À Niamey, l’arrestation de six professionnels des médias, dont trois placés sous mandat de dépôt à Kollo, suscite une vive réaction de l’Association nigérienne de lutte contre la corruption (ANLC). Transparency International dénonce une atteinte grave à la liberté de la presse et appelle à leur libération immédiate.
Niamey, 5 novembre 2025 — Un vent de répression souffle sur les rédactions nigériennes. Ce mercredi 5 novembre, l’Association nigérienne de lutte contre la corruption (ANLC), antenne locale de Transparency International, a publié un communiqué virulent pour dénoncer l’incarcération de trois figures du journalisme national : Ibro Chaibou, Youssouf Seriba et Oumarou Kané. Placés sous mandat de dépôt le 3 novembre à la maison d’arrêt de Kollo, après un interrogatoire musclé par la police judiciaire, ces journalistes incarnent, selon l’organisation, une « violation criante » des engagements internationaux du Niger en matière de liberté d’expression.
Une rafle qui inquiète l’ANLC
L’affaire remonte au 1ᵉʳ novembre, lorsque six professionnels des médias ont été interpellés à Niamey lors d’une opération matinale. Parmi eux : Moussa Kaka, doyen respecté de la Radio Télévision du Niger (RTS), Souleymane Brah de Voix du Peuple, Abdoul Aziz de la RTS, ainsi qu’un chauffeur de la chaîne publique. Bien que les autorités évoquent officiellement un « trouble à l’ordre public », les observateurs dénoncent officieusement une tentative de museler l’information dans un pays encore fragilisé par les tensions post-transition.
Par conséquent, pour l’ANLC, ce coup de filet ne relève pas de l’anecdote : il s’agit au contraire d’une « agression sérieuse » contre le droit fondamental à l’expression libre, pilier de toute démocratie en construction.
« Ces arrestations arbitraires bafouent les conventions signées par Niamey, de la Déclaration universelle des droits de l’homme à la Charte africaine », tonne le communiqué, qui interpelle directement le pouvoir en place. De plus, l’organisation va plus loin, qualifiant ces actes de harcèlement systématique, destiné à étouffer les enquêtes critiques sur la gouvernance et la corruption endémique.

L’ANLC, des voix étouffées, une presse en alerte
En effet, dans les couloirs feutrés de la presse nigérienne, l’indignation monte.
« Ces collègues ne faisaient que leur métier : informer sans fard sur les réalités du terrain », confie un journaliste sous couvert d’anonymat, par crainte de représailles.
À une heure de Niamey, la prison de Kollo enferme désormais trois journalistes — Chaibou (RTS), Seriba (Échos du Niger), Kané (Le Hérisson) — pour avoir couvert des sujets jugés sensibles : flux migratoires, sécurité nationale, et le dernier point de presse du Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie (FSSP). La liberté d’informer, elle, reste à huis clos.
Transparency International, par la voix de son chapitre local, lance un ultimatum sans détour : « Libérez-les sur-le-champ ! » Et pour l’avenir, un appel solennel aux autorités : mettre fin à la traque des journalistes.
« Le Niger ne peut bâtir son renouveau sur le silence imposé ; car la transparence est le seul antidote à la défiance populaire », martèle le communiqué, qui exhorte également la communauté internationale — de l’Union africaine à l’ONU — à intervenir.
Une affaire qui pourrait faire basculer l’opinion
Par ailleurs, à Niamey, l’affaire fait déjà bruisser les réseaux sociaux. En conséquence, les syndicats de journalistes préparent une marche, et les esprits s’échauffent. Dans un Sahel en quête de vérité, le sort de ces six hommes — et d’un chauffeur pris dans la tourmente — pourrait bien sceller le crédit moral d’un régime en quête de légitimité.
Toutefois, reste à savoir si les geôles de Kollo s’ouvriront avant que le doute ne devienne fracture. Le sablier tourne, mais la plume nigérienne refuse de plier.

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