Niger-Justice Archives - Journal du Niger

Justice de proximité : le Tribunal de Niamey installe des boîtes à suggestions pour ses usagers

Le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey a installé deux boîtes à suggestions à destination des justiciables. Placées à des points stratégiques du palais, elles visent à recueillir avis et propositions pour renforcer la qualité de l’accueil et favoriser une justice plus accessible et à l’écoute.

 

 

Niamey, 10 novembre 2025 – Le dimanche, dans une démarche d’amélioration continue du service public judiciaire, le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey a mis en place deux boîtes à suggestions à l’attention des justiciables et de tous les usagers du palais de justice. En effet, cette initiative vise à instaurer un dialogue ouvert entre l’institution judiciaire et les citoyens, en favorisant l’expression libre et constructive.

 

 Des points stratégiques pour recueillir la parole citoyenne

 

Le tribunal a installé les deux boîtes à des emplacements clés :

  • La première se trouve à l’entrée principale, à proximité du poste de contrôle de la police.
  • La seconde est située dans le hall intérieur, près de la salle d’audience nᵒ 1.

Par ailleurs, ces dispositifs permettront aux usagers de partager leurs observations, suggestions et propositions sur le fonctionnement du tribunal, dans une logique de transparence et de participation citoyenne.

 

Le Tribunal : une justice plus accessible et à l’écoute

 

À travers cette initiative, le Tribunal de Niamey affirme sa volonté de renforcer la qualité de l’accueil, de fluidifier les procédures et de mieux répondre aux attentes des citoyens. En effet, l’objectif est limpide : bâtir une justice plus humaine, plus réactive et plus proche des réalités du terrain.

Les responsables judiciaires encouragent vivement les justiciables à s’approprier cet outil, qui incarne aussi une nouvelle étape dans la construction d’une relation de confiance entre les institutions et les usagers.

Une justice moderne se construit aussi par l’écoute de ceux qui la vivent au quotidien.

 

Ali Soumana incarcéré : silence forcé sur un scandale d’État

Niger : Ali Soumana emprisonné pour avoir dénoncé un scandale de trafic de cigarettes – Une atteinte scandaleuse à la liberté de la presse

 

Niamey, 9 septembre 2025— La liberté de la presse au Niger est une fois de plus bafouée. En fait, le lundi 8 septembre 2025, Ali Soumana, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Courrier », a été incarcéré à la prison de Say. Son crime est d’avoir osé publier un article explosif mettant en lumière un présumé scandale de trafic de cigarettes impliquant les Douanes nigériennes et citant le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine. Cette arrestation brutale, orchestrée suite à une plainte des autorités, est un signal clair : au Niger, dénoncer la corruption peut coûter très cher.

 

Ali Soumana : un journaliste d’investigation, cible des autorités

 

Ali Soumana n’est pas un inconnu. Ce journaliste d’investigation, connu pour ses enquêtes courageuses, a déjà été la cible des autorités par le passé. Cette fois, son article, publié le 28 août 2025, a visiblement touché un nerf sensible. En effet, en pointant du doigt un réseau présumé de trafic de cigarettes impliquant de hauts responsables, il a mis en lumière ce que beaucoup soupçonnent depuis longtemps : une corruption endémique au sein des institutions.

Toutefois, au lieu d’enquêter sur ces allégations graves, les autorités ont choisi de s’attaquer au messager. Dimanche matin, à 6 heures, Ali Soumana a été arrêté à son domicile, interrogé par la police judiciaire (PJ), puis présenté au parquet. Quelques heures plus tard, un juge d’instruction l’a envoyé directement en détention, sous mandat de dépôt, à la prison de Say. Une décision aussi rapide que troublante.

 

Un lourd précédent et des questions sur la loi de 2010

 

Figurez-vous que le Niger n’en est pas à sa première utilisation de méthodes musclées pour faire taire les journalistes. En 2017, les autorités ont emprisonné Ali Soumana après qu’il a publié des documents judiciaires liés à une affaire opposant l’État à une entreprise libanaise. En 2020, elles l’ont de nouveau arrêté pour avoir dénoncé un scandale de corruption au ministère de la Défense, impliquant 76 milliards de francs CFA.

À l’époque, elles l’avaient accusé d' »obtention frauduleuse de documents », une charge dénoncée comme une violation flagrante de la loi nigérienne sur la presse qui interdit les peines de prison pour les délits de presse. Face à la situation, des organisations de défense des droits des journalistes ont fait pression pour sa libération.

Pourtant, huit ans plus tard, l’histoire se répète. Cette nouvelle arrestation s’appuie sur une plainte vague des autorités, qui semblent une fois encore contourner la loi de 2010 protégeant les journalistes. En invoquant des accusations floues, le pouvoir cherche-t-il à intimider ceux qui osent poser les questions qui dérangent ?

Un scandale qui pourrait coûter des milliards à l’État

 

Le scandale de trafic de cigarettes, au cœur de cette affaire, n’est pas anodin. Les agents des Douanes, censés réguler et contrôler les flux commerciaux, ferment les yeux sur un commerce illégal lucratif, potentiellement orchestré avec la complicité de figures politiques de haut rang. Dans ce contexte, en citant le Premier ministre Lamine Zeine, un ancien ministre des Finances, l’article de Le Courrier a jeté une lumière crue sur des pratiques qui pourraient coûter des milliards de francs CFA à l’État. Cependant, au lieu de répondre par la transparence ou une enquête indépendante, le gouvernement préfère museler la presse.

 

Le prix de la vérité : jusqu’où ira la répression ?

 

L’emprisonnement d’Ali Soumana est une insulte à la démocratie nigérienne. Dans un pays où la presse est déjà sous pression et où les journalistes risquent leur liberté pour révéler la vérité, les autorités envoient un message clair en l’incarcérant : taisez-vous, ou vous subirez le même sort. Pourtant, le rôle d’un journaliste est précisément de poser les questions difficiles, de révéler les abus de pouvoir et de défendre l’intérêt public. En emprisonnant Soumana, les autorités ne protègent pas l’État ; elles protègent leurs propres intérêts, au mépris des principes fondamentaux de la liberté d’expression.

 

L’avenir du journalisme d’investigation au Niger en jeu : un appel à la mobilisation pour Ali Soumana

 

La communauté internationale et les organisations de défense de la presse doivent se mobiliser, car leur silence serait complice. Les citoyens nigériens, eux aussi, doivent se lever pour défendre un journalisme libre, sans lequel la corruption continuera de gangréner le pays. Si le journalisme d’investigation est passible de prison, qui osera encore dénoncer les abus de pouvoir et les scandales financiers? Et à quel prix ?

 

Niger : Transparency International tire la sonnette d’alarme

Pouvoir judiciaire en péril : Transparency International alerte sur une dérive institutionnelle au Niger

 

Dans un communiqué empreint de gravité, Transparency International (TI) section Niger a lancé un cri d’alarme ce vendredi. L’ONG prévient : le socle judiciaire du pays est sur le point de vaciller. Une ordonnance controversée, adoptée dans le cadre de la « Refondation », menace ouvertement l’indépendance des magistrats et, par conséquent, l’équilibre démocratique du Niger.

L’organisation dénonce notamment l’ordonnance Nᵒ 2025-27, relative à la discipline des magistrats, qu’elle qualifie de « démantèlement du pouvoir judiciaire ». Selon TI-Niger, ce texte introduit des mécanismes de contrôle et de sanction qui fragilisent l’autonomie des juges et ouvrent la voie à des pressions politiques, une situation incompatible avec les principes de la séparation des pouvoirs.

 

Une « refondation » qui fragilise les contre-pouvoirs

 

Bien que présentée comme une réforme institutionnelle, cette ordonnance, qui s’inscrit dans le processus de « Refondation » engagé par les autorités nigériennes, soulève une question fondamentale. Pour les défenseurs des droits et les observateurs internationaux : peut-on refonder une démocratie en affaiblissant ses contre-pouvoirs ?

Transparency International/Niger ne se contente pas de dénoncer. L’organisation exige l’abrogation immédiate du texte et appelle à une mobilisation internationale. Elle exhorte ainsi les partenaires techniques et financiers, les organismes de défense des droits humains, ainsi que les institutions régionales et internationales à se positionner pour préserver l’État de droit.

 

Le spectre d’une justice sous surveillance politique

 

Au cœur de la controverse, il y a la crainte d’une instrumentalisation du pouvoir disciplinaire sur les magistrats. Dans un contexte où les équilibres institutionnels sont déjà fragiles, cette mesure pourrait dissuader les juges de statuer en toute indépendance, notamment sur les affaires sensibles impliquant des acteurs politiques.

Pour TI-Niger, il ne s’agit pas seulement d’un débat juridique, mais d’un enjeu démocratique majeur. Il s’agit de garantir que la justice reste un rempart contre l’arbitraire, un espace de recours pour les citoyens et un pilier de la confiance publique.

 

Transparency International  lance un appel à la solidarité régionale et internationale

 

L’ONG insiste sur la nécessité d’une veille citoyenne et diplomatique. Elle interpelle les partenaires du Niger, notamment ceux engagés dans le soutien institutionnel et la coopération judiciaire, en leur demandant de conditionner leur appui au respect des principes fondamentaux de l’État de droit.

Dans un contexte sahélien marqué par des tensions politiques et des transitions fragiles, le cas du Niger pourrait faire jurisprudence. Laisser affaiblir la justice dans un pays, c’est prendre le risque de fragiliser l’ensemble du tissu démocratique de la région.

 

Dès lors, défendre l’indépendance de la justice devient-il un acte de souveraineté citoyenne ? Au Niger, la question n’est plus technique, elle est existentielle. Face à une ordonnance qui redéfinit les équilibres institutionnels, la mobilisation doit être collective, transnationale et résolue. Car sans justice libre, c’est la voix du peuple qui s’éteint. Le défi est lancé : le Niger est-il prêt à défendre l’État de droit contre l’arbitraire ?

Niamey : Un juge sanctionné après un verdict controversé

Niger : réaffectation d’un juge après la relaxation controversée de deux jeunes femmes

 

Niamey, 7 août 2025 Une décision judiciaire qui a suscité l’émoi au Niger continue de faire des vagues. Le magistrat ayant prononcé, le 29 juillet 2025, la relaxe de deux jeunes femmes poursuivies pour outrage public à la pudeur a été démis de ses fonctions de juge au tribunal de grande instance hors classe de Niamey (GIH/N). Selon des sources fiables, le Ministère de la Justice a réaffecté ce dernier à un poste administratif, une décision qui soulève de vives questions sur l’indépendance judiciaire.

 

Une réaffectation perçue comme une sanction déguisée

 

Par une décision du ministre de la Justice, le magistrat concerné a été retiré de ses fonctions de juge de siège pour rejoindre l’administration centrale du ministère. Cette mutation intervient quelques jours seulement après son verdict dans une affaire ayant captivé l’attention du public nigérien. La réaffectation, perçue par certains comme une sanction déguisée, fait suite à la relaxe de deux jeunes femmes accusées d’outrage public à la pudeur, un dossier qui avait provoqué un vif débat dans l’opinion publique.

 

Un verdict qui a divisé l’opinion publique

 

Le 29 juillet dernier, le juge avait estimé que les faits reprochés aux deux accusées ne constituaient pas un outrage public à la pudeur, prononçant ainsi un non-lieu en leur faveur. Cette décision, rendue au tribunal GIH/N, allait à l’encontre des réquisitions du procureur, qui avait requis une peine de trois ans d’emprisonnement ferme. En optant pour la relaxe, le magistrat a jugé que les éléments du dossier ne justifiaient pas une condamnation, une position qui a suscité des réactions contrastées, entre approbation et indignation.

 

L’affaire qui a enflammé le débat sur les libertés individuelles

 

L’affaire des deux jeunes femmes, qualifiées de « lesbiennes » dans les médias et les discussions publiques, a largement défrayé la chronique au Niger. Les accusations d’outrage public à la pudeur ont alimenté des débats passionnés sur les questions de mœurs, de libertés individuelles et de justice. Certains ont vu la relaxe prononcée par le juge comme un acte de courage face aux pressions sociétales, tandis que d’autres y ont vu une décision controversée dans un contexte culturel sensible.

 

Le juge mis à l’écart : un tournant pour l’indépendance de la justice ?

 

La réaffectation du juge à un poste administratif marque un tournant dans sa carrière. Désormais éloigné des prétoires, il intégrera les services du Ministère de la Justice, où ses nouvelles fonctions restent à préciser. Cette mutation, bien que conforme aux prérogatives du ministre, interroge sur les motivations sous-jacentes et leurs implications pour l’indépendance du pouvoir judiciaire au Niger.

 

La justice nigérienne face à ses responsabilités

 

En somme, cette affaire dépasse le simple cas des deux jeunes femmes et de la carrière d’un juge. Elle soulève des questions fondamentales sur le fonctionnement de la justice nigérienne face à la pression sociale et politique. Bien que la décision ministérielle de réaffecter le magistrat soit légale, l’ensemble du corps judiciaire la perçoit comme un avertissement. La question est désormais de savoir si cette affaire fera jurisprudence en matière d’indépendance de la justice, et comment le Niger conciliera l’indépendance de ses juges avec les sensibilités culturelles et les attentes de l’opinion publique, tout en garantissant une justice équitable pour tous ?

Niger : requête rejetée pour Moussa Tchangari, la société civile s’inquiète

Coup de théâtre judiciaire à Niamey : la justice nigérienne maintient la pression sur Moussa Tchangari

Niamey, 4 juillet 2025 – Un coup sec de marteau a scellé le sort de Moussa Tchangari ce vendredi à la Cour d’Appel de Niamey. En effet, la Chambre de contrôle de l’instruction, chargée des affaires liées au terrorisme et à la criminalité transnationale, a rejeté sa requête en nullité de procédure. Une décision lourde de sens pour ce militant infatigable des droits humains, arrêté le 3 décembre 2024, devenu un symbole de la contestation citoyenne dans un Niger sous tension.

Affaire Tchangari : Une justice sous tension

Président de l’ONG Alternative Espaces Citoyens, Tchangari cristallise depuis des années les aspirations d’une société civile en quête de gouvernance éthique. Sa détention, survenue dans un contexte politique crispé, a été dénoncée comme une dérive liberticide par les défenseurs des droits fondamentaux. Les accusations restent floues, mais le contexte est clair : la liberté d’expression subit un assaut.

Face à une procédure jugée entachée d’irrégularités, ses avocats avaient déposé une requête pour annuler l’enquête. Verdict : irrecevable. La décision, rendue sans détour ce 4 juillet, ouvre la voie à la poursuite de la procédure judiciaire – et confirme ainsi un climat de répression croissante.

Un climat de verrouillage

Depuis l’arrivée au pouvoir du général Tiani, les signaux d’alerte s’accumulent. Réforme controversée de la loi sur la cybercriminalité, restriction des libertés publiques, multiplication des arrestations ciblées : l’affaire Tchangari s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle du discours public.

La Chambre de contrôle, censée lutter contre les menaces sécuritaires, s’érige de plus en plus en instrument de répression à l’encontre de figures critiques. Tchangari, connu pour sa parole franche et ses prises de position sur les dérives autoritaires, devient l’un des visages emblématiques d’une société civile sous étau.

Une onde de choc symbolique

Pour beaucoup, Tchangari incarne une voix que le régime tente de bâillonner. À travers son ONG, il s’est battu pour les exclus, la justice sociale et la transparence politique. Sa marginalisation judiciaire est interprétée comme un avertissement : critiquer le pouvoir peut désormais coûter cher. « Si lui peut tomber, aucun d’entre nous n’est à l’abri », confie un défenseur des droits humains, sous anonymat.

Les réactions ne se sont pas fait attendre : mobilisations locales, communiqués d’ONG internationales, appels à la vigilance. Amnesty International, entre autres, a exprimé sa préoccupation face à un usage politique de la justice qui menace les fondements même de l’État de droit.

Affaire Tchangari : Un combat qui ne fait que commencer

Ce rejet de procédure est un revers, mais il ne clôt pas l’affaire. Les avocats de Tchangari promettent de contester, tandis que ses soutiens appellent à une veille citoyenne renforcée. Dans leur communiqué, les membres d’Alternative Espaces Citoyens martèlent : « La justice ne doit jamais devenir une arme contre ceux qui la défendent. »

Dans une société où la liberté de parole est de plus en plus comprimée, l’affaire Tchangari dépasse le simple cadre judiciaire. Elle interroge les valeurs fondamentales sur lesquelles repose la stabilité démocratique. Le Niger, à la croisée des chemins, devra choisir : gouverner par la peur ou par le droit.

 

Niger : La loi sur la cybercriminalité menace gravement la liberté d’expression

Au Niger, une loi sur la cybercriminalité fait trembler les libertés fondamentales : Une menace grandissante au cœur du Sahel

Dans un Niger déjà secoué par des crises politiques et sécuritaires, une nouvelle ombre plane sur la liberté d’expression. En effet, une loi sur la cybercriminalité, renforcée en juin 2024, suscite une levée de boucliers parmi les défenseurs des droits humains et les professionnels du droit. L’Association des jeunes avocats du Niger (AJAN) tire la sonnette d’alarme, dénonçant un texte qui, loin de protéger, risque d’étouffer les voix critiques dans un pays où elles sont déjà fragiles.

Une nouvelle loi  : Un virage répressif inattendu

Adoptée en 2019 pour répondre aux défis du numérique, cette loi avait initialement été perçue comme un outil moderne de régulation. Cependant, sa version amendée, entrée en vigueur le 7 juin 2024, a pris une tournure bien plus sombre. Elle réintroduit des peines de prison pouvant atteindre cinq ans pour des infractions en ligne, comme la publication de contenus jugés « troublants pour l’ordre public » ou « attentatoires à la dignité humaine », des termes si flous qu’ils laissent la porte ouverte à toutes les interprétations. Fait troublant : même des informations vérifiées peuvent désormais conduire leurs auteurs derrière les barreaux.

Ce durcissement marque un retour en arrière brutal. Pourtant, en 2022, le Niger avait opté pour une approche plus clémente, troquant les peines de prison contre des amendes. Un progrès salué à l’époque comme un pas vers le respect des normes internationales. Mais ce revirement soudain, dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques, soulève des questions sur les véritables intentions du gouvernement.

Une mobilisation juridique et internationale

L’AJAN n’a pas tardé à réagir. Réunie en urgence le 2 juillet 2025, l’association a publié une déclaration cinglante, qualifiant cette réforme de « recul criard des libertés fondamentales ». Pour ces jeunes avocats, le danger réside dans l’ambiguïté du texte, qui pourrait devenir une arme pour museler la presse, les militants et les citoyens ordinaires. « Ce développement marque une régression significative des libertés d’expression, de la presse et d’opinion », martèle l’AJAN, appelant à une révision urgente pour aligner la loi sur les engagements internationaux du Niger, notamment ceux inscrits dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Le tollé dépasse les frontières. En effet, dès juin 2024, Reporters sans frontières (RSF) avait mis en garde contre les dérives potentielles de cette législation. Selon l’organisation, ses contours imprécis en font un outil idéal pour « emprisonner et censurer les journalistes exerçant en ligne ». Une crainte d’autant plus légitime que le Niger, classé 61e sur 180 dans l’Indice mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF, offre un terrain déjà hostile aux médias.

La nouvelle loi  : Un climat de peur pour les voix dissidentes

Les implications de cette loi vont bien au-delà des cercles militants ou journalistiques. Dans un pays où les réseaux sociaux sont devenus un espace vital pour le débat public, elle menace de réduire au silence quiconque oserait défier le pouvoir. Le spectre de la prison plane désormais sur chaque publication, chaque commentaire, chaque cri numérique. Pour les journalistes, déjà confrontés à des pressions et des intimidations, ce texte pourrait sonner le glas d’une liberté d’expression déjà chancelante.

Le contexte politique n’arrange rien. Depuis l’avènement du général Abdourahamane Tiani à la tête du pays, les promesses de retour à la démocratie peinent à convaincre. Cette loi, perçue comme un outil de contrôle, contredit les discours officiels et alimente les soupçons d’une dérive autoritaire. L’AJAN le rappelle avec force : même en « période d’exception », les droits humains ne sauraient être sacrifiés.

Un appel à la vigilance

Face à cette offensive contre les libertés numériques, l’AJAN ne se contente pas de critiquer : elle agit. Son appel à réformer la loi est un cri pour préserver un avenir où la parole reste libre, où la vérité ne soit pas un crime. Car au Niger, comme ailleurs, le numérique est plus qu’un outil : c’est un champ de bataille pour la démocratie.

Alors que le pays cherche à se relever de ses tumultes, cette législation pose une question cruciale : la stabilité peut-elle se construire sur le silence imposé ? Pour l’AJAN et ses alliés, la réponse est claire : une nation forte est une nation qui écoute, pas une nation qui bâillonne. Le combat pour les libertés fondamentales au Niger ne fait que commencer, et il résonne comme un avertissement pour toute la région.

Niger : L’Étau se resserre sur les journalistes de Sahara FM, transférés à Niamey

Médias en danger au Niger : des journalistes d’Agadez envoyés à Niamey, l’ombre de la censure plane

Niamey, 14 mai 2025 — Un vent d’inquiétude a balayé le paysage médiatique nigérien. Ainsi, ce matin, trois journalistes de la radio privée Sahara FM, pilier de l’information dans le nord désertique du pays, ont été transférés d’Agadez à Niamey, la capitale, après une semaine d’une détention controversée. Hamid Mahmoud, Mahaman Sani et Massaouda Jaharou, figures respectées de la station, se retrouvent au cœur d’une tempête judiciaire. Leur seul tort apparent ? Avoir relayé une information sensible : une prétendue rupture des accords de coopération sécuritaire entre le Niger et la Russie. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de fragilité démocratique, cette affaire soulève des questions brûlantes sur la liberté de la presse sous le régime militaire en place depuis le coup d’État de juillet 2023.

Arrestation des journalistes : la chronologie troublante de l’affaire Sahara FM

Comment en est-on arrivé là ? L’histoire de leur détention, aux contours pour le moins troublants, commence le 7 mai, lorsque Sahara FM, basée à Agadez et membre du groupe Aïr Info, diffuse un reportage inspiré d’un article de l’organe français LSI Africa. Ce dernier évoquait une fin abrupte des partenariats en renseignement militaire entre le Niger, la Russie et la Turquie, ainsi que l’annulation d’un contrat avec une firme marocaine soupçonnée de liens avec des intérêts occidentaux.

Cette information, jugée explosive dans un pays en pleine réorientation stratégique, a provoqué une réaction immédiate des autorités. Celles-ci ont interpellé les trois journalistes entre le 7 et le 8 mai, les plaçant en garde à vue à la gendarmerie d’Agadez. Libérés le 9 mai sans charges après leur comparution devant un juge, leur soulagement fut bref. Dans la nuit du 9 au 10 mai, les autorités les ont arrêtés à nouveau, appréhendant Massaouda Jaharou à 1 heure du matin, puis ses collègues à l’aube.

Ce mercredi 14 mai, l’annonce de leur transfert à Niamey, sous escorte de gendarmes, a jeté une ombre supplémentaire sur leur sort. Selon Aïr Info, les autorités n’ont précisé aucune charge, semant un flou inquiétant. La direction de Sahara FM rapporte que les interrogatoires ont porté sur les motivations de la diffusion du reportage, certains enquêteurs allant jusqu’à insinuer que des tiers auraient payé les journalistes pour propager ces informations. Une accusation grave, mais sans fondement public à ce jour, et cette situation alimente les craintes d’une instrumentalisation de la justice pour museler la presse.

Pivot russe, crispation autoritaire : la liberté de la presse sous haute tension au Niger

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de pressions croissantes sur la presse au Niger, marqué par le régime militaire. Depuis l’arrivée en 2023, du général Abdourahamane Tiani au pouvoir, le Niger navigue dans des eaux troubles. Le Niger a rompu avec ses anciens alliés occidentaux, notamment la France, et s’est tourné vers la Russie, accueillant des instructeurs militaires et des mercenaires du groupe Wagner pour contrer les menaces jihadistes dans le Sahel. Ce pivot géopolitique, salué par certains comme un acte de souveraineté, s’accompagne d’une crispation autoritaire. La liberté de la presse, déjà fragile, subit des assauts répétés. En 2024, le Niger a chuté de 19 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières, passant au 80ᵉ rang, un recul attribué aux suspensions de médias et aux arrestations de journalistes.

Sahara FM, créée en 2003 et l’une des voix les plus influentes du nord nigérien, n’en est d’ailleurs pas à son premier bras de fer avec le pouvoir. En 2008, sous le régime de Mamadou Tandja, la station avait été fermée pour avoir relayé des témoignages de victimes d’abus militaires. Sa résilience, portée par des figures comme Ibrahim Manzo Diallo, directeur d’Aïr Info, en fait une cible récurrente pour les autorités. Cette nouvelle affaire emblématique, dénoncée par la Media Foundation for West Africa (MFWA) comme une « atteinte grave à la liberté de la presse », illustre un climat dans lequel le journalisme indépendant est perçu comme une menace.

L’alerte médiatique : solidarité et résistance face à la répression des journalistes

L’écho de ce transfert a résonné bien au-delà d’Agadez, mettant en alerte la communauté médiatique. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour exiger la libération des trois journalistes. « La vérité ne peut être enchaînée », proclame un journaliste sous couvert d’anonymat, tandis que d’autres appellent la communauté internationale à intervenir. De son côté, la MFWA, dans un communiqué cinglant, a condamné la « nouvelle arrestation » des journalistes malgré une décision judiciaire en leur faveur, y voyant une tentative d’intimidation liée aux tensions diplomatiques avec l’Occident. Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), qui suit de près les exactions contre les médias nigériens, pourrait amplifier cette mobilisation internationale.

Dans les locaux de Sahara FM, l’ambiance oscille entre détermination et appréhension. « Nous ne faisons que notre travail : informer », a déclaré un membre de la rédaction, sous couvert d’anonymat. Pourtant, ce travail, essentiel dans une région gangrénée par l’insécurité et les trafics, expose les journalistes à des risques croissants. À Agadez, carrefour migratoire et zone de tensions ethniques, Sahara FM joue un rôle crucial en donnant la parole aux communautés, une mission que les autorités semblent vouloir entraver.

Niger à un carrefour : L’avenir de la liberté d’expression en question

Cette affaire, au-delà du sort des trois journalistes, pose une question fondamentale : le Niger peut-il concilier ses aspirations souverainistes avec le respect des libertés fondamentales ? Alors que le pays s’efforce de stabiliser son nord face aux menaces d’Al-Qaïda et de l’État islamique, la répression des voix critiques risque de fragiliser davantage la cohésion sociale. Le transfert de Hamid Mahmoud, Mahaman Sani et Massaouda Jaharou à Niamey, loin de leurs familles et de leur base, apparaît comme une tentative de les isoler, mais il pourrait paradoxalement amplifier leur cause et l’attention portée à la situation.

En somme, le Niger se trouve à un carrefour. La communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les citoyens nigériens observent avec attention. La libération des trois journalistes de Sahara FM serait un signal fort que le pays, malgré ses défis, reste attaché à la liberté d’expression. Dans l’attente, leurs micros restent muets, mais leur courage résonne, défiant le silence imposé.

Niger : une nouvelle ère dans la lutte contre la drogue avec la CNCLD

Niger : un nouveau front contre la drogue, lancement de la CNCLD pour coordonner la lutte vitale

Niamey, 6 avril 2025 — Niamey a vibré d’un élan résolu contre un fléau qui ronge en silence : la drogue. Dans une cérémonie empreinte de gravité, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, M. Alio Daouda, a présidé l’installation officielle de la Commission Nationale de Coordination de la Lutte Contre la Drogue (CNCLD). Ce nouvel organe, pivot stratégique, marque un tournant dans la croisade du Niger contre un mal qui menace la santé, la sécurité et les fondations mêmes de la société.

Face à un ennemi insidieux : le constat et l’arsenal juridique du Niger

« La drogue est un fléau complexe, multiforme et profondément destructeur », a martelé M. Alio Daouda, dressant un tableau sans complaisance de ses ravages. Au-delà des corps qu’elle empoisonne, elle alimente la criminalité organisée, fragilise l’économie et érode les institutions. Conscient de cette menace, le Niger s’appuie sur un arsenal juridique robuste, à l’image de l’ordonnance n°99-42 de 1999, qui réprime le trafic et l’usage de stupéfiants. Mais le ministre va plus loin, rappelant l’adhésion du pays aux conventions internationales des Nations Unies – de 1961, 1971 et 1988 – qui tissent un filet mondial contre ce commerce illicite. La CNCLD s’inscrit dans cette dynamique, conçue comme un rempart pour coordonner, analyser et agir avec précision.

La CNCLD : un cerveau pour la lutte, entre stratégie transversale et partenariats essentiels

Investie de responsabilités cruciales, la CNCLD se veut le cerveau de la lutte antidrogue nigérienne. Elle pilotera les politiques sectorielles, collectera des données fiables pour éclairer les décisions et tissera des partenariats internationaux, notamment avec l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). « Vous êtes les architectes d’une gouvernance cohérente et efficace », a déclaré le ministre aux membres de la commission, les exhortant à s’inspirer des principes onusiens : respect des droits humains, protection des plus vulnérables et réduction des risques. Cette approche, ancrée dans la prévention, est jugée par la Déclaration de Politique des Stupéfiants de l’ONU comme « la plus rentable, humaine et efficace à long terme ».

En plus, le ministre a insisté sur l’importance d’une stratégie transversale, où l’éducation et la santé jouent un rôle central. Sensibiliser les jeunes dans les écoles, renforcer les campagnes de santé publique, mobiliser les communautés : tels sont les leviers pour couper l’herbe sous le pied de ce fléau. Cette vision fait écho aux récents efforts régionaux, comme la visite en novembre 2024 d’une délégation nigérienne à l’Observatoire des Communautés Sahéliennes (OCS) pour renforcer la coopération au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Une volonté unie face à l’urgence : la Commission prête à planifier l’action

M. Maï Moussa Elhaji Basshir, président de la CNCLD, a salué une « étape majeure » dans la planification de cette lutte. Regroupant des représentants de ministères clés – santé, éducation, sécurité –, la commission incarne une approche collaborative, essentielle face à un problème qui transcende les secteurs. « Notre réussite dépendra de notre capacité à unir nos forces », a-t-il affirmé, soulignant l’urgence d’agir dans un pays où le trafic, notamment dans le nord, alimente violences et instabilité.

Un signal fort pour la résilience : l’outil dont le Niger avait besoin face au fléau

L’installation de la CNCLD n’est pas un simple acte administratif ; elle est un signal fort. Dans un contexte où le Niger fait face à des défis sécuritaires et économiques, cette commission symbolise la volonté de protéger la jeunesse et de préserver l’avenir. Les récents rapports de l’ONUDC soulignent que l’Afrique de l’Ouest reste une plaque tournante du trafic de stupéfiants, avec des saisies record de cocaïne et de tramadol en 2024. Face à cette réalité, le Niger se dote d’un outil pour riposter, tout en s’appuyant sur des partenariats internationaux et régionaux.

En concluant la cérémonie, M. Alio Daouda a lancé un appel vibrant : « Vous avez l’obligation de réussir. » À la CNCLD, désormais, de transformer cet élan en actions concrètes, pour que le Niger, terre de résilience, triomphe d’un ennemi qui n’a que trop prospéré dans l’ombre. Sur les rives du fleuve Niger, un nouveau front s’ouvre, porté par l’espoir d’une nation plus forte.

Arlit contre Orano : l’héritage toxique en justice

Arlit face à son héritage toxique : la société civile lance l’offensive judiciaire

Dans le désert brûlant d’Arlit, au nord du Niger, une tempête judiciaire se profile. Le 1ᵉʳ mai 2025, la Coordination de la société civile d’Arlit et la Synergie des organisations de la société civile ont saisi le tribunal de grande instance pour assigner en référé la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK), filiale du géant français Orano. Ce n’est pas une simple querelle administrative : c’est un cri d’alarme face à l’abandon d’un site minier dont les 20 millions de tonnes de résidus radioactifs, laissés à la merci des vents sahariens, menacent la santé des habitants et l’équilibre d’un écosystème déjà fragilisé. De fait, alors que l’audience est fixée au 9 mai, ce bras de fer révèle les cicatrices d’une exploitation uranifère qui a enrichi des puissances étrangères tout en léguant à Arlit un fardeau environnemental et social.

Arrêt brutal, avenir brisé : les vies sacrifiées de l’uranium

COMINAK, qui a extrait 75 000 tonnes d’uranium depuis 1978, a cessé sa production en mars 2021, invoquant l’épuisement des gisements. Promettant une réhabilitation exemplaire sur dix ans, pour un coût de 125 milliards de FCFA (environ 190 millions d’euros), l’entreprise s’était engagée à sécuriser les résidus radioactifs et à restaurer le site. Or, en janvier 2025, tout s’est arrêté. Arguant d’« ingérences illégitimes » et d’un manque de dialogue avec l’État nigérien, COMINAK a rompu ses contrats avec les sous-traitants, précipitant 500 travailleurs dans le chômage sans indemnités. Par ailleurs, une cinquantaine d’agents en contrat direct suivront, licenciés pour « raisons économiques » à partir du 30 avril. Dans une région où l’emploi est une denrée rare, cette décision est un coup de massue, transformant des familles en otages d’une transition avortée.

Face à cette situation, la société civile, fer de lance de la résistance, ne décolère pas. « COMINAK se lave les mains de ses responsabilités, laissant les travailleurs et la terre empoisonnée derrière elle », tonne un représentant de la Coordination d’Arlit. C’est pourquoi les plaignants exigent l’annulation des licenciements et la reprise immédiate des travaux, arguant que l’arrêt des opérations viole les engagements pris envers les communautés locales et les normes internationales.

L’ombre radioactive plane sur Arlit : 20 millions de tonnes, une menace à ciel ouvert

Au-delà des drames humains, c’est l’ombre d’une catastrophe écologique qui plane. Les 20 millions de tonnes de résidus radioactifs, entassés sur 120 hectares, dégagent des poussières et du radon, un gaz cancérigène. Sans confinement, de ce fait, ces déchets menacent les nappes phréatiques, vitales pour les 200 000 habitants d’Arlit et d’Akokan. En effet, des études de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) ont révélé dès 2007 des niveaux de radiation jusqu’à 100 fois supérieurs à la normale dans les rues d’Akokan, où des matériaux radioactifs issus de la mine ont été utilisés pour des constructions. En 2023, la CRIIRAD alertait sur la contamination des eaux souterraines, qualifiant la situation d’« épée de Damoclès » pour l’approvisionnement en eau potable.

Pourtant, le plan de réhabilitation, qui prévoyait un sarcophage d’argile et de grès pour sceller les résidus, est aujourd’hui au point mort. « Les vents du désert ne respectent pas les promesses d’Orano », ironise Rahmar Ilatoufegh, de l’ONG Aghir In’man. Ainsi, les 2 600 prélèvements annuels et 17 stations de contrôle vantés par COMINAK peinent à rassurer une population exposée depuis des décennies à des risques invisibles. L’Observatoire de la santé de la région d’Agadez (OSRA) a recensé, sur 2 000 consultations, une dizaine de cas de cancers et de silicoses potentiellement liés à la radioactivité, bien que les liens de causalité restent contestés par l’entreprise.

Orano acculé : le géant français face à la colère d’une ville et aux tensions politiques

COMINAK, détenue à 59 % par Orano, 31 % par la Sopamin nigérienne et 10 % par l’espagnole Enusa, se retrouve dans une position inconfortable. Orano, anciennement Areva, clame son attachement à une « fermeture responsable », mais ses déclarations sonnent creux face aux accusations de la société civile. Dans ce contexte tendu, la suspension des travaux coïncide avec des tensions diplomatiques entre le Niger et la France, exacerbées par la révocation, en juin 2023, du permis d’exploitation d’Orano pour la mine d’Imouraren. De plus, le régime militaire nigérien, au pouvoir depuis le coup d’État de 2023, conteste les décisions unilatérales d’Orano, réclamant plus de contrôle sur ses ressources.

La société civile, elle, ne se contente plus de promesses. En saisissant le tribunal d’Arlit, elle pose une question fondamentale : qui paiera pour les décennies d’exploitation qui ont alimenté les réacteurs français tout en semant des graines toxiques dans le désert nigérien ? L’audience du 9 mai sera un test pour la justice locale, dans un pays où les pressions économiques et internationales pèsent lourd.

Au-delà du procès : le combat d’Arlit pour sa dignité et son avenir

Ce recours en justice n’est pas qu’un combat procédural ; c’est un acte de défiance face à un modèle extractiviste qui a trop longtemps ignoré les voix d’Arlit. Les plaignants, soutenus par des ONG comme Aghir In’man, exigent non seulement la reprise des travaux, mais aussi une transparence accrue et une indemnisation équitable pour les travailleurs. En d’autres termes, ils rêvent d’un avenir dans lequel le sous-sol nigérien, au lieu d’être une malédiction, deviendrait une source de développement durable.

En attendant, le désert d’Arlit retient son souffle. Les monticules radioactifs, tels des sentinelles menaçantes, rappellent que le passé minier ne s’efface pas d’un trait de plume. Le 9 mai, le tribunal d’Arlit aura l’occasion de rendre justice, non seulement aux travailleurs licenciés, mais aussi à une terre et à un peuple qui refusent de devenir les oubliés d’une industrie en quête d’absolution.

Nyamsi chez Tiani : quand la justice devient une cause continentale

Hier mercredi 9 avril, le palais présidentiel de Niamey s’est paré d’une solennité particulière : le Général d’armée Abdourahamane Tiani, Président de la République du Niger, y a accueilli avec égards le Dr Franklin Nyamsi, éminent président de l’Institut de l’Afrique des Libertés, sis à Bamako. De fait, cette entrevue, loin d’être un simple échange protocolaire, s’est érigée en un jalon significatif pour la quête de justice et la consolidation d’une solidarité panafricaine face aux défis qui éprouvent le continent.

Affaire Banga : Dr Franklin Nyamsi vient éclairer la tragédie à l’Ambassade de France à Niamey

Le motif premier de ce déplacement, comme l’a révélé Dr Nyamsi aux plumes et aux ondes de la presse, réside dans une affaire d’une gravité poignante. « Notre équipe s’est résolue à faire cortège jusqu’ici pour éclairer d’un nouveau jour une injustice criante », a-t-il proclamé. Il s’agit de l’affaire Moustapha Banga, un frère d’Afrique fauché en septembre 2023 dans des circonstances jugées « absolument abominables » au sein de l’ambassade de France à Niamey.

Dans cette optique, un procès, porté par la veuve et la famille de la victime ainsi que par l’État nigérien, a été confié aux soins juridiques de l’Institut de l’Afrique des Libertés. Ainsi, ce combat, loin de se circonscrire à une vengeance, aspire à faire jaillir la vérité et à rendre à la mémoire de Moustapha Banga l’honneur qu’elle mérite. Par conséquent, cette délégation ne s’est pas contentée de franchir des frontières géographiques : elle a bravé les silences pour que justice advienne.

Nyamsi à Niamey : le Niger, « notre propre demeure » dans l’élan panafricain

Au-delà de cette cause, Dr Nyamsi a tenu à réaffirmer une appartenance viscérale à la terre nigérienne. « Fouler le sol du Niger, c’est pour nous fouler notre propre demeure », a-t-il professé, une sentence qui exhale l’essence même du panafricanisme. De ce fait, cette visite se mue en une offrande de cœur, un gage de soutien indéfectible aux populations africaines, dont les aspirations à la dignité et à la souveraineté résonnent avec force. En présence de figures éminentes telles que le Colonel Major Abdourahamane Amadou, Ministre de la Jeunesse, de la culture, des arts et des sports, ou encore le Procureur de la République, M. Ousmane Baydo, l’audience a revêtu une stature officielle, soulignant l’importance accordée par les autorités nigériennes à cet engagement partagé.

Appel vibrant à l’union des

 intellectuels africains derrière l’AES

L’écho de cette rencontre ne s’est pas éteint aux portes du palais. En effet, Dr Nyamsi a lancé une exhortation vibrante, conviant les esprits éclairés du Niger, du continent et de sa diaspora à se joindre à une croisade plus vaste. « Que les intellectuels africains convergent vers cette lutte d’émancipation, portée avec une ardeur exemplaire par le Général Tiani, ainsi que par Assimi Goïta au Mali et Ibrahim Traoré au Burkina Faso », a-t-il adjuré. Selon lui, ces trois figures, piliers de l’Alliance des États du Sahel (AES), incarnent une rupture avec les chaînes du passé et une promesse d’un avenir affranchi. Ainsi, cet appel ne vise pas seulement à fédérer des voix : il cherche à ériger un rempart de pensée et d’action contre les vestiges de l’oppression.

Niamey-Bamako : un front commun pour la justice et la liberté africaines

La rencontre entre le Général Tiani et le Dr Nyamsi ne se résume pas à une parenthèse diplomatique. Au contraire, elle s’élève comme un phare, illuminant les chemins tortueux de la vérité et de la solidarité africaines. Du drame de Moustapha Banga à l’élan émancipateur qui traverse le Sahel, ce tête-à-tête pose les jalons d’un Niger résolu à défendre ses fils et à s’inscrire dans une dynamique continentale plus large. L’avenir dira si cet élan saura s’épanouir en actes concrets, mais déjà, il invite chacun à méditer sur le prix de la justice et le poids de l’unité.

Niger : la libération de figures politiques et militaires décryptée

Dans une décision aussi inattendue qu’éclairante, le gouvernement nigérien a proclamé, hier, mardi 1ᵉʳ avril, la libération d’un cortège de personnalités civiles et militaires, jusqu’alors retenues captives sous le poids d’accusations diverses. En effet, ce geste, rendu public par un communiqué officiel, s’inscrit dans le sillage des orientations édictées par le Général d’armée Abdourahamane Tiani, Président de la République et Chef de l’État, et fait écho aux résolutions adoptées lors des assises nationales des 19 et 20 février dernier. À travers cette mesure, le pouvoir semble tendre une main vers la réconciliation, tout en offrant une leçon de gouvernance à méditer.

Libération : une décision ancrée dans un dessein national

Par ailleurs, l’annonce de cette libération ne surgit pas ex nihilo. Elle puise sa légitimité dans un processus délibératif qui a vu les représentants de la nation, réunis en assises, formuler des recommandations visant à apaiser les tensions intestines. Parmi les bénéficiaires de cette clémence figurent des noms illustres : anciens ministres, officiers supérieurs de l’armée, sous-officiers, simples soldats et militants de formations politiques. Ces individus, pour la plupart enserrés dans des dossiers qualifiés de « politiques », retrouvent aujourd’hui la lumière après des mois, voire des années, d’incarcération.

Ce choix, loin d’être anodin, illustre une volonté d’aplanir les aspérités d’un passé récent marqué par des dissensions. Il s’agit là d’un acte dont la portée dépasse la simple mansuétude, pour s’inscrire dans une dynamique de reconstruction nationale.

Les visages de la liberté retrouvée

La liste des libérés, longue et diverse, témoigne de l’ampleur de cette mesure. Ont ainsi recouvré leur liberté : Salou Souleymane, Oumarou Issifi, Ousmane Hambali, Assane Chekaraou, Moussa Abdoulaye, Boubacar Garantche, Mahamadou Halidou, Issaka Hamadou, Boubacar Bagouma et Adamou Seyni. À leurs côtés, Djibo Hamadou, Sani Saley Gourouza, Seydou Badie, Salifou Kaka, Ibrahim Abdou, Hamani Oumarou, Hamani Mounkaila, Moussa Hamadou, Foumakoye Gado et Daouda Marthe rejoignent également le rang des affranchis.

La litanie se poursuit avec Mounkaila Malik, Ibrahim Mamane, Yahaya Moussa, Ibrahim Choukey Issoufou, Assoumane Toudou, Ahmed Tarfa, Aboubacar Ali, Ibrahim Djibo, Kalla Moutari et Jidoud. Mahadi Mocatr, Ahamdiu Salou, Boubakar Hassan, Ibrahim Garba, Ibrahim Yacoubou, Djirey Midou, Djafarou Harouna, Mamane Issoufou, Mohamed Ahmed et Boubacar Sabo achèvent ce tableau. Enfin, Alio Matani, Ali Jitaou, Mamane Moussa, Souleymane Issoufou, Issoufou Ibrahim, Oumarou Yacouba, Amadou Mahamadou, Abba Issoufou et Yacouba Mahamadou ferment cette cohorte de quarante-neuf âmes rendues à la vie civile.

Libération : une leçon de droit et de société

Au-delà des noms, cette libération invite à une réflexion plus profonde sur la nature des liens entre pouvoir et citoyens. Les affaires dites « politiques » qui ont conduit à ces détentions soulèvent des interrogations essentielles : où s’arrête la légitimité de l’État à restreindre les libertés, et où commence le devoir de clémence ? Le Général Tiani, en ordonnant cette mesure, semble répondre par un équilibre subtil, mêlant fermeté passée et magnanimité présente.

Pour le commun des Nigériens, cet événement offre également une occasion d’appréhender la fragilité des équilibres politiques. Les assises nationales, en posant les jalons de cette décision, rappellent que la voix collective peut infléchir le cours de la justice, transformant des geôles en portes ouvertes vers un avenir apaisé.

Un horizon de concorde

Loin de n’être qu’un épilogue à des mois de captivité, cette libération marque un jalon dans l’histoire récente du Niger. Elle incarne une promesse : celle d’un pays où les divergences, si âpres soient-elles, ne condamnent pas irrémédiablement à l’oubli derrière des barreaux. En restituant à ces quarante-neuf individus leur place parmi les leurs, le gouvernement nigérien ne se contente pas de clore un chapitre ; il en ouvre un nouveau, où la concorde pourrait, à force de volonté, supplanter les rancœurs. Ainsi, par ce geste, le Niger se donne à voir comme une nation capable de se réinventer, non dans la rupture, mais dans la continuité d’un dialogue renoué.

 

Niger : Le Ministre de la Justice tacle les magistrats laxistes face à la corruption

Niamey, 26 février 2025 – Dans une sortie fracassante datée du 20 février dernier, le ministre nigérien de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Alio Daouda, a jeté un pavé dans la mare en dénonçant avec vigueur le manque de rigueur des magistrats dans la lutte contre les détournements de fonds publics. Cette déclaration, qui résonne comme un cri d’alarme, met en lumière des enquêtes bâclées, des saisies non effectuées et des cautions dérisoires, autant de pratiques qui, selon lui, sapent les droits de l’État et fragilisent la crédibilité du système judiciaire nigérien.

Une critique sans détours sur la justice

Lors d’une intervention publique relayée par plusieurs médias locaux, Alio Daouda n’a pas mâché ses mots. Il a pointé du doigt ce qu’il considère comme des défaillances systémiques au sein de la magistrature, accusant certains juges de faire preuve d’une passivité inquiétante face à des affaires de corruption impliquant des fonds publics. « Les enquêtes sont souvent menées sans sérieux, les saisies ne sont pas ordonnées alors qu’elles devraient l’être, et les cautions fixées sont bien en deçà des montants détournés », a-t-il déploré, soulignant que ces manquements compromettent gravement la capacité de l’État à récupérer les sommes illicitement soustraites.
Cette prise de position intervient dans un contexte où le Niger, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Mali et du Burkina Faso, cherche à renforcer sa gouvernance et à redorer son image sur la scène régionale. Le ministre a insisté sur le fait que la lutte contre la corruption, érigée en priorité par les autorités actuelles, ne peut aboutir sans un appareil judiciaire efficace et irréprochable.

Une justice sous pression

Le Niger traverse une période charnière depuis l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) en juillet 2023. Alio Daouda, à la tête du ministère de la Justice depuis lors, a multiplié les initiatives pour réformer le secteur judiciaire, souvent critiqué pour sa lenteur et son manque d’indépendance. Dans des déclarations antérieures, il avait déjà évoqué la nécessité d’une « tolérance zéro » face à la corruption, une gangrène qui, selon lui, continue de ronger l’appareil étatique malgré les efforts engagés.
Les faits dénoncés par le ministre ne sont pas nouveaux. Des études menées bien avant les États généraux de la justice de 2012 avaient déjà mis en évidence l’ampleur de la corruption dans les milieux judiciaires nigériens. Cependant, l’actualité récente semble avoir exacerbé la situation, avec une multiplication des scandales impliquant des détournements de fonds publics. Alio Daouda a illustré son propos en rappelant que des magistrats, pour la première fois dans l’histoire du pays, ont été placés en détention pour des  indélicatesses, signe d’une volonté de faire le ménage en interne. Mais pour le ministre, ces mesures restent insuffisantes si les pratiques laxistes perdurent.

Des conséquences lourdes pour l’État

Les irrégularités pointées par le Garde des Sceaux ont des répercussions concrètes. En laissant des enquêtes inabouties ou en fixant des cautions symboliques, les magistrats permettent aux présumés coupables de rester en liberté et de conserver leurs avoirs, privant ainsi l’État de ressources cruciales. Dans un pays où les besoins en infrastructures, en éducation et en santé restent immenses, chaque franc détourné représente un manque à gagner pour les citoyens nigériens.
Le ministre a également déploré le « pacte secret » qui unit corrupteurs et corrompus, rendant les investigations d’autant plus complexes. « Tant que ce contrat de malveillance n’est pas brisé, il est difficile de démanteler les réseaux responsables de ces détournements », a-t-il expliqué, appelant à un renforcement des capacités des pôles spécialisés dans les crimes économiques et financiers.

Une croisade anti-corruption en marche ?

Depuis son arrivée à la tête du ministère, Alio Daouda a promis une « croisade » contre la corruption, un engagement qu’il réitère à chaque occasion. Parmi les mesures déjà prises, il cite la formation des magistrats, la sensibilisation aux obligations éthiques et déontologiques, ainsi que la mise en place d’un comité d’experts chargé d’appliquer la convention de Mérida sur la lutte contre la corruption. « Nous commençons par nous-mêmes, car une justice corrompue ne peut pas combattre la corruption », a-t-il martelé, dans une formule qui résume son ambition.
Pourtant, cette offensive ne fait pas l’unanimité. Certains observateurs estiment que les critiques du ministre pourraient accentuer la défiance envers une institution judiciaire déjà mal perçue par la population. D’autres y voient une tentative de pression politique sur les magistrats, dans un contexte dans lequel l’indépendance de la justice reste un sujet sensible au Niger.

Un appel à la mobilisation

En guise de conclusion, Alio Daouda a lancé un appel vibrant à l’ensemble des acteurs judiciaires pour qu’ils rejoignent cette bataille. « Nous devons offrir aux Nigériens une justice qui rassure, une justice égale pour tous, sans discrimination », a-t-il insisté, réaffirmant son engagement à travailler avec détermination pour redresser la barre.
Alors que le Niger aspire à une renaissance sous l’égide de l’AES, cette dénonciation publique du ministre de la Justice résonne comme un électrochoc. Reste à savoir si elle se traduira par des actions concrètes ou si elle restera une énième incantation dans un pays où la lutte contre la corruption demeure un défi titanesque. Pour l’heure, les regards se tournent vers les magistrats, désormais placés sous les feux des projecteurs, dans l’attente d’une réponse à la hauteur des enjeux.

Niger : L’activiste Moussa Tchangari devant la justice

Niamey, 30 décembre 2024 –Moussa Tchangari, figure emblématique de la société civile nigérienne et secrétaire général de l’association Alternative Espace Citoyens (AEC), comparaitra ce lundi matin devant le juge du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Cette audience intervient après un mois de péripéties marquées par son enlèvement et une détention jugée arbitraire par plusieurs organisations de défense des droits humains.

Enlèvement et détention arbitraire

Selon les informations disponibles, des hommes non identifiés auraient enlevé Moussa Tchangari le 3 décembre, vers 20 heures. Ils l’auraient détenu durant deux jours dans un lieu tenu secret avant de le placer en garde à vue le 5 décembre au Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transfrontalière Organisée. Cependant, les autorités compétentes ont déclaré que Tchangari est coupable de comploter avec des terroristes et d’attenter à la sûreté de l’État.

Une mobilisation internationale

Par ailleurs, cette arrestation a suscité une vive réaction de la part de nombreuses organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme qui appellent à sa libération immédiate et inconditionnelle. Ces organisations dénoncent les conditions de son arrestation et de sa détention, qu’elles qualifient d’arbitraires et contraires aux droits fondamentaux.

Moussa Tchangari : la voix inflexible de la démocratie et des droits humains au Niger

L’association Alternative Espace Citoyens, connue pour ses actions en faveur de la démocratie et des droits humains, est depuis longtemps une voix critique face aux injustices et aux abus de pouvoir au Niger. Moussa Tchangari, en sa qualité de secrétaire général, a souvent dénoncé les pratiques répressives et les atteintes à la dignité humaine, ce qui lui a valu le respect, mais aussi les foudres de certaines autorités.

Défendre sa patrie : un devoir pour tout citoyen

L’arrestation de Moussa Tchangari intervient dans un climat politique tendu, où les voix dissidentes sont de plus en plus ciblées. Ce cas relance le débat sur l’état des droits humains au Niger, un pays où la lutte contre le terrorisme est souvent invoquée pour justifier des mesures restrictives.

En conclusion, dans un contexte marqué par les défis sécuritaires et politiques que traverse le Niger, cette affaire soulève de nombreuses questions sur la liberté d’expression et le droit de s’opposer pacifiquement.

« Défendre sa patrie, en toute circonstance, reste et demeure le seul gage pour tout citoyen patriotique. » « Le Niger est la seule portion de la terre qui nous appartient vraiment, nous les Nigériens. » « Aller à l’encontre de sa dignité, c’est aller en guerre contre lui. » Cette citation, généralement attribuée à des personnalités politiques, résonne particulièrement dans le contexte actuel. Elle rappelle l’importance de l’engagement citoyen et de la défense des valeurs démocratiques.

Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour l’avenir de Moussa Tchangari et pour la liberté d’expression au Niger.

Un jeune talent sacré lauréat de la première édition de « La Plume Humanitaire »

Niamey, le 13 décembre 2024 – La première édition du concours « La Plume Humanitaire » s’est clôturée en beauté, jeudi dernier, au Centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey. En effet, cet événement, placé sous le haut patronage du Ministre de la Justice, a rassemblé les meilleurs étudiants, jeunes magistrats et auditeurs de justice du pays autour de la question du droit international humanitaire (DIH).

Boubacar Abdou Abdoul Djalilou, grand vainqueur de « La Plume Humanitaire »

C’est finalement Boubacar Abdou Abdoul Djalilou de l’université UASTM qui a remporté le premier prix de ce concours, récompensant ainsi l’excellence de son travail et sa profonde compréhension du DIH. Les deux autres lauréats, Ali Adamou Abdou la Malik de Swiss UMEF et Youssouf Ousmane Islam de l’université de Tahoua, ont également été salués pour la qualité de leurs essais.

Douze candidats, sélectionnés parmi les plus brillants étudiants et jeunes juristes du pays, ont participé à cette première édition. Ils ont tous démontré un intérêt marqué pour le DIH et une capacité à mener des recherches approfondies sur des sujets complexes.

Un événement marquant pour le 75ᵉ anniversaire des Conventions de Genève

Organisé dans le cadre de la célébration du 75ᵉ anniversaire des Conventions de Genève, ce concours a permis de mettre en lumière l’importance de ces textes fondamentaux du droit international humanitaire. Les participants ont ainsi pu approfondir leurs connaissances sur les règles de la guerre et les protections accordées aux civils en temps de conflit armé.

Un écosystème favorable à la promotion du DIH

Le Niger, partie aux Conventions de Genève, s’est engagé à promouvoir et à mettre en œuvre le DIH. Le concours « La Plume Humanitaire » s’inscrit pleinement dans cette dynamique, en offrant aux jeunes générations une plateforme pour exprimer leurs idées et contribuer au développement d’une culture du respect du droit international humanitaire.

Le RASAPRES DIH DH, la coopération suisse et le ministère de la Justice ont joué un rôle essentiel dans le succès de cette première édition. Leurs efforts conjugués ont permis aussi de créer un événement de qualité, qui a suscité un vif intérêt auprès des jeunes et des acteurs de la société civile.

 

Journaliste ou complice ? Le dilemme de Wassim Nasr

Niamey, 27 septembre 2024 – Le parquet spécial nigérien chargé de la lutte contre le terrorisme a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête à l’encontre de Wassim Nasr, journaliste à France 24. En effet, le parquet  soupçonne le journaliste d’avoir tenu des propos tendancieux et d’avoir soutenu implicitement les groupes terroristes actifs dans la région du Sahel.

Selon Mme Hadiza Manzo, adjointe du procureur, les déclarations répétées de Wassim Nasr, notamment après les récentes attaques terroristes à Bamako, laissent penser qu’il aurait des contacts privilégiés avec les groupes jihadistes. « Il indiquait clairement être en contact avec les assaillants qui lui communiquaient en temps réel les objectifs de leurs attaques, leurs positions et le bilan humain », a-t-elle souligné.

Ces allégations extrêmement graves ont poussé le parquet à ouvrir une enquête pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », « apologie du terrorisme » et « complicité d’actes de terrorisme ».

Wassim Nasr, journaliste de France 24, fait l'objet d'une enquête au Niger pour ses déclarations jugées trop proches des groupes terroristes.Un soutien inconditionnel aux forces de défense

Parallèlement à cette annonce, le parquet a tenu à saluer le professionnalisme des forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme. « Une enquête diligente sera menée pour faire toute la lumière sur ces faits graves et mettre leurs auteurs, commanditaires et complices hors d’état de nuire », a également assuré Mme Manzo.

Par ailleurs, cette affaire suscite une vive polémique et interroge sur les limites de la liberté de la presse. Les autorités nigérienne accusent Wassim Nasr de franchir la ligne rouge en apportant un soutien indirect aux groupes terroristes. De son côté, le journaliste n’a pas encore réagi à ces accusations.

En bref, cette affaire s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée du terrorisme au Sahel. Les accusations portées contre Wassim Nasr mettent en lumière les enjeux géopolitiques complexes qui sous-tendent les conflits dans cette région. Comment les médias internationaux couvrent-ils ces conflits sans prendre parti et sans risquer de légitimer les groupes terroristes ?

Bazoum face à la Justice pour haute trahison et apologie du terrorisme

Niamey, le 29 août 2024 – Dans un développement surprenant, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum, a été soumis à un interrogatoire intensif mercredi dernier. Pendant près de cinq heures, les questions ont fusé dans le calme de sa résidence, sous l’œil vigilant d’une équipe de gendarmes expérimentés. Cette enquête fait suite à la décision de la Cour d’État de retirer son immunité, une mesure qui soulève des questions sérieuses sur son intégrité et les actions de son administration précédente.

Des accusations lourdes de conséquences pour l’ex-président du Niger Bazoum

En effet, la levée de l’immunité de Bazoum par la Cour d’État a ouvert la voie à une enquête préliminaire pour des accusations graves. Les charges de haute trahison et d’apologie du terrorisme pèsent lourdement sur l’ancien président, qui a vu ses droits d’immunité révoqués, permettant ainsi aux autorités judiciaires de procéder à son audition.

Par ailleurs, le bâtonnier Moussa Coulibaly, avocat de Bazoum, a veillé au respect des droits de son client tout au long de l’interrogatoire. Les autorités judiciaires avaient essayé d’auditionner Bazoum la veille sans la présence de son avocat, chose qu’il a formellement refusé. La légalité de la procédure et la protection des droits de l’ex-président sont au cœur des préoccupations de la Défense.

La décision de la Cour d’État du 24 juin dernier de poursuivre l’ex-président pour haute trahison et apologie du terrorisme a envoyé des ondes de choc à travers le pays et la communauté internationale. Ces développements suggèrent une période d’incertitude politique et judiciaire pour le Niger, alors que l’enquête continue de se dérouler.

La population nigérienne et la communauté internationale attendent avec impatience l’issue de cette enquête. En bref, Les accusations portées contre Bazoum sont d’une nature telle qu’elles pourraient non seulement déterminer son avenir personnel, mais aussi influencer le cours politique du Niger dans les années à venir.

Niger : grève des magistrats pour défendre l’indépendance de la justice

Niamey , 27 juin 2024 – Dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif nigérien, le Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN) a décidé d’entamer une grève nationale du 1er au 3 juillet 2024. action coup de poing étau pour dénoncer les pressions « incessantes et croissantes » exercées par l’exécutif sur le système judiciaire, selon le syndicat.

Grève des magistrats pour défendre l’indépendance de la justice

Cette grève s’inscrit dans une série d’incidents récents qui illustrent les difficultés rencontrées par le système judiciaire face à l’ingérence de l’exécutif. Le SAMAN pointe notamment l’épisode du 10 juin où la hiérarchie militaire a fait libérer deux policiers accusés de violences sur un magistrat du tribunal de grande instance de Tillabéry. Le syndicat dénonce également l’intervention d’un préfet dans une enquête judiciaire sur un meurtre commis en mai 2024, sur ordre du procureur de la République.

Tout en se disant ouvert au dialogue, le SAMAN exprime sa déception face à l’échec des tentatives de résolution pacifique de la crise. A travers ce mouvement de grève, les magistrats nigériens cherchent à alerter l’opinion publique et les instances internationales sur la nécessité de préserver l’indépendance de la justice, garante des droits et libertés des citoyens. Ils espèrent que cette action mobilisatrice entraînera une prise de conscience et des changements concrets dans les relations entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire.

Un enjeu crucial pour la démocratie

Cette grève met en lumière l’importance fondamentale de l’indépendance de la justice, non seulement comme principe mais aussi comme élément vital de la gouvernance d’un pays. Elle rappelle le principe de séparation des pouvoirs et le respect des rôles institutionnels. En ces jours de juillet, les yeux du Niger, et peut-être du monde, seront tournés vers ce pays pour observer si cette grève sera le catalyseur d’un changement durable ou un simple chapitre dans la lutte permanente pour l’équilibre des pouvoirs .

Un tournant dans la justice nigérienne

Niamey, 14 juin 2024 – Dans une décision marquante, la Cour d’Etat du Niger a levé l’immunité de l’ancien président Bazoum Mohamed, suite à un procès qui s’est tenu le 7 juin. Cette décision intervient après le coup d’état du 26  juillet dernier, qui a bouleversé la politique nigérienne.

La Cour, qui représente la plus haute autorité judiciaire depuis ces événements, a rendu son verdict ce matin  après une délibération approfondie. Elle souligne aussi l’importance de la responsabilité et de la transparence dans la gouvernance du pays.

Par ailleurs, l’ancien président Bazoum Mohamed, qui avait été au pouvoir avant le coup d’état, fait face à des accusations de haute trahison et de complot avec des terroristes. La levée de son immunité permettra d’engager des poursuites judiciaires à son encontre, ouvrant la voie à une enquête plus approfondie sur sa conduite pendant son mandat.

Cette annonce a été accueillie avec une attention considérable tant au niveau national qu’international, signalant un engagement renouvelé envers l’état de droit et la justice. Les implications de cette décision sont vastes, car elles pourraient également redéfinir le paysage politique du Niger et servir d’exemple dans la région.

Les détails supplémentaires concernant les charges précises et les prochaines étapes du processus judiciaire restent attendus. La communauté internationale, ainsi que les citoyens nigériens, suivront de près les développements futurs de cette affaire.

Procès de Bazoum : Tensions et Suspensions au Conseil d’État de Niamey

Niamey , Niger – Dans une atmosphère tendue, le Conseil d’État de Niamey a été le théâtre d’un procès hautement médiatisé ce vendredi 7 juin 2024, concernant l’ancien Président Mohamed Bazoum. La question brûlante de la levée de son immunité a suscité des débats houleux et a entraîné deux suspensions de séance, reflétant la complexité et la sensibilité de l’affaire.

Défense indignée : Me Coulibaly dénonce « un simulacre de justice »

Par ailleurs, La défense, menée par Me Moussa Coulibaly, a exprimé son indignation en se retirant de l’audience, qualifiant le procès de « parodie de justice ». Cette déclaration audacieuse souligne un sentiment d’injustice et de mécontentement envers le système judiciaire actuel, perçu comme inéquitable et partial.

L’incapacité de la défense à accéder à leur client, détenu depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, soulève des questions sur la transparence et l’équité du processus judiciaire. Les critiques de Me Coulibaly exposent les défis de l’État de droit face à une “justice distributive” et une “justice à double vitesse”.

Il souligne une distribution inégale de la justice, qui favorise certains au détriment d’autres, et une variation de la justice selon les personnes et les situations, ce qui s’écarte de l’idéal d’impartialité et d’égalité devant la loi.

Un retrait symbolique : La défense de Bazoum quitte l’audience en signe de protestation

Le retrait de la défense de l’ancien président Bazoum de l’audience est un geste symbolique fort, marquant leur protestation contre ce qu’ils considèrent comme une mascarade plutôt qu’une procédure judiciaire légitime. Cette action pourrait avoir des répercussions significatives sur la perception du système judiciaire par le public et sur la confiance envers les institutions étatiques.

Alors que le pays et la communauté internationale observent attentivement, l’issue de ce procès pourrait avoir des implications profondes pour la démocratie et la gouvernance au Niger.

La situation actuelle met en évidence la nécessité d’un dialogue ouvert et d’une réforme judiciaire pour restaurer la foi dans un système judiciaire juste et équitable pour tous les citoyens.

La suite des événements sera cruciale pour déterminer si la justice peut être rendue de manière transparente et sans préjugés, conformément aux principes démocratiques et aux droits de l’homme.

Niger : Nouvelle ère de droits humains et de lutte contre la torture

Sous l’égide du département gouvernemental de la justice et avec le soutien du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (HCDH), la ville de Dosso est devenue depuis ce lundi 29 avril 2024, le théâtre d’un séminaire de planification stratégique pour la rédaction des seconds rapports périodiques du Niger. Ces rapports concernent l’application de la convention internationale contre les sévices et sanctions inhumaines (CAT) et la convention internationale relative aux droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles (CMW).

Une inauguration sous le signe de la collaboration

Le chef du dispositif national de rédaction des rapports et de suivi des recommandations des instances des traités et de l’EPU, M. Ousseini Djibagé Maman Sani a orchestré la cérémonie inaugurale. Étaient également présents le gestionnaire du projet PROMICE, le délégué par intérim du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, la directrice générale par intérim des droits de l’homme, ainsi que les membres du dispositif.

Des recommandations cruciales pour le progrès des droits humains

Par ailleurs, le Niger s’est vu attribuer une série de quarante recommandations essentielles à mettre en œuvre avant la présentation du second rapport. Lors de sa 36ème session, le comité a établi une liste préliminaire de points à aborder avant la soumission du rapport périodique du Niger. Les réponses à cette liste, envoyées en avril 2023, formeront le rapport national qui devrait être remis au comité au plus tard le 29 décembre 2023. Cependant, des circonstances impérieuses ont empêché le respect de cette date butoir.

Objectifs et ambitions du séminaire

Le but de ce séminaire est la conception des projets de seconds rapports périodiques sur l’application des conventions susmentionnées.  En outre , dans son allocution, M. Ousseini Djibagé Maman Sani a souligné la réitération par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie de son dévouement et de son engagement à honorer les droits humains tels que stipulés par les accords internationaux ratifiés par le Niger. La transformation du ministère de la justice en ministère de la justice et des droits de l’homme est également une manifestation de cet engagement.

En somme,  Le président du dispositif a mis l’accent sur les divers accords juridiques internationaux ratifiés par le Niger, notamment la convention contre les sévices

L’inauguration solennelle de la session criminelle à Diffa

Ce lundi 22 avril 2024, la première session annuelle de la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance de Diffa s’est ouverte avec une cérémonie présidée par l’éminent magistrat Maiga Mahamadou Sani. La présence remarquée du Gouverneur de la région, le général Mahamadou Ibrahim Bagadoma, témoigne de l’importance de cet événement pour l’administration judiciaire et la moralisation de la société.

Le rôle pivot des acteurs judiciaires

Le thème choisi pour cette session, “Le rôle des acteurs de la chaîne pénale dans la bonne administration de la justice et la moralisation de la société”, souligne la responsabilité collective dans la préservation de l’intégrité judiciaire. Les 16 dossiers à l’ordre du jour, impliquant 18 accusés, reflètent la diversité des crimes jugés, allant des coups mortels aux atteintes aux biens, en passant par les crimes contre les mœurs.

Dans son allocution, le Président Maiga Mahamadou Sani a illustré la justice criminelle comme une chaîne dont chaque maillon, selon Jerzy Lec, détient à la fois la faiblesse et la force de briser le lien. Il a mis en lumière les défis quotidiens des officiers de police judiciaire, des magistrats et des experts, dont les rôles sont cruciaux dans la quête de vérité et de justice.

Un appel au respect des lois et à l’engagement à la première session 

Le Président a également présenté un bilan des affaires criminelles traitées entre 2021 et 2023, tout en soulignant les défis futurs, notamment la criminalité liée au terrorisme, qui reste hors de ces statistiques mais non moins préoccupante.

Enfin, le magistrat a exprimé sa gratitude envers les autorités régionales et a insisté sur l’importance du respect des lois dans le traitement des affaires. Le procureur général, Monsieur Ibrahim Mahamadou, a rappelé aux membres de la chambre criminelle la noblesse de leur mission, inscrite dans l’article 335 du code de procédure pénale, et l’impératif de sacrifice et de rigueur pour la réussite de cette session.

En somme, cette session, d’une durée de deux semaines, se veut être un symbole de l’engagement des acteurs judiciaires envers une justice équitable et une société plus morale. Elle est le reflet de la détermination collective à renforcer les fondements de l’État de droit.