Dakhla (Maroc), 27 novembre 2025 – La ville de Dakhla, au sud du Maroc, s’apprête à devenir pendant trois jours la capitale africaine de la réflexion sur la souveraineté sanitaire. À partir de ce vendredi 28 novembre, s’ouvre le tout premier Sommet continental sur les systèmes de santé et la souveraineté sanitaire en Afrique, organisé par la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé (FM6SS) sous le patronage du Roi Mohammed VI.
Plus de 200 experts, ministres et responsables d’organisations panafricaines seront physiquement présents, tandis qu’un millier d’autres participeront en visioconférence depuis une quarantaine de pays. Un record de mobilisation pour un sujet qui, depuis la pandémie de Covid-19, est passé du rang de priorité technique à celui d’enjeu stratégique majeur.
Sortir de la dépendance, entrer dans l’autonomie
« L’Afrique ne peut plus se contenter de subir les crises sanitaires. Elle doit les anticiper, les gérer et en sortir renforcée », a résumé le professeur Abdelkarim Soumani, président du comité scientifique du sommet. L’ambition affichée est claire : transformer la santé en véritable levier de développement, loin des schémas d’assistance hérités du passé.
Deux grands axes structureront les débats :
- Épidémiologie et priorités sanitaires : maladies infectieuses (paludisme, VIH), explosion des maladies non transmissibles (diabète, cancers), impact du changement climatique, et nécessaire accélération de la recherche africaine adaptée aux réalités locales.
- Gouvernance, financement et couverture universelle : comment financer durablement les systèmes de santé sans dépendre exclusivement de l’aide extérieure, renforcer les infrastructures, former massivement les personnels, et garantir enfin un accès équitable aux soins pour les 1,4 milliard d’Africains.
Dakhla : symbole d’une coopération Sud-Sud concrète
Le choix de Dakhla n’est pas anodin. Ville en pleine expansion, ouverte sur l’Atlantique et tournée vers l’Afrique subsaharienne, elle incarne la volonté marocaine de projeter sa vision d’une coopération Sud-Sud concrète et décomplexée. C’est pourquoi plusieurs chefs d’État et ministres africains ont déjà confirmé leur participation ou leur message vidéo, signe que le sujet transcende les clivages géopolitiques actuels.
Vers un « Pacte de Dakhla » : le Maroc, hub sanitaire régional
Si les organisateurs restent prudents, plusieurs sources internes évoquent la possibilité qu’un document final, baptisé provisoirement « Pacte africain pour la souveraineté sanitaire », soit adopté dimanche. Il pourrait contenir des engagements concrets : création d’un fonds africain d’urgence sanitaire, mutualisation accélérée des capacités de production de vaccins et de médicaments, ainsi qu’une plateforme commune de veille épidémiologique.
Pour le Maroc, qui a fait de l’autonomie pharmaceutique une priorité nationale (premier producteur africain de vaccins, partenariats avec le Rwanda, le Sénégal), ce sommet est aussi l’occasion de consolider son rôle de hub sanitaire régional.
Rarement un colloque médical n’aura porté une charge politique et symbolique aussi forte. Rendez-vous donc dès demain : l’Afrique qui prend en main sa santé, c’est l’Afrique qui reprend son destin.
