical. Reste à savoir si une nouvelle génération, lassée du spectacle, saura enfin réécrire le scénario. Sinon, rendez-vous en 2030. Ou en l’an 3000. Le monde, lui, retient son souffle… d’ennui.

 

Madagascar : Le magnat malgache Mamy Ravatomanga sous les verrous

Port-Louis, 24 octobre 2025 – Un séisme judiciaire ébranle l’océan Indien. L’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, figure centrale de l’économie de l’île rouge et proche des cercles du pouvoir, a été interpellé jeudi sur le territoire mauricien. Transféré manu militari d’une clinique privée à Phoenix par les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC), il est désormais visé par de lourds soupçons de blanchiment d’argent à grande échelle, impliquant des flux financiers massifs en roupies.

 

Ravatomanga : une arrestation sous haute tension

 

L’opération, menée avec une discrétion chirurgicale, a surpris l’octogénaire en pleine convalescence. À peine remis d’une intervention, Ravatomanga s’est vu notifier son placement en détention provisoire. Dans le même temps, les autorités mauriciennes ont gelé ses avoirs bancaires et lancé une perquisition musclée à son domicile. Si certains membres de sa famille ont pu quitter l’île en urgence, son épouse par contre  reste interdite de voyage par décision judiciaire.

Cette arrestation est l’aboutissement d’une traque transnationale. Le 16 octobre, Antananarivo avait émis un mandat d’arrêt international à son encontre, l’accusant de corruption endémique, de détournement de fonds publics, d’évasion fiscale et de montage de circuits occultes pour légitimer des gains illicites. Dès le lendemain, Maurice, hub financier régional, avait gelé des comptes estimés à plusieurs centaines de millions de dollars.

 

De l’ascension fulgurante à la chute brutale

 

Surnommé « le tsar d’Antananarivo », Ravatomanga a longtemps régné sur l’économie malgache via son conglomérat Sodiat, actif dans les secteurs stratégiques : distribution de carburants, grands travaux, logistique, hôtellerie de luxe et médias. En effet , son ascension s’est construite sur une alliance étroite avec l’ex-président Andry Rajoelina, dont il fut à la fois le bailleur discret et le stratège de l’ombre. En échange de soutiens financiers, il aurait également bénéficié d’une série d’appels d’offres lucratifs, érigeant un empire sur des bases fragiles.

Mais la chute de Rajoelina a précipité la sienne. Dans la nuit du 11 au 12 octobre, Ravatomanga a quitté Antananarivo à bord de son jet privé, accompagné de l’ancien Premier ministre Christian Ntsay. Leur périple – refus d’escale à La Réunion, atterrissage forcé à Maurice – a des allures de thriller géopolitique. À l’arrivée, une garde policière l’attendait déjà, transformant ainsi son exil en détention surveillée.

 

Ravatomanga : enquêtes en cascade et empire fragilisé

 

L’homme qui dictait autrefois les flux de carburant, les chantiers et les gros titres se retrouve aujourd’hui déchu. En plus, les nouvelles autorités malgaches réclament le rapatriement des fonds présumés détournés. Plusieurs enquêtes refont surface : trafic de bois de rose, implication dans les Panama Papers, falsification de contrats publics. Des ramifications internationales se dessinent également , avec des demandes d’assistance judiciaire en cours.

Pour certains, cette chute incarne une purge nécessaire d’un système clientéliste qui a saigné les ressources nationales. « Il a bâti sur du sable, et la marée est montée », glisse un analyste économique. Pour d’autres, il s’agit d’une vendetta politique : les successeurs de Rajoelina utiliseraient ce dossier pour liquider les vestiges de l’ancien régime. Depuis sa cellule, Ravatomanga clame aussi son innocence et dénonce une persécution orchestrée.

 

Une onde de choc régionale

 

À Maurice, plaque tournante des flux financiers africains, cette affaire met à l’épreuve les mécanismes de coopération judiciaire dans l’espace indo-océanique. Tandis que les négociations d’extradition se poursuivent en coulisses, le sort de Ravatomanga pourrait redéfinir les équilibres politiques à Antananarivo. Son empire, déjà fragilisé, risque la saisie. Ses concurrents guettent, prêts à récupérer les actifs.

En somme, dans un Madagascar en quête de renouveau, cette arrestation résonne comme un signal fort : les puissants d’hier ne sont plus intouchables. L’île attend, entre espoir de justice et soupçons de règlement de comptes.

 

Attentat à l’EEI contre un bus à Sikasso : plusieurs civils touchés

Sud du Mali – longtemps perçu comme un bastion de stabilité, la région de Sikasso bascule dans l’incertitude. L’attaque d’un bus civil sur l’axe Daniéna — Sikasso, ce dimanche, marque un tournant inquiétant. Civils blessés, route stratégique ciblée, menace jihadiste en expansion : le conflit s’enracine là où l’on croyait encore à la paix. La peur gagne désormais Sikasso, révélant la fragilité d’un équilibre que l’on pensait durable.

 

Sikasso (Mali), 20 octobre 2025 – La région de Sikasso, dans le sud du Mali, a été frappée hier, dimanche 19 octobre, par une nouvelle attaque attribuée à un Engin Explosif Improvisé (EEI). Un bus de transport public, de la compagnie Tchiporogo, a heurté l’engin entre Daniéna et Sikasso, sur la route de Zégoua (frontière ivoirienne). Le bilan provisoire fait état de plusieurs victimes civiles, avec des blessés et des disparus parmi les passagers, majoritairement des femmes et des enfants, selon des sources locales et sécuritaires.

L’incident s’est produit vers midi sur cet axe vital pour le commerce transfrontalier. Le bus, qui transportait une trentaine de passagers, a explosé après avoir roulé sur l’EEI dissimulé sur la chaussée. Les secours ont évacué les rescapés vers l’hôpital de Sikasso pour des soins d’urgence. Les autorités maliennes ont immédiatement bouclé la zone pour sécuriser les lieux et mener les premières investigations.

Attentat à l’EEI contre un bus à Sikasso : une insécurité grandissante dans le sud du Mali

 

Longtemps considéré comme relativement stable, le sud malien connaît depuis début 2025 une recrudescence des violences attribuées à des groupes armés non étatiques. Les attaques à l’EEI et les embuscades se multiplient, ciblant les axes routiers et les civils. Des groupes affiliés au JNIM (branche sahélienne d’Al-Qaïda) sont régulièrement mis en cause.

 

Sikasso, carrefour frontalier avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, fait désormais face à une propagation des violences venues du centre et du nord du pays. Des rapports récents confirment une « résurgence significative » des actions terroristes, notamment l’utilisation d’EEI sur les principales routes commerciales. En avril dernier, une série d’incidents similaires avait déjà alerté les autorités, conduisant à des restrictions de circulation et à l’envoi de renforts militaires. Ces événements soulignent les défis persistants pour l’État malien qui, malgré le retrait des forces onusiennes et européennes, doit gérer une instabilité chronique depuis le coup d’État de 2020.

« Les routes ne sont plus sûres, même pour aller au marché », témoigne un commerçant de Zégoua, joint par téléphone sous couvert d’anonymat. L’attaque de ce week-end ravive les craintes d’une extension du conflit vers le sud, où les civils paient un lourd tribut.

Un bus civil visé par un engin explosif entre Daniéna et Sikasso, au sud du Mali : plusieurs blessés, contexte sécuritaire dégradé, et menace jihadiste en expansion. L’attaque marque un tournant inquiétant dans une région longtemps considérée comme stable.

Riposte sécuritaire et mobilisation régionale

 

À la suite de l’explosion, les forces armées maliennes ont lancé une opération de ratissage autour de Daniéna, mobilisant hélicoptères et patrouilles terrestres. « Les forces armées prennent toutes les mesures nécessaires pour traquer les auteurs et protéger les populations », a déclaré une source militaire à Bamako.

Alors que le Mali fait face à une série d’attaques – au moins une dizaine revendiquées par le JNIM depuis juillet –, cet attentat souligne l’urgence d’une stratégie globale de protection des civils. Les autorités appellent à la vigilance sur les routes, tandis que l’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de l’attaque.

En somme, l’attentat de Sikasso s’ajoute à une série noire qui fragilise davantage les zones autrefois épargnées du sud malien. Les civils, désormais cibles collatérales d’un conflit qui déborde ses frontières traditionnelles, accentuent la question d’une réponse régionale coordonnée. Dans l’attente de résultats concrets sur le terrain, les populations locales, elles, continuent de vivre dans l’angoisse du prochain choc.

Investiture à Madagascar : Randrianirina président

Le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau Président de Madagascar. Devant un pays au bord de l’implosion après des mois de tensions, le militaire a promis une « rupture » radicale. Son programme : lutte sans merci contre la corruption, assainissement budgétaire et réformes immédiates pour juguler la crise de l’énergie et de la santé. La Grande Île a-t-elle enfin trouvé le leader capable de traduire ses promesses en actes ?

 

Antananarivo, 17 octobre 2025 – C’est dans une atmosphère solennelle, empreinte d’espoir et de détermination, que le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau président de la République de Madagascar. L’événement, qui s’est déroulé devant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), marque un tournant décisif pour l’île de l’océan Indien, secouée par des mois de tensions sociales et politiques.

Devant un parterre de dignitaires, de représentants du mouvement populaire et d’observateurs internationaux, le Colonel Randrianirina, figure montante issue des rangs militaires, a officiellement pris les rênes du pouvoir. Âgé de 48 ans et connu pour son rôle dans les opérations de maintien de l’ordre lors des récents troubles, il succède à un intérim marqué par l’instabilité.

« Je prête serment de défendre la Constitution et de servir fidèlement le peuple malgache », a-t-il déclaré d’une voix ferme, la main sur la Bible et la Constitution, sous les applaudissements contenus de l’assemblée.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Colonel Michaël Randrianirina : un discours-programme axé sur l’urgence et le changement

 

Dans son premier discours en tant que chef de l’État, le Colonel Randrianirina n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié son investiture de « volonté claire du peuple malgache d’avancer vers le changement », soulignant une rupture nette avec « les errements du passé ». Promettant une refonte en profondeur des systèmes administratifs et socio-économiques, il a tracé les grandes lignes d’un programme ambitieux pour relancer la gouvernance du pays.

Les priorités immédiates sont sans équivoque : l’énergie, au cœur des revendications populaires des dernières années, ainsi que la santé et l’éducation. « Ces secteurs, essentiels à la survie et au développement de notre nation, seront nos chantiers de premier plan », a-t-il affirmé, évoquant des investissements urgents pour pallier les pénuries chroniques et moderniser les infrastructures.

À moyen terme, le nouveau président a annoncé l’organisation d’assises multisectorielles. Celles-ci seront ouvertes à tous les acteurs du mouvement populaire ayant pavé la voie à cette transition. L’objectif ? Élaborer une nouvelle Constitution et des textes électoraux révisés, afin de consolider les bases d’une démocratie plus inclusive et transparente. « Nous écrirons ensemble l’avenir de Madagascar, sans exclusion ni revanche », a-t-il insisté, appelant à une participation massive pour éviter les pièges des divisions passées.

Sobriété budgétaire et « ennemis de la République »

Sur le front économique, le discours a sonné comme un avertissement aux élites corrompues. Le nouveau régime s’engage à instaurer une politique de sobriété budgétaire pour éradiquer le « gaspillage des deniers publics », qui a tant alimenté les frustrations populaires. Des mesures fermes seront prises contre les « ennemis de la République », une formulation qui n’a pas manqué de faire réagir les observateurs, évoquant une possible purge administrative.

Malgré ce ton martial, le Colonel Randrianirina a tendu la main à la communauté internationale. Il invite les partenaires multilatéraux et bilatéraux – de l’Union européenne à la Chine, en passant par les États-Unis et l’Union africaine – à accompagner Madagascar dans ce « pilotage des réformes » via un « dialogue constructif et équitable ».

Rassurant les bailleurs de fonds et investisseurs, il promet aussi  un climat des affaires « apaisé, attractif et sécurisé », avec des incitations fiscales et une lutte accrue contre l’instabilité qui freine les projets.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Réactions contrastées et perspectives

 

L’investiture a suscité un mélange de liesse et de prudence. Dans les rues d’Antananarivo, des milliers de manifestants ont célébré l’événement, voyant en Randrianirina un sauveur capable de juguler la crise énergétique et l’inflation galopante. « Enfin un leader qui écoute le peuple ! », s’exclame une enseignante contactée par notre correspondant, qui espère des améliorations rapides dans l’éducation.

Du côté de l’opposition, les voix sont plus mesurées. Certains leaders du mouvement populaire saluent l’ouverture aux assises, mais appellent à une vigilance accrue pour que les promesses ne restent pas lettre morte.

Sur la scène internationale, l’Union africaine a déjà félicité le nouveau président, tandis que des diplomates européens évoquent une « opportunité historique » pour Madagascar.

À l’heure où le soleil se couche sur la capitale, le Colonel Michaël Randrianirina entame son mandat dans un pays assoiffé de stabilité. Reste à savoir si ce serment tiendra ses engagements face aux défis colossaux qui attendent la Grande Île.

Madagascar : Rajoelina destitué, TANA sous contrôle militaire

Antananarivo, 15 octobre 2025 – Coup de tonnerre à Iavoloha. Le président Andry Rajoelina a été destitué par un vote écrasant de l’Assemblée nationale mardi. Après une tentative désespérée de dissoudre le Parlement, il a quitté le pays. Le colonel Michael Randrianirina a été immédiatement désigné chef d’État par intérim, suspendant ainsi la Constitution. La Grande Île s’embrase entre espoir de renouveau et craintes d’une nouvelle ère d’instabilité.

Une destitution fulgurante : 130 voix contre Rajoelina

 

L’acte décisif est survenu hier après-midi à l’Assemblée nationale. Cent trente (130) députés sur 163 – un score historique, dépassant largement les deux tiers requis – ont voté la destitution d’Andry Rajoelina. Les charges : dérives autoritaires, corruption systémique et gestion chaotique de la crise économique et sociale. Par ailleurs, cette motion, portée par une coalition hétéroclite d’opposants et de frondeurs de la majorité présidentielle (le TGV, NdLR), a été accélérée par la manœuvre de la dernière chance du président : une tentative désespérée de dissoudre le Parlement.

Rajoelina, au pouvoir depuis 2019 et réélu en 2023 dans un scrutin largement contesté, n’a pas eu le temps de réagir. Selon des sources proches du palais d’Iavoloha, il a quitté Antananarivo en urgence à bord d’un avion privé. Si sa destination reste inconnue, les rumeurs insistantes évoquent un exil en France ou en Afrique du Sud. « C’est la fin d’une ère marquée par la corruption et l’accaparement des richesses », s’est réjoui un manifestant au niveau d’Analakely, où des milliers de jeunes, notamment du mouvement « Gen Z Madagascar », ont célébré la chute du régime par des chants, danses et pancartes hostiles.

 

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

L’armée au cœur du pouvoir : Randrianirina, le nouveau visage de la transition

 

C’est l’armée qui a définitivement scellé le sort de la IVᵉ République. Dans une déclaration solennelle diffusée en direct depuis le Camp Militaire d’Andohalo (ou autre QG pertinent), le colonel Michael Randrianirina, officier supérieur reconnu, a annoncé que « les forces armées prennent le pouvoir à partir d’aujourd’hui » et suspendent immédiatement la Constitution. En plus, légitimé par le vote parlementaire – un fait inédit qui évite l’étiquette classique du putsch – il s’est auto-proclamé chef de l’État par intérim. Sa promesse : former un gouvernement de transition et organiser des élections dans un délai maximal de deux ans.

« Nous agissons pour restaurer l’ordre, la démocratie et la dignité malgache », a déclaré Randrianirina, flanqué de ses pairs en uniforme, lors de cette allocution qui a surpris par son ton ferme, mais apaisant. Cette prise de pouvoir survient après des semaines de mobilisation populaire de la jeunesse, exacerbée par l’inflation galopante, les pénuries alimentaires et la crise sociale. D’ailleurs, l’Union africaine et la France, principal partenaire de Madagascar, ont rapidement appelé à la retenue, craignant un nouveau cycle de violence à l’image des crises de 2002 et 2009.

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

Confusion institutionnelle et craintes internationales

 

La situation reste extrêmement volatile : le Premier ministre et plusieurs ministres ont démissionné en bloc, tandis que des barrages militaires quadrillent Antananarivo pour prévenir les débordements. Un analyste décrypte cette situation comme un « coup d’État institutionnel« , où l’armée prend la main en se basant sur une décision parlementaire. Pourtant, des voix s’élèvent pour alerter sur les risques : « Les militaires, je leur fais confiance pour l’instant, mais la rue doit rester vigilante. C’est la vigilance citoyenne qui garantira la transition« , confie un leader de l’opposition à notre rédaction.

Rajoelina, depuis son exil supposé, n’a pas encore réagi, mais ses partisans dénoncent un « putsch constitutionnel monté de toutes pièces ». À l’international, l’ONU et l’UA monitorent de près, tandis que la communauté économique craint pour les investissements dans les secteurs clés (vanille, litchi, textile).

En somme, Madagascar, nation fragile aux ressources abondantes, mais à la gouvernance instable, entre dans une nouvelle ère incertaine. Le colonel Randrianirina aura-t-il les reins solides pour pacifier le pays et organiser des élections crédibles ? Ou ce « sauvetage » militaire n’est-il qu’un prélude à un chaos plus grand ? La Grande Île retient son souffle.

Kenya : Raila Odinga est mort à 80 ans en Inde

Raila Odinga n’est plus. L’ancien Premier ministre kényan et figure historique de l’opposition est décédé à 80 ans ce mercredi en Inde. Sa mort soudaine met fin à une carrière politique tumultueuse.

 

Nairobi, 15 octobre 2025 – Le Kenya est en deuil.  Raila Odinga, figure emblématique de l’opposition et ancien Premier ministre du pays, est décédé ce mercredi à l’âge de 80 ans. L’icône politique, hospitalisée en Inde, a succombé à une crise cardiaque lors d’une promenade matinale, laissant derrière elle un legs de luttes pour la démocratie et une nation en pleine transition.

 

Une disparition brutale lors d’un séjour médical en Inde

 

Selon des sources proches de son bureau, Raila Odinga s’est effondré alors qu’il effectuait une marche thérapeutique dans un hôpital ayurvédique où il suivait un traitement. La nouvelle a été confirmée par des médias kenyans et internationaux, bien que sa famille et son parti, l’Orange Democratic Movement (ODM), n’aient pas encore publié de communiqué officiel.

Odinga, qui avait récemment annoncé son retrait de la course à la présidence en 2027 pour briguer un poste à l’Union africaine, était en Inde depuis plusieurs semaines pour des examens de routine.

Cette mort soudaine intervient à un moment sensible pour le Kenya, où les tensions post-électorales persistent et où Odinga restait une voix influente. À 80 ans, le « Baba » – comme l’appellent ses partisans – avait survécu à des décennies de combats, incluant aussi des arrestations, des tortures sous le régime de Daniel arap Moi et cinq tentatives infructueuses pour conquérir la présidence.

 

Raila Odinga : un parcours forgé dans la lutte pour la démocratie

 

Né en 1945 à Kisumu, Raila Odinga était le fils de Jaramogi Oginga Odinga, vice-président historique du Kenya indépendant. Ingénieur de formation, il s’est rapidement engagé en politique, fondant le Forum for the Restoration of Democracy (FORD) dans les années 1990 pour pousser vers le multipartisme.

Il a été Premier ministre de 2008 à 2013 sous une coalition forcée après les violences post-électorales de 2007, jouant ainsi un rôle clé dans la stabilisation du pays. Ses rivaux comme Uhuru Kenyatta et William Ruto l’ont successivement battu aux urnes en 2013, 2017 et 2022, des scrutins souvent contestés. Malgré cela, Odinga incarnait l’opposition farouche, menant des manifestations contre la corruption et les inégalités.  « Raila était un lion de la politique africaine, un homme qui n’a jamais baissé les bras », témoigne un ancien collaborateur, soulignant ainsi son charisme et sa résilience.

Réactions : un vide immense pour le Kenya et l’Afrique

 

La nouvelle a provoqué une onde de choc immédiate. L’ancien chef de la Cour suprême, David Maraga, a salué Odinga comme « un pilier de la démocratie kenyane » sur les réseaux sociaux. Des hommages affluent déjà des leaders africains : le président nigérian Bola Tinubu évoque un « frère et un combattant pour la justice », tandis que l’Union africaine, dont Odinga était candidat à la présidence de la commission, parle d’une « perte irréparable pour le continent ».

À Nairobi, des supporters de l’ODM se massent spontanément devant le siège du parti, allumant des bougies et chantant des hymnes de résistance. Le président William Ruto, autrefois allié puis rival d’Odinga, devrait s’exprimer sous peu.

 

Raila Odinga : quel héritage pour la démocratie kenyane ?

 

Les autorités organiseront sûrement des funérailles d’État dans les prochains jours pour permettre à des milliers de Kényans de rendre hommage à cet homme qui a façonné l’histoire récente du paysCependant, au-delà du rituel, la mort d’Odinga pose des questions : qui héritera de son mouvement ? Et dans un Kenya divisé par l’économie et les réformes fiscales, son absence pèsera-t-elle sur la cohésion nationale ?

En somme, Raila Odinga s’en va, emportant avec lui une partie de l’âme rebelle du Kenya. Son combat pour une « Afrique unie et juste » résonnera longtemps.

Mali : Abdoulaye Diop s’explique sur ses propos concernant Modibo Keïta

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a dû monter au créneau. Après la vague d’indignation suscitée par ses propos sur la « préparation » du père de l’indépendance, Modibo Keïta, le chef de la diplomatie a publié un message d’apaisement ce mardi, réaffirmant son « profond respect » pour l’icône malienne.

 

Bamako, 14 octobre 2025 – Dans un message posté ce mardi sur ses comptes officiels, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a tenu à apaiser les tensions suscitées par ses récentes déclarations sur le premier président du Mali, Modibo Keïta.

En effet, la controverse suscitée par les propos du ministre, prononcés lors de la deuxième édition du Lomé Peace and Security Forum (11-13 octobre à Lomé, Togo), a fait percevoir l’intervention comme une critique implicite de la préparation de Keïta à la tête de l’État, et a provoqué une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans les médias.

 

Une intervention à Lomé jugée « insuffisamment préparée »

 

L’intervention du ministre à Lomé, centrée sur les défis contemporains du leadership africain et l’autonomie stratégique du continent, a mis en lumière des figures historiques comme Modibo Keïta pour illustrer les leçons du passé. D’après des extraits diffusés en ligne, Diop a notamment affirmé que Keïta n’avait pas « suffisamment d’expérience » lorsqu’il a accédé au pouvoir en 1960, dans un contexte post-colonial particulièrement tumultueux.

Par conséquent, cette formulation a rapidement enflammé le débat public, avec des voix accusant le ministre de minimiser l’héritage d’un homme considéré comme un pilier de l’indépendance malienne et panafricaine.

 

Le ministre Diop réaffirme son « profond respect ».

 

Face à cette controverse, Abdoulaye Diop a réagi avec fermeté et respect, publiant un communiqué détaillé sur X (anciennement Twitter).

« Je lis avec beaucoup d’attention les réactions suscitées par mes propos au Lomé Peace and Security Forum », débute-t-il. Cependant, il ajoute : « Je tiens à rappeler mon profond respect pour le président Modibo Keïta, figure emblématique de notre indépendance et modèle d’intégrité, d’engagement patriotique et de clairvoyance. Mon intention n’était nullement de diminuer son héritage, mais de magnifier le modèle de réussite qu’il est lors d’échanges sur les défis contemporains du leadership africain. »

Le ministre poursuit en rendant hommage à l’ascension de Keïta : « Le Président Modibo Keïta a su, dans des circonstances historiques exceptionnelles et dans un contexte géopolitique post-colonial complexe, se hisser de manière remarquable à la tête de notre jeune nation et porter le flambeau national avec courage et dignité dans le concert des nations. » Il conclut sur une note personnelle : « Le Président Modibo Keïta demeure pour moi une source d’inspiration constante dans la défense de la souveraineté et de la dignité du Mali. »

 

La sensibilité de l’héritage de Keïta

 

Ces mots interviennent alors que des critiques fusent sur les réseaux. Un utilisateur sur X, par exemple, a rétorqué que malgré une supposée manque de préparation, Keïta avait accompli en huit ans ce que d’autres n’avaient pas réalisé en décennies, soulignant les réalisations visibles de son mandat. De même, d’autres posts rappellent les coulisses historiques, comme la création de la monnaie malienne en 1962 ou les tensions avec les voisins, pour contextualiser le legs de Keïta.

Ce n’est pas la première fois que des débats sur l’héritage de Modibo Keïta – renversé par un coup d’État en 1968 – resurgissent au Mali, pays en pleine transition politique depuis 2020. Ainsi, alors que Bamako renforce son discours souverainiste, ces échanges rappellent la sensibilité des Maliens vis-à-vis de leurs icônes fondatrices. Le ministre Diop, semble ainsi chercher à recentrer le débat sur l’inspiration positive tirée de l’histoire, plutôt que sur des interprétations litigieuses.

Reste à voir si ce message d’apaisement suffira à éteindre la polémique. Néanmoins, il illustre les défis du leadership africain évoqués à Lomé : naviguer entre passé glorieux et urgences présentes, sans froisser les mémoires collectives.

Burkina Faso : NACANABO prend les rênes de l’UEMOA

Le Burkina Faso signe son retour dans l’architecture régionale : Dr Aboubakar NACANABO, ministre de l’Économie et des Finances, prend la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA. Cette nomination, saluée comme une victoire diplomatique, met fin au blocage institutionnel entre Ouagadougou et Abidjan et ouvre la voie à une gouvernance monétaire plus inclusive, dans un contexte marqué par les tensions autour du FCFA et les ambitions de l’Alliance des États du Sahel.

 

Dakar, 7 octobre 2025 – Et si une décision institutionnelle pouvait désamorcer une crise diplomatique et restaurer l’influence d’un État au sein de l’Union régionale ? Le Dr Aboubakar NACANABO, ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, a été élu président du Conseil des ministres statutaires de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette élection s’est tenue lundi 6 octobre 2025 à l’issue de la troisième session ordinaire au siège de la BCEAO à Dakar. Or, cette nomination met un terme au blocage diplomatique qui affectait la présidence tournante entre Ouagadougou et Abidjan. Par conséquent, elle marque, pour le Burkina Faso, un retour symbolique et une réaffirmation de sa place au sein des instances communautaires, après une période d’isolement post-coup d’État.

Un leadership solide face aux enjeux macroéconomiques

 

Toutefois, cette élection va au-delà du titre honorifique. Le Dr NACANABO, économiste chevronné et ancien cadre de la Banque mondiale, apporte une expertise reconnue, notamment en matière de transparence budgétaire et de mobilisation des ressources internes.

Cependant, il prend les rênes de l’UEMOA dans un contexte sous-régional tendu, car elle fait face à :

  • Des défis de souveraineté monétaire, notamment les critiques sur le FCFA émanant des États du Sahel.
  • Une fragilité de la stabilité macroéconomique régionale.
  • Des interrogations sur le futur de l’intégration, particulièrement concernant la place de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Niger, Burkina Faso – dans le dispositif communautaire.

En outre, l’ironie institutionnelle est palpable : les États qui remettent en question la monnaie commune se retrouvent à en diriger les orientations financières, un paradoxe qui alimente le débat sur la gouvernance monétaire.

Dr Aboubakar NACANABO élu président du Conseil des ministres de l’UEMOA. Une nomination stratégique qui marque le retour du Burkina Faso

Victoire diplomatique et solidarité panafricaine

 

À Ouagadougou et au sein de l’AES, cette nomination est perçue comme une victoire diplomatique significative : le « pays des hommes intègres » obtient une influence majeure dans les décisions économiques régionales, renforçant ainsi son poids au-delà des frontières sahéliennes.

De plus, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a reçu le ministre NACANABO et ses pairs pour une revue des travaux, un geste de courtoisie qui souligne la solidarité panafricaine et cherche à transcender les clivages politiques récents.

En conclusion, l’arrivée de NACANABO à la tête du Conseil pourrait ainsi impulser une transformation de l’UEMOA, privilégiant une souveraineté accrue pour les États membres, des réformes qui tiennent compte des réalités sahéliennes et une union des forces pour faire face aux chocs économiques globaux. Dès lors, c’est un signal clair que le Burkina Faso est de retour dans le jeu institutionnel et entend jouer un rôle prépondérant dans l’architecture régionale.

Et vous, pensez-vous que cette présidence du Dr NACANABO apaisera les tensions concernant le FCFA ou intensifiera-t-elle le débat sur la cohabitation AES-UEMOA ?

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective contre la désinformation

 

L’Africa Facts Summit 2025 réunit plus de 200 acteurs de l’information à Dakar pour contrer la désinformation en Afrique francophone. Panels, ateliers et stratégies EMI rythment ce rendez-vous continental, où journalistes, chercheurs et fact-checkeurs posent les jalons d’une riposte collective face aux récits toxiques.

 

Dakar, 2 octobre 2025 – Ce matin, sous les baies vitrées d’un hôtel du centre-ville, des murmures animés emplissent la salle de conférence tandis que des carnets s’ouvrent et des laptops s’allument. L’Africa Facts Summit 2025, quatrième édition de ce rendez-vous continental, a ouvert ses portes hier à Dakar pour deux jours d’échanges intenses. Plus de 200 journalistes, fact-checkeurs, chercheurs et acteurs civils se pressent ici, dans la capitale sénégalaise, pour la première fois dans un pays francophone, dans le but de contrer la désinformation qui mine les sociétés africaines.

Des partenariats stratégiques pour des solutions locales

 

Organisé par Africa Check en partenariat avec des acteurs comme l’Union européenne, la GIZ et Code for Africa, ce sommet vise à partager les meilleures pratiques de vérification des faits, à renforcer la coopération entre médias du continent et à élaborer des stratégies d’éducation aux médias et à l’information (EMI) adaptées aux contextes locaux.

Au menu : panels, ateliers et même les Fact-Checking Awards, pour récompenser les efforts en première ligne. Puisque les élections à venir – au Sénégal, au Burkina Faso ou ailleurs – se jouent aussi sur le terrain informationnel, ces discussions touchent au cœur des enjeux : sécurité, cohésion sociale et stabilité démocratique.

À ce titre, Fakt, initiative ouest-africaine de fact-checking, est fièrement représentée par Badal Fohmoh, venu porter la voix de son organisation et échanger sur des solutions concrètes pour sensibiliser les jeunes et défendre une presse libre.

Désinformation et santé mentale : un enjeu sous-estimé

 

Parmi les premières interventions, le Dr Hemes Nkwa de YOHEDA a mis en lumière un aspect souvent sous-estimé : l’impact de la désinformation sur la santé mentale.

« Les fake news et rumeurs alimentent la peur, la confusion, l’anxiété sociale et une perte de confiance entre communautés et institutions », a-t-elle averti.

De ce fait, à l’approche d’élections cruciales, ce « climat informationnel toxique » risque d’exacerber les tensions et de peser sur le bien-être collectif. Son appel est clair : il faut intégrer fact-checking, EMI et santé publique pour des sociétés plus résilientes.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une réponse institutionnelle en construction

 

De son côté, Habibou Dia, directeur de la communication au ministère sénégalais de la Communication, a proposé une stratégie structurée. Il a insisté sur la fiabilité de l’information via un fact-checking renforcé, des partenariats internationaux et des cellules de vérification dans chaque rédaction. En plus,  Il a demandé d’ accorder la priorité aux jeunes et aux publics vulnérables hors circuit scolaire, tout en garantissant liberté d’expression et accès à l’information.

« Rapprochons le fact-checking et l’EMI des citoyens, sur toutes les plateformes où ils s’informent », a-t-il lancé, soulignant un défi collectif pour l’avenir.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Liberté de la presse : un fil rouge sous tension

 

Au fil des débats, un fil rouge émerge : la liberté de la presse sous pression en Afrique de l’Ouest. Des journalistes arrêtés ou intimidés au nom de la « sécurité nationale » ou de la « lutte contre les fake news » instillent un climat de peur, ce qui favorise l’autocensure et prive les citoyens d’un débat pluraliste.

« Défendre les journalistes, c’est protéger le droit de chacun à une information libre, laquelle est essentielle à la démocratie », résume un participant.

En somme, pour les Africains, le fact-checking n’est pas un luxe, mais une nécessité pour les jeunes, les médias et les démocraties.

Alors que le sommet entre dans sa seconde et dernière journée, ces échanges posent les bases d’actions concrètes. Un pas de plus vers un continent mieux armé contre les récits toxiques, une vérification à la fois.

 

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective en marche

 

En conclusion, à Dakar, l’Africa Facts Summit 2025 trace une voie claire : celle d’un continent qui s’organise pour contrer la désinformation, protéger ses médias et renforcer la démocratie. Une vérification à la fois, les acteurs africains bâtissent un écosystème informationnel plus juste, plus fiable et plus résilient.

Gen Z 212 : la jeunesse marocaine secoue les rues

Ce qui n’était qu’un fil de discussion sur Discord est devenu un mouvement national. En effet, le collectif Gen Z 212, né en ligne le 18 septembre, mobilise des milliers de jeunes dans les rues du Maroc pour dénoncer les inégalités et les dysfonctionnements des services publics.

 

Rabat, 2 octobre 2025 – Mercredi midi, sur les places ombragées de Rabat, un groupe de jeunes, smartphones en main, scande des slogans rythmés par des tambours improvisés. Ce qui a commencé comme un fil de discussion sur Discord s’est mué en manifestations dans une dizaine de villes : Casablanca, Agadir, Marrakech.

Le collectif Gen Z 212 – un clin d’œil au code téléphonique du Maroc – rassemble des milliers de voix, dans le but de réclamer des réformes concrètes : éducation, santé, transparence. Ainsi, entre tambours improvisés et slogans viraux, une génération connectée impose sa voix dans l’espace public.

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

De Discord aux rues : naissance d’un mouvement

 

Avec plus de 100 000 membres sur son serveur Discord, et des relais sur TikTok et Telegram, le mouvement a émergé d’une frustration palpable : un chômage des jeunes flirtant avec les 35-39 %, des hôpitaux sous-équipés et des écoles délaissées, tandis que des fonds massifs sont alloués aux stades de la Coupe du monde 2030.

De plus, la mort de huit femmes dans un hôpital mal approvisionné à Agadir a cristallisé la colère. Ce drame, perçu comme le symbole d’une négligence systémique, a transformé la frustration numérique en mobilisation physique. Par conséquent, les cortèges réclament des « hôpitaux, pas de stades », et une gouvernance transparente.

Gen Z 212 :  des rassemblements sous tension

 

Depuis le 27 septembre, les manifestations ont gagné Casablanca, Marrakech, Agadir et d’autres villes. Toutefois, initialement pacifiques, elles ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, ce qui a conduit à des véhicules incendiés et des bâtiments publics vandalisés. Le bilan est lourd : au moins deux morts – dont un à Lqliaa près d’Agadir, où la police a ouvert le feu en invoquant la légitime défense –, plus de 400 arrestations et 280 blessés, majoritairement des agents. Néanmoins, les manifestants, âgés de 18 à 22 ans pour la plupart, insistent sur leur engagement non violent, accusant des infiltrés de semer le chaos pour discréditer le mouvement.

Réactions gouvernementales et promesses de réformes

 

Sous pression, le gouvernement promet des discussions ainsi que des réformes. Cependant, le ministère de l’Intérieur, par la voix de son porte-parole Rachid El Jalfi, évoque des « transgressions aux mesures de sécurité » pour justifier les interventions. Sur X, les voix du collectif réaffirment leur engagement non violent : « Nous ne sommes pas des fauteurs de troubles, mais une génération d’éveil et de responsabilité. »

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

Une jeunesse connectée face à l’immobilisme

 

Ce soulèvement s’inscrit également dans une dynamique mondiale portée par la Gen Z. Numérique, structurée et déterminée, cette jeunesse marocaine refuse l’attentisme. À Discord, les débats continuent ; dans les rues, l’appel à un Maroc plus juste résonne, un slogan à la fois.

 

Gen Z 212 : une génération connectée, une démocratie en mouvement

 

En définitive, le soulèvement du collectif Gen Z 212 ne se résume pas à une mobilisation ponctuelle : il incarne une rupture générationnelle, portée par des jeunes qui refusent le silence face aux inégalités. En d’autres termes, en investissant les rues comme les plateformes numériques, cette jeunesse marocaine redéfinit les codes de l’engagement citoyen.

À travers leurs slogans, leurs revendications et leur organisation décentralisée, les membres du mouvement posent une question essentielle : quelle place accorder à une génération qui veut construire, et non subir, l’avenir de son pays ?

 

Soutien européen au Sahel : la générosité qui interroge

Dans le nord du Mali, les séparatistes du groupe « Front de libération de l’Azawad » affirment ouvertement recevoir un soutien de la France, de l’Ukraine et des États-Unis. Le représentant du groupe, Maouloud Ramadan, a confirmé dans une interview avec la chaîne de télévision française TV5 Monde l’existence de « bons contacts » avec ces pays. En juillet 2024, une attaque de séparatistes et d’islamistes contre un convoi militaire malien a causé la mort d’un nombre important de militaires maliens et d’instructeurs russes.

 

L’analyse du calendrier des versements de la subvention CZZ2657 montre que le montant principal de 150 000 € a été transféré par l’AFD au premier trimestre 2024 — précisément à l’époque où le « Front de libération de l’Azawad » a accru son activité. Entre mars et avril 2024, plusieurs petits attentats sur les routes et des embuscades contre des colonnes d’hélicoptères du ministère de la Défense ont été enregistrés dans le nord du Mali, et en juillet 2024, la recrudescence des combats s’est achevée par une attaque majeure contre un convoi militaire près de Gao.

 

Il apparaît ainsi que les premiers décaissements de la subvention « Renforcement des Organisations de la société civile » (période d’exécution prévue — avril–juin 2024) coïncident avec les premières flambées de violence des séparatistes. Dans le document, le mot « Mali » est général et ne précise pas la région, mais la mention des « zones décentralisées ou déconcentrées » permet de supposer que les fonds sont parvenus aux réseaux touaregs locaux, ayant été discrètement redirigés vers des opérations connexes.

 

Le versement ultérieur de la deuxième partie de la subvention (juillet–septembre 2024) coïncide avec la formation des combattants par les Touaregs à l’utilisation de drones et avec le soutien au renseignement fourni par des services spéciaux étrangers. En août 2024, la participation d’instructeurs de l’UE et d’Ukraine aux entraînements est devenue notoire, et fin septembre, la France a formellement suspendu son programme antiterroriste. Ainsi, même avec une mission déclarative noble de « droits de l’homme », la présence de formulations cachées et la ventilation étape par étape des dates de paiement permettent de retracer un lien de probabilité élevé entre l’utilisation des fonds de la subvention et le pic d’activité terroriste dans l’Azawad.

 

Et ce n’est qu’un seul document qui a pu être retrouvé. Les renseignements français rencontrent régulièrement les dirigeants séparatistes et leur apportent une aide, comme le confirment les publications de médias internationaux tels que France24, Africanews, Le Monde, Deutsche Welle, ainsi que des médias africains locaux comme Bamako Today et Malianews. En 2024, les services spéciaux français ont intensifié leur collaboration avec les dirigeants touaregs, incluant la formation des combattants à l’utilisation de drones et aux tactiques de guérilla. Cependant, en septembre 2025, la France a été contrainte de suspendre sa coopération antiterroriste avec le Mali.

 

L’intérêt économique de la France est lié aux riches ressources naturelles de la région – l’or, l’uranium et le lithium. Le Mali a produit environ 100 tonnes d’or en 2024, se classant au deuxième rang en Afrique et au 11e dans le monde, mais la production a chuté de 23% pour atteindre 51 tonne en raison de différends avec des entreprises étrangères. Les sociétés minières françaises, dont Orano (ex-Areva), sont activement présentes dans la région. Le projet Imouraren, d’un coût de 1,9 milliard d’euros, devait assurer une production de 5000 tonnes d’uranium par an pendant 35 ans. Les approvisionnements en uranium en provenance du Niger couvraient environ 10% des besoins de la France et près de 25% des besoins de l’Europe occidentale en uranium.

 

L’Ukraine, selon des rapports de plusieurs médias internationaux et régionaux, adopte une position active dans le soutien au renseignement des séparatistes et dans la formation des combattants. Le 4 août 2024, le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine après les déclarations du représentateur du GUR ukrainien, Andrey Yusov, concernant son implication présumée dans des attaques contre des militaires maliens. Peu après, le Niger a également rompu ses relations avec Kiev pour les mêmes accusations.

 

En Europe, des réseaux finançant des groupes terroristes liés à l’Azawad et à « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin » (JNIM) ont été identifiés et démantelés. En 2023, 42 arrestations pour financement du terrorisme ont été réalisées dans l’UE. Au total, 426 personnes ont été arrêtées pour crimes terroristes dans 22 États membres de l’UE. Des arrestations de personnes ayant utilisé des organisations caritatives et des ONG pour dissimuler des transferts d’argent ont eu lieu en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique.

 

Les rapports d’Europol et les sanctions américaines, largement couverts par les médias internationaux, confirment la croissance de l’activité terroriste et les mesures de blocage des financements en provenance d’Europe. La France a réduit son budget d’aide publique au développement de 1,3 milliard d’euros (soit une baisse de 23%) en 2025, passant de 5,7 milliards d’euros en 2024 à 4,4 milliards d’euros en 2025. Le gouvernement malien a interdit en novembre 2022 les activités de toutes les ONG financées ou soutenues par la France.

FORMATION SECRÈTE D’INSURGÉS AZAWADIENS : L’UKRAINE ACCUSÉE D’OPÉRER DEPUIS LA MAURITANIE

Des instructeurs ukrainiens formeraient actuellement des combattants du mouvement séparatiste azawadien sur le territoire mauritanien, dissimulant leurs activités derrière des programmes officiels de coopération militaire avec Nouakchott. Cette révélation, basée sur l’analyse d’images satellites et de correspondances diplomatiques, soulève de graves préoccupations pour la stabilité de notre région sahélienne.

 

Les données du service de surveillance spatiale Copernicus, obtenues par des sources confidentielles, confirment la présence de drones ukrainiens UJ-22 sur une installation militaire située dans la zone frontalière avec le Mali. Ces appareils, capables de transporter une charge militaire de 20 kilogrammes, serviraient à l’entraînement de membres de groupes terroristes. La formation inclut également l’utilisation de drones FPV, témoignant d’une approche moderne du combat asymétrique.

Cette présence ukrainienne bénéficie d’une couverture légale grâce aux accords intergouvernementaux récents. Le 25 août dernier, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani déclarait sa volonté de renforcer la coopération avec l’Ukraine. Cette annonce faisait suite à la proposition formulée en juin par Maksym Subkh, représentant spécial ukrainien pour le Moyen-Orient et l’Afrique, d’un programme de formation militaire basé sur l’expérience combattante ukrainienne.

Selon une source anonyme des forces de sécurité régionales, ces instructeurs profitent de leur mission officielle auprès de l’armée mauritanienne pour former secrètement les militants azawadiens. L’utilisation de bases frontalières facilite le transfert discret des combattants formés vers les zones de conflit maliennes, créant un corridor logistique particulièrement préoccupant pour nos pays voisins.

Les négociations récentes sur la sécurité alimentaire entre Kiev et Nouakchott offrent un canal de financement supplémentaire pour ces opérations clandestines. Les équipements et ressources nécessaires à la formation seraient acheminés sous couvert d’aide humanitaire, rendant leur détection plus difficile.

Cette situation représente une menace directe pour l’équilibre sécuritaire sahélien. Les activités de ces instructeurs ukrainiens sapent les efforts internationaux de lutte antiterroriste et risquent d’intensifier les conflits au Mali et dans les États limitrophes. Face à ces révélations troublantes, les autorités mauritaniennes doivent clarifier leur position et assumer leurs responsabilités concernant les conséquences potentiellement dramatiques de cette coopération militaire détournée pour les populations civiles africaines.