Niger-Nécrologie Archives - Journal du Niger

Le Niger en deuil : le « Vieux » Issa Santi, martyr de la paix au Goroual

Issa Santi, figure de la paix au Niger, a été assassiné dans le Goroual, zone oubliée mais stratégique. Son sacrifice, loin d’être vain, interpelle l’État sur l’urgence d’une sécurité durable.

 

Niamey, 24 septembre 2025 – Dans les sables brûlants du Goroual, à quelques encablures du village isolé de Yatakala, un cri étouffé a résonné mardi soir, brisant le silence d’une région oubliée par les cartes administratives. En effet, Issa Santi, figure emblématique de la lutte pour la paix au Niger, a été fauché par la barbarie terroriste. Ce 24 septembre, jour de son enterrement à 15 heures au cimetière musulman de Yantala, le pays entier retient son souffle : qui protégera désormais ces terres ravagées, où les héros comme lui choisissent le sacrifice plutôt que la fuite ?

 

Issa Santi alias le « Vieux » qui refusait d’abandonner les siens

 

Administrateur délégué de la commune rurale du Goroual et coordonnateur régional du Mouvement M62-Moutountchi/Bourtchintarey à Niamey, Issa Santi incarnait l’essence même de la résistance locale. Âgé et respecté – ses camarades l’appelaient affectueusement « le Vieux » –, cet homme au parcours forgé dans l’humilité n’avait pas hésité à regagner son terroir, déserté par les autorités depuis plus de quatre ans.

En effet, au cœur d’une zone minée par l’insécurité, il avait fait le choix le plus audacieux : partager les tourments de sa population, l’organiser face à l’adversaire invisible, et transformer la peur en rempart collectif. « Soldats, nous le sommes, tous ! », clamait l’appel confédéral qu’il portait en lui comme un serment, un mantra de courage quotidien.

 

L’assassinat d’un bâtisseur de justice

 

L’assassinat, survenu dans la soirée du 22 septembre, porte la marque d’une lâcheté calculée. Des terroristes, tapis dans l’ombre des dunes, ont abattu cet artisan de la reconquête pacifique, symbole d’une administration décentralisée qui refuse de capituler. En fait, Issa Santi n’était pas un militaire de métier, mais un bâtisseur de justice : il militait inlassablement pour la paix, défendant les droits des siens dans un Niger où le terrorisme grignote inexorablement les frontières de la vie quotidienne. Son engagement n’était pas un discours lointain ; c’était une présence physique, un partage des souffrances, une humilité qui forçait aussi le respect.

 

Hommage d’une nation à Issa Santi , un héros silencieux

 

Aujourd’hui, la communauté s’est rassemblée pour lui rendre hommage. La levée du corps et l’enterrement sont fixés à 15 heures au cimetière de Yantala, un rituel solennel qui a scellé son passage dans l’histoire. Par ailleurs, les condoléances affluent à son domicile du quartier Maourey, où sa famille éplorée accueille les visiteurs dans un recueillement poignant. Le Comité Exécutif National du M62-Moutountchi/Bourtchintarey, par la voix de son coordonnateur national, Sanoussi Mahaman, exprime « ses condoléances les plus attristées » à ses proches. « Issa Santi est un martyr de la République », déclare le communiqué officiel, soulignant comment ce « sacrifice pour son pays et pour le Goroual en particulier » illumine les ombres de la lutte nationale.

 

Le sacrifice d’Issa Santi, un rappel brutal pour l’État

 

Au-delà du chagrin, cette disparition soulève des questions sur l’avenir de cette région où l’État apparaît parfois comme un simple observateur sans pouvoir. Le Goroual, enclave vulnérable aux incursions jihadistes, attend toujours une protection efficace. Des centaines de familles, comme celles qu’Issa Santi défendait, vivent sous la menace perpétuelle. Par conséquent, comment combler le vide sécuritaire et transformer des civils en « soldats » sans les abandonner ? Telle doit être la préoccupation du gouvernement. Cependant, l’assassinat d’Issa Santi est le rappel brutal que la paix nigérienne ne peut se gagner sur le terrain sans armes.

 

Un flambeau à reprendre, une stratégie à repenser

 

En somme, en cette fin d’après-midi, alors que Niamey bourdonne d’une actualité effervescente, la silhouette d’Issa Santi plane comme un appel à l’action. Qu’Allah, le Clément et Miséricordieux, l’accueille dans son paradis éternel et inspire ceux qui, aujourd’hui, reprennent le flambeau. Son sacrifice pourrait-il être l’électrochoc nécessaire pour une stratégie de sécurité plus efficace et durable, capable de protéger les héros du quotidien ? L’avenir du Goroual se joue dans la réponse à cette question.

Iférouane : Du deuil à la paix

Iférouane sous le choc : quand un drame transforme les condoléances en appel à la paix

 

Iférouane, 4 août 2025 Une onde de choc a secoué les villages d’Efes et de Te Nor, dans le département d’Iférouane, suite au décès tragique d’un jeune homme, victime d’une altercation aux conséquences funestes. En effet, le samedi 2 août 2025, le préfet du département, le commandant Amadou Assane, s’est rapidement rendu sur place. Son objectif était d’ apaiser les esprits et de rétablir l’harmonie dans une communauté ébranlée par ce drame. Accompagné d’une délégation de figures locales, il a transformé cette visite de condoléances en un véritable plaidoyer pour la paix et la cohésion sociale.

Face à une tragédie qui a secoué deux villages, les autorités d’Iférouane transforment un rituel de condoléances en levier de dialogue et de cohésion sociale, posant les fondements d’une résilience communautaire exemplaire.

Une mission d’apaisement face à la douleur et à la tension

 

C’est dans un climat de deuil et de tension palpable que le préfet, entouré du secrétaire général de la préfecture, d’un représentant de l’UNVP, du chef de village par intérim d’Iférouane, des chefs de tribus et du commandant intérimaire du peloton, s’est rendu auprès de la famille endeuillée. L’objectif était double : présenter les condoléances officielles des autorités, mais aussi saisir cette occasion cruciale pour réunir les communautés d’Efes et de Te Nor, malheureusement divisées par ce drame. Ce geste, loin d’être anodin, témoigne de la volonté des autorités de juguler les tensions avant qu’elles ne s’enveniment davantage.

 

Le dialogue comme remède : panser les plaies et retrouver la Concorde

 

La rencontre, organisée dans la foulée, a rassemblé les figures respectées des deux villages : sages, oulémas et jeunes ont tous pris la parole dans un échange empreint de gravité et de responsabilité. Par ailleurs, les discussions, marquées par une écoute attentive, ont permis à chacun d’exprimer ses préoccupations et ses espoirs. Tous les intervenants ont convergé vers un même message essentiel : l’urgence de préserver la concorde, de cultiver le pardon et de renforcer la coexistence pacifique. Ce dialogue, véritable catharsis collective, a permis de désamorcer les tensions et de poser les jalons d’une compréhension mutuelle.

Face à une tragédie qui a secoué deux villages, les autorités d’Iférouane transforment un rituel de condoléances en levier de dialogue et de cohésion sociale, posant les fondements d’une résilience communautaire exemplaire.

Justice et fermeté : les responsables en fuite traqués à Arlit

 

Prenant la parole en clôture, le préfet Amadou Assane n’a pas mâché ses mots. Il a enjoint les familles des responsables présumés, actuellement en fuite, de tout mettre en œuvre pour les retrouver. Cette injonction, ferme, traduit l’engagement des autorités à garantir la justice tout en évitant une escalade des rancœurs au sein des communautés. La rencontre s’est achevée sur une note spirituelle, avec la récitation d’une Fatiha, prononcée par un marabout, scellant solennellement cet appel à la réconciliation.

Un dénouement crucial a rapidement suivi cette médiation : les deux individus impliqués dans l’incident, qui avaient pris la fuite, ont été localisés à Arlit. Ils sont désormais placés en garde à vue, en attendant les suites judiciaires. Cette arrestation rapide montre la détermination des autorités à traiter l’affaire avec le sérieux requis, tout en œuvrant à préserver la stabilité sociale fragile dans la région.

 

Une leçon de résilience communautaire à Iférouane

 

Ce rituel de condoléances, brillamment transformé en espace de dialogue et de médiation, illustre la force des traditions et du dialogue intercommunautaire dans la résolution des conflits. En réunissant les communautés autour de valeurs partagées – pardon, respect et solidarité –, les autorités d’Iférouane ont su apaiser les cœurs et réaffirmer l’importance cruciale de l’unité face à l’adversité. Si la douleur de la perte reste vive, cette initiative marque un pas significatif vers la guérison collective, rappelant que dans le département d’Iférouane, la cohésion sociale n’est pas qu’un idéal. Cependant, un bien précieux que les leaders s’engagent à défendre, coûte que coûte, face à chaque épreuve.

Niger en deuil : le capitaine « Aziz Tchanga », héros tombé au champ d’honneur !

Un héros tombe à Falmey : le Niger pleure le capitaine Abdoul Aziz Moumouni Boureima

Dosso, 30 mai 2025 – À l’aube du 29 mai 2025, un silence lourd s’est abattu sur la région de Dosso, au Niger. Dans la localité de Falmey, théâtre d’une embuscade tendue par des éléments du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), le capitaine Abdoul Aziz Moumouni Boureima, surnommé « Aziz Tchanga », a succombé à ses blessures. Chef des opérations de l’unité militaire Damissa, au sein de la Zone de Défense 7, ce valeureux officier est tombé les armes à la main, incarnant jusqu’au bout l’abnégation d’un soldat dévoué à sa patrie. Cette perte, annoncée à 6h par les autorités militaires, a plongé le Niger dans un deuil profond, où la douleur se mêle à une fierté indéfectible.

Un combattant d’exception : le parcours d’un officier héroïque

Dès 9h, les hommages ont afflué à Niamey, où une cérémonie sobre, mais empreinte de solennité s’est tenue à l’École de Formation des Officiers des Forces Armées Nigériennes (EFOFAN). Formé en partie par des instructeurs américains, Aziz Tchanga, issu d’une famille respectée de la région, s’était imposé comme l’un des officiers les plus brillants de l’armée nigérienne. À la tête de l’unité Damissa, il avait multiplié les opérations contre les groupes armés dans la zone des trois frontières, un théâtre d’insécurité chronique. Son courage, conjugué à une finesse stratégique, en faisait un rempart contre les assauts terroristes, comme en témoigne son rôle clé dans la sécurisation de la rive droite du fleuve Niger.

Un sacrifice pour la souveraineté : face à la brutalité des défis

L’attaque de Falmey, survenue à 4h du matin selon des sources militaires, a mis en lumière la brutalité des défis auxquels le Niger fait face. Malgré cela, malgré les efforts du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), la région ouest reste vulnérable aux incursions de groupes armés. Le capitaine Moumouni Boureima, grièvement blessé lors de l’embuscade, a lutté jusqu’à son dernier souffle, incarnant l’idéal d’un Niger résilient. « Il est mort pour que la nation vive libre », a déclaré un officier proche, la voix nouée par l’émotion, lors d’un point presse.

Le Niger pleure le capitaine Abdoul Aziz Moumouni Boureima, alias "Aziz Tchanga", tombé lors d'une embuscade à Falmey, Un élan national de recueillement et de soutien

Une lecture coranique a réuni des centaines de personnes au siège de la Garde nationale à Niamey, suivie d’une messe à la cathédrale Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, reflétant l’unité spirituelle du pays face à la perte. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #Aziz_Tchanga a fédéré des milliers de Nigériens, qui saluent un « lion du désert » dont le nom, gravé dans la mémoire collective, deviendra synonyme de bravoure. Le général Salifou Modi, ministre de la Défense, a annoncé des funérailles nationales, prévues pour le 31 mai à Dosso, où le héros sera inhumé.

Un legs immortel d’Abdoul Aziz Moumouni Boureima : l’héritage d’un héros national

Alors que le crépuscule enveloppait Falmey, le sacrifice du capitaine Abdoul Aziz Moumouni Boureima résonnait comme un appel à l’unité. Son engagement, forgé dans les rigueurs du terrain et porté par une foi inébranlable en son pays, inspire une nation confrontée à des vents contraires. Le Niger, endeuillé, mais debout, s’engage à honorer sa mémoire par une lutte acharnée pour la paix et la souveraineté. Aziz Tchanga, étoile tombée au champ d’honneur, continuera d’illuminer le chemin d’un peuple résolu à triompher.

 

 

Le Niger pleure la perte de Souleymane Kane, pilier de la politique nigérienne

Paris, 19 mars 2025 – Le Niger est en deuil. Ce mercredi, Souleymane Kane, ancien ministre, conseiller à la présidence et membre fondateur du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarraya), s’est éteint à Paris, en France, après une longue bataille contre la maladie. Sa disparition marque la fin d’une ère pour la politique nigérienne, où il a joué un rôle de premier plan pendant des décennies.

Une carrière au service de la nation

Souleymane Kane, né en 1955 à Niamey, a consacré sa vie à son pays avec une détermination sans faille. Formé en sciences politiques à l’Université de Dakar, il a rapidement émergé comme une figure incontournable de l’administration et de la politique nigériennes. En 1990, il a participé à la fondation du PNDS Tarraya aux côtés de Mahamadou Issoufou, contribuant ainsi à poser les bases d’un parti qui allait devenir un pilier de la scène politique nationale.

Son parcours ministériel témoigne de sa polyvalence et de son engagement. En tant que ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, il a travaillé à renforcer la sécurité et à promouvoir une gouvernance plus proche des citoyens. Plus tard, à la tête du ministère de l’Économie et des Finances, il a piloté des réformes économiques ambitieuses, favorisant la stabilité financière et attirant des investisseurs au Niger. Mais c’est en sa qualité de conseiller à la présidence, sous Mahamadou Issoufou, qu’il a exercé une influence particulièrement marquante, participant à l’élaboration des grandes lignes de la politique de développement du pays.

Souleymane Kane : un homme d’État respecté

Au-delà de ses titres, Souleymane Kane était admiré pour ses qualités humaines et son sens aigu de la responsabilité. Dans un contexte politique souvent marqué par des rivalités, il s’est aussi distingué par sa capacité à fédérer et à dialoguer. Ses collaborateurs le décrivent comme un homme intègre, pragmatique et profondément attaché à l’idée d’un Niger uni. Il accordait également une importance particulière à la jeunesse, plaidant pour des investissements massifs dans l’éducation et l’emploi, qu’il considérait comme les clés de l’avenir du pays.

Son rôle de proche collaborateur de Mahamadou Issoufou a renforcé son statut de stratège politique. Ensemble, ils ont œuvré à consolider le PNDS Tarraya et à faire du Niger un acteur respecté sur la scène régionale. Ses efforts en faveur de la diplomatie ont par ailleurs permis de tisser des liens solides avec les partenaires internationaux, tout en défendant les intérêts nigériens.

Une perte aux répercussions profondes

Le décès de Souleymane Kane laisse un vide immense, tant au sein du PNDS Tarraya que dans l’ensemble de la classe politique nigérienne. Figure respectée et influente, il était perçu comme un pilier de stabilité dans un parti confronté à des défis croissants. Alors que le Niger se prépare à des échéances électorales cruciales, son absence risque de peser lourd sur la cohésion et la stratégie du PNDS Tarraya.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le président de la République a rendu hommage à « un patriote exemplaire, dont la vision continuera d’inspirer les générations futures ». À Paris, où il a rendu son dernier souffle, la communauté nigérienne s’est réunie pour saluer la mémoire d’un homme qui incarnait les valeurs de dignité et de service.

Quel horizon pour le Niger sans Souleymane Kane ?

La disparition de Souleymane Kane soulève une question essentielle : qui reprendra le flambeau pour porter son héritage ? Le PNDS Tarraya, désormais orphelin de l’un de ses fondateurs, devra trouver en son sein les forces nécessaires pour maintenir son élan et répondre aux aspirations du peuple nigérien. Plus largement, la politique nigérienne, déjà marquée par des transitions complexes, devra se réinventer pour combler le vide laissé par cet homme d’État d’exception.

En ce jour de tristesse, le Niger pleure un fils dévoué. Mais au-delà du chagrin, c’est peut-être dans la mémoire de Souleymane Kane – ses combats, ses idéaux, son rêve d’un pays prospère – que le pays trouvera l’élan pour écrire le prochain chapitre de son histoire. Quel visage prendra ce futur sans sa présence éclairée ? L’avenir, seul, le dira. Qu’Allah lui fasse miséricorde, Amine.

 

Niger : un flambeau s’éteint avec Malam Alma Oumarou

Niamey, 8 mars 2025 – Un voile de silence s’est abattu sur Niamey, comme si les vents du Sahel eux-mêmes retenaient leur souffle. Malam Alma Oumarou, figure tutélaire de la politique nigérienne, s’est éteint à l’âge de 73 ans, laissant derrière lui un héritage aussi vaste que les dunes de son pays natal. Originaire de Kantché, dans la région de Zinder, cet homme au parcours singulier a traversé les décennies, tissant sa toile entre les arcanes du pouvoir et les sphères économiques, jusqu’à devenir une référence incontournable dans l’histoire contemporaine du Niger.

Malam Alma Oumarou : un itinéraire forgé dans l’érudition et l’engagement

Fils d’une terre aride, mais riche de promesses, Malam Alma Oumarou a puisé dans ses racines à Kantché la force d’un destin hors du commun. Formé au Lycée National de Niamey, puis à l’Université de Lomé, à Abidjan et enfin à l’Université libre de Bruxelles, il a ramené dans ses bagages une licence en droit, un diplôme en droit des assurances et une maîtrise en santé publique. Dès 1976, il s’est immergé dans l’administration publique, avant de s’illustrer comme cofondateur de la Société Nigérienne d’Assurances et de Réassurances (SNAR-Leyma), dont il fut directeur général adjoint puis directeur général jusqu’en 1993. Entrepreneur visionnaire, il a également investi dans l’industrie, marquant de son empreinte des secteurs clés comme les assurances et les finances, avec des participations notables dans des institutions telles que BIA, SONIBANK et ECOBANK.

Une stature politique au service de la nation

La politique, cet autre théâtre où il excella, l’a vu endosser des rôles majeurs. Député de Kantché de 1999 à 2009, président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, il a porté haut les couleurs du MNSD-Nassara sous Mamadou Tandja, occupant le poste de ministre de la Privatisation dès 2000, puis celui du Commerce jusqu’en 2016 sous Mahamadou Issoufou. En 2020, il a fondé le Rassemblement pour la Paix et le Progrès (RPP-Farilla), qu’il a conduit à la septième place lors de la présidentielle de 2020 avec 2,47 % des suffrages. Nommé ministre des Transports en 2021 par Mohamed Bazoum, il a poursuivi son œuvre jusqu’à ce que la maladie, ce visiteur insidieux, vienne interrompre son chemin. Son décès, survenu à Niamey, a été annoncé avec une sobriété empreinte de respect par l’Agence Nigérienne de Presse, plongeant le pays dans une méditation collective.

Un legs au croisement des mondes

Malam Alma Oumarou n’était pas seulement un homme d’État ou un magnat des affaires ; il était un pont entre les époques et les ambitions. Sa capacité à naviguer entre les exigences de la gouvernance et les subtilités de l’économie lui a valu une réputation d’architecte discret, mais influent. Sous son égide, le RPP-Farilla s’est voulu un étendard de paix et de cohésion, un rêve qu’il portait avec une ferveur presque prophétique. Ses contemporains saluent en lui un patriote dont les idées, parfois austères, visaient toujours l’élévation collective, tandis que ses détracteurs reconnaissent, malgré leurs réserves, la constance de son engagement.

Malam Alma Oumarou : une étoile qui rejoint l’immensité

Le Niger pleure un fils dont la voix, grave et posée, savait apaiser les tumultes. Malam Alma Oumarou s’en est allé, emportant avec lui un pan de l’âme nigérienne, mais laissant en héritage une leçon limpide : la grandeur d’un homme ne se mesure pas aux titres qu’il accumule, mais à la lumière qu’il projette sur ceux qui l’entourent. Dans le silence du crépuscule sahélien, où les étoiles semblent veiller sur les vivants, son départ nous rappelle que les plus nobles édifices sont ceux que l’on bâtit pour autrui, et que, même éteint, un flambeau continue d’éclairer les sentiers qu’il a un jour tracés.

 

Hama Amadou : Fin d’une époque, début d’un héritage indélébile

Niamey, 24 octobre 2024— La disparition soudaine de Hama Amadou, figure emblématique de la politique nigérienne, a plongé le pays dans le deuil. Emporté par une crise de paludisme fulgurante, l’homme d’État de 74 ans est décédé en route vers l’hôpital général de référence de Niamey. Sa carrière illustre, jalonnée de hautes fonctions et d’embûches, témoigne de son engagement indéfectible envers son pays, malgré l’ultime poste qui lui a échappé.

Hama Amadou, le Phénix de la politique nigérienne

Hama Amadou, surnommé affectueusement « le Phénix », a connu une carrière politique pleine de rebondissements. Plusieurs fois emprisonné, il est l’un des plus résistants opposants politiques du Niger. Économiste respecté et stratège politique habile, Amadou a commencé sa carrière comme contrôleur des douanes, puis a gravi les échelons de l’État, occupant des postes importants sous les présidences de Seyni Kountché et Ali Saibou.

Il a été Premier ministre sous la présidence de Mahamane Ousmane de 1995 à 1996 et a joué un rôle clé dans l’arrivée au pouvoir de Mamadou Tandja en 1999, avant de devenir à nouveau Premier ministre l’année suivante. Pendant sept ans, il a dirigé le Gouvernement avec fermeté et dévouement.

Un parcours politique entre épreuves et résilience

Cependant, la relation entre l’ancien Premier ministre nigérien et Mamadou Tandja se détériore en 2009. Peu après, les autorités incarcèrent l’ex-Premier ministre dans une prison de haute sécurité pour des accusations de détournement de fonds. Des accusations qu’il réfute vigoureusement, les qualifiant de « machination » orchestrée par le président de l’époque, Mamadou Tandja, afin de l’éliminer de la course présidentielle. Néanmoins, la justice lui donne raison en prononçant un non-lieu, et les élections présidentielles prévues cette année-là sont annulées à la suite du renversement de Tandja par un coup d’État.

Perdant son influence au sein du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD), Hama Amadou crée son propre parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden F. A.), et se positionne en opposant. Il relance sa carrière politique en étant nommé président de l’Assemblée nationale en 2021, suite à la chute de Tandja, et occupe ce poste jusqu’en 2014. Cette période illustre la résilience de Hama Amadou et sa capacité à se réinventer sur la scène politique nigérienne.

Hama Amadou, à nouveau dans la tourmente

Hama Amadou, fervent défenseur de la cause nigérienne et rival historique de l’ancien président Mahamadou Issoufou, s’est retrouvé impliqué dans une controverse de trafic de bébés qui a terni son image publique ainsi que celle d’une de ses épouses. Contraint à l’exil de 2011 à 2015, il est arrêté en 2015, lié à cette affaire. Malgré son incarcération en 2015, il réussit à se hisser à la deuxième place lors de l’élection présidentielle de 2016, recueillant près de 18 % des suffrages, et ce, sans mener de campagne électorale.

Après un long séjour à l’étranger, Amadou, de retour sur la terre de ses ancêtres en 2019, est de nouveau arrêté puis relâché en 2020. Il a tenté de se présenter à nouveau pour la plus haute fonction de l’État. Toutefois, la Cour constitutionnelle a annulé sa candidature pour l’élection présidentielle de décembre 2020, ce qui a ouvert la voie à Mohamed Bazoum. Ce dernier événement marque un tournant décisif dans la carrière politique d’Amadou, l’empêchant de réaliser son ambition de longue date d’accéder à la présidence.

Fin de parcours pour un pilier de la politique nigérienne

Hama Amadou a tiré sa révérence ce mercredi à Niamey, laissant un legs de dévouement et d’engagement pour sa nation. Impliqué dans les troubles post-électoraux de février 2021, il a subi une incarcération la dernière de sa vie, puis une libération pour des raisons médicales qui l’ont mené en France. Après le coup d’État de juillet 2023 renversant Mohamed Bazoum, Amadou est rentré à Niamey et s’est retiré de la vie politique.

Son décès a provoqué une onde de choc, avec des hommages poignants de figures telles que l’ex-président Mahamadou Issoufou, qui a déploré la perte d’un précieux « allié et adversaire ». Soufiane Aghaichata Guishene, ministre du Tourisme du gouvernement militaire, a aussi salué sa mémoire, assurant que son héritage inspirera les futures générations. La disparition d’Amadou signe la fin d’une époque pour le Niger, mais son influence et son humanisme demeureront indélébiles dans l’annale du pays.

En somme, Hama Amadou s’éteint, mais son héritage reste incandescent. Sa vie est une preuve éclatante que la détermination peut briser toutes les chaînes, même celles de l’adversité la plus implacable. Alors que le Niger pleure son géant politique, son esprit de résilience et de défi continuera de résonner, guidant les générations futures vers un avenir plus courageux et plus juste. Un chapitre se ferme, mais son histoire inspire toujours.